Bonjour Stéphane
Lagonico, vous êtes donc Président du Prix de Lausanne à présent?
Oui, ou plus exactement,
je suis Président de la Fondation en Faveur de l’Art
Chorégraphique, qui organise le Prix de Lausanne.
Vous avez succédé à ce
poste à Beth Krasna en 2014. Pour combien d’années votre mandat
est-il fixé?
Pour l’instant, ce
n’est pas défini. Mais l’une des missions que nous nous sommes
fixées au Prix de Lausanne – nous le faisons d’ailleurs
régulièrement -, c’est de revoir nos statuts. Nous envisageons
cette fois des mandats d’une durée limitée dans le temps, que ce
soit pour les membres du Conseil de fondation ou pour le Président
lui-même.
Comment êtes-vous arrivé
au Prix de Lausanne? Vous êtes juriste de profession, non?
C’est exact, je suis
avocat. Ce qui m’a amené au Prix de Lausanne, c’est la
convergence de trois chemins. Le premier, c’est une grande passion
personnelle pour la danse, en tant qu’amateur bien sûr. Je ne
viens pas du monde de la danse, mais j’ai toujours aimé regarder
le Prix de Lausanne. Je suis Lausannois, et depuis mon plus jeune
âge, j’ai eu la chance de pouvoir assister au concours. La danse a
toujours représenté quelque chose de particulier pour la ville de
Lausanne. Et c’est là le deuxième chemin qui m’a mené au Prix.
Je voulais faire quelque chose pour ma ville, je voulais m’impliquer
dans la gestion d’une institution lausannoise. Et le troisième
chemin que j’évoquais, c’est paradoxalement mon métier
d’avocat. Il y a une quinzaine d’années, le fondateur du Prix de
Lausanne, Philippe Braunschweig, m’avait convié à une conférence
de présentation du concours et il m'avait demandé si je serais
intéressé à participer à l’organisation. Nous nous connaissions
déjà, nous nous étions souvent rencontrés à l’arrière-scène
du théâtre. C’était un homme d’affaires redoutable, mais aussi
un grand passionné de danse. J’ai évidemment accepté, et
quelque temps plus tard, je devenais jeune membre du Conseil de
fondation. C’était en 2004. J'y ai donc passé dix années et
suivi l’organisation de douze Prix de Lausanne consécutifs. Et
maintenant, depuis deux ans, je préside le Prix.
Vous n’avez pas eu la
tentation de prendre vous-même des cours de danse ? Cela aurait
été trop difficile eu égard à votre profession?
Si, je prends
occasionnellement des cours de danse, je fais du Pilates, je prends
aussi des cours de musique… Donc, oui, j’ai aussi ma facette
« artistique », mais cela ne mérite pas vraiment d’être
mentionné ! Ce sont de simples passe-temps. Pour faire de la
danse sérieusement, il faut commencer dès l’âge de sept ans, il
faut du temps, de l’abnégation, du travail. J’essaie de
m’attacher à ces valeurs dans d’autres domaines –
professionnels notamment -, mais je n’en n’ai pas les moyens en
tant que «danseur». C’est une question qu’on me
pose souvent. Je ne peux pas m’inventer une carrière de danseur.
Je me sens un peu tel un gardien de musée, qui accueille les œuvres
d’immenses artistes, mais qui n’est pas un artiste lui-même. Je
me dois d’être un bon organisateur, de maîtriser un peu la
communication, d’avoir une vision d’avenir, d’avoir la capacité
de mettre en relation des gens. Et mon devoir est aussi de perpétuer
l’idéal du Prix de Lausanne. J’espère réunir ces compétences.
Je suis entouré d’une équipe extraordinaire, nous avons une
directrice administrative qui fait un travail formidable. Elle est
elle-même secondée par cinq personnes employées à temps plein et,
durant la période du Prix, on passe à quatorze salariés, plus une
soixantaine de volontaires. Nous avons donc une organisation tout à
fait performante, complétée par une directrice artistique, Amanda
Bennett, qui est engagée sur la base d’un mi-temps. Son travail
comprend notamment la sélection des membres du jury, celle des
chorégraphes chargés de créer les variations contemporaines, et
aussi de choisir les variations classiques qui figureront au
programme du concours. Amanda Bennett quittera ses fonctions cette
année, et celle qui est appelée à lui succéder, Shelly Power –
venue du Ballet de Houston – aura, elle, un contrat à temps plein.
