Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
|
Posté le: Dim Jan 04, 2015 11:54 am Sujet du message: Ballet royal de Suède - Juliette et Roméo [ONP - 6-10/01/15] |
|
|
L’Opéra national de Paris accueille, du 6 au 10 janvier, l’une des plus anciennes compagnies de danse européenne, créée en 1773 par le roi Gustav III. Le Ballet Royal de Suède, aujourd’hui dirigé par Johannes Öhman, propose une création du Suédois Mats Ek, présentée à l’occasion du 240e anniversaire de la compagnie. Homme de théâtre, figure incontournable de la danse d’aujourd’hui, Mats Ek offre une relecture de la tragédie de Shakespeare qu’il a souhaité intituler Juliette et Roméo. Le chorégraphe s’inspire de la musique de Tchaikovski pour donner une vision personnelle de cette histoire d’amour mythique confrontée aux rivalités de pouvoir, de familles et de générations.
JULIETTE ET ROMÉO
Musique : Piotr Ilyitch Tchaikovski
Arrangements sur un choix musical de Mats Ek : Anders Högstedt
Chorégraphie : Mats Ek
Décors et costumes : Magdalena Åberg
Lumières : Linus Fellbom
Orchestre Colonne
Direction musicale : Alexander Polianichko
Piano : Bengt Åke Lundin
Durée : Acte I : 60 minutes / Acte II : 45 minutes.

|
|
Revenir en haut |
|
sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
|
|
Revenir en haut |
|
sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
|
|
Revenir en haut |
|
haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
|
Posté le: Dim Jan 04, 2015 5:43 pm Sujet du message: |
|
|
Et en attendant la première mardi (ou la générale lundi, pour les happy few), un petit portrait d'Elisa Fossati, une Montpelliéraine qui n'a pas hésité à s'installer sur les rives de la Baltique. Si, pour de bonne raisons, elle ne sera pas du voyage à Paris, elle n'en n'a pas moins participé à la création de Juliette et Roméo de Mats Ek, que le Ballet Royal de Suède présentera au public du Palais Garnier :
Citation: |
J’ai commencé la danse au Conservatoire de Montpellier avec Véronique Claparède. J’ai ensuite rejoint l’Ecole Supérieure de Danse de Cannes sous la direction de Monique Loudières où j’ai pu suivre un cursus classique et contemporain. Après Cannes, j’ai rejoint le Conservatoire National Supérieur De Paris. A la suite de ma participation avec le Junior Ballet du CNSMDP au Monaco Dance Forum, j’ai pu décrocher mon premier contrat au Ballet Royal de Suède. Je ne connaissais pas trop cette compagnie, mais en me renseignant j’ai trouvé que le répertoire y était varié avec un nombre important de spectacles par saison. En août 2008, je suis donc partie pour la Suède. |
|
|
Revenir en haut |
|
Eva
Inscrit le: 26 Fév 2013 Messages: 379 Localisation: Suresnes
|
Posté le: Dim Jan 04, 2015 6:38 pm Sujet du message: |
|
|
Je vais le voir samedi, j'avais complètement oublié qu'il s'agissait d'une chorégraphie de Mats Ek. Après avoir vu Appartment et l'extrait de Juliette et Roméo, cela me rend très curieuse de voir le résultat.
|
|
Revenir en haut |
|
haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
|
Posté le: Mar Jan 06, 2015 4:48 pm Sujet du message: |
|
|
Distribution du 06 janvier, 19h30
Juliette : Mariko Kida
Roméo : Anthony Lomuljo
Le Père : Arsen Merhrabyan
La Mère : Marie Lindqvist
Le Prince : Niklas Ek
La Nourrice : Ana Laguna
Paris : Oscar Salomonsson
Tybald : Dawid Kupinski
Mercutio : Jérôme Marchand
Benvolio : Hokuto Kodama
Rosaline : Daria Ivanova
Peter : Jörgen Stövind |
|
Revenir en haut |
|
haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
|
Posté le: Mer Jan 07, 2015 1:38 am Sujet du message: |
|
|
Pour nombre de balletomanes, Mats Ek, au même titre que Pina Bausch, tient peu ou prou du Veau d'Or, auquel il sied de vouer une adoration sans réserve. N'étant pas Moïse, et ne voulant décimer la fine fleur du lectorat de Dansomanie, je me garderai de passer qui que ce soit au fil de l'épée.
