Dansomanie : entretiens : Zhang Jian
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Le ballet classique en Chine

 

Zhang Jian, danseuse étoile, confie à Dansomanie ses reflexions sur le ballet classique en Chine

 

 

Zhang Jian, encore mal connue des balletomanes européens, est l'une des danseuses les plus en vues en Asie ; sa carrière a été couronnée en 2005 par un titre d'Etoile du Ballet National de Chine, après qu'elle ait abordé tous les grands rôles du ballet classique occidental et du répertoire chinois.

Zhang Jian a eu la gentillesse de répondre aux questions de  Dansomanie, et nous espérons ainsi mieux vous faire connaître cette danseuse venue de République Populaire de Chine, une nation qui, dans tous les domaines, y compris l'art chorégraphique, est amenée à tenir une place majeure dans le monde au cours des prochaines années...

 

 

Zhang Jian, Etoile du Ballet national de Chine

   

 

 

I. Formation

 

D’où venez-vous? De quel milieu familial êtes-vous issue?

Je viens de Xi’an, une ancienne cité du Nord-Ouest de la Chine. Je suis entrée à l’Académie de Danse de Pékin à l’âge de 11 ans. Mes parents sont des ouvriers, ma famille est tout ce qu’il y a de plus ordinaire.

 

Comment avez-vous découvert la danse?

J’ai vu de la danse à la télévision toute petite. Je trouvais cela magnifique de porter des costumes et danser sur pointes me paraissait magique. A partir de là, j’ai commencé à m’intéresser au ballet, sans en avoir une véritable connaissance à l’époque.

 

Pourriez-vous nous expliquer en détails comment  la danse classique vous a été enseignée de vos débuts jusqu’à l’obtention de votre diplôme?

En 1990, j'ai passé l'examen d'entrée à l'Académie de Danse de Pékin, j'ai intégré l'Ecole de danse qui lui est attachée et j'ai commencé l'apprentissage professionnel de la danse. Notre programme de formation comporte : le ballet classique, la danse classique chinoise et les danses populaires, les danses de caractère occidentales comme la danse espagnole, hongroise, russe…, le cours d'adage et la danse contemporaine. Nous avons aussi des cours de culture générale, comme l'enseignement de la littérature, des mathématiques, de la géographie, de l'histoire, de l'art, de la musique, etc… A l'Académie de danse, nous suivions de manière stricte un cursus de formation s'étalant sur sept ans. La première année, nous débutions la formation de base au sol, la deuxième année commençaient les exercices à la barre et les exercices au milieu sur demi-pointes, à partir de la troisième année, on se mettait à travailler sur pointes et les difficultés techniques allaient en augmentant. A partir de la quatrième année et dans les divisions supérieures, nous commencions à travailler les variations classiques et les pas de deux du répertoire adaptés pour des élèves en formation, et si nous étions choisis, nous commencions aussi à participer à certains spectacles ainsi qu'à des compétitions de danse. La dernière année d'école, nous participions généralement aux répétitions et aux spectacles des compagnies de danse nationales.

 

Avez-vous reçu un enseignement musical et avez-vous appris à jouer d’un instrument? 

Oui, nous apprenons la musique à l'Académie de danse de Pékin, en l'occurrence la théorie musicale, l'écoute musicale et on nous demande aussi d'apprendre à jouer du piano.

 

Pourriez-vous nous parler des professeurs que vous avez eus, plus particulièrement de ceux qui vous ont marquée?

Durant les sept années de formation à l'Académie de danse de Pékin, j'ai reçu l'enseignement et l'appui de nombreux professeurs, pour chaque discipline, nous avions un professeur spécifique. Mais parmi tous ces professeurs, mademoiselle Wang Jian, le professeur de technique de base, est celle qui m'a le plus aidée et influencée dans ma carrière. C'est un professeur très strict. Il y a un vieux proverbe chinois qui dit à peu près : "C'est le maître sévère qui forme l'élève remarquable". Elle m'a fait énormément travailler durant mes années d'école. J'ai connu une période très dure et très difficile durant laquelle j'ai failli abandonner la danse et c'est elle qui a toujours été à mes côtés pour m'encourager et m'inciter à ne pas abandonner. C'est elle qui m'a aidée à construire mon caractère acharné, qui me permet de surmonter les difficultés et les obstacles qui nous font grandir.  

 

Lorsque vous étiez enfant, aviez-vous l’intention de devenir danseuse professionnelle ? Saviez-vous avec certitude que tel était votre destin? 

