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Prix de Lausanne 2018 - Interview : Ervin Zagidullin, Davide Loricchio
01 février 2018 : Ervin Zagidullin et Davide Loricchio, finalistes
Ervin Zagidullin, remarqué il y a deux ans à Saint-Pétersbourg à l'occasion du Prix Vaganova.
représentait, en compagnie de son condisciple italien Davide
Loricchio, l'Académie Vaganova. Nous les avons retrouvés
en compagnie de leur professeur de huitième année, Fethon
Miozzi, peu avant les Sélections. S'ils n'ont pas obtenu de
récompense, les élèves de la prestigieuse
institution de Saint-Pétersbourg sont néamoins parvenus
tous deux à se hisser en Finale.

Davide Loricchio , Fethon Miozzi, Ervin Zagidullin
Pouvez-vous présenter tous les deux en quelques mots et nous dire, l'un et l'autre, d'où vous venez?
Ervin Zagidullin : Je viens de Kazan. J'ai commencé à prendre des cours à l'âge de six
ans au Collège chorégraphique de Kazan. Ma mère m'a ensuite incitée à
passer l'audition de l'Académie Vaganova, tout simplement parce que
c'est la meilleur école. Je n'en ai pas suivi tout le cursus, j'y suis
entré à l'âge de quinze ans.
Davide Loricchio : Je suis de Bergame, en Italie. J'ai, moi aussi, commencé la danse à
l'âge de six ans, dans une école ordinaire. Au départ, c'était ma sœur
qui faisait de la danse et je la regardais danser. Elle a ensuite arrêté
pour diverses raisons. J'aimais cet art et j'ai demandé à mes parents
de m'inscrire à un cours de danse. Et depuis, je n'ai jamais arrêté. A
l'âge de seize ans, mon professeur en Italie, qui était russe, m'a dit
que j'étais prêt pour passer l'audition à l'Académie Vaganova. J'ai été
pris et j'en ai été très heureux. Je suis maintenant dans ma troisième
et dernière année à l'Académie, avec le professeur Fethon Miazzi.
Fethon, d'où vous vient votre nom, qui ne sonne pas très russe?
Fethon Miozzi : En fait, je suis Italien. Ma mère est grecque, originaire
d'Athènes. De mon côté, j'ai fait mes études à l'Académie nationale de
Rome et à l'Académie Vaganova. J'ai ensuite dansé durant vingt ans comme
soliste avec le ballet du Mariinsky. Depuis dix ans, je suis professeur
à l'Académie. Ervin et Davide sont mes élèves et, je peux dire, mes
élèves préférés. Ils sont comme mes fils.
Ervin Zagidullin
Pour quelles raisons avez-vous souhaité participer au Prix de Lausanne?
EZ : C'était mon rêve. C'est un concours qui donne de bonnes
opportunités et de très grands danseurs, comme Serguei Polounine ou
Vadim Muntagirov, y ont participé. Notre professeur nous a aussi
beaucoup soutenus dans ce sens.
FM : Ce sont des étudiants très travailleurs tous les deux. Ils sont
toujours prêts à travailler, même pendant leurs vacances. Ce fut le cas
en particulier pour la variation contemporaine. A l'Académie, nous
n'avons pas de cours de danse contemporaine à proprement parler, c'était
très nouveau pour eux et ça représentait beaucoup de travail.
DL : C'était aussi mon rêve. Chaque année, je suivais les épreuves
diffusées en direct. Je pense que c'est une compétition très
intéressante qui nous permet de trouver une formation ou un engagement –
et c'est ce que je cherche actuellement. Cela s'est aussi fait en
concertation avec mon professeur.
Davide Loricchio
Quelles variations avez-vous choisies et pour quelles raisons?