Je me risquerai néanmoins à avouer que ce Juliette et Roméo venu de Scandinavie ne m'a pas réellement emballé. Je compte le revoir au moins une fois au cours de la tournée parisienne du Ballet Royal de Suède, et j'espère encore pouvoir changer d'opinion.
Posons tout de suite quelques jalons : il s'agit de Mats Ek, pas d'un quelconque tâcheron, et il ne s'agit pas d'aller le comparer à certain(e)s créateur(ice)s indigent(e)s que nous avons malheureusement parfois vus sévir sur nos scènes nationales.
Mais ce Juliette et Roméo, qui exploite les vieilles ficelles de West Side Story (sans le glamour nord-américain, évidemment), avec bastons de rue entre skinheads/Capulets et keupons/Montaiguts (à moins que ce ne soit l'inverse, les choses n'étant pas toujours très limpides), manque d'originalité et de souffle. Déjà, le choix de la musique, une compilation de "tubes" de Tchaïkovski, dont la Cinquième symphonie, le Premier concerto pour piano et orchestre et Manfred, pose problème. Certes, l'assemblage est assez astucieusement réalisé, avec des transitions et des transpositions destinées à éviter tout hiatus désagréable dans l'enchaînement de pièces disparates. Mais la cohérence que peut avoir en soi une œuvre majeure telle la Cinquième symphonie de Tchaïkovski est détruite par une telle opération de saucissonnage (on pouvait faire le même reproche, mutatis mutandis, à Roland Petit, pour la regrettable inversion des deux derniers mouvements de la Symphonie Pathétique pour l'accompagnement de sa Dame de pique).
Histoire de se plier aux lubies contemporaines, Ek prend le titre de la pièce de Shakespeare à rebours, et met le personnage de Juliette en exergue. A cette fin, le rôle de la fifille Capulet est confié à une interprète au fort tempérament, Mariko Kida, qui n'est pas sans rappeler Ana Laguna ou Marie-Claude Pietragalla dans la Giselle du même Mats Ek (y figurent d'ailleurs quelques citations explicites). Roméo et Juliette, ou plutôt, donc, Juliette et Roméo est ici, encore plus que chez Shakespeare, un business familial, puisqu'on retrouve, dans le rôle très développé de la Nourrice (quasiment le personnage principal du ballet), Ana Laguna, épouse de Mats Ek, et dans celui du Prince, Niklas Ek, frère d'icelui. Roméo (Anthony Lomuljo), fait figure de falot, totalement dominé par la gent féminine. La grande scène d'amour de l'acte deux se résume à un apprentissage au pas de charge des 75 positions du Kamasutra sous la férule d'une donzelle déjà aussi affranchie qu'une étudiante à Paris VIII.
Le personnage masculin le plus marquant est - tout chauvinisme mis à part - le Mercutio âpre de Jérôme Marchand, l'étoile française du Ballet Royal de Suède, dont la forte personnalité ne peut laisser indifférent. L'ensemble des solistes est d'ailleurs de très bon niveau, et on citera également l'excellent Arsen Mehrabyan dans le rôle du Père.
Parler de déception au sujet de ce Juliette et Roméo serait sans doute excessif, mais on reste tout de même sur sa faim. La facture de l'ouvrage reste très classique (on a connu Mats Ek bien plus radical), même si le parti-pris de "casser" toutes les scènes lyriques par un recours trop systématique au grotesque à la scandinave (les cinéphiles connaisseurs de Festen comprendront ce dont je veux parler) lasse parfois.
Dernière édition par haydn le Mer Jan 07, 2015 12:04 pm; édité 1 fois |
|
Revenir en haut |
|
LucyOnTheMoon
Inscrit le: 18 Nov 2008 Messages: 984
|
|
Revenir en haut |
|
haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
|
Posté le: Mer Jan 07, 2015 11:38 am Sujet du message: |
|
|
Oui c'est l'argument qu'il utilise pour justifier son choix dans les notes de programme. Libre à chacun d'en croire ce qu'il veut... |
|
Revenir en haut |
|
sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
|
Posté le: Mer Jan 07, 2015 11:42 am Sujet du message: |
|
|
Je ne partage pas du tout la déception de Haydn. Pour moi, cette soirée fut au contraire enthousiasmante et je ne peux qu'encourager les lecteurs à aller découvrir ce merveilleux ballet. Décidément, de La Mégère apprivoisée de Jean-Christophe Maillot pour le Bolchoï à ce Juliette et Roméo de Mats Ek pour le Ballet royal de Suède, Shakespeare est en ce moment pour moi source de grands plaisirs chorégraphiques et musicaux. De telles oeuvres, dotées à la fois d'une vision cohérente et d'un langage articulé unique - elles sont véritablement écrites -, et agissant toujours en interaction avec la musique, ont aussi le mérite de remettre les gentils (ou pas) tâcherons de la chorégraphie à leur juste place.
