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Ballet National de Bordeaux
05 juillet 2011 : Giselle [adieux d'Emmanuelle Grizot] au Ballet National de Bordeaux
Giuseppe Picone (Albrecht) - Emmanuelle Grizot (Giselle)
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une soirée d’adieux est toujours un exercice
périlleux, pour lequel la tentation est grande de verser dans
l’hagiographie sans nuances. Emmanuelle Grizot,
qui fut l’héroïne du jour, nous a confié avoir
voulu aborder ce spectacle si particulier comme n’importe quelle
autre représentation. Sage voie. En dépit du
caractère tragique de l’ouvrage figurant à
l’affiche et de la mélancolie qui a dû saisir Mlle
Grizot lorsqu’elle réalisa qu’il s’agissait de
la dernière fois qu’elle foulait du chausson la
scène du Grand Théâtre de Bordeaux en sa
qualité de danseuse étoile, l’ambiance de cette
soirée du 5 juillet 2011 fut résolument festive, ainsi
qu’en témoigna l’hommage final rendu à
l’artiste par le public et le personnel de l’Opéra,
sous une pluie de paillettes.
Après un bref discours de Thierry Fouquet, directeur du Grand
Théâtre, le rideau se leva sur le village niché au
cœur de la forêt de Courlande. De manière un peu
inattendue, le premier acte fut placé sous le signe de la forte
personnalité de Ludovic Dussarps, qui incarnait Hilarion.
Dès sa première apparition, il prit l’ascendant sur
tout le plateau, et s’imposa comme le véritable moteur de
l’action dramatique. De par sa forte présence
scénique et son mime très théâtral, il
domina Albrecht, son rival, lui faisant fermement comprendre que
Giselle était sienne, que sa place était auprès de
Bathilde, éclipsant même un peu la Mère,
très retenue, de Lolita Quellec. C’est encore lui, lors de
la scène de la mort de Giselle, qui, impitoyablement, mit
l’inconséquent prince-paysan face à ses
responsabilités, le forçant à contempler le
dramatique résultat de sa conduite volage. Compte-tenu du
rapport de force, on aurait aisément imaginé que ce soit
cet Hilarion bravache qui triomphe de Myrtha au second acte, plus
qu’Albrecht, qui se tenait – galanterie oblige, pour une
dernière? – un peu en retrait de sa partenaire. Ceci
étant dit, on ne peut guère faire de reproches à
Giuseppe Picone au sujet de sa technique, impeccable. Dans la grande
variation de l’acte II, il a signé une prestation
d’un niveau remarquable, qui lui a valu de nombreux
applaudissements. Les réceptions étaient nettes, sans
rebonds, les cinquièmes bien collées et la batterie
rapide et précise.
Charles Jude - Emmanuelle Grizot (Giselle)
Dans l’acte blanc, on louera également la qualité
du corps de ballet, avec de beaux alignements, et une excellente
coordination des mouvements d’ensemble. La célèbre
scène du croisement des Wilis (ramenées à 18 plus
les deux demi-solistes, pour cause d’exiguïté de la
scène) a été très réussie, et
ovationnée comme il se doit.
Emmanuelle Grizot s'est, pour sa part, davantage illustrée en
Paysanne fragile et apeurée (la scène de la folie,
notamment, était saisissante), qu'en spectre immatériel.
Refus inconscient d'abandonner la scène, et de voir le rideau se
baisser sur elle une ultime fois?
Dans la fosse, Ermanno Florio, qui dirigeait l’Orchestre National
de Bordeaux-Aquitaine, a cherché à souligner du mieux possible
l’action dramatique, avec, tout particulièrement dans le
premier acte, de nombreuses ruptures agogiques, des dynamiques
très contrastées. Seul regret, les cornistes ont quelque
peu malmené la scène de la chasse (entrée
d’Hilarion), même si on peut admettre qu’il y ait eu
une volonté délibérée d’aborder cette
page avec une certaine rusticité et un son pas trop
«léché», de manière à imiter
une trompe de postillon.
R.Feist © 2011, Dansomanie
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Giselle
Musique : Adolphe Adam
Chorégraphie : Charles Jude, d'après Jules Perrot et Jean Coralli
Décors : Giulio Achilli
Costumes : Philippe Binot
Lumières : François Saint-Cyr
Giselle – Emmanuelle Grizot
Albrecht – Giuseppe Picone
Hilarion – Ludovic Dussarps
Myrtha – Stéphanie Roublot
Wilfried – Davit Gevorgyan
La Mère – Lolita Lequellec
Bathilde – Marie-Lys Navarro
Le Prince de Courlande – Marc-Emmanuel Zanoli
Deux amis – Guillaume Debut, Vladimir Korec
Deux Wilis – Darélia Bolivar, Aline Bellardi
Pas de six – Sara Renda, Louise Djabri, Diane Le Floc'h
Marina Guizien, Emilie Cerruti, Nicole Muratov
Ballet National de Bordeaux
Orchestre National de Bordeaux-Aquitaine, dir. Ermanno Florio
Mardi 05 juillet 2011, Grand
Théâtre de Bordeaux
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