Elle prendra son poste en septembre 2016, et aura également le titre
de Chief Executive Officer. Là, je serai vraiment bien entouré, et
avec une directrice artistique qui travaillera désormais à 100%
pour le Prix de Lausanne, nous pourrons réaliser un certain nombre
de projets que nous avions déjà dans nos cartons.
C’est vous qui avez
décidé le recrutement de Shelly Power? Avez-vous eu une
influence sur le choix de la personne?
Oui, bien sûr. C’est
même l’une des missions du Conseil de Fondation. Le Conseil a
d’abord une mission de surveillance des comptes, même s'il ne se
mêle pas directement de l’opérationnel. On se réunit plusieurs
fois par an, pour prendre acte de ce qui s’est fait au Prix, on
écoute les propositions qui sont formulées pour la suite, et on les
valide le cas échéant. Notre seconde mission est de garder la haute
main sur les finances. Nous votons le budget, puis approuvons les
comptes de l’exercice passé. En troisième lieu, nous sommes en
charge de la stratégie. C’est peut-être notre rôle le plus
important. Il consiste à faire des projections à cinq, voire dix
ans, pour décider des actions à mener afin de permettre au Prix de
Lausanne d’être non pas en phase avec son temps, mais
véritablement en avance sur son temps.
C’est donc le Conseil
de Fondation qui a procédé au recrutement de la nouvelle Directrice
artistique, en mettant en place une commission de recrutement. La
commission a élaboré une grille définissant les critères
d’embauche souhaités, et a reçu un très grand nombre de
candidatures. Sur la trentaine de dossiers qui lui ont été
adressés, la commission en a retenu quatre ou cinq, qui ont fait
ensuite l’objet d’une analyse plus approfondie et ont débouché
sur des entretiens. C’est à la suite de ce processus que Shelly
Power a été engagée.
Vous avez brièvement la
question des finances. Le Prix de Lausanne s’est aujourd’hui
considérablement professionnalisé et il n’a plus grand-chose à
voir avec l’organisation quasi artisanale mise en place par son
créateur, Philippe Braunschweig. Comment procédez-vous pour lever
des fonds et assurer la sécurité financière que l’institution
requiert maintenant?
C’est en effet l’une
des tâches les plus importantes que tout collaborateur du Prix de
Lausanne se doit d’accomplir. Chacun d’entre nous doit user de
ses contacts pour trouver des sponsors, qui pourront contribuer au
financement de l’organisation. Notre budget annuel est d’environ
2,5 millions de Francs suisses. Nous avons évidemment besoin de
liquidités, notamment pour payer le personnel, et doter les bourses,
mais nous recevons aussi d’importants dons en nature : par
exemple, la société Bobst [une grande entreprise lausannoise
spécialisée dans les machines d’emballage pour l’industrie,
ndlr] fournit gracieusement les repas pour les candidats, ce qui
représente tout de même plus d’une centaine de plateaux chaque
jour. Tout le monde ici travaille à la recherche de partenariats
pour assurer le fonctionnement du Prix. Chacun met du sien pour
mettre l'organisation en relation avec un partenaire intéressé, un
sponsor...
A l'origine, le Prix de
Lausanne était une «entreprise familiale»,
essentiellement constituée de volontaires qui mettaient eux-mêmes
la main à la pâte. Lorsque les finances l'ont permis, les
volontaires ont été progressivement remplacés par professionnels
salariés. Aujourd’hui, l'organisation est quasiment
professionnalisée à 100%. C'est normal, après presque un
demi-siècle d’existence. Cela n'empêche pas que nous dépendons
aussi en grande partie de financements publics. Une grande partie de
notre budget provient de la ville de Lausanne, du canton de Vaud, de
la Loterie Romande – notre «Française des Jeux», qui a
l'obligation statutaire de redistribuer une partie de ses bénéfices
sous la forme d'actions de mécénat. A l'heure actuelle, il nous
serait impossible de nous passer de ces fonds publics, bien
évidemment complétés par des soutiens privés, individus,
familles, fondations, entreprises...
