Le Ballet du Bolchoï à Paris - janvier 2008

[sophia]

Marion Thébaud a été enchantée par Le Corsaire du Bolchoï et signe un petit article particulièrement élogieux dans Le Figaro: Splendide académisme.

[haydn]

En marge de la tournée parisienne du Bolchoï, l'interview de Maria Allash, Etoile de la compagnie russe, que je vous avais promise depuis fort longtemps


Interview en français


Интервью на русском языке

[sophia]

Encore un petit reportage de la télévision russe (NTV) sur la tournée du Bolchoï à Paris: http://news.ntv.ru/123862/

[CarolinaM]

[nabucco]

Je ne sais pas si cette information un peu marginale a déjà été donnée ici, mais nous ne resterons pas très longtemps sans Bolchoi: dès septembre 2008, ce sera au tour des forces lyriques de la troupe de venir à Paris (Bastille ou Garnier?) pour Eugène Onéguine de Tchaikovski, entre le 6 et le 11. Il s'agira, je suppose, de la production de Dmitri Tcherniakov créée en 2006.
Voir ici pour quelques photos (en haut à droite, cliquer sur les numéros puis sur la mini-photo).

[akhmatova]

C'est effectivement une excellente nouvelle, tout en espérant qu'à l'image du Corsaire, nous aurons une version XIX et non pas XXI, avec un metteur en scène qui connait mieux que Pouchkine et Tchaïkovski leurs propres intentions;

[sophia]

Article du Monde, signé Rosita Boisseau, consacré au Corsaire du Bolchoï, illustré d'une petite photo de Svetlana Zakharova portée par Artem Shpilevsky dans le Pas des Eventails: Le Bolchoï conquiert Paris

[frederic]

Surveillez les distributions: il est possible que finalement Natalia Ossipova danse le role de Medora, peut-être des mardi 8 ou le alors 14. En tout cas, c'est en discussion car Mademoiselle Alexandrova est souffrante. Ce serait évidemment le clou de cette tournée...
PS: ossipova avec 2 ss et non pas un comme écrit dans les distributions de l'opéra de paris...

[Glinka !]

[Michel]

The official site of the Bolshoi (The Russian version) already announced Mlle. Osipova as Medora and Mr. Matvienko as Conrad for tomorrow (Jan. 8 ) performance. See http://www.bolshoi.ru/ru/season/press-service/anounce/index.php?id26=780 .

[Lanou]

Oh rage, oh désespoir! Et moi qui n'ai pas de places...Les commentaires sauront, je l'espère, nous faire apprécier la saveur du spectacle sans que le lecteur ne l'ait vu.

[frederic]

bonne nouvelle: Osssipova dansera donc Medora ce mardi...
( et en dépit de ce qu'écrit le site anglais du Bolchoi, il convient de mettre 2ss à Ossipova ou alors cela se lirait OZIpova. Le "C "c russe se transcrit en 2SS, c'est la règle...
PS: superbe représentation ce lundi:Lunkina/Matvienko, de loin la meilleure distribution jusqu'à présent...

[haydn]

Quelques mots rapides sur la représentation de ce soir, devant une salle quasiment pleine jusqu'au dernier strapontin, avec, il faut le dire, encore une fois un déplacement en masse de la communauté russe, venue soutenir ses idoles. Si vous voulez vous perfectionner dans la langue de Tolstoï, pas d'hésitation, c'est au Palais Garnier qu'il faut vous rendre!

A l'affiche de ce soir, Svetlana Lunkina et Denis Matvienko dans les rôles principaux. Si ma préférence reste indéniablement à la Medora de Svetlana Zakharova, plus percutante, il faut néanmoins reconnaitre à Mlle Lunkina de belles qualités artistiques, avec une danse élégante et raffinée, qui ne l'empêche pas de s'essayer elle aussi à quelques exploits, notamment des fouettés doubles (triples?) dans le Pas de deux du 1er acte.

Denis Matvienko, bête de scène, a lui aussi brillé par de belles performances techniques (tours à la second spectaculaires dans le même pas de deux). Néanmoins, il a semblé excessivement démonstratif face à une Svetlana Lunkina au tempérament plus réservé. Face à M. Matvienko, Svetlana Lunkina paraissait un peu "écrasée", et son partenaire aurait dû lui porter davantage attention pour la mettre en valeur, ce qui est son rôle premier. S'il avait eu, pour lui donner la réplique, une personnalité flamboyante, extravertie, telle Maria Alexandrova ou Svetlana Zakharova, nul n'aurait trouvé à redire, mais la douce Lunkina réclamait à notre sens de plus grands égards.

En Gulnare, Nina Kaptsova n'est pas parvenue à éclipser la formidable Ekaterina Shipulina. Mlle Kaptsova est d'une exquise beauté, sa danse est fluide, mais elle semble trop charmante pour interpréter de manière totalement convaincante le rôle d'une fille de harem, avec la touche de rusticité, voir de légère vulgarité qu'exige la caractérisation du personnage. Nina Kaptsova confond quelque peu Gulnare et Cupidon, au demeurant l'un de ses rôles-fétiche au Bolchoï. Ces réserves étant faites, on est tout de même fort heureux d'assister à une performance d'un tel niveau artistique et l'on voudra bien renvoyer l'ami Beckmesser à ses chères études...

Au nombre des grands moments de la soirée figurait le Pas de deux de la Danse des Corsaires, au premier tableau, magistralement interprété par Anna Rebestskaya et Andreï Merkuriev, Birbanto toujours aussi époustouflant.

