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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Bernard45
Inscrit le: 06 Avr 2008 Messages: 498 Localisation: Orléans
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Posté le: Sam Oct 25, 2014 7:28 pm Sujet du message: |
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Comme quoi, il n'y a pas qu'à l'ONP que la distribution peut changer la veille d'une diffusion dans les salles de cinéma...
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Sam Oct 25, 2014 8:54 pm Sujet du message: |
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C'est quand même dommage de ne pas l'avoir (et de ne pas la voir) finalement sur ce rôle-là, ce n'est pas comme s'il s'agissait d'un énième Lac. Les quelques images diffusées dans les reportages sur la première sont fantastiques.
Enfin, bon rétablissement à Svetlana Zakharova et bonne chance à Maria Allash!
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ElenaK
Inscrit le: 24 Avr 2013 Messages: 817
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Posté le: Dim Oct 26, 2014 2:12 am Sujet du message: |
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Bernard45 a écrit: |
Comme quoi, il n'y a pas qu'à l'ONP que la distribution peut changer la veille d'une diffusion dans les salles de cinéma... |
Ça peut arriver dans n'importe quelle compagnie du monde. Sur balletfriends.ru, on raconte que Svetlana Zakharova a été hospitalisée la nuit dernière, mais il ne s'agit pas d'une blessure.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Dim Oct 26, 2014 10:43 pm Sujet du message: |
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Nous n'avons rien perdu avec Maria Allash en tragédienne orientale.
Par-delà les quatre interprètes principaux, tous formidables, et un Bolchoï plus Bolchoï que nature, voilà une très grande oeuvre, qui donne envie de la revoir avec d'autres distributions - la marque des grands classiques!
Compte-rendu détaillé à suivre...
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Lun Oct 27, 2014 12:25 am Sujet du message: |
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Avant le compte-rendu de Sophia, je m'y colle aussi... en attendant vos avis, car j'espère qu'il y a au moins quelques lecteurs de Dansomanie qui auront fréquenté les salles obscures aujourd'hui...
La reprise de La Légende d'Amour, qui n'avait pas figuré à l'affiche du Bolchoï depuis plusieurs années, faisait un peu figure d'événement et donnait au début de la saison chorégraphique du Bolchoï un relief tout particulier. Contrariété de dernière minute, Svetlana Zakharova, souffrant d'une douloureuse maladie, a dû être hospitalisée et remplacée au pied levé.
Si la soudaine indisposition de Svetlana Zakharova est évidemment très regrettable, elle n'en a fort heureusement pas réduit l'intérêt et la qualité artistique du spectacle offert par le Bolchoï. La compagnie moscovite ne manque pas de ressources, et c'est par Maria Allash, l'une des artistes-fétiches de Youri Grigorovitch, normalement prévue sur la seconde distribution, qui a brillamment pris la relève. On n'y a d'ailleurs pas forcément perdu au change, car cela aura été pour beaucoup de balletomanes occidentaux l'occasion de découvrir une danseuse peu médiatisée, et qui est pourtant capable de très grandes choses.
Et de très grande choses, on en aura vu aujourd'hui! Sans doute galvanisée par l'enjeu d'une retransmission cinématographique à l'échelle mondiale, Maria Allash - parfois fantasque, et capable aussi de ratés spectaculaires - a donné absolument tout ce qu'elle pouvait, et s'est investie de tout son être dans le rôle de Mekhmene Banou. Avec une plastique qui évoque irrésistiblement Maïa Plissetskaïa, elle a, par une gestuelle ample, des équilibres parfaitement maîtrisés et une grande présence scénique, servi au mieux la chorégraphie qui, sans renier ses origines "soviétiques", partage quelques analogies de style avec le Maurice Béjart des années 1960.
C'est Vitali Biktimirov, le méchant de service - grimé en Grand Vizir façon Iznogoud - qui avait la redoutable tâche de donner la réplique à cette reine au tempérament d'impératrice. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il fut à la hauteur. Acteur grandiose, terrifiant, il fut pour Maria Allash un partenaire / adversaire idéal. Et dire qu'ils n'étaient pas censés danser ensemble!
L'autre paire était constituée d'Anna Nikulina et de Denis Rodkine. Anna Nikulina (Shirin) est fraîche, pleine de charme et de grâce, toute de légèreté, mais presque un peu trop frêle et primesautière pour faire vraiment pièce à la force minérale dégagée par Maria Allash. Denis Rodkine, est beau, fort, bref, a tout ce qu'il faut pour incarner le peintre qui va abandonner ses frivolités artistiques pour jouer les héros soviétiques. Surhomme digne héritier de Stakhanov, il s'est donné pour mission de sauver son peuple de la soif, en déplaçant - au sens littéral - des montagnes pour détourner de lointains cours d'eau. Il poussera l'abnégation jusqu'à renoncer à son amour pour Shirin pour parachever son œuvre de terrassier au profit du bien commun.
