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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22166
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ali
Inscrit le: 24 Sep 2007 Messages: 17
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Posté le: Mer Juin 11, 2008 5:39 pm Sujet du message: |
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Le Théâtre de la Ville de Paris à ceci de problématique d'avoir tendance à inviter systématiquement les mêmes artistes. Celà a aussi eu le mérite de soutenir quelques compagnies qui se sont confirmées par un rayonnement international par ailleurs, grâce à la coproduction régulière de leur oeuvre. ça a le désavantage en revanche de fidéliser le public (70% des abonnés se réabonnent paraît-il), et surtout de l'habituer à un type de création lié à un nom. Ainsi une grande partie du public a hué la reprise de Bandonéon (P. Bausch) au courant de la saison dernière, car habituée à la mouture assez caractéristique de ses créations plus récentes.
Au delà de cette problématique, cette nouvelle saison a le mérite d'inclure quelques reprises importantes: la trilogie du collectif peeping tom ( le jardin - le salon - le sous-sol), Wiesenland (P. Bausch), ou encore des pièces plus anciennes de Sasha Waltz,
A souligner qu'à défaut de se renouveler régulièrement, le théâtre de la ville soutient les créations de compagnies qui se renouvellent: les Ballet C de la B. (avec notamment Koen Augustijnen) et même Rosas qui présente le travail des chorégraphes Vincent Dunoyer et Salva Sanchis à côté de ceux de sa fondatrice (Anne Teresa de Keersmaeker).
Pour le classique en revanche, faudra regarder ailleurs, c'est sûr.
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tuano
Inscrit le: 27 Mar 2008 Messages: 1209 Localisation: Paris
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Posté le: Lun Juin 16, 2008 11:31 am Sujet du message: |
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J'ai envie de m'abonner pour la première fois. Je dois attendre la date du 16 juillet. Savez-vous si j'obtiendrai des places pour tout ce que je demande, notamment la création de Pina Bausch ?
Je me demande si les 70% d'anciens abonnés sont suffisamment nombreux pour acheter toutes les places avant l'ouverture des abonnements pour les nouveaux.
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ali
Inscrit le: 24 Sep 2007 Messages: 17
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Posté le: Lun Juin 16, 2008 11:54 am Sujet du message: |
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Citation: |
Je me demande si les 70% d'anciens abonnés sont suffisamment nombreux pour acheter toutes les places avant l'ouverture des abonnements pour les nouveaux. |
la réponse est "oui", probablement. la plupart des places abonnés pour les spectacles les plus demandés sont épuisées au moment où les abonnements sont ouvert à ceux qui n'ont pas priorité. cette année, en revanche cette priorité a été étendues aux personnes qui réservent pour plus de 10 spectacles ou qui réservent pour plusieurs spectacles de théatre (4 je crois) ainsi qu'aux moins de 30 ans.
Une autre solution consiste à acheter une carte "place à 2" ou "place aux jeunes" et réserver par correspondance 5 semaines à l'avance. un contingent de place est réservé pour ce système de réservation, et en étant bien attentif, on peut obtenir des places par ce biais sans trop de problèmes (en fond de salle, mais celle-ci offre une très bonne visibilité).
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tuano
Inscrit le: 27 Mar 2008 Messages: 1209 Localisation: Paris
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Posté le: Lun Juin 16, 2008 1:41 pm Sujet du message: |
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Cela n'avait pas marché pour moi mais c'était pour Andreas Scholl aux Abbesses, si ma mémoire est bonne, et la capacité de la salle est restreinte.
Je pense prendre un abonnement 4 pièces de théâtres + danse.
Je me demande ce qui va se passer si on ne m'accorde pas P.Bausch et que tu coup, je n'ai pas assez de places pour constituer un abonnement.
L'Opéra de Paris m'avait fait le coup une année, je ne m'étais alors pas abonné, alors que le soir du spectacle, ce n'était même pas complet.
