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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26656
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Posté le: Mar Jan 03, 2017 3:54 pm Sujet du message: SEMYON CHUDIN et J.C. MAILLOT invités de Dansomanie |
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Dans le cadre de la reprise de La Belle de Jean-Christophe Maillot, où il incarne le rôle masculin principal, aux côtés d'une autre star du Bolchoï, Olga Smirnova, Semion Chudyn a accepté de se confier à Dansomanie, et nous livre ses réflexions autour du personnage du Prince, en confessant au passage sa grande admiration pour un danseur français, Manuel Legris :
29 décembre 2016 : rencontre avec Semyon Chudin (La Belle, Jean-Christophe Maillot)
Les répétitions avec Jean-Christophe sont toujours agréables, mais je dois dire que c'était difficile pour moi au début. Son vocabulaire est différent et il me fallait assimiler beaucoup de choses. Jean-Christophe voulait que l'on fasse tout tout de suite, qu'on trouve la forme, l'intention exacte, etc... C'est toujours génial de travailler avec un chorégraphe contemporain vivant. C'est toujours un défi. C'est comme si l'on apprenait une nouvelle langue. Disons que ce n'est plus le russe que l'on apprend, mais l'anglais ou le français. Jean-Christophe a son propre langage, son propre vocabulaire chorégraphique. Comme j'ai déjà eu l'occasion de travailler avec lui sur La Mégère apprivoisée, je savais à peu près comment ça se passait avec lui et je connaissais déjà certaines choses. Mais je voulais me rapprocher davantage encore de ses intentions. Je crois qu'on arrive aujourd'hui à avoir une véritable relation, une véritable proximité dans l'échange chorégraphique. Ce qui me plaît beaucoup, c'est qu'il n'y a pas de mouvement vain - vide de sens - chez Jean-Christophe. Chaque mouvement signifie et raconte quelque chose. Il nous en explique la raison et on comprend pourquoi on le fait. Il sait raconter formidablement une histoire.
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Dernière édition par haydn le Ven Jan 06, 2017 3:37 pm; édité 2 fois |
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26656
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Posté le: Ven Jan 06, 2017 3:35 pm Sujet du message: |
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Après le point-de-vue de l'interprète, celui du chorégraphe : Dansomanie est allé à la rencontre de Jean-Christophe Maillot (on pourrait dire l'inverse d'ailleurs!) pour évoquer cette "re-création" de La Belle aux Ballets de Monte-Carlo :
29 décembre 2016 : rencontre avec Jean-Christophe Maillot
Ce ballet a effectivement une place particulière. C'est la première pièce qui m'a permis de raconter, à travers le spectacle, l'idée que je peux me faire du spectacle. L'acte I revendique le plaisir de la réécriture, tout en conservant le besoin du divertissement. Il ne s'agit pas nécessairement pour moi de déstabiliser totalement le public. L'acte II me permet d'explorer ce que j'aime dans la narration, à savoir la dimension psychanalytique du ballet. Ce genre de ballet a en effet souvent été conçu pour valoriser la technique classique au détriment de l'histoire. Dans les versions originales de La Belle au bois dormant, le conte de Perrault n'est pas amputé, il est carrément coupé en deux. J'avais donc le souci de raconter une histoire en revenant vraiment à la source du conte. Quant à l'acte III, je pense que la musique originale de Tchaïkovski, telle qu'elle a été composée pour le ballet, n'est pas suffisamment dramatique, suffisamment forte, si l'on veut raconter l'histoire en en faisant ressortir toute la dimension obscure et effrayante. J'ai donc pris une autre œuvre de Tchaïkovski, son Roméo et Juliette, qui est en soi une œuvre musicale remarquable, mais sans doute un peu trop courte pour raconter l'histoire de Roméo et Juliette.
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Dernière édition par haydn le Ven Jan 06, 2017 9:56 pm; édité 1 fois |
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nabucco
Inscrit le: 14 Mar 2007 Messages: 1462
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Posté le: Ven Jan 06, 2017 4:04 pm Sujet du message: |
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J'avoue trouver que l'hagiographie qui est faite ces dernières années de ce chorégraphe, qui n'est rien de plus qu'un faiseur, me paraît un symptôme patent de la crise intellectuelle et morale que traverse le monde de la danse. Et ses propos navrants ne viennent pas contredire cette vision !
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Florestiano
Inscrit le: 28 Mai 2010 Messages: 1802
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Posté le: Ven Jan 06, 2017 4:37 pm Sujet du message: |
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Vous êtes un brin sévère, nabucco. Je ne suis pas sûr qu'on ait lu quelque hagiographie qui soit de Jean-Christophe Maillot, mais deux choses sont sures :
- ses pièces sont des pièces de faiseur et non des pièces de génie, comme vous le dites, et lui-même en convient parfaitement et l'explique, en revendiquant d'ailleurs le droit à faire des spectacles simples et "beaux", construits par un chorégraphe heureux et qui rendent les gens heureux... Ce qui ne l'empêche nullement d'ajouter des couches de lecture très intéressantes, comme on peut voir dans sa Belle par exemple. Je dois dire que cette approche décomplexée de bon faiseur qui ne se prend pas pour le Grand Révolutionnaire des temps modernes a quelque chose de très agréable et je trouve beaucoup plus de plaisir et d'intérêt à aller voir ses spectacles plutôt que les trucs ultra-pompeux et en fait ultra-creux alla Teshigawara ;
- le travail qu'il réalise sur la longueur avec les danseurs et les limites dans lesquels il les conduit à se développer est également intéressant à suivre.
