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Gala des Etoiles du XXIème siècle
13 septembre 2014 : Gala des Etoiles du XXIème siècle au Théâtre des Champs-Élysées
Aurélien Houette et Erwan Leroux dans Ainsi soit-IL (chor. Bruno Bouché)
Devenu
un rendez-vous traditionnel pour les balletomanes parisiens, le Gala
des Etoiles du XXIème siècle ouvrait ce qu'il faut bien
appeler maintenant la saison chorégraphique du TCE. La
vénérable maison de l'avenue Montaigne propose cette
année, en collaboration avec un organisateur privé, une
programmation bien plus consistante qu'à l'accoutumée,
susceptible maintenant de concurrencer efficacement l'offre d'autres
théâtres de la capitale. On regrettera toutefois le peu
d'étoiles - en dépit des promesses de l'affiche -
présentes sur scène, et le niveau assez inégal du
spectacle.
Passons d'abord sur le franchement mauvais : que
diable Oxana Skorik et Timur Askerov sont-ils venus perdre leur temps et
gâcher leur talent dans un pas de deux aussi indigent - sur le plan
chorégraphique - que ce sinistre Window in Midwinter ? On pourrait en dire de même du Sobre un Hilo
("Sur un fil") mortellement ennuyeux et mal tricoté par Manuela Navarro
et Gian Carlo Perez Alvarez, du Ballet national de Cuba. Les deux
danseurs venus de la Havane (et peut être fatigués par un trop long
voyage) n'ont pas non plus franchement brillé dans un répertoire qui
leur est plus naturel, à savoir le Pas d'esclave du Corsaire,
en ouverture du spectacle. N'est pas Acosta (Carlos ou Yonah!) qui veut,
et Gian Carlo Perez Alvarez, ainsi que sa partenaire, ont semblé bien
atones, même si l'ensemble était assez propre techniquement. Manuela
Navarro "courait" constamment derrière la musique, tout en ne parvenant
jamais à la rattraper...
On aurait aussi pu sans dommage faire l'économie de Kübler Ross,
niaiserie avec video obbligata délayée dans la guimauve, par Maria
Kochetkova (San Francisco Ballet) et Joaquin de Luz (New York City Ballet). Les deux artistes
venus d'Outre-Atlantique se sont heureusement rattrapés avec un
magnifique extrait de "Rubis" (Joyaux), dans lequel M. de Luz, la star espagnole du New York City Ballet, a pu donner toute la mesure de son talent.
Joaquin de Luz
Leurs rivaux de l'American Ballet Theatre, Isabella Boylston et James Whiteside, se sont un peu fourvoyés dans Everything doesn't happen at once
- qui n'est pas vraiment la meilleure chorégraphie que Benjamin
Millepied ait signée - après nous avoir gratifiés
d'une Giselle
d'honnête facture en première partie de soirée. On pouvait notamment y
apprécier la belle batterie de l'Albrecht de James Whiteside, assurément
brillant technicien.
En regard des pièces calamiteuses évoquées plus haut, Bless - Ainsi soit-IL,
de Bruno Bouché, faisait presque figure de chef-d’œuvre, et a en tout
cas été bien servi par Aurélien Houette et Erwan Leroux (Opéra national
de Paris), qui n'ont pas ménagé leur engagement et leur énergie. On
retrouvait un peu plus tard Aurélien Houette dans L'Après-midi d'un Faune
de Thierry Malandain. M. Houette succédait dans le rôle à l'un des
danseurs fétiches du chorégraphe biarrot, Christophe Romero. Aurélien
Houette y a fait montre d'un érotisme plus brutal, d'une danse plus
démonstrative que Christophe Romero, qui nous avait livré une
interprétation plus intimiste, plus introvertie de ce même ouvrage au Centre National de la danse de Pantin en 2010.
Mais la salle et la scène du Théâtre des Champs-Elysées ont de tout
autres dimensions, et M. Houette n'avait guère d'autre choix que de
forcer un peu le trait pour faire passer les intentions de Thierry
Malandain dans une salle aussi vaste.