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nabucco
Inscrit le: 14 Mar 2007 Messages: 1462
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Posté le: Mar Avr 07, 2009 11:34 pm Sujet du message: |
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L'ORGIE DE LA TOLERANCE
Jan Fabre - Troubleyn
2 avril 2009
Il y a au moins un point commun entre les spectacles de Jan Fabre et un ballet classique au Palais Garnier. Dans les deux cas en effet, la salle est pleine à craquer, le public vient en connaissant parfaitement ce qu'il va voir, et il est conquis d'avance - et finalement, Jan Fabre, reconnu et médiatique. Hors deux ou trois dizaines de spectateurs qui partent en cours de spectacle, la réaction du public du Théâtre de la Ville à l'issue des deux petites heures de L'orgie de la tolérance est plus qu'enthousiaste, pour une pièce d'où la danse est toujours très minoritaire face à l'impact de saynètes jouées avec jubilation par une troupe modelée par l'artiste autant qu'elle-même contribue à déterminer les formes prises par la pièce.
Mais que veut dire Jan Fabre avec un pareil spectacle, qui fait son miel des violences physiques, sexuelles, économiques, sociales, racistes ou politiques ? Un premier niveau de lecture, qui est sans doute celle d'une majorité du public, conduit à prendre au premier degré cette violence : en représentant l'horreur sous toutes ses formes, l'artiste flamand donne à ses fidèles le plaisir de se sentir du bon côté face aux sévérités du monde contemporain. Certainement, Fabre est un moraliste, qui fait du corps et de l'argent les thèmes centraux de sa réflexion, tout comme il le fait dans ses autres activités artistiques.
Pourtant, au fil de la pièce, des interrogations naissent devant le manichéisme de ces dénonciations, qui culminent dans une scène paroxystique où sont invectivés, à la fin de la pièce, victimes et bourreaux, des minorités et ceux qui les rejettent, artistes et spectateurs. Il y a là une forme de jubilation du jeu de massacre, qui pousse à ne pas prendre toujours au premier degré cette violence, mais n’y voir qu’un simple défouloir : qui, dans notre monde, peut affirmer n’avoir jamais eu ces mauvaises pensées dont l’expression est une libération malsaine ? Mais il y a sans doute plus, et le titre de la pièce donne ici sans doute une des clefs essentielles du spectacle : que se passe-t-il quand la tolérance devient jouissance orgiaque ? En jouant ainsi, devant un public conquis, à repousser toujours plus loin les limites du supportable, c'est certainement, à travers ce public précis, sur les côtés troubles de cette tolérance si fièrement affichée de toutes parts qu’elle devient comme une seconde peau qui peut devenir elle-même matrice de nouvelles exclusions.
La réflexion de Jan Fabre, armé d’une sorte d’humour triste, est ainsi d’autant plus riche et intéressante qu’elle oblige le spectateur à chercher en lui les points de repère réflexifs qu’il n’entend pas lui souffler à trop bon compte. Osera-t-on dire, cependant, que parmi tous ces excès, ce bruit et ces agitations si soigneusement orchestrés, on se surprend parfois à regretter une forme de manque de rythme, qui laisse penser que Jan Fabre le performer manque du souffle que Jan Fabre le plasticien sait communiquer à ses projets, telle la grande exposition récente au Musée du Louvre ?
http://troubleyn.be/news.php?&pageID=7&parentID=0&lingo=fr
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26671
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nabucco
Inscrit le: 14 Mar 2007 Messages: 1462
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26671
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Posté le: Mar Avr 21, 2009 1:52 pm Sujet du message: |
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Ne voulant pas être à l'origine d'une brusque recrudescence d'accidents cardio-vasculaires, j'ai réctifié le lien illico, Nabucco...