Ce que je peux concéder à Haydn, c'est qu'on ne ressort pas avec le sentiment que c'est là le chef d'oeuvre absolu de Mats Ek. Mais qu'importe! Le plaisir est bel et bien là. Ek est un habitué des relectures des classiques, ce Juliette et Roméo ne nous offre peut-être pas une vision radicalement nouvelle, inédite et globale de l'oeuvre de Shakespeare (il est vrai très - trop? - régulièrement mise en ballet), comme ce pouvait être le cas avec Giselle. On retrouve d'ailleurs pas mal de traces ici de cette mythique Giselle, ne serait-ce que dans la peinture de l'héroïne en jeune rebelle. C'est du Mats Ek "classique", presque lisse en fait, du "Mats Ek pour les nuls" (comme moi) pourrait-on dire, mais ça me convient très bien.
Mats Ek situe son ballet non pas sur quelque place colorée et gorgée de soleil de la pittoresque Vérone - on s'en serait douté! -, mais dans une sorte de no man's land - lieu de partout et de nulle part - plongé dans une atmosphère grise, presque lunaire. Le décor mobile, façon mur de ghetto en tôles ondulées, pourrait ainsi évoquer quelque zone urbaine de non-droit, où s'affrontent des bandes, résurgence post-moderne de l'antique tradition clanique. Les costumes jouent résolument la carte de l'éclectisme et de l'anachronisme : look vaguement skin chez les partisans des Montaigu (Mercutio crâne rasé et tout de noir vêtu, Benvolio en Bomber), vaguement disco chez les jeunes Capulet (Tybalt en tee-shirt à paillettes), une Nourrice - Ana Laguna - portant la robe réglementaire des ballets de Mats Ek, une Juliette en jupette jaune qui lorgnerait presque (au début du moins) du côté de West Side Story... et, au milieu de tout cela, les longues robes de soie colorées, au style beaucoup plus aristocratique, de la Mère ou de Rosaline, source de superbes effets visuels... L'histoire subit par ailleurs de nombreuses coupes, Mats Ek ayant éliminé les détails les plus pittoresques et/ou mélodramatiques - le mariage des amants, le personnage de Frère Laurent, le poison... - pour ne conserver qu'une épure d'argument. La lecture politique, "sociétale" ou que sais-je est toujours possible, mais elle n'est pas obligatoire. Jamais l'oeuvre en tout cas ne se laisse réduire à une unique dimension interprétative.
Le titre du ballet le laisse à penser et de fait, Juliette s'affiche ici comme la véritable héroïne - fille soumise et légèrement nunuche qui se métamorphose en femme de tête, en maîtresse-femme passionnée et révoltée. Roméo (Antony Lomuljo) apparaît à ses côtés comme une figure beaucoup plus fade, mièvre souvent, comique aussi par moments, comme l'est d'ailleurs le blondin Pâris (Oscar Salomonsson), marionnette agie par des parents implacables (Arsen Mehrabyan et Marie Lindqvist) désireux de marier leur fille. L'on n'aurait pas pour autant l'idée de réduire cette vision du couple à une concession un peu facile à l'air du temps - il en est de Mats Ek comme de Pina, tout ce qui peut rattacher l'oeuvre au temps présent - et devenir terriblement pesant chez d'autres - est transcendé par une écriture. Mariko Kida, qui a été récompensée d'un Benois pour ce rôle, m'a un peu inquiétée au départ, je la trouvais bien frêle et légère pour du Mats Ek, un peu en-deçà de la chorégraphie - trop soucieuse en quelque sorte de bien faire le geste -, mais cette incarnation initiale, presque scolaire, prend tout son sens ensuite. L'héroïne prend - littéralement et symboliquement - son envol dans des pas de deux d'une grande beauté, où le lyrisme vient épouser le réalisme, presque trivial, qui est une constante de l'écriture de Mats Ek.