Nous souhaiterions aussi
davantage développer les partenariats commerciaux. Nous en avons
déjà noué quelques-uns, avec des équipementiers, dont nous sommes
d’ailleurs très fiers : Chacott, Harlequin… Nous
recherchons des partenaires susceptibles de partager les valeurs du
Prix et de la danse : la discipline, l’application, la
jeunesse. Nous espérons ainsi trouver des soutiens du côté de
groupes agro-alimentaires, de l’industrie horlogère, de la
bijouterie, des banques et des compagnies d’assurances, comme
certaines fédérations sportives ou le Comité Olympique, par
exemple, l’ont fait.
Le Gouvernement fédéral
suisse ne s’implique pas du tout dans le Prix de Lausanne?
Non, nous n’avons pas
de partenariat avec l’Office fédéral suisse de la culture, même
si nous entretenons des contacts. Nous ne bénéficions pas de
subsides fédéraux. L’argent public que nous recevons vient
uniquement de la Ville de Lausanne et du canton de Vaud.
La Ville de Lausanne
est-elle consciente de l’impact médiatique, de l’image, de la
visibilité internationale que peut donner le Prix à la cité?
Oui, absolument. Cela se
traduit par le soutien qu’elle nous apporte depuis des années, et
par l’importance des subsides qu’elle nous octroie. Et je
rappelle régulièrement aux autorités le rayonnement que le prix
confère à la ville. Par exemple, au Japon, se tient tous les quatre
ans environ un «Gala Lausanne». Cette manifestation,
organisée au plus haut niveau, bénéfice même du soutien de la
famille impériale japonaise, ce qui rehausse évidemment le prestige
de notre ville. Nous sommes très fiers que le nom de Lausanne soit
associé à la danse jusque dans les pays les plus lointains. Mais
même sans aller à l’autre bout du monde, partout en Europe, les
gens qui s’intéressent à la danse connaissent Lausanne et son
concours.
Le Théâtre de Beaulieu,
où se déroule chaque année le Prix, devait faire l’objet de
travaux de rénovation. Pourrez-vous continuer à l’utiliser au
cours des prochaines années?
En ce qui concerne les
travaux, nous sommes dans l’expectative et je n’en sais pas
davantage que vous sur cette question. Ce qui nous tracassait aussi,
c’était le changement d’exploitant survenu en 2010. Le Théâtre
était auparavant géré par un organisme public, mais depuis, il a
été concédé à un exploitant privé. Cela nous aurait beaucoup
ennuyé de devoir quitter les lieux, car le bâtiment nous convient
très bien, avec d’une part la salle, mais aussi de grands espaces
à l’arrière scène qui sont très fonctionnels. En fait, la
transition s’est passée en douceur, et nous avons l’assurance de
pouvoir continuer à utiliser les lieux au cours des années à
venir.
En ce qui concerne la
pérennité financière du Prix, elle est assurée pour combien
d’années à l’avance? Quelle marge de sécurité vous
ménagez-vous?
Depuis quelques années
déjà, nous avons, si on peut dire, «un Prix d’avance»,
c’est-à-dire que nous disposons toujours de la trésorerie
nécessaire pour financer le prix qui suit l’édition courante.
Notre côté helvétique nous pousse à être plus précautionneux
que d’autres institutions publiques. Dans le milieu artistique,
surtout, l’habitude est plutôt de «courir après
l’argent», et de solliciter des rallonges budgétaires en
catastrophe pour boucler l’exercice en cours. Nous, nous avons pour
principe de ne jamais engager de dépenses supérieures aux
financements dont nous disposons, et nous cherchons également à
mettre un peu d’argent de côté. Au début, cela pouvait dérouter
certains bailleurs de fonds, qui se demandaient si nous avions ainsi
réellement besoin des subsides que nous sollicitions, mais ils ont
compris rapidement que grâce à cette gestion prudente, leur nom se
trouvait associé à une organisation sérieuse, et leur réputation
ne serait pas mise en péril. Ils ont l’assurance que l’argent
qu’ils nous donnent sera affecté à quelque chose qui fonctionnera
vraiment. Je pense que maintenant, si on renonçait à cette
prudence, nos partenaires qui, au début, pouvaient nous juger trop
conservateurs, trop frileux, commenceraient à s’inquiéter. C’est
notre côté helvétique, nous aimons bien la prudence, lorsqu’il
s’agit de finances. La prudence va de pair avec une bonne gestion.
