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Nouvelles du Théâtre des Champs-Élysées
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sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
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MessagePosté le: Mer Nov 05, 2014 9:06 am    Sujet du message: Répondre en citant

Décevante serait pour moi un adjectif plus approprié que mitigée pour qualifier cette soirée. Sans doute le respect et l'admiration pour le grand danseur que fut Le Riche nous font ils arrondir les angles, trouver du plaisir là où une personnalité un peu moins charismatique ou populaire aurait subi nos commentaires acerbes, mais là, j'avoue, que bien que courte, cette soirée m'a paru bien longue - sans montée en puissance (c'était même plutôt la descente me concernant), sans tension, sans grand moment propre à exalter d'une manière ou d'une autre. Avec ses défauts (l'orchestre, déjà!) et son organisation plus que discutable, on se retrouvait en sortant à regretter amèrement la soirée du 9 juillet.
Critical Mass était, de loin, la pièce que j'attendais le plus (j'avais notamment adoré le solo de Maliphant, Afterlight) et il est malheureusement arrivé ce qui est arrivé et la pièce a été supprimée. Alors oui, on soulignera la grande correction du TCE et de l'organisateur, qui ont pris la peine de publier une annonce et d'envoyer des mails, et de Nicolas Le Riche qui est venu en personne expliquer la situation, avec sa sincérité habituelle, avant le lever du rideau.
Pour le reste... que dire? Aucune des quatre pièces - dont deux de Le Riche - ne m'a in fine vraiment touchée, ou simplement paru mémorable.
A Suite of Dances, le fameux solo de Robbins en pyjama rouge créé pour Barychnikov (dois-je le confesser? je l'ai vu dansé par... un certain Millepied... qui y était formidable), aurait certes pu, mais même là, j'ai trouvé Le Riche à côté, manquant de naturel, surjouant la juvénilité. Le violoncelle, terrible certes, surtout à la fin, ne faisait pour moi que marquer une espèce de dissonance dans l'interprétation. C'est là une pièce impressionniste, poétique, saupoudrée d'un peu d'humour, qui repose entièrement sur la suggestion, l'apparence de détachement, et j'ai trouvé un peu délicat d'entrer dans cette intimité juste après l'annonce faite par le danseur déjà costumé devant le rideau.
Le Riche chorégraphe ne m'a jamais ravie, et les deux courtes pièces présentées lors de cette soirée ne m'ont pas vraiment fait changer d'avis. Une Après-midi se présente comme une relecture de L'Après-midi d'un faune sous la forme d'un solo, interprété par Clairemarie Osta. En réalité, la musique est utilisée là de façon purement décorative. Le Riche m'a semblé en gommer tout l'aspect subversif, choisissant d'en faire un solo lyrique, somme toute assez banal, tout de voiles blancs vêtu, un peu dans l'esprit de la Lune de Caligula. Ce "pas grand-chose" aurait peut-être pu passer, interprété par... Lopatkina?
Odyssée est un duo, sur la musique archi-rebatue d'Arvo Pärt, permettant de (ré)unir le couple en fin de soirée. De quoi toucher les fans sans doute, avec un petit côté Wuthering Heights pas déplaisant non plus pour qui a la culture Opéra, mais cela n'est quand même pas d'une écriture bien consistante. Plus gênant, cela manque d'"atmosphère" (car après tout, il nous arrive de nous enthousiasmer pour du bien maigrelet - voir, mutatis mutandis, le cas Millepied - mais qui sait au moins créer une ambiance musicale et/ou visuelle).
Aires migratoires, "vol dansé" de Hervé Diasnas, interprété par la compagnie L'Envol, m'a semblé pour le coup complètement déplacé et incongru dans le cadre de cette soirée, d'autant que c'était presque la pièce la plus longue. Le programme apporte un éclaircissement sur la nature du "vol dansé", "technique chorégraphique de danse chorale unique", qui se prétend "inspirée des bancs de poissons ou des vols d'étourneaux". Concrètement, une sorte de démiurge, façon Mad Max, anime et fait se mouvoir, par le biais d'un instrument grinçant non identifié, un groupe de danseurs, "organisme vivant" qui se déplace dès lors selon ses directives sonores et lumineuses. L'ensemble m'a paru long, terriblement redondant et pesant (et terriblement terrien pour ce qui se prétend un "vol"), d'une tristesse de CCN de province, même pas sauvé par une quelconque énergie de groupe.