Lucia Lacarra et Marlon Dino dans Trois préludes (chor. Ben Stevenson)
Petite déception avec le couple Lucia Lacarra / Marlon Dino, venus du Bayerisches Staatsballett, qui nous ont servi une Dame aux camélias
atone, dépourvue d'intensité dramatique, et dans laquelle Armand Duval
se contentait d'être beau (de ce point de vue là, les amateurs /
amatrices d'éphèbes en auront eu pour leur argent). Le partenariat
semblait presque inexistant, alors que les deux artistes forment un
couple non seulement à la scène, mais aussi à la ville. Paradoxalement,
les Trois Préludes de Ben
Stevenson, qui concluaient la représentation, ont paru plus
intéressants, notamment le premier d'entre eux, avec de spectaculaires
évolutions SUR (!) la barre. Mais c'est, il faut le dire, Lucia Lacarra
qui a fait ici l'essentiel du travail...
Oksana Skorik et Timur Askerov
De manière un peu inattendue, le sommet du spectacle a été gravi par les
deux danseurs pétersbourgeois, Oksana Skorik et Timur Askerov, qui ne
sont pourtant pas les solistes les plus titrés du Mariinsky. Autant leur
incursion dans le répertoire contemporain fut désastreuse, autant leur
interprétation du Pas de deux du Cygne noir suscita l'enthousiasme. Avec
Mlle Skorik et M. Askerov, on prenait brutalement conscience de ce qui
fait toute la force d'une école : le style. Toute l'élégance, la grâce,
la prestance chèrement acquises durant de longues années de formation
étaient ici superbement réunis. Difficile de dire si le Mariinsky a
voulu adresser un clin d’œil quelque peu politique au public français en
se faisant représenter par une danseuse native de Kharkov accompagnée
d'un partenaire qui fit d'abord carrière à Kiev, mais en tout cas, le
pari a été réussi, ainsi qu'en témoignait l'enthousiasme du public.
Seules réserves, la lenteur excessive de la variation féminine (toujours
ces tempi erronés malheureusement mis à la mode depuis quelques années
par Ouliana Lopatkina), et l'interpolation d'un enregistrement musical
différent pour la variation masculine (probablement encore un problème
de tempo). Cela n'enlevait toutefois rien au panache de ce Le Lac des cygnes tout droit venu de sa terre natale
.
Romain Feist © 2014, Dansomanie
Maria Kochetkova
Le Corsaire - Pas d'esclave, chor. Marius Petipa, mus. Adolphe Adam
Manuela Navarro et Gian Carlo Perez Alvarez
Ballet National de Cuba
Bless - Ainsi soit-IL, chor. Bruno Bouché, mus. Jean-Sébastien Bach
Aurélien Houette et Erwan Leroux
Incidence Chorégraphique - Opéra National de Paris
Window in Midwinter, chor. Vladimir Varnava, mus. Meredith Monk, Gavin Bryars, David Lang, Sigur Ros
Oksana Skorik et Timur Askerov
Ballet du Mariinsky
Giselle - Pas de deux, acte II, chor. Marius Petipa, mus. Adolph Adam
Isabella Boylston et James Whiteside
American Ballet Theatre
Kübler Ross, chor. Andrea Schermoly, mus. Antonio Vivaldi
Maria Kochetkova et Joaquin de Luz
San Francisco Ballet / New York City Ballet
La Dame aux camélias, chor. John Neumeier, mus. Frédéric Chopin
Lucia Lacarra et Marlon Dino
Bayerisches Staatsballett
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L'Après-midi d'un faune, chor. Thierry Malandain, mus. Claude Debussy
Aurélien Houette
Incidence chorégraphique - Opéra National de Paris
Everything doesn't happen at once, chor. Benjamin Millepied, mus. David Lang
Isabella Boylston et James Whiteside
American Ballet Theatre
Rubis, pas de deux, chor. George Balanchine, mus. Igor Stravinsky
Maria Kochetkova et Joaquin de Luz
San Francisco Ballet / New York City Ballet
Sobre un hilo, chor. Lyvan Verdecia, mus. Badmarsh and Shri
Manuela Navarro et Gian Carlo Perez Alvarez
Ballet National de Cuba
Le Lac des cygnes, pas de deux du Cygne noir, chor. Marius Petipa, mus. Piotr Ilitch Tchaïkovski
Oksana Skorik et Timur Askerov
Ballet du Mariinsky
Trois préludes, chor. Ben Stevenson, mus. Serge Rachmaninov
Lucia Lacarra et Marlon Dino
Bayerisches Staatsballett
Défilé, chor. Nadia Veselova-Tencer
Tous les danseurs
Musique enregistrée
Samedi 13 septembre 2014, 20h00, Théâtre des Champs-Élysées, Paris
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