Avoir des finances solides, un budget qui tient la route, c’est
très important.
Même si votre poste
n’implique pas des responsabilités d’ordre purement artistique,
on vous voit, durant le Prix, très souvent dans les studios, en
train de regarder les danseurs qui répètent ou qui prennent leur
cours. Avez-vous l’intention de donner un style particulier à
votre direction?
C’est vrai que je me
tiens moins en retrait peut-être que d’autres présidents du
Conseil de fondation qui m’ont précédé. Même si je ne me mêle
pas de l’ «opérationnel », j’aime bien m’assurer
que tout fonctionne correctement. C’est mon devoir d’être là et
de vérifier que tout va bien. Je n’aimerais pas qu’on me
rapporte qu’un incident est survenu alors que je n’étais pas sur
place. J’essaye d’être le plus discret possible, je n’interviens
pas directement, je ne parle pas aux candidats, ce n’est pas mon
rôle. Je vais simplement demander au jury si tout va bien, s’il y
a besoin de quelque chose. J’aime observer, et j’aime être
présent dans tous les lieux où se déroule le Prix, pour m’assurer
du bon déroulement des choses.
Après le concours, nous
avons toujours une séance de «débriefing», et il faut
que je sache de quoi on parle, afin de pouvoir donner mon avis aux
responsables opérationnels, et d’engager un dialogue avec eux.
C’est essentiel pour élaborer une bonne stratégie, et en plus, à
titre personnel, quand on aime la danse, c’est merveilleux de
pouvoir se promener librement dans les studios, de regarder de ses
propres yeux ces danseurs qui sont vraiment « magiques »,
qui nous procurent des émotions extraordinaires.
Quelles sont les grandes
orientations que vous avez ou allez définir pour le Prix de
Lausanne? Y-a-t-il des changements en perspective, y-a-t-il des
choses que vous avez particulièrement envie de faire?
J’espère que durant
mon mandat, beaucoup de choses changeront pour le meilleur. L’arrivée
d’une nouvelle Directrice artistique à plein temps sera
certainement une opportunité pour développer de nouveaux projets.
Je suis notamment convaincu que le concours proprement dit sera
complété par d’autres événements tout au long de l’année.
J’imagine fort bien la « marque » Prix de Lausanne être
présente à d’autres moments que la première semaine du mois de
février : on peut, par exemple, envisager une «académie
d’été». Nous avons les moyens, les compétences, les
personnels nécessaires pour faire cela. C’est une des pistes que
nous pouvons suivre, mais je ne prendrai aucune décision définitive
avant l’arrivée de la nouvelle Directrice artistiques. Nous
passerons en revue ensemble tout ce qu’elle aura envie de faire, et
nous déciderons ensuite de ce qui sera effectivement mis en place.
Des présélections ont
été organisées à Dresde en 2014. L’expérience n’a pas été
renouvelée, pourquoi?
Nous avons effectué une
sorte d’étude pour évaluer le rapport coût / bénéfice de
l’opération. Organiser des présélections « hors les murs »
nécessite de mobiliser un théâtre, des ressources en personnel,
financer le déplacement de notre directrice artistique, tout cela
pour évaluer des candidats qui sont en fait à une heure d’avion
de Lausanne, et qui peuvent par ailleurs envoyer leur vidéo, dans le
cadre de la pré-sélection générale effectuée au mois d’octobre.
Donc, nous ne sommes pas convaincus qu’il soit réellement opportun
de mettre en place des pré-sélections en Europe, d’autant que,
par exemple, un candidat belge qui se rendrait à Dresde pour ces
pré-sélections, dépenserait pratiquement autant que s’il venait
directement à Lausanne après avoir été qualifié sur vidéo.
