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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22166
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mathis
Inscrit le: 11 Déc 2009 Messages: 76
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Posté le: Sam Juin 19, 2010 11:59 pm Sujet du message: |
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Pour compléter le propos d'Haydn, j'ai envie de signaler - parmi d'autres - trois points marquants de la soirée : un jeu de jambes délicieux pour la "Danse russe" de Fokine, une pose finale très réussie dans la Rose malade de Roland Petit (desservie par un éclairage rouge assez disgracieux) et une Mort du cygne d'une grande émotion.
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alila
Inscrit le: 31 Déc 2009 Messages: 287 Localisation: Paris
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Posté le: Dim Juin 20, 2010 12:32 am Sujet du message: |
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J'ai été très agréablement surprise par le spectacle ce soir.
D'abord des pièces dans lesquelles j'aurais jamais pensé voir Lopatkina danse (Valse de Chopinianna, Danse russe du Lac!). Avec ses grandes lignes de danseuse noble, c'était vraiment inespéré. Du coup, l'interprétation qu'elle leur donne semble très différente. J'ai à peine regardé ses jambes de toute la soirée. Tout était dans les ports de bras et les épaulements qui sont plus que magnifiques, c'est de l'art à l'état pur. Après des années à voir presque uniquement l'ONP j'avais oublié combien les bras sont fondamentaux pour les danseuses, le choc a été énorme. Les bras de Lopatkina valent tous les détours, ils sont magistraux!!!! Je rejoins Haydn sur la qualité et le soin de tous les mouvement, des pas etc. Les difficultés techniques ne m'ont absolument pas manqué.
D'ailleurs, à propos de la Rose Malade je n'avais jamais aimé cette pièce sur vidéo, malgré Plisetskaya, mais l'interprétation de Lopatkina fut excellente, malgré la lumière rouge beaucoup trop forte. Au contraire de Plisetskaya, Lopatkina le danse très intériorisé, intime et douce, qui rend la fin encore plus triste.
Mon coup de coeur à été la Valse de Chopinianna et La danse Russe. Pour cette dernière Lopatkina a pris des libertés sur la chorégraphie et le résultat fut merveilleux.
Ensuite, le très très beau hommage au danseuses. Je n'avais aucune idée que c'était cela qui avait guidé le choix du programme, et ce fut très bien choisi. Lopatkina montre être une femme exceptionnellement sensible et intelligente, et j'ai été très émue par son hommage très simple, mais profond aux grandes danseuses russes. Les choix des morceaux de Chopin pour les videos était très heureux. D'ailleurs, j'espère que ces vidéos et le texte qui va avec seront réutilisées, enregistrées et disponibles, car beaucoup de morceaux de vidéo et des photographies présentées sont assez rares.
Finalement, la plus belle surprise fut le sourire de Ulyana Lopatkina pendant les danses et lors des applaudissements finaux. Je la connaissais des videos de cours ou de repetitions où elle apparaît très sérieuse. Elle semblait extrêmement heureuse de cette soirée, comme l'a souligné Haydn dans un petit théâtre loin des principaux temples de la danse mondiale. Elle semblait ravie que le public ait aimé ce spectacle, qui au fond était très simple, comme les chorégraphies, mais rempli de sens pour tout ceux qui apprécient la danse classique russe. Nous étions ravis aussi, spasibo bolshoi Ulyana!
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serge1 paris
Inscrit le: 06 Jan 2008 Messages: 877
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Posté le: Dim Juin 20, 2010 1:01 am Sujet du message: |
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Je dois dire que je suis un peu à court de commentaires devant autant de perfection !
Je suis tout de même étonné qu'Alila ait à peine regardé les jambes.
Car si effectivement les ports de bras sont exceptionnels, le travail et la beauté des jambes ne sont pas en retrait. Tout est expressif chez Lopatkina et tout est dramatique ! La beauté des piétinés et de certains mouvements de jambes presque au ralenti !!!
J'arrête parce que je suis à court de superlatifs...
