|




|

 |
|
|
Zuzana Zahradníková (Prudence), Lucia Lacarra (Marguerite)
Il faudra attendre encore quelques mois pour voir
la centième représentation de La Dame aux camélias au Ballet de Bavière
(qui le danse depuis 1997), mais au fil des distributions l’attrait du
public pour ce ballet aussi ambitieux que fluide ne diminue pas. Bien
sûr, en ce très médiocre dimanche d’automne, il restait des places vides
dans les hauteurs du théâtre, mais les ovations qui terminent cette
longue journée de danse témoignent de l’efficacité dramatique de la
pièce.
Le grand plaisir d’une journée avec matinée et soirée de la même pièce,
c’est naturellement la comparaison, et le plaisir est d’autant plus
grand que chaque distribution apporte sa propre vision de la pièce.
Cette fois, cependant, la comparaison tient difficilement, tant la
représentation du soir fait oublier un après-midi plutôt morose. De la
matinée, mieux vaut oublier complètement le premier acte, tant les deux
protagonistes ne se trouvent pas.
Maxim Chashchegorov (Des Grieux), Daria Sukhorukova (Manon)
Au second acte, les choses vont un peu
mieux : Ekaterina Petina y montre une danse soignée qui dégage une
émotion puissante, à la hauteur de ce que nous avions perçu de sa
Paquita ; son partenaire, lui, montre à l’inverse qu’il est dans un
mauvais jour, avec des réceptions hasardeuses et un partenariat un peu
brutal. Pour autant, il faut aussi reconnaître que la danseuse russe,
arrivée à Munich en 2009 en provenance du Mariinsky, réussit beaucoup
mieux la partie tragique de son rôle que les aspects de comédie qu’il
comporte aussi : la comparaison avec Lucia Lacarra est sur ce point sans
appel. L’irremplaçable étoile du ballet de Bavière est chez elle dans
ce répertoire : c’est affaire d’expérience, cette expérience qui nourrit
chaque instant de son incarnation ; c’est aussi affaire de technique,
inentamée ; et c’est affaire de partenariat : malgré leur différence de
taille, Marlon Dino et Lucia Lacarra offrent le plus fluide des
partenariats, avec des merveilles de délicatesse : il ne s’agit pas que
de technique, mais aussi et surtout de la manière dont la technique est
mise en œuvre au profit de l’émotion.
Maxim Chashchegorov (Des Grieux), Daria Sukhorukova (Manon), Lucia Lacarra (Marguerite)
Alors que le long mandat d’Ivan Liška touche à sa
fin, ces représentations confirment donc bien l’état de la compagnie :
une étoile de tout premier plan comme diamant de la couronne et une
compagnie cohérente et stylée qui la sertit de façon plus effacée,
malgré les récents imports de danseuses issues de l’école russe. Son
successeur, qui devra faire face à plus ou moins longue échéance, à la
retraite de l’étoile Lacarra, héritera d’une compagnie dynamique et
aimée par son public, à qui il faudra seulement donner un lustre plus
collectif.
Dominique Adrian © 2015, Dansomanie
Le
contenu des articles publiés sur www.dansomanie.net et
www.forum-dansomanie.net est la propriété exclusive de
Dansomanie et de ses rédacteurs respectifs.Toute reproduction
intégrale ou partielle non autrorisée par Dansomanie
ou ne relevant pas des exceptions prévues par la loi (droit de
citation
notamment dans le cadre de revues de presse, copie à usage
privé), par
quelque procédé que ce soit, constituerait une
contrefaçon sanctionnée
par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la
propriété
intellectuelle.
Marlon Dino (Armand Duval), Lucia Lacarra (Marguerite)
La Dame aux camélias
Musique : Frédéric Chopin
Chorégraphie : John Neumeier
Décors et costumes : Jürgen Rose
Marguerite Gautier : Ekaterina Petina (14h30) / Lucia Lacarra (19h30)
Armand Duval : Lukáš Slavický (14h30)/ Marlon Dino (19h30)
Monsieur Duval : Norbert Graf
Nanina : Elaine Underwood
Prudence Duvernoy : Katherina Markowskaja (14h30) / Zuzana Zahradníková (19h30)
Manon Lescaut : Séverine Ferrolier (14h30) / Daria Sukhorukova (19h30)
Des Grieux : Adam Zvonař (14h30) / Maxim Chashchegorov (19h30)
Olympia: Manoela Gonçalves (14h30) / Mai Kono (19h30)
Gaston Rieux : Jonah Cook (14h30) / Léonard Engel (19h30)
Bayerisches Staatsballett
Bayerisches Staatsorchester, dir. Michael Schmidtsdorff
Piano solo : Wolfgang Manz, Simon Murray
Dimanche 18 octobre 2015, National Theater, Munich
|
|
|