Une soirée qui malheureusement fait p(f)lop. On ne peut que saluer dans cette affaire la sincérité et la simplicité (de toujours) de Le Riche, mais le choix, maladroit, des pièces, globalement sans consistance, et la maigreur de l'ensemble (même avec Critical Mass) laissent malgré tout amer. Une ovation debout a été ébauchée au parterre, mais n'a pas suscité de grand mouvement collectif.




Dernière édition par sophia le Mer Nov 05, 2014 11:19 am; édité 3 fois
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Joelle



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Messages: 882

MessagePosté le: Mer Nov 05, 2014 10:25 am    Sujet du message: Répondre en citant

Esther* a écrit:
Bonsoir,
C'est la première fois que j'écris sur ce forum et je tiens à préciser que je ne suis pas très expérimentée...
Je voulais juste donner mon avis sur la soirée de Nicolas Le Riche:
C'était la première fois que je le voyais danser et je dois avouer que dans le Robbins, malgré la violoncelliste, j'ai été complètement absorbée par lui! Il avait l'air tellement heureux d'être là, et puis j'aime bien son côté un peu "grand enfant". De plus, je trouve sa danse vraiment très touchante...
Dans la 2nde pièce, j'ai trouvé Clairemarie absolument sublime, j'ai notamment relevé ces magnifiques ports de bras! J'ai vraiment aimé cette pièce, très poétique, je trouve.
J'ai un peu moins accroché avec l'ensemble contemporain, enfin au début, j'étais curieuse de voir et puis j'ai fini par trouver ça long...
Enfin, Odyssée, une pièce que je ne connaissais pas. J'ai évidemment adoré la complicité entre Nicolas et sa femme, mais surtout j'ai vraiment accroché à l'ambiance de cette pièce, bien qu'un peu courte, je suis d'accord.

En petit aparté, je fais toujours la sortie des artistes, j'ai donc rencontré Nicolas qui est absolument adorable ! Et il y avait Allister Madin qui m'a dit que le concours de promotion avait lieu le 3 décembre pour les hommes et le 6 décembre pour les femmes, en revanche je n'ai pas retenu toutes les variations imposées (je ne sais pas si cela a été signalé dans un autre fil d'actualité).

Voilà!


300% d'accord avec Esther ! Very Happy


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marc



Inscrit le: 16 Fév 2009
Messages: 1157

MessagePosté le: Mer Nov 05, 2014 11:09 am    Sujet du message: Répondre en citant