Oui, bien sûr. Il est possible que ce soit aussi le désir de chaque enfant qui fait de la danse. Pour moi, cela a toujours été un rêve. J'ai travaillé très dur pour atteindre mon objectif. Je crois que si l'on travaille de son mieux et avec acharnement, on arrive où l'on veut dans la vie.

 

Que saviez-vous de la danse classique à l’étranger, en Europe, en Amérique, lorsque vous étiez enfant ou adolescente?   

Etant petite, je n’en savais pas grand-chose. Après avoir intégré l’Académie de danse de Pékin, le seul moyen pour nous d’avoir connaissance de ce qui se faisait en matière de ballet à l’étranger était en grande partie la vidéo, ce qui fait que la compréhension que nous avions du ballet à l’étranger n’allait pas très loin. Mais évidemment, nous connaissions les grandes compagnies de danse internationales, comme le Ballet de l’Opéra de Paris, le Ballet du Kirov, le Bolchoï, le Ballet Royal du Danemark, l’American Ballet Theatre et le New-York City Ballet, etc…

 

Quelles étaient vos danseuses préférées? Avez-vous été influencée par certaines personnalités du monde de la danse?

Dans le monde de la danse, il y a vraiment beaucoup de danseuses remarquables, chacune a un style qui lui est propre, et ce qu'elles ont fait sur scène a toujours été une grande source d'inspiration pour moi,  je citerais par exemple à ce sujet l'ancienne étoile du Ballet de l'Opéra de Paris, Isabelle Guérin. La ballerine que j'admire le plus est Galina Oulanova. Lorsque j'ai participé au Concours International de Danse de Moscou en 1997, elle était présidente du jury. Durant la cérémonie de remise des prix, elle m'a dit : "Ce que font sur scène les danseurs chinois ne peut plus être négligé. Vous êtes si jeune, mais vous avez dansé de manière si exquise!" Elle m'a signé un autographe sur mes chaussons et m'a demandé de mettre mon nom à côté du sien. Dans mon esprit, elle est la divinité et ses propos concernant ma réussite lors de cette compétition m'ont été d'une grande inspiration. Dans ma carrière au Ballet national de Chine, j'ai reçu l'appui et l'enseignement d'artistes et de maîtres de ballet des générations antérieures, notamment de notre directeur artistique, mademoiselle Zhao Ruheng. J'ai beaucoup appris d'elle aussi bien dans le domaine de l'art que dans celui de la vie. Madame Dai Ailian, la première ballerine de Chine, nous dit toujours que le corps d'un danseur est le langage le plus vivant et que la musique est l'âme de la danse. Toutes ces paroles sont inscrites dans ma chair et dans mon sang.

 


II. Carrière

 

Dites-nous quelques mots de vos premiers rôles en tant que danseuse professionnelle.

J'ai rejoint le Ballet national de Chine en 1996 et je suis donc devenue professionnelle. En août de la même année, j'ai fait mes débuts dans le rôle d'Odette / Odile dans Le Lac des cygnes.


Vous avez remporté beaucoup de prix et de médailles dans des concours internationaux. Pourriez-vous nous parler de votre participation à ces compétitions? 

Pour le compte de l'Académie de danse de Pékin, j'ai participé au Concours de danse d'Helsinki en 1995, où j'ai remporté la médaille d'argent dans la catégorie Junior. Pour le compte du Ballet national de Chine, j'ai ensuite participé au Concours de danse de Moscou en 1997, où j'ai remporté la médaille d'or dans la catégorie Senior.


En 1997, vous avez été nommée soliste, en 1998, danseuse  principale et enfin, en 2005, étoile. Comment est-ce arrivé et pourquoi êtes-vous restée si longtemps danseuse principale avant votre nomination en tant qu’étoile?

Lorsque j'ai rejoint la compagnie en 1996, j'ai dansé le rôle principal du Lac des cygnes et l'on m'a fait passer coryphée. En 1997, comme j'avais remporté la médaille d'or du Concours de Moscou et que j'avais dansé les rôles principaux de La Belle au bois dormant et de l'acte III de La Bayadère, j'ai été promue soliste. En 1998, j'ai été nommée danseuse principale et à partir de là, j'ai dansé tous les rôles importants du répertoire de la compagnie. Et la compagnie ne m'a élevée au rang d'étoile qu'en 2004.


Quelques mots sur votre répertoire?