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Dansesaveclaplume
Inscrit le: 14 Jan 2010 Messages: 54 Localisation: Paris
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Posté le: Dim Juin 20, 2010 11:09 am Sujet du message: |
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alila a écrit: |
Les bras de Lopatkina valent tous les détours, ils sont magistraux!!!! |
Si on laissait trainer les oreilles à la sortie, on n'entendait que ça de la part des spectateurs. "Quels bras, quels bras, quels bras" Moi aussi, ça m'a frappé, même si tout est exceptionnel chez elle, mais ce haut du corps à la fois lyrique et élégant, où tout n'est que musicalité... Je redécouvre moi aussi l'importance des bras.
Ce spectacle est vraiment construit très intelligemment, avec une vraie ligne conductrice, de belles images d'archive et des commentaires intéressants. Mais le spectacle reste court (1 heure), je n'ai pas chronométré, mais le blabla était presque plus important que la danse. Frustrant tout de même, devant tant d'excellence et de musicalité.
J'ai particulièrement aimé la Danse russe. J'ai pratiqué la danse de caractère pendant des années, on nous parlait beaucoup de cette "âme russe". Je crois avoir enfin compris ce que c'était ce soir, ce mélange de passion exacerbée, de gaîté, le tout dans une certaine retenue et élégance. Difficile à exprimer. ça m'a presque gêné que ce ballet soit sur pointe, les pas sont viennent presque tous de la danse de caractère, qui se danse en bottes ou en chaussures à petits talons.
La Rose malade se redécouvre avec son interprétation. Son grand "tube", La mort du cygne, est en effet maitrisé de bout en bout, sans que jamais l'interprète ne tombe dans une certaine routine. Quant à Chopiniana, je ne verrais plus Les Sylphide de la même façon.
J'espère avoir la chance de la voir danser un ballet entier un jour.
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Kate
Inscrit le: 15 Fév 2009 Messages: 140 Localisation: Paris
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Posté le: Dim Juin 20, 2010 11:39 am Sujet du message: |
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L'avantage avec des artistes de la trempe de Lopatkina, c'est qu'ils peuvent danser à peu près n'importe quoi, le résultat est toujours sublime. Le programme de la soirée ne m'emballait pas outre mesure, mais au final j'ai été conquise par l'intelligence et l'élégance de ses interprétations, avec une petite préférence pour la danse russe. Lopatkina s'impose sans esbrouffe, et chacun de ses mouvements est magnifique à regarder.
Mais ce que je trouve le plus impressionnant chez cette danseuse, au-delà de toute considération technique ou artistique, c'est la sérénité qu'elle dégage. Il y a chez elle quelque chose de presque spirituel, que je ne retrouve chez aucune autre ballerine.
Comme ***, j'aimerais la voir danser un ballet en entier.
Lopatkina hier, Barychnikov aujourd'hui, c'est un week-end de rêve !
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22166
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Posté le: Dim Juin 20, 2010 1:14 pm Sujet du message: |
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Personne n'a, me semble-t-il, parlé du lieu, et pourtant il m'a aussi paru en parfait accord avec la tonalité intimiste de la soirée, un écrin idéal, noble et nostalgique, à l'image d'Ouliana Lopatkina. Bien sûr, le petit Théâtre Montansier est à mille lieux de l'immensité majestueuse du Théâtre Mariinsky, mais au fond, l'on y retrouve le même mélange de simplicité et d'élégance aristocratiques, un je-ne-sais-quoi d'un autre temps, impérial là-bas, royal ici, aux antipodes du clinquant dont on s'abreuve ordinairement... Nul doute que Lopatkina, qui est une personne très cultivée, ne l'a pas choisi au hasard, elle qui manifeste par ailleurs une telle volonté de s'inscrire dans une histoire, dans une tradition, dans un héritage, comme cette soirée l'a d'ailleurs bien montré... La rhétorique de l'hommage était bien là, avec ses attendus ou ses clichés, mais l'ensemble était servi par un texte intelligent, nourri, dit par un véritable interprète, et accompagné d'images rares, parfois bouleversantes...