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nabucco
Inscrit le: 14 Mar 2007 Messages: 1462
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Posté le: Ven Jan 06, 2017 5:00 pm Sujet du message: |
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Excusez-moi, mais un art qui n'a que ces ambitions-là est un art mort, ou, pour être gentil, mort-vivant. La copie de Cranko pour sa Mégère, quelle misère. Et à côté de ça on fait de Grigoriovitch un grand chorégraphe...
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26656
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Posté le: Ven Jan 06, 2017 5:03 pm Sujet du message: |
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Critique oui, dénigrement non...
Maillot, faiseur, peut-être, mais en tous cas ses spectacles font le plein, tout comme Thierry Malandain - avec évidemment des moyens financiers et humains moindres qu'à Monte-Carlo -, qui suit peu ou prou la même ligne. Il y a aussi des directeurs de CCN, qui ne sont peut-être pas des "faiseurs", au sens où vous l'entendez, mais qui donnent des représentations dans des salle vides, aux frais du contribuable.
Et dans ce cas là, les Schläpfer, Goecke, etc. sont à mettre dans le même sac. Il faudrait peut être aussi se rendre compte que les portraits du Ché ou les uniformes de la Gestapo, ça a fini par lasser un public, qui, a force de voir chaque jour des horreurs au journal télévisé (quand ce n'est pas devant chez lui...), n'a peut-être pas envie d'en reprendre une louche quand il va au théâtre. |
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Florestiano
Inscrit le: 28 Mai 2010 Messages: 1802
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Posté le: Ven Jan 06, 2017 5:18 pm Sujet du message: |
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nabucco a écrit: |
Excusez-moi, mais un art qui n'a que ces ambitions-là est un art mort, ou, pour être gentil, mort-vivant. La copie de Cranko pour sa Mégère, quelle misère. Et à côté de ça on fait de Grigoriovitch un grand chorégraphe... |
Sa Mégère est un ballet fait à un instant T avec une série de danseurs exceptionnels dont Maillot a su tirer des choses totalement insoupçonnées ; ce qui en fait un truc remarquable, c'est la manière époustouflante dont "la mayonnaise" prend, en quelque sorte. Quelle en sera la postérité, nul ne le sait, mais en évacuer d'un revers de plume tout intérêt me paraît excessif, surtout au regard d'un pan significatif de la création contemporaine !
(Et attention, je ne tiens absolument pas Grigorovitch pour un grand chorégraphe en soi, mais on ne peut que reconnaître qu'il a marqué de son empreinte l'Histoire institutionnelle du Bolchoï - cela étant, vivement un nouveau Lac ou la systématisation de la Giselle de Vassiliev ).
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Ven Jan 06, 2017 11:15 pm Sujet du message: |
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La chorégraphie et la musique de La Mégère n'ont rien à voir avec la version de Cranko. J'ai coupé près de la moitié de l'interview, non pas parce que ce n'était pas intéressant mais parce qu'il faut bien trouver une cohérence, mais Maillot dit ouvertement que les "nouvelles histoires", ça ne l'intéresse pas (et que, du reste, le public "s'en fout"). D'autre part, sur la notion d’œuvre marquante, qui fait date, etc..., il est tout à fait lucide sur le fait que ses ballets n'ont d'intérêt que par rapport aux interprètes du moment, qui les habitent - ou pas.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Sam Jan 07, 2017 3:13 pm Sujet du message: |
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Je me suis tenue à ce qui avait trait à La Belle. On a parlé aussi, de manière plus informelle, de Coppélia (ou Coppél-I.A., I.A. pour intelligence artificielle) qu'il va monter en décembre prochain, sur une partition de Danny Elfman, compositeur des musiques des films de Tim Burton. Et sur ses options musicales, je ne doute pas que vous auriez trouvé aussi grandement à redire. Refuser de s'inscrire dans l'alternative populaire/savant, classique/contemporain, art/divertissement, c'est quelque chose qu'il a payé cher en France.
Bref, le fait qu'il veuille travailler sur le familier, sur une matière déjà connue, tirée des mythes ou de l'histoire de la danse, ne me semble être aucunement incongru ou démagogique en soi. Il veut remplir ses salles? Quel crime impardonnable! Une bonne partie de l'histoire du ballet s'est pourtant écrite ainsi. Neumeier, dont la légitimité et le crédit sont sans doute bien plus grands, ne fait en tout cas pas tellement autre chose de son côté. Scarlett qui monte Frankenstein ou Wheeldon qui veut adapter Zola, est-ce que c'est vraiment plus passionnant ou plus pertinent au XXIe siècle? En tout cas, cela ne me semble pas être le signe "d'un goût plus élevé".
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marc
Inscrit le: 16 Fév 2009 Messages: 1157
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frederic
Inscrit le: 23 Jan 2007 Messages: 976
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Posté le: Sam Jan 14, 2017 2:19 pm Sujet du message: |
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Qu'est ce qu'un "grand" chorégraphe? Il me semble en tout cas que Yuri Grigorovitch est un chorégraphe majeur. On peut ne pas aimer son style et je ne suis pas fan de ses rédactions de ballets du 19eme siècle mais il est le chef de file du ballet soviétique avec quelques très belles réussites.
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