A partir de 1996, j’ai dansé les rôles principaux dans les ballets suivants : Le Lac des cygnes, La Belle au bois dormant, La Sylphide, Casse-Noisette, Le Corsaire, Giselle, Sylvia (version Darsonval), Raise the Red Lantern, The Red Detachment of Women, The Fountain of Tears (ou La Fontaine des Larmes, un ballet inspiré du poème de Pouchkine, La Fontaine de Bakhtchissaraï,  chorégraphié pour le Ballet national de Chine par Ben Stevenson, directeur artistique du Ballet de Houston, n.d.t.), Roméo et Juliette, Etudes, l’acte III de La Bayadère ; les ballets de Balanchine comme Les Quatre tempéraments, Thème et Variations, Who cares?, Serenade ; des œuvres contemporaines chinoises comme Le Fleuve Jaune, Butterfly Lovers, Zhu Fu ; d’autres ballets tels que Les Quatre derniers Lieder, Cinq poèmes, Le Sacre du Printemps ou encore la Carmen de Roland Petit ainsi que Le Jeune Homme et la Mort.


Quels sont vos rôles préférés et pourquoi? Quel style de danse (romantique, classique, néo-classique, contemporain) vous attire le plus?

Il y a de nombreux rôles que je chéris, mais parmi ceux-ci, le rôle de Carmen est à part. Ce rôle  est en net décalage avec ce que je suis dans la vie, et il est vraiment très différent de tous les autres rôles que j'avais interprétés auparavant. Cela a vraiment représenté un défi pour moi d'incarner ce personnage et de l'interpréter avec mon cœur. J'ai dû briser l'image de gentillesse et de tendresse que j'avais sur scène pour interpréter une Carmen totalement nouvelle. Le personnage de Carmen m'a beaucoup aidée à améliorer ma compréhension de l'art dramatique. Pour parler comparaisons, ce sont les ballets romantiques et les ballets contemporains que je préfère.


Quels sont les rôles, qui ne sont pas encore à votre répertoire, que vous aimeriez obtenir?

Récemment, j'ai vu à Pékin le Hamlet russe dansé par le Ballet Eifman de Saint-Pétersbourg. Le rôle de la reine Catherine m'intéresse vraiment et j'aimerais bien faire un essai si j'en ai l'occasion. Sinon, j'aimerais également danser un jour le rôle de Juliette dans la version de Rudolf Nouréev.


Pensez-vous qu’un danseur puisse et même doive tout danser, c’est-à-dire, tous les types de répertoire et de personnages?

Je pense qu’un bon danseur ne devrait pas se contenter des rôles qui lui conviennent, il ou elle devrait essayer d’interpréter différents types de personnages, de sorte qu’il ou elle puisse enrichir son expérience artistique et devenir un véritable artiste.


Quels types de personnages et de répertoires  conviennent le mieux, ou sont le plus naturel, à votre personnalité et à votre danse?

Les gens ont généralement deux facettes. En apparence, le public peut penser que je suis d’abord faite pour danser les ballets classiques comme Le Lac des cygnes, La Belle au bois dormant… Mais en fait, je suis plutôt quelqu’un d’enthousiaste et de désinhibé.



III. La danse en Chine

 

Comment le ballet classique est-il considéré en Chine, étant donné que c’est une tradition occidentale ? Quel est son statut dans la société chinoise?

Je dirais que les Chinois aiment beaucoup les ballets classiques, comme par exemple  le Lac des cygnes. En général, les Chinois pensent que le ballet classique occidental est le seul vrai ballet classique et qu'il est l’art raffiné par excellence.


Comment les Chinois voient-ils les danseurs classiques? Sont-ils célèbres? Certaine d’entre eux sont-ils considérés comme des «stars»?

De manière générale, les gens qui vont voir le ballet en Chine pensent que les danseurs sont des êtres imprégnés de mystère et d’élégance. Dans le cercle des balletomanes, les danseurs se connaissent les uns les autres et les méthodes d’entraînement propres à la danse classique sont bien reçues des autres danseurs. Mais sur la totalité du pays, le ballet classique n’est pas un art si populaire. La popularité des danseurs classiques n’a rien à voir avec celles des acteurs de cinéma, des vedettes de la télévision et des chanteurs de variété.


La danse classique est-elle un art populaire aujourd’hui? Pourriez-vous nous parler du public? Qui fréquente les spectacles de ballet?

On considère aujourd’hui les spectacles de danse classique comme un art en pointe aujourd’hui et les fans de ballet sont de plus en plus nombreux. En Chine, beaucoup de gens pratiquent la danse durant leur temps libre, notamment les enfants. De ce fait, je crois que le public sera de plus en plus nombreux dans le futur.


Qu’aiment les Chinois dans les ballets classiques et qu’en attendent-ils? Que savent-ils des compagnies  et des danseurs étrangers? Lesquels aiment-ils?