Bien sûr, une telle soirée nous semble trop courte à tous, et l'on voudrait pouvoir en prolonger l'émotion au-delà... Mais l'on en savoure d'autant plus chaque seconde, comme si la beauté tenait précisément à la rareté de ces instants éphémères, suspendus, hors du temps. Ce n'est pas là une accumulation de numéros de gala, mais un spectacle qui, dans sa concision même, sait prendre son temps, entre moments dansés et moments filmés, là encore à l'image de Lopatkina, danseuse de la réflexivité et de la lenteur. Même dans les mouvements plus rapides, elle semble comme évoluer au ralenti... Ici cependant, tout est tellement intégré et inspiré qu'on ne se pose absolument jamais la question - devenue ô combien vaine - de la technique ou de la virtuosité de tel ou tel pas... Ses bras sont merveilleux, sans aucun doute, comme ses épaulements et ses lignes en général, mais toute cette infinité de détails plastiques et académiques (bien mis en scène dans l'extrait de Neumeier) est constamment au service de l'expression... Sa danse, au dramatisme très intériorisé, est vibrante d'intensité spirituelle, jusque dans la joie inscrite au coeur de la Danse russe, et fait preuve d'un abandon presque sensuel à certains moments, comme dans le duo de La Rose malade, meilleur avec Kozlov, mais qui garde quand même avec elle quelque chose d'hypnotique, malgré le "rien" chorégraphique dont il est fait...
Dans cet ensemble de cinq merveilleux moments chorégraphiques, j'ai particulièrement aimé la Danse russe et la Valse de Chopiniana. Je ne l'avais jamais vue dans ce dernier morceau, et elle avait vraiment l'air de danser en apesanteur, à la manière d'une Sylphide rêvée... Un tour de force artistique qui fait oublier sa taille, son physique "imposant", statuesque... C'est drôle, en lisant vos compte-rendus et en écrivant le mien, j'ai repensé à cette phrase d'un critique (fatigué peut-être aussi de sa graphomanie compulsive) qui écrivait à propos de Taglioni: "Elle danse, et tout est dit..." C'est vrai, Lopatkina est elle aussi un peu un défi au langage... J'ai encore la gorge nouée en repensant aux images de cette soirée, alors que je n'entretiens pas couramment de rapport magique au spectacle... Le hasard des programmations fait que je vais voir Barychnikov cet après midi, tout comme Kate... Il est si facile de dénigrer les icônes, mais là franchement, ce week-end, je me sens vraiment privilégiée...
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frederic
Inscrit le: 23 Jan 2007 Messages: 976
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Posté le: Lun Juin 21, 2010 4:36 pm Sujet du message: |
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Je regrette de ne pas avoir vu Ouliana Lopatkina, danseuse unique et à mon sens, la seule vraie danseuse typiquement russe à l'heure où même le ballet s'internationalise.
Cela dit, pour avoir eu la chance de la voir à de nombreuses reprises, je regrette que son répertoire soit si petit: le lac, la bayadère, raymonda( rarement...) diamants, la féé lilas, la mort du cygne, carmen maintenant et les 3 gnossiennes, sa pièce de gala et c'est à peu près tout! Je m'en contente mais j'aurais tant aimé qu'elle risque autre chose.