En Amérique du Sud,
c’est plus pertinent, et pour l’instant, nous maintenons les
pré-sélections au Teatro Colon, à Buenos Aires. Elles nous ont
permis d’attirer à Lausanne énormément de candidats argentins et
brésiliens, qui, autrement, ne seraient pas venus. Là, cela a été
un changement vraiment très visible. Les pré-sélections sur
d’autres continents ont donc aussi une utilité promotionnelle pour
le Prix de Lausanne, et peuvent nous permettre d’accéder à de
nouveaux viviers de candidats.
Un effort particulier
a-t-il été effectué en direction de la Russie? Les candidats
russes semblaient avoir quasiment disparu du Prix de Lausanne durant
quelques années et là, on en voit à nouveau…
Oui. Depuis deux ans
maintenant, nous avons noué un partenariat avec l’Académie
Vaganova, et son directeur, Nikolaï Tsiskaridzé, faisait lui-même
partie du jury cette année. L’Académie Vaganova nous a par
ailleurs envoyé deux candidats en 2015, et à nouveau deux en 2016.
Et le «live-streaming» de la Finale de cette année est
commenté par Katernina Novikova qui, comme vous le savez, est
l’attachée de presse du Bolchoï. Il y a une volonté claire de
rapprochement avec la Russie. N’oublions pas que la mission
première est de permettre à des candidats talentueux issus de
petites écoles privées d’accéder à des formations dans des
établissements prestigieux. Donc, si, grâce à de tels
partenariats, de jeunes danseurs pouvaient entrer à l’Académie
Vaganova ou à l’École du Bolchoï, ce serait merveilleux.
Évidemment, l’inverse est difficilement envisageable. Un candidat
déjà élève au Bolchoï ou à Vaganova n’aura que peu d’intérêt
à venir à Lausanne, puisqu’il dispose déjà de la meilleure
formation possible. Tout au plus son école d’origine aura-t-elle
des réticences à l’envoyer ici, de peur de le perdre au profit
d’une compagnie étrangère, comme le Royal Ballet par exemple.
Alors certes, nous avons des candidats venus de Vaganova par exemple,
mais on n’aura, pour les raisons que je viens de vous donner,
jamais les meilleurs. Ceci étant, Lausanne n’est pas un concours
qui récompense l’excellence, mais un concours qui récompense le
potentiel. Nous voulons permettre à des talents en devenir d’accéder
aux meilleures formations en Angleterre, aux USA et ailleurs. Nous
avons d’abord une vocation éducative, et de grandes personnalités
du monde de la danse nous en savent d’ailleurs gré. Des gens comme
John Neumeier tiennent le Prix de Lausanne en haute estime en raison
précisément de cette mission éducative, et parce que nous ne
sanctionnons pas la performance pure. Nous sommes là pour détecter
le potentiel, et le valoriser. C’est pour cela aussi que de grandes
institutions, de grandes écoles de danse, nous accordent notre
confiance et préfèrent le Prix de Lausanne à des concours plus
«mercantiles», davantage axés sur la performance.
Là, vous venez de
prendre vos fonctions. Le jour où vous les quitterez, qu’est-ce
qui vous fera dire : «mission accomplie»?
Le jour où je partirai,
j’aimerais avoir pu rendre le Prix de Lausanne différent de celui
qui m’a été confié. J’aimerais que sa notoriété soit encore
mieux assise, que de nouveaux partenariats soient conclus à
l’étranger. J’aimerais qu’il y ait des rapprochements avec
certaines institutions françaises – l’Opéra de Paris n’est-il
pas dirigé par un ancien lauréat du Prix de Lausanne? –
[l’entretien a été réalisé juste avant l’annonce de la
démission de Benjamin Millepied de la direction du Ballet de l’Opéra
de Paris, ndlr]. Et chose la plus importante, je devrai choisir mon
successeur. Le choix du successeur est peut-être la tâche la plus
importante du Président en exercice, car c’est cela qui
conditionne la pérennité de l’organisation. J’espère que cinq
ou dix ans après mon propre départ, le Prix de Lausanne sera
toujours là, encore meilleur, et qu’on pourra alors se dire que
les anciens Présidents ont fait un travail correct.
Propos recueillis par Romain Feist