De plus en plus de compagnies étrangères viennent en tournée en Chine; nous possédons aussi cinq compagnies nationales. Les spectateurs chinois connaissent la valeur des compagnies et des représentations. Ils ont envie de voir en Chine les meilleures compagnies, comme le Ballet de l’Opéra de Paris ou le Kirov. Les fans de ballet chinois ont une très bonne culture concernant les compagnies et les danseurs étrangers. Comme les moyens de communication sont aujourd’hui de plus en plus performants, les gens savent utiliser Internet, la télévision et les vidéos pour avoir une meilleure connaissance de la danse dans le monde. A présent, les Chinois peuvent voyager très facilement à l’étranger, et ainsi les fans de danse chinois ont accès à une très grande quantité d’informations sur ce qui se passe dans le monde de la danse. Ils ont chacun leurs préférences et il est difficile de dire ce qu’ils préfèrent.


Comment le ballet classique a-t-il été introduit en Chine? Pourriez-vous évoquer l’histoire du ballet  occidental en Chine, et l’influence qu’ont pu avoir les Russes sur ce sujet?

L'enseignement de la danse commença dès les années 30 à Shanghaï avec des professeurs russes. Madame Hu Rongrong, l'ancienne danseuse du Ballet de Shanghaï, débuta sa formation à ce moment-là. Dame Margot Fonteyn, l'Etoile du Royal Ballet, a appris la danse à Shanghaï elle aussi. Mais c'est seulement en 1954 que le ballet fut véritablement introduit en Chine, lorsque la première école de danse, l'Ecole de Danse de Pékin, ouvrit ses portes avec le soutien du maître de ballet russe Piotr Gusev (du Kirov, n.d.t.) et d'autres professeurs russes. La Chine se mit alors à former ses propres enseignants et danseurs à partir de là. En 1958, des danseurs chinois interprétèrent pour la première fois Le Lac des cygnes. En 1959, ce fut la création du Ballet national de Chine qui monta Giselle, La Fontaine de Bakhtchissaraï et Le Corsaire ainsi que le premier ballet chinois, The Fish Beauty (un ballet construit sur une intrigue de conte chinois, n.d.t.), l'année de son inauguration. En 1964, il y eut la création par des chorégraphes chinois de The Red Detachment of Women qui constituait la synthèse entre le ballet occidental et l'art populaire chinois : cette œuvre a été la première pierre apportée à l'édification de ballet en Chine. Durant les dernières décennies, les artistes chinois ont dansé de nombreux grands ballets classiques occidentaux ainsi que des œuvres contemporaines. Parallèlement ils se sont aussi mis à créer leurs propres ballets. En 2001, Raise the Red Lantern fut créé et cette œuvre a été aussi bien reçue ici qu'à l'étranger.


Aujourd’hui, l’on voit de plus en plus de danseurs asiatiques participer et remporter les concours de danse internationaux. Pourquoi? Quelles sont leurs qualités propres? Quelles sont les différences entre les danseurs chinois ou asiatiques et les autres danseurs?

Le fait que des danseurs asiatiques remportent les concours internationaux de danse révèle à quel point le ballet se développe et progresse en Asie. Comme la danse classique est un art d’importation, cela exige de nous  encore plus de travail, pour digérer les qualités propres à chaque style, pour parvenir à  faire fusionner le ballet classique, grâce à une étude approfondie de cet art, avec notre propre art et notre propre culture. Par rapport aux danseurs occidentaux, les danseurs chinois ont une personnalité plus introvertie, leurs qualités résident dans leur souplesse et leur charme exquis, ils sont doués également pour exprimer les passions intérieures et les états d’âme.


Au-delà du répertoire international classique et néo-classique, y a-t-il des créations dans le domaine chorégraphique en Chine? Comment cela se présente-il?

Durant les dernières décennies, il y a eu de nombreuses créations en Chine. Au Ballet national de Chine, outre les célèbres ballets chinois The Red Detachment of Women (ou Le Détachement Féminin Rouge, le premier ballet chinois, adapté d'un film du même nom, raconte l'histoire d'un détachement militaire féminin durant la Révolution chinoise dans les années 30, n.d.t.) et Raise the Red Lantern (adaptation du film de Zhang Yimou, Epouses et concubines, n.d.t.), il existe à notre répertoire beaucoup d’autres œuvres chinoises, comme Le Fleuve Jaune (ballet lui aussi inspiré de l'histoire de la Chine au XXème siècle qui célèbre l'esprit héroïque chinois durant la guerre sino-japonaise, n.d.t.), Zhu Fu (ou Le Sacrifice du Nouvel An, d'après un célèbre roman du XXème siècle signé Lu Xun,  n.d.t.), The Dream of Red Mansion ( ou Le Rêve dans le Pavillon Rouge, roman de Cao Xueqin, œuvre majeure de la littérature chinoise classique datant du XVIIIème siècle, n.d.t.), Butterfly Lovers (ou Les Amants Papillons, d'après une très célèbre légende chinoise du XVIIème siècle qui raconte un amour malheureux, n.d.t.). Tous ces ballets ont été représentés ici et à l’étranger et ont reçu un bon accueil du public.