Outre les duos, les scènes réunissant les "copains" - Roméo, Benvolio et Mercutio - sont particulièrement réussies et vivantes. On soulignera tout de même la difficulté que l'on peut avoir à identifier certains protagonistes. Tybalt (Dawid Kupinski) est ici presque une ombre, une figure pâle dont la mort est expédiée, comme celle de Mercutio du reste, personnage à l'inverse omniprésent (l'excellent Jérôme Marchand contribue sans doute à en faire un pilier du ballet), en décalage complet - et sans aucun doute délibéré - avec le Mercutio traditionnel. Le Mercutio de Ek est grand, dégingandé, violent et sombre, là où on a l'habitude de voir un personnage léger, bondissant et joueur. En fait, c'est l'interprète du rôle de Benvolio, le petit Japonais Hokuto Kodama, qui correspondrait davantage pour nous à l'idéal "classique" de Mercutio.
Le décalage, la distorsion, le renversement, sans doute faut-il les chercher aussi dans le choix musical. Mats Ek s'est attaché pour cette relecture, non la musique de Prokofiev, mais diverses partitions de Tchaïkovsky, qui ne sont pas pour rien dans le plaisir que procure ce ballet, mais dont le caractère lyrique, passionné, extrêmement échevelé même par moments, crée une espèce de dissonance avec le réalisme chorégraphique qui imprègne l'ouvrage. Cela saute aux yeux dans le solo du Prince, spécialement écrit pour Niklas Ek (un peu plaqué tout de même), sur le célèbre Concerto pour piano n°1, et dans l'image grotesque finale de la mort des amants.
Seul (très léger bémol), les ensembles, relativement conventionnels, manquent peut-être un peu de mordant et de surprise par rapport au reste.
Dernière édition par sophia le Mer Jan 07, 2015 1:28 pm; édité 6 fois |
|
Revenir en haut |
|
Florestiano
Inscrit le: 28 Mai 2010 Messages: 1802
|
Posté le: Mer Jan 07, 2015 12:01 pm Sujet du message: |
|
|
sophia a écrit: |
Décidément, de La Mégère apprivoisée de Jean-Christophe Maillot pour le Bolchoï à ce Juliette et Roméo de Mats Ek pour le Ballet royal de Suède, Shakespeare est en ce moment pour moi source de grands plaisirs chorégraphiques et musicaux. De telles oeuvres, dotées à la fois d'une vision et d'un langage -, véritablement écrites -, et agissant toujours en interaction avec la musique, ont aussi le mérite de remettre les gentils (ou pas) tâcherons de la chorégraphie à leur juste place |
Et ajoutons-y le récent The Winter's Tale de Christopher Wheeldon pour le Royal Ballet.
|
|
Revenir en haut |
|
sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
|
|
Revenir en haut |
|
LucyOnTheMoon
Inscrit le: 18 Nov 2008 Messages: 984
|
|
Revenir en haut |
|
haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
|
Posté le: Mer Jan 07, 2015 12:54 pm Sujet du message: |
|
|
Distribution du 07 janvier, 19h30
Juliette : Rena Narumi
Roméo : Anton Valdbauer
Le Père : Andrey Leonovitch
La Mère : Marie Lindqvist
Le Prince : Jan-Erik Wikström
La Nourrice : Ana Laguna
Paris : Dawid Kupinski
Tybald : Vahe Martirosyan
Mercutio : Luca Vetere
Benvolio : Jens Rosén
Rosaline : Jeannette Diaz-Barboza
Peter : Hampus Gauffin |
|
Revenir en haut |
|
eloisa
Inscrit le: 24 Sep 2009 Messages: 142
|
Posté le: Mer Jan 07, 2015 2:13 pm Sujet du message: |
|
|
J'ai passé une très bonne soirée hier. N'étant pas "fan" de Mats Ek "radical", je partais avec un certain a priori. Le décor, minimaliste, m'a assez plu avec sa "géométrie variable". La musique est superbe, et je ne suis pas assez mélomane pour être gênée par un assortiment de musiques... L'orchestre Colonne a très bien joué, à féliciter.
L'histoire est difficile à suivre, je n'ai jamais pu distinguer les Capulets des Montaigus (pas de code couleur pour les nuls), mais de toute façon l'ambiance de combat est très bien rendue. De même, je n'ai pas pu identifier les personnages (Rosaline, Tybalt, Mercutio, Benvolio). Iil aurait fallu garder la tête dans le programme pour savoir qui est qui, mais qu'importe puisque la danse est très agréable à regarder. Jérôme Marchand formidable de maitrise , malgré des bras immenses assortis à son gabarit.
Ana Laguna impériale en robe pourpre et casque jaune sur son Sedgway...
Un très bon spectacle à voir, même si les émotions du R et J de Noureev ne sont pas présentes. Et un clin d'oeil à Roméo Manuel Legris présent dans la salle.
|
|
Revenir en haut |
|
|