Parmi les seconds rôles, on relevait tout particulièrement le bouffon explosif d'Igor Tsvirko, danseur dont nous avions déjà eu l'occasion de parler en termes élogieux à l'occasion des représentations de Marco Spada, remonté par Pierre Lacotte l'an passé à Moscou.
Mais ce qui émerveille toujours avec le Bolchoï, c'est l'excellence du corps de ballet, motivé, dynamique, et particulièrement bien mis en valeur par les "tableaux humains" chers à Grigorovitch, qui utilise les danseurs pour former un véritable décor de chair et de sang. Là aussi, on ne peut s'empêcher d'établir un parallèle avec Maurice Béjart ; le procédé est utilisé notamment dans Le Mandarin merveilleux, que les habitués de l'Opéra de Paris connaissent bien.
La chorégraphie de Youri Grigorovitch a étonnamment bien résisté à l'épreuve du temps, et conserve, plus de cinquante ans après sa création, tout son impact visuel et émotionnel. La musique d'Arif Melikov - qui se présente lui-même comme un disciple de Chostakovitch - accuse davantage son âge. Il est vrai qu'à l'époque même de sa composition (1961), la partition n'avait rien de vraiment révolutionnaire. L'ensemble est solidement construit, Melikov est un professionnel sérieux qui sait écrire pour grand orchestre, mais qui ne se départit jamais du système tonal, et qui s'en tient à des formes d'une rigueur toute classique. En dépit de la filiation revendiquée, l'ensemble fait davantage penser à Prokofiev qu'à Chostakovitch, à l'exception du début du 3ème acte, où l'influence du maître est clairement perceptible. Russie oblige, l'ouvrage renferme également quelques citations plus ou moins explicites des grandes pièces symphoniques de Tchaïkovski, et notamment l'inévitable Symphonie pathétique. On saura en tous cas gré au Bolchoï d'avoir, lors du second entracte, donné la parole à Melikov, qui assistait à la représentation, ce qui change agréablement des apparatchiks médiatiques aux idées creuses que l'on nous sert habituellement sur les ondes françaises en pareille circonstance. |
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Bernard45
Inscrit le: 06 Avr 2008 Messages: 498 Localisation: Orléans
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Posté le: Lun Oct 27, 2014 5:44 pm Sujet du message: |
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Rassurez-vous Haydn, avec Sophia, vous n’étiez pas les seuls lecteurs de Dansomanie présents dans les salles obscures en ce dimanche 26 octobre pour admirer le ballet du Bolchoï.
K. Novikova nous l’a présenté comme « la quintessence des ballets du 20ème siècle », selon évidemment nos amis russes, ajoutant que ce ballet a été considéré comme « révolutionnaire » dans la mesure où il rompait avec l’ère Petipa. Sans doute, mais alors pourquoi a-t-il fallu attendre 10 ans pour le remonter, dès lors que Grigorovitch était revenu au Bolchoï depuis 2008 ? Est-ce la fin qui chagrine ?
Je pense que la présence de Maria Allash aux côtés d’Anna Nikulina a assuré un certain équilibre entre les deux danseuses, aucune des deux ne prenant le pas sur l’autre, (est-ce un bien ou un mal ?) – ce qui n’aurait certes pas été le cas avec S. Zakharova dont la présence scénique est telle que le spectateur ne semble avoir d’yeux que pour elle.
Certes, Maria Allash, qu’il me semble n’avoir jamais vue lors des retransmissions du Bolchoï, a été éblouissante. Je retiendrai notamment son travail dans la position des mains, peu évidente pour une danseuse classique, et ses yeux exprimant parfois la terreur au-dessus d’un voile lui cachant le reste du visage.
Tout le monde a été excellent ; je retiendrai notamment le merveilleux bouffon, Igor Tsvirko, évidemment Denis Rodkin, étincelant, bondissant et virevoltant de belle manière, assurant sans problème les portés des deux charmantes étoiles, le corps de ballet toujours parfait, et l’orchestre dont la musique de Arif Melikov m’a beaucoup plu. Mais je ne suis pas un spécialiste !
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Lun Oct 27, 2014 6:04 pm Sujet du message: |
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Je pense que La Légende d'amour rompait plutôt avec le dram-balet soviétique, comme déjà La Fleur de Pierre, le premier ballet de Grigorovitch. Ce dernier a toujours revendiqué la filiation avec Petipa (même si certains considèrent qu'il l'a massacré dans ses révisions). La Légende d'amour est clairement un ballet du XXe siècle, mais on y retrouve tous les canons imposés par Petipa : le grand spectacle avec alternance de solos, pas de deux, pas de trois et ensembles, les caractères féminins en contrepoint l'un de l'autre, l'intrigue sentimentale, le divertissement dansé avec bouffon obligatoire, et même le ballet blanc dans la rêverie au début du troisième acte. Je pense que ce qui est neuf chez Grigo, par-delà les changements d'esthétique, c'est "l'invention" du héros - et de manière plus générale, la valorisation de la danse masculine -, toutes choses absentes de Petipa. Mais tout cela se fait sans pour autant renier la tradition du XIXe siècle.