sophia a écrit:
Décevante serait pour moi un adjectif plus approprié que mitigée pour qualifier cette soirée. Sans doute le respect et l'admiration pour le grand danseur que fut Le Riche nous font-ils arrondir les angles, trouver du plaisir là où une personnalité un peu moins charismatique ou populaire aurait subi nos commentaires acerbes, mais là, j'avoue, que bien que courte, cette soirée m'a paru bien longue - sans montée en puissance (c'était même plutôt la descente me concernant), sans tension, sans grand moment propre à exalter d'une manière ou d'une autre. Avec ses défauts (l'orchestre, déjà!) et son organisation plus que discutable, on se retrouvait en sortant à regretter amèrement la soirée du 9 juillet.
Critical Mass était, de loin, la pièce que j'attendais le plus (j'avais notamment adoré le solo de Maliphant, Afterlight) et il est malheureusement arrivé ce qui est arrivé et la pièce a été supprimée. Alors oui, on soulignera la grande correction du TCE et de l'organisateur, qui ont pris la peine de publier une annonce et d'envoyer des mails, et de Nicolas Le Riche qui est venu en personne expliquer la situation, avec sa sincérité habituelle, avant le lever du rideau.
Pour le reste... que dire? Aucune des quatre pièces - dont deux de Le Riche - ne m'a in fine vraiment touchée, ou simplement paru mémorable.
A Suite of Dances, le fameux solo de Robbins en pyjama rouge créé pour Barychnikov (dois-je le confesser? je l'ai vu dansé par... un certain Millepied... qui y était formidable), aurait certes pu, mais même là, j'ai trouvé Le Riche à côté, manquant de naturel, surjouant la juvénilité. Le violoncelle, terrible certes, surtout à la fin, ne faisait pour moi que marquer une espèce de dissonance dans l'interprétation. C'est là une pièce impressionniste, poétique, saupoudrée d'un peu d'humour, qui repose entièrement sur la suggestion, l'apparence de détachement, et j'ai trouvé un peu délicat d'entrer dans cette intimité juste après l'annonce faite par le danseur déjà costumé devant le rideau.
Le Riche chorégraphe ne m'a jamais ravie, et les deux courtes pièces présentées lors de cette soirée ne m'ont pas vraiment fait changer d'avis. Une Après-midi se présente comme une relecture de L'Après-midi d'un faune sous la forme d'un solo, interprété par Clairemarie Osta. En réalité, la musique est utilisée là de façon purement décorative. Le Riche m'a semblé en gommer tout l'aspect subversif, choisissant d'en faire un solo lyrique, somme toute assez banal, tout de voiles blancs vêtu, un peu dans l'esprit de la Lune de Caligula. Ce "pas grand-chose" aurait peut-être pu passer, interprété par... Lopatkina?
Odyssée est un duo, sur la musique archi-rebatue d'Arvo Pärt, permettant de (ré)unir le couple en fin de soirée. De quoi toucher les fans sans doute, avec un petit côté Wuthering Heights pas déplaisant non plus pour qui a la culture Opéra, mais cela n'est quand même pas d'une écriture bien consistante. Plus gênant, cela manque d'"atmosphère" (car après tout, il nous arrive de nous enthousiasmer pour du bien maigrelet - voir, mutatis mutandis, le cas Millepied - mais qui sait au moins créer une ambiance musicale et/ou visuelle).
Aires migratoires, "vol dansé" de Hervé Diasnas, interprété par la compagnie L'Envol, m'a paru pour le coup complètement déplacée dans le cadre de cette soirée, d'autant que c'était presque la pièce la plus longue. Le programme apporte un éclaircissement sur la nature du "vol dansé", "technique chorégraphique de danse chorale unique", qui se prétend "inspirée des bancs de poissons ou des vols d'étourneaux". Concrètement, une sorte de démiurge, façon Mad Max, anime et fait se mouvoir, par le biais d'un instrument grinçant non identifié, un groupe de danseurs, "organisme vivant" qui se déplace dès lors selon ses directives sonores et lumineuses. L'ensemble m'a paru long, terriblement redondant et pesant (et terriblement terrien pour ce qui se prétend un "vol"), d'une tristesse de CCN de province, même pas sauvé par une quelconque énergie de groupe.


Merci Sophia pour votre commentaire dont je partage entièrement les réserves. Je n'ai pas parlé de cette soirée après l'avoir vue, d'une part parce que j'y ai assisté lundi soir, la veille de la première publique, et d'autre part parce que je n'avais pas le coeur à ne pas dire du bien de ce spectacle d'un artiste pour lequel j'ai un immense respect. Oui, Nicolas Le Riche est bien plus grand que ce qu'il nous offre ici, et on était très loin de ce qu'il nous a donné le 9 juillet. De plus, les deux chorégraphies qu'il a composées n'étaient pas de sa meilleure inspiration ("Caligula" est bien meilleure !) : "Une Odyssée" d'un lyrisme assez convenu, "une après midi" (d'un Faune), sans Faune, autrement dit sans l'animalité naïve et primitive de l'oeuvre originale. Quant à la pièce, "Aires migratoires", elle a généré chez moi un ennui abyssal ! Il restait "A suites of dances" dans laquelle Nicolas Le Riche a pu fasciner l'assistance, plus par son charisme que par ses qualités exceptionnelles de danseur. Lundi soir, s'il y a pas eu "Critical Mass", il n'y a pas eu cependant suppression pure et simple de la partie, ce que je trouve d'une désinvolture scandaleuse compte tenu du prix des places (désinvolture qui justifie à mon avis les impressions désastreuses qu'on peut lire sur le Théâtre des Champs Elysées chez certains voyagistes par internet, comme TripAdvisor...) Non, lundi soir, nous avons eu droit à la place de "Critical Mass" à un mini récital d'un jeune flûtiste d'un talent extraordinaire, Gustav Villegas.