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nabucco
Inscrit le: 14 Mar 2007 Messages: 1462
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Posté le: Ven Mai 01, 2009 6:58 pm Sujet du message: |
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Avec toutes mes excuses pour un retard éléphantesque, une critique du récent spectacle Forsythe place du Châtelet:
BALLET DE L’OPÉRA DE LYON
Second Detail (14 danseurs)
Duo (2 danseuses)
One flat thing, reproduced (14 danseurs)
Chorégraphie : William Forsythe
Musique : Thom Willems
Ballet de l’Opéra de Lyon
Théâtre de la Ville, 9 avril 2009
Pour le Ballet de l’Opéra de Lyon, les pièces de William Forsythe sont plus qu’un univers familier, comme une gymnastique quotidienne qui, en maintenant l’acuité physique et intellectuelle des danseurs au plus haut point, leur offrant un point de vue idéal sur le vaste répertoire contemporain qu’il interprète tout au long des saisons. Après les avoir présentées à Lyon en septembre, c’est au Théâtre de la Ville à Paris d’accueillir la troupe pour trois pièces créées entre 1991 et 2000.
La saison passée, déjà, Forsythe était au programme de la tournée parisienne des Lyonnais, avec le mouvement central de Limb’s Theorem, grand enchantement ; le programme présenté cette année, d’une brièveté difficilement acceptable qui plus est, ne convainc pas totalement, malgré le soin visible pris à le composer : une première pièce sur l’espace principal de la scène, toute de gris vêtue, est suivie par une pièce très sombre dansée essentiellement sur un vaste proscenium, tandis que la dernière offre enfin la couleur, se déroule sur toute la profondeur de la scène et fait du proscenium un espace à peine effleuré, presque interdit et pour cela désirable. Chronologiquement, les trois pièces, créées entre 1991 et 2000, sont rentrées au répertoire de la troupe lyonnaise entre 1995 et 2004 : peu de temps donc après leur création, et depuis assez longtemps pour qu’ils soient véritablement devenus familiers aux danseurs.
C’est dans Second Detail qu’on retrouve sans doute le plus clairement le Forsythe des origines, vampire de la danse classique soumise un questionnement d’autant plus impitoyable qu’il n’est rien d’autre que prise de possession amoureuse. Aussi bien dans sa structure opposant constamment variations solistes et corps de ballet que dans sa gestuelle où la pointe s’allie harmonieusement aux mouvements anguleux de Forsythe, c’est bien le sens du geste classique qui est ici au cœur du ballet, à l’opposé de toute idée de parodie, mais d’une façon souvent un peu appliquée, loin de la liberté formelle de In the middle ou de Limb’s Theorem, que le Ballet possède également à son répertoire mais n’a jamais présenté intégralement à Paris.
On n’est guère plus éclairé, c’est le cas de le dire, par Duo, interprété avec une grande concentration par Amandine François et Dorothée Delabie. Sur un proscenium toujours laissé dans la pénombre, les évolutions des danseuses peinent à laisser émerger un sens, et même un style : très vite, l’indifférence gagne, tant le travail formel cette fois un peu paresseux de Forsythe peine à quitter le domaine de l’arbitraire.
Il faudra attendre la dernière pièce pour que les danseurs reçoivent du public plus que les applaudissements plus bienveillants qu’enthousiastes de la salle : One flat thing, reproduced, l’un des rares travaux de Forsythe à avoir trouvé le chemin du DVD*. La scène, en pleine lumière cette fois, est quadrillée par les tables que les danseurs amènent avec fracas au début de la pièce : tout se passe donc, très vite, sur, sous ou entre ces tables parfois fugitivement remises en place par les danseurs. Jeu sur la rapidité, invention d’une nouvelle forme de virtuosité en milieu contraint : tout cela n’étonne guère chez Forsythe, qui retrouve là ses qualités premières. Les évolutions des quatorze interprètes, dans leur vitesse, dans leurs imbrications aussi apparemment désordonnées que savamment orchestrées, ont ceci de particulièrement remarquables qu’elles n’en font que mieux ressortir la personnalité de chaque danseur. On ressort de la représentation avec l’image tenace d’un sourire fugace, de l’intensité d’un regard : le chaos du monde, sans doute, mais avec l’humanité de danseurs jamais réduits au statut de machines.