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26671
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danse-0pera
Inscrit le: 29 Nov 2006 Messages: 406
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22166
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22166
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22166
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Posté le: Dim Juin 27, 2010 5:14 pm Sujet du message: |
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Carte blanche à Ouliana Lopatkina
Versailles, Théâtre Montansier
19 juin 2010
Sans tambour ni trompette – ni feux d'artifice royaux -, Versailles, berceau historique de la danse académique, accueille Ouliana Lopatkina, étoile du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg. Un effet d'annonce minimal et pourtant, un symbole puissant - et peu commun - pour célébrer en beauté l'année France-Russie. Pour une fois, la rhétorique publicitaire obligée, qui nous avait qualifié cette venue d'« exceptionnelle », n'aura pas trompé son monde. La ballerine est rare - a fortiori dans nos contrées - et le cadre intimiste dans lequel elle offre son récital est à son image – résolument intempestif. Le petit Théâtre Montansier, essentiellement dédié à l'art dramatique, se situe certes à mille lieux de l'immensité majestueuse du Théâtre Mariinsky, mais au fond, par-delà les distances, l'on y retrouve un même mélange de simplicité discrète et d'élégance aristocratique, une semblable aura de nostalgie, un je-ne-sais-quoi d'un autre temps, impérial là-bas, royal ici, aux antipodes du clinquant dont on est abreuvé ordinairement. Un lieu idéal pour une soirée dédiée à la grandeur du ballet classique, en forme d'antidote au bling-bling culturel...
Le spectacle dans son entier est lui-même bien éloigné de l'esprit des galas dont l'époque est coutumière. Nulle accumulation de numéros brillants, nulle démonstration de virtuosité – ce n'est pas vraiment le genre de la maison -, mais plutôt un concert « de chambre », conçu comme un hommage à trois grandes ballerines russes - Anna Pavlova, Galina Oulanova, Maïa Plissetskaïa -, qui révèle en creux la volonté réitérée de la danseuse de s'inscrire dans une histoire, dans une tradition, dans un héritage. S'exposer en pleine lumière, glorieusement, tout en sachant se retirer, avec une certaine humilité, devant le rideau rouge d'une histoire forcément plus grande que soi, voilà un peu sous quels auspices, réels ou symboliques, se présente cette « Carte blanche à Ouliana Lopatkina », pour laquelle la ballerine est accompagnée d'un partenaire apparemment inédit, Marat Shemiunov, premier danseur du Théâtre Mikhaïlovsky.
Construit chronologiquement, ce programme d'hommage est illustré par cinq miniatures chorégraphiques, entrecoupées par la projection d'images et de films d'archive, parfois rares, à la tonalité souvent bouleversante, malgré (ou peut-être aussi à cause de?) les inévitables changements d'esthétique. Si la rhétorique de la célébration est là, avec ses attendus et ses clichés, l'ensemble demeure néanmoins servi par un texte intelligent, nourri, et dit avec éloquence par Jean-Daniel Laval, directeur du théâtre et interprète – en paroles – de la ballerine russe. Dans sa concision même, cette soirée, surtout, sait prendre son temps, entre moments dansés et moments filmés, à l'image encore de Lopatkina, danseuse de la réflexivité et de la lenteur. A tous, une telle soirée semblera bien trop courte, suscitant le désir renaissant de pouvoir en prolonger l'émotion au-delà. Et l'on en savoure d'autant plus chaque seconde, comme si la beauté tenait précisément à la rareté de ces instants éphémères, suspendus, hors du temps...
Ballerine à la charnière de deux âges, Anna Pavlova est faite, tout autant, de la tradition de Petipa et du ballet impérial que de celle des Ballets russes de Diaghilev, qui a davantage retenu l'attention de l'Occident. Deux miniatures viennent revisiter ces deux facettes esthétiques : le pas de deux de John Neumeier, Pavlova et Cecchetti, extrait de son Casse-noisette, offert à Lopatkina par le chorégraphe alors qu'elle était encore élève de l'Académie Vaganova, et la Danse russe du Lac des cygnes, revue par Mikhaïl Fokine pour Pavlova elle-même. Placé en ouverture, Pavlova et Cecchetti n'a point pour sujet l'émotion lyrique ou dramatique, en tout cas de celle délivrée par les autres pièces au programme de la soirée. Dans un concentré de pas d'école, déclinés à la barre et au milieu, le duo nous parle plutôt d'héritage, d'apprentissage ininterrompu, de cette humble et fragile transmission de maître à élève, coeur et raison du ballet classique. Choc esthétique – sinon éthique -, toujours renouvelé, que ces bras, ces épaulements, qui savent vivre, précis, et pourtant si loin de la rigidité parisienne, qui frôle parfois la mort involontaire. Face à l'académisme déployé dans cette première miniature, la Danse russe n'oppose pas le classicisme hiératique, réputé « noble » et savant, à la danse de caractère, « populaire » et débridée, elle l'intègre sans heurts, présentant une image de la Russie stylisée - « sur pointes » -, civilisée sans doute, mais conservée dans son essence, avec ses clichés et ses couleurs - simultanément gaie et nostalgique. Tout autant qu'un Cygne marmoréen ou une Bayadère mystique, Lopatkina est - ou aurait pu être - aussi cette danseuse-là – celle de la terre et de la joie...