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Florestiano



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MessagePosté le: Mer Nov 05, 2014 11:19 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je confesse que, ayant été très déçu par la carte-blanche "Itinérances" donnée à Boulogne avant l'été, j'ai renoncé à ce spectacle, pour, précisément, les raisons que vous avancez, sophia, auxquelles j'ajouterais le partenariat avec Mme Osta, qui ne m'a que très rarement convaincu (j'ai la plupart du temps l'impression que Nicolas Le Riche se "bride" quand il danse avec elle, plus soucieux de mettre en valeur une danseuse qui n'a d'évidence pas son charisme qu'autre chose...).
Mais la tendresse qu'on peut porter à nos monstres sacrés nous conduit, oui, à une certaine mansuétude, c'est sûr (tant sur la danse que sur la programmation ou l'organisation, d'ailleurs !).

Ce que vous dites au sujet du Robbins nous rappelle tout de même que Millepied n'est pas non plus le dernier des danseurs, contrairement à ce que laissent entendre les railleries dont il peut faire l'objet du seul fait qu'il n'est pas du sérail Opéra. D'ailleurs, il était ici même écrit, au sujet du gala qu'a donné le New York City Ballet à l'Opéra de Paris le 18 septembre 2008 :
Citation:
Si je dois retenir un moment, ce sera sans hésiter - et en oubliant le violoncelle - celui offert par Benjamin Millepied, merveilleux de légèreté, de naturel et de finesse dans A Suite of Dances de Jerome Robbins. Une prestation d'une musicalité parfaite, comme si chacun des mouvements du danseur épousait la partition de Bach. Une danse qui feint de se chercher sans justement jamais chercher l'effet. Style, humour, désinvolture et suprême élégance. Et ce je ne sais quoi... Le public guindé a même paru se réveiller pour l'occasion et l'a fort justement acclamé.

Wink


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haydn
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Messages: 26517

MessagePosté le: Mer Nov 05, 2014 2:03 pm    Sujet du message: Répondre en citant

marc a écrit:
Lundi soir, s'il y a pas eu "Critical Mass", il n'y a pas eu cependant suppression pure et simple de la partie, ce que je trouve d'une désinvolture scandaleuse compte tenu du prix des places (désinvolture qui justifie à mon avis les impressions désastreuses qu'on peut lire sur le Théâtre des Champs Elysées chez certains voyagistes par internet, comme TripAdvisor...) Non, lundi soir, nous avons eu droit à la place de "Critical Mass" à un mini récital d'un jeune flûtiste d'un talent extraordinaire, Gustav Villegas.


Je suppose qu'il s'agissait de la générale, semi-privée? J'attends de voir si le TCE proposera aux spectateurs payants une compensation sous la forme d'un geste commercial, suite à la suppression intempestive de Critical Mass. Contrairement à vous, Marc, je trouve que le TCE est généralement plus attentif à son public, et offre une meilleure qualité de service que d'autres théâtres parisiens. C'est aussi certainement la salle la plus confortable. Je ne suis pas sûr que les récriminations de quelques touristes mécontents sur Tripadvisor doivent être prises pour argent comptant, d'autant - c'est également à porter au crédit du TCE - que les spectateurs sont essentiellements parisiens (au contraire de l'Opéra, qui draine une grande quantité d'étrangers).



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doudou



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Localisation: PARIS

MessagePosté le: Mer Nov 05, 2014 5:30 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'approuve ce que dit Haydn quant à l'attention et à la courtoisie du TCE vis à vis de ses clients. J'ai eu un problème avec un abonnement il y a quelques années et ils ont rattrapé la chose avec beaucoup de gentillesse.


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LucyOnTheMoon



Inscrit le: 18 Nov 2008
Messages: 984

MessagePosté le: Mer Nov 05, 2014 6:13 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Compte-rendu 100% people de la représentation du 3 novembre, dans Le Monde : http://www.lemonde.fr/economie-francaise/article/2014/11/05/un-choix-cornelien-pour-les-grands-patrons_4518520_1656968.html
Article réservé aux abonnés, mais sera sans doute disponible en intégralité dans quelques jours, pour ceux qui aiment lire des listes de noms ! Quasiment rien sur le spectacle, tout juste apprend-on que contrairement aux principaux contributeurs du forum (donc pas