Et moi aussi j'aime beaucoup la musique de Melikov, qui n'a peut-être pas le sens mélodique de celle de Khatchatourian, mais qui n'en est pas moins envoûtante et diablement efficace!
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fandorine
Inscrit le: 29 Avr 2012 Messages: 379
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Posté le: Lun Oct 27, 2014 6:50 pm Sujet du message: |
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Merci à Dansomanie et à Sophia en particulier qui m'ont permis de profiter pleinement de cette superbe après-midi de ballet : le contenu du fil est plus riche qu'un programme de l'Opéra de Paris.
J'ai moi aussi adoré ce spectacle, et j'ai du mal à revenir dans le monde réel aujourd'hui (et dire que ce n'est qu'une captation!). Je n'ai qu'une hâte, le revoir (par des moyens licites ou pas ).
Maria Allash, dans certaine de ses expressions faciales, me faisait penser à la grande actrice italienne, Alida Valli, dans Senso de Luchino Visconti, en proie également aux affres du désir et de la jalousie.
J'ai trouvé qu'il y avait pas mal de similitudes dans la construction du ballet avec Spartacus, notamment dans le 2ème acte qui m'a le plus impressionnée, avec des scènes d'ensemble au rythme frénétique ponctuées de solos virtuoses (la reine, le bouffon) se concluant sur un fondu au noir enchaînant avec un monologue / dialogue où est explorée la psychologie des personnages (la reine restée seule, Shireen ou le pas de deux si émouvant entre Shireen et Ferkhad).
Lors du World Ballet Day, pendant la classe, Sergei Filin confiait que toutes les ballerines voulaient danser avec Denis Rodkin. En le voyant, on comprend pourquoi. C'est une belle marque de confiance qu'il soit choisi pour la captation vidéo (on a du mal à imaginer l'Opéra de Paris faisant de même avec un Premier Danseur pour un des chefs d'oeuvre de son répertoire).
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Lun Oct 27, 2014 7:14 pm Sujet du message: |
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Et pour ceux qui ne connaîtraient pas l'héroïne (inattendue) de cette Légende d'Amour, Maria Allash nous avait accordé une interview alors qu'elle n'était pas encore étoile, dans laquelle elle affirmait avec force son attachement à la tradition russe :
Maria Allash : une vie au Bolchoï |
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Lun Oct 27, 2014 7:15 pm Sujet du message: |
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fandorine a écrit: |
Maria Allash, dans certaine de ses expressions faciales, me faisait penser à la grande actrice italienne, Alida Valli, dans Senso de Luchino Visconti, en proie également aux affres du désir et de la jalousie. |
Pour ma part, j'ai pensé à Maria Callas dans l'un ou l'autre de ses grands rôles tragiques. Un visage du Sud - rude et intemporel! Et ses expressions, loin d'être figées dans un simple rictus autoritaire ou halluciné, sont fabuleuses. Après, c'est vrai qu'on peut préférer aujourd'hui le glamour et la plastique exceptionnelle de Zakharova. En tout cas, de la part d'une danseuse plutôt en fin de carrière et plutôt associée au "vieux Bolchoï", et qui par ailleurs ne participe plus guère aux tournées (sinon dans des rôles secondaires, comme Myrtha ou Lilas), c'est une révélation qu'on n'attendait plus.
Dans une interview de Dansomanie, elle disait en 2006 son attachement particulier au ballet de Grigorovitch : "Mekhmené-Banou est un rôle fantastique. Malheureusement ce spectacle n'est plus dans le répertoire, mais j'y pense souvent. J'aime aussi beaucoup Raymonda. Tous les rôles sont intéressants, il n'y en a pas un qui soit moins bien que les autres. Chaque rôle apporte quelque chose de spécifique. Prenons par exemple la Légende d'Amour : c'est un drame d'une grande profondeur philosophique. Cela oblige à réfléchir. Le rôle de Mekhmené-Banou est très difficile, il met en jeu des sentiments complexes, où l'amour évolue vers la haine. Chaque fois j'y perçois quelque chose en plus." Et de Spartacus, elle dit aussi que "ce n'est qu'une variante de La Légende d'amour".
Dernière édition par sophia le Mar Oct 28, 2014 11:14 am; édité 1 fois |
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MikeNeko
Inscrit le: 27 Nov 2012 Messages: 556 Localisation: IDF
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fandorine
Inscrit le: 29 Avr 2012 Messages: 379
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Bernard45
Inscrit le: 06 Avr 2008 Messages: 498 Localisation: Orléans
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Posté le: Lun Oct 27, 2014 10:57 pm Sujet du message: |
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fandorine a écrit: |
Merci à Dansomanie et à Sophia en particulier qui m'ont permis de profiter pleinement de cette superbe après-midi de ballet : le contenu du fil est plus riche qu'un programme de l'Opéra de Paris. |
En dissertant sur la couleur de la robe de KN, le "contenu du fil" baisse dangereusement !
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