Après Pavlova, la tsarine de l'âge d'argent, Galina Oulanova est l'élue des années de plomb. Elle en est aussi comme l'avers, l'intériorité blessée, la révolte silencieuse, la mauvaise conscience peut-être. Lopatkina choisit de lui rendre hommage avec un extrait de Chopiniana, une oeuvre ayant joué un rôle très particulier dans la carrière d'Oulanova, qui l'a dansé dès sa sortie de l'Ecole de ballet de Léningrad, puis, à la fin de sa carrière, pour ses adieux à la scène du Bolchoï. Au sein du programme, la Valse de Chopiniana est aussi la seule pièce véritablement inédite (à ma connaissance) présentée par Lopatkina. Révélation inattendue du reste que cette Valse, où la ballerine semble évoluer en apesanteur, à la manière d'une Sylphide rêvée. On oublie ce physique imposant et statuesque, sculpté pour incarner les reines de drame, on ne voit que le tour de force artistique, la capacité à comprendre et à recréer ce romantisme essentiel, léger, aérien, impalpable, seul et unique sujet du poème chorégraphique de Fokine.
Maïa Plissetskaïa enfin, le tempérament flamboyant, libertaire, l'autre facette du ballet de l'ère soviétique, et la nécessaire contrepartie au lyrisme dramatique d'Oulanova. Le pas de deux de La Rose malade a été créé par Roland Petit pour elle, en 1973, en un temps où il devait probablement apparaître comme un sommet de rébellion chorégraphique au pays des soviets. Aujourd'hui, certes, il ne reste plus grand-chose de ce parfum vénéneux d'avant-garde, mais une fois de plus, comme dit le poète irlandais, How can we know the dancer from the dance?... Lopatkina, même si on la préfère dans ce duo aux côtés d'Ivan Kozlov, plus inspiré que Marat Shemiunov dans la gestuelle néo-classique, demeure l'une des rares interprètes, dans un monde du ballet guetté par un technicisme décérébré, apte à donner du poids – la pesanteur et la grâce - au rien ou au pas grand-chose dont la danse est souvent faite, à faire vivre ici – jusqu'à la mort – cette Rose malade, sans sombrer dans le pur plaisir plastique et la pompe ridicule qui guette tous les adages malhériens de la planète. Vibrante d'intensité spirituelle, sa danse révèle une chaleur, un abandon, une sensualité qui s'épuisent dans le final, dramatisé et paroxystique, la laissant pâmée dans l'étreinte, agonisante au creux des bras de son partenaire. Ses bras serpentins de bayadère orientale y semblent vivre et frémir jusqu'à l'exaspération du désir - une image ensorcelante, à superposer à celle, sublime et résolument autre, du cygne hyperboréen.
Plus qu'une conclusion et un morceau de bravoure personnel – une scie de concert obligée -, le Cygne est un symbole. Symbole d'une Russie fantasmatique, dont le ballet est fatalement le mode d'être et d'agir, grandeur et lamentation mêlées, aussi fascinantes qu'irritantes, au risque même de l'effroi. Après Anna, Galina, Maïa, et tant d'autres, avec elles et sans elles, Ouliana – dousha tanza - s'approprie donc cette mort rituelle, liturgie païenne et chrétienne, identique et cependant toujours différente, bien autre chose qu'un bis pour fans de ballet béats et enamourés - une métaphore de la danse elle-même.
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26671
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