En revanche, le Pas de deux des Esclaves, qui mettait aux prises Chinara Alidaze et Denis Medvedev ne parvenait pas à faire oublier la formidable performance signée la veille par Nina Kaptsova et Ivan Vassiliev. Il faut dire que la tâche des danseurs n'était pas facilitée par l'orchestre Colonne, revenu, après deux représentations satisfaisantes, à ses habitudes routinières. Au lendemain de l'Epiphanie, le petit Jésus aura brûlé les étapes, et, la digestion de la galette à peine achevée, nous en sommes déjà à la multiplication des pains. Jeunesse trop précoce...

Le pas de trois des Odalisques aura pour sa part été une belle réussite, avec un trio très homogène composé d'Olga Stebletsova, Chinara Alizade et Anna Leonova. Si Chinara Alizade ne s'adonne pas aux tours en l'air à grand spectacle chers à Natalia Ossipova, elle sait mieux prendre la mesure de ses deux comparses, et former avec elles un ensemble d'une parfaite harmonie.

Enfin, le véritable héros de la soirée aura été le corps de ballet, et tout particulièrement les dames, alliant beauté et discipline. Tous les mouvements sont d'une irréprochable unité, et la scène du jardin animé, traité dans l'esprit des ballets anacréontiques de la fin du XIXème siècle, offrait des poses d'une délicieuse beauté. Au troisième acte, on soulignera tout particulièrement le beau travail accompli par Mlles Anna Rebetskaya, Yulia Lunkina (la petite sœur de Svetlana!), Svetlana Gnedova, Alesia Boyko, Anastasia Stashkevitch et Anna Tikhomirova dans le Pas de six des Eventails. Elles ont d'ailleurs été ovationnées avec les mêmes égards que des solistes à l'issue de la représentation.



A noter qu'Alexeï Ratmansky et Iouri Burlaka, qui ont œuvré à la reconstitution de ce Corsaire, sont également venus saluer à la fin du spectacle et ont eu droit à une salve de bravos très nourrie.

[laurence]

"Demander l'impossible" si une place se libère ce soir je suis preneuse...

[sophia]

Je ne partage pas du tout le point de vue de Haydn sur le couple Lunkina/Matvienko. Pour moi, au contraire, il s'agit du couple le plus convaincant vu depuis le début de cette tournée, et peut-être même au-delà: ce sont eux qui, à mon sens, vont le plus loin dans cette pochade qu'est Le Corsaire et en font le mieux ressortir la veine comique et parodique. Les caractères confinent à l'archétype et les traits sont délibérément forcés, à la limite de la caricature - lui en mâle dominateur, fougueux et hâbleur, elle en douce jeune femme apparemment soumise feignant la faiblesse et la naïveté -, mais devant l'absurdité des situations développées par l'intrigue et le peu d'épaisseur psychologique offert par le livret, ce choix interprétatif se révèle particulièrement judicieux et efficace. Un tel partenariat, qui pourrait a priori sembler surprenant en associant deux personnalités et deux styles si différents, s'avère au contraire une grande réussite (que j'avais pu constater également à l'occasion d'une très belle Bayadère) qui permet de percevoir et de ressentir toute la connivence qui les unit (et ça nous change au passage de la dernière fois où, passablement snobé par sa partenaire, on avait vu Matvienko à Paris...). Ce dernier peut être assez inégal, mais hier soir, nous avons eu droit à du grand Matvienko, cabotin juste ce qu'il faut, avec le brio et le panache comme signes de reconnaissance du danseur et de l'interprète: c'est bien là le moins que l'on puisse montrer dans un rôle de corsaire. Conrad n'a par ailleurs que quelques petites minutes pour convaincre à l'occasion d'une variation où il a su briller par un sens du spectacle approprié. Lunkina, qui enchaînait sa deuxième représentation, paraissait à ses côtés plus fatiguée que la veille, mais sa prestation restait de haute tenue, notamment dans le troisième acte et le Pas des Eventails, et je ne suis pas certaine que les spectateurs d'un soir l'aient vraiment remarqué... Il est vrai que même si elle ne possède pas le brio technique et le style inimitable de Zakharova, son implication dans la représentation est sans failles.

Sur les seconds rôles, on s'accordera à célébrer une nouvelle fois le formidable Andreï Merkuriev, qui offre là une interprétation particulièrement vivante et nuancée du rôle du "méchant" pirate Birbanto. Merkuriev impressionne plus encore peut-être par sa puissance scénique, par la manière exemplaire qu'il a de prendre possession de l'espace et d'imposer son jeu sans compromis: on est très loin des bons élèves de l'Opéra... Nina Kaptsova, en revanche, reste en-deçà de Ekaterina Shipulina dans le rôle de Gulnare: plus hésitante dans sa danse, son jeu manque encore de l'autorité, du piquant et de la gouaille qu'avait su lui imprimer Shipulina. Dans le Pas des Esclaves, Denis Medvedev n'a certes pas le génie d'Ivan Vasiliev, mais peut-être faut-il relativiser dans ce cas précis... Son expérience en tout cas était visible aux côtés de la très jeune Chinara Alizade qui semble avoir encore un peu de mal à canaliser son énergie. Cette dernière était en revanche irréprochable dans les Odalisques où elle remplacait Natalia Osipova. Le corps de ballet enfin, que ce soit dans les passages de caractère ou les scènes plus lyriques et nobles, reste ce qu'il est, en un mot (ou deux), enthousiaste et enthousiasmant.

Vivement ce soir!!...