Pour ces moments-là, malgré la faiblesse des deux premières pièces et le programme avare, on ne sort donc pas trop frustré de cette soirée inégale.
* One flat thing, reproduced, réalisé par Thierry de Mey, 1 DVD MK2 (avec partie documentaire).
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26671
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nabucco
Inscrit le: 14 Mar 2007 Messages: 1462
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Posté le: Lun Sep 07, 2009 10:08 am Sujet du message: |
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Une dernière critique pour clore définitivement la saison:
The Song
Anne Teresa de Keersmaeker
Compagnie Rosas
Bruiteuse Céline Bernard
Scénographie Ann Veronica Janssens, Michel François
Costumes Anne-Catherine Kunz
Théâtre de la Ville, 26 juin 2009
Peu de chorégraphes entretiennent un rapport aussi intense à la musique qu’Anne Teresa de Keersmaeker : elle y trouve souvent non un prétexte, encore moins un simple accompagnement, mais un véritable moteur de la création. Ne se contentant jamais de la surface des œuvres, plongeant avec une exigence impitoyable (et d’excellent collaborateurs musicaux) dans la structure des œuvres et ne choisissant jamais que des compositeurs majeurs, de Mozart à Schoenberg ou Bartók, elle a cette fois fait un choix audacieux, mais qu’aucun vrai mélomane ne condamnera : c’est dans le silence que se déroule cette création 2009 dont le Théâtre de la Ville est le berceau, silence simplement éclairé par le travail discret (et à vrai dire peu convaincant) d’une « bruiteuse » et, beaucoup plus importants, par les bruits naturels des danseurs, choc des pas sur le sol ou respirations pressées par l’effort ; seule une chanson (celle du titre) interprétée par l’un des danseurs, vient interrompre ce silence habité : sans surprise, c’est sans doute le seul moment faible du spectacle.
Ce silence reste un défi considérable pour le public du théâtre de la Ville, qui préfère toujours le divertissement aisément digestible à une telle exigence : les départs pendant le spectacle sont plus nombreux que jamais depuis Kassandra de la même chorégraphe, qui avait établi une sorte de triste record pour une pièce que l’auteur de ces lignes tient pour un des plus grands chefs-d’œuvre du répertoire chorégraphique contemporain, mais qui risque hélas de tomber dans l’oubli en raison de ce rejet public. Cette fois au moins, les ovations à la fin du spectacle montrent que l’enthousiasme de ceux qui sont restés compense largement la réaction épidermique d’habitués dérangés dans leur confort.
Sans musique, la richesse du travail structurel de la chorégraphe belge n’en devient que plus frappante : on retrouve le vocabulaire chorégraphique des pièces précédentes, admirablement maîtrisé par une troupe pour une fois essentiellement masculine (sans que soit thématisée d’ailleurs la question du genre, banalité fréquente de la scène chorégraphique) : danse en noir et blanc, soulignée par un travail remarquable sur la lumière, (avec l'aide de deux plasticiens) jouant aussi bien sur des oppositions tranchées entre le clair et l’obscur (au début du spectacle surtout) délimitant des aires de jeu variables et des scènes émergeant de l’obscurité pour s’y retrouver plongées que sur l’opalescence d’un écran plastique en guise de ciel et descendu au sol en fin de spectacle.
Le travail d'Anne Teresa de Keersmaeker est souvent décrit comme austère, parce qu'il interroge, ici plus que jamais, des notions abstraites comme le temps, comme la structure elle-même, sujet de la recherche et non armature utilitaire destinée à marquer pour le spectateur le passage du temps. Mais cette abstraction assumée, à mille lieues de la mode actuelle des spectacles à message, pénètre jusqu'au plus profond de nos perceptions, et de là naît une émotion à nulle autre pareille, qui n'est jamais réductible à des émotions de la vie réelle, et qui donneà ce spectacle une force si considérable.
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