Y a-t-il beaucoup de compagnies de danse en Chine? Quel est leur niveau, par rapport aux critères internationaux?

Comme je l’ai dit précédemment, il y a cinq compagnies de danse professionnelles en Chine continentale. Si l’on suit l’ordre chronologique de leur création, ces cinq compagnies sont les suivantes : le Ballet national de Chine, le Ballet de Shanghaï, le Ballet de Liaoning, le Ballet de Canton, le Ballet de Tianjin. Ces dernières années, les danseurs des quatre premières compagnies de danse ont obtenu de très bons résultats dans les concours de danse internationaux. Toutes les compagnies de ballet chinoises connaissent un développement certain. Le potentiel et le talent des danseurs chinois sont  très élevés, en toute objectivité, et ils disposent d’immenses espaces qui leur permettront de se développer et d’atteindre le plus haut niveau. De ce fait, nous sommes très confiants dans le proche avenir : nous pouvons nous hisser au niveau des premières compagnies du monde. En créant nos propres ballets, la danse classique chinoise acquerra un style unique.




Le Ballet national de Chine : perspectives d'avenir

 

Pourriez-vous  nous parler de la hiérarchie du Ballet national de Chine? Comment est structurée la compagnie?

L’équipe de direction du Ballet national de Chine est formée d’un Directeur artistique et de directeurs artistiques associés qui sont à la tête de dirigeants de divers départements ayant chacun une fonction. La direction artistique se compose d’un directeur exécutif, de maîtres de ballets, de professeurs et de régisseurs. La hiérarchie parmi les danseurs se décompose ainsi : Prima Ballerina / Chevalier, Danseurs Principaux A / B, Solistes A / B, Coryphée A / B, Corps de Ballet A / B.


Dans la mesure où vous êtes une compagnie nationale, possédez-vous un répertoire spécifique de danse classique chinoise ou bien vous consacrez-vous uniquement au ballet classique occidental?

Le Ballet national de Chine est la seule compagnie nationale de Chine. Notre mission principale est de présenter  au public chinois les grands ballets classiques étrangers et les œuvres contemporaines. En même temps, nous cherchons à créer nos propres ballets. J’ai déjà énuméré une partie de ce répertoire qui nous est propre.


Des tournées du Ballet National de Chine sont-elles au programme dans les années à venir?

Oui, nous faisons des tournées à l’étranger chaque année. Durant le premier semestre de l’année 2006, nous partons en tournée en Australie et en Corée.


Vous avez dansé en tant qu’invitée de diverses compagnies. Pourriez-vous nous en parler? Prévoyez-vous bientôt de redanser en tant qu’invitée de compagnies étrangères? Qui en décide? Où aimeriez-vous danser? De quoi rêvez-vous, y compris en ce qui concerne le partenariat?

En 2000, j'ai été invitée à travailler durant quatre mois avec le Ballet de Houston aux Etats-Unis. Là-bas, j'ai dansé The Prelude, Dracula et le rôle de Juliette dans Roméo et Juliette. En 2001 et  2004, le Ballet de Hong-Kong m'a fait venir en tant que "danseuse principale invitée" pour interpréter Le Lac des cygnes. En 2002, c'est le Ballet Royal de Nouvelle-Zélande qui a fait de même, toujours pour danser Le Lac des cygnes. En février et  mars de cette année, je vais aller danser Le Corsaire avec Carlos Acosta sur l'invitation de l'Opéra de Dallas aux États-Unis. Au Ballet national de Chine, un danseur principal n'a, en général, pas de partenaire attitré. On décide du partenaire en fonction du répertoire. J'espère que je pourrais avoir l'occasion de danser avec des danseurs étoiles des meilleures compagnies du monde, comme ceux du Ballet de l'Opéra de Paris, du Kirov, du Royal Ballet, de l'ABT… En Chine, nous n'avons pas d'agents pour nous organiser des représentations, c'est la compagnie qui en décide en fonction des plans de celle-ci. De manière générale, je ne peux être invitée à danser dans une autre compagnie que si j'ai l'approbation du Ballet national de Chine.


 

Zhang Jian

Entretien réalisé le 20 janvier 2006  

© Zhang Jian – Dansomanie
Traduction française d'après le texte anglais par Sophia