FM : Nous avons choisi les variations ensemble car en tant que
professeur, je vois ce dont ils sont capables, je peux évaluer quelles
variations sont les plus adaptées pour eux. Davide danse la variation du
Grand Pas classique. Il est
comme un petit diamant. Sa qualité principale, c'est l'élégance. On
pourrait le comparer à Anthony Dowell. Ervin, lui, est un danseur plus
fier, plus héroïque, comme un jeune Barychnikov. Il aime les choses un
peu circassiennes. Donc j'ai pensé que la variation du Grand Pas de Paquita lui irait bien. On a quand même hésité avec celle de Basilio dans Don Quichotte. On aurait bien aimé celle d'Actéon, mais elle n'est pas dans la liste. On a fini par se décider pour Paquita.
EZ : Pour la variation contemporaine, cela m'était complètement égal, car je n'y connaissais rien.
FM : Pour le contemporain, nous nous sommes adressés à un autre
professeur, Alexander Zaitsev. Il est russe, mais il a beaucoup
travaillé en Allemagne, également à la Scala, et il dansé pas mal
d'ouvrages contemporains. On lui a donc demandé ce qu'on pouvait faire
avec nos étudiants, car nous n'avons pas de cours de moderne à
l'Académie. Nous en avons en fait, mais ce sont comme des ateliers, sur
de courtes périodes. On a regardé toutes les variations et on a pensé
que Out of Breath était la plus
adaptée pour Davide et Ervin. Alexander a vraiment fait un super travail
avec eux. Et aujourd'hui je suis très fier de pouvoir dire que
l'Académie Vaganova n'est pas seulement forte en classique.
Davide Loricchio
Combien de temps avez-vous consacré à la préparation du Prix?
DL : Je le travaille depuis le mois d'octobre, tous les jours après les cours et les répétitions.
FM : Ils ont les cours de classique, mais aussi de caractère, de pas de deux... Et des spectacles, comme Casse-noisette, La Fée des poupées... sur la scène du Mariinsky. Souvent, on travaillait la variation durant l'entracte des spectacles.
Qu'attendez-vous l'un et l'autre du Prix?
EZ : Je veux gagner ! (rires)
DL :
J'espère obtenir un engagement dans une compagnie.
J'espère au Het Nationale Ballet, au Royal Ballet ou à
l'ABT.
Vous ne voulez pas rester en Russie ?
DL : Je voudrais bien, mais je ne sais pas s'ils veulent me garder.
FM : Bien sûr qu'ils veulent !
Et Ervin?
EZ : Moi je veux rester en Russie, au moins pour quelque temps. Je voudrais aller au Mikhailovsky.
Pas au Mariinsky?
EZ : Non, le Mikhaïlovsky est mieux pour moi, c'est plus ouvert.
FM : Il y a plus de possibilités au Mikhailovsky pour un soliste. Au
Mariinsky, il y a beaucoup de monde maintenant et cela devient très
difficile de danser. Il faut savoir que notre carrière, en tant que
danseurs, est très courte : vingt ans. Et il faut donc en profiter pour
danser au maximum.
Davide Loricchio
De quels rôles vous rêvez?
EZ : Don Quichotte, le pas de deux d'Actéon, Paquita, tous les rôles héroïques.
DB : Casse-noisette.
FM : Je pense que Davide est bien aussi pour le style Balanchine. On verra...
Quels danseurs appréciez-vous?
EZ : Mikhail Barychnikov, Ivan Vassiliev, Serguei Polounine, Vadim Muntagirov, Steven McRae.
DB : Les mêmes ! (rires)
Ervin, je vous avais vu il y a deux ans au Prix Vaganova. Quelles sont
les différences pour vous avec le Prix de Lausanne?
EZ : A Lausanne, il y a beaucoup plus de concurrents, c'est plus international et la compétition est plus difficile.
Davide, aviez-vous participé à des compétions avant?
DB : Seulement en Italie. Lausanne est ma première compétition internationale.
FM : Tous les concours auxquels il a participé en Italie, il a fini premier ! (rires).
Ervin Zagidullin, Davide Loricchio, Fethon Miozzi - Propos recueillis par Bénédicte Jarrasse
Ervin Zagidullin (à droite)
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Entretien
réalisé le 01 février 2018 - Davide Loricchio, Ervin Zagidulli, Fethon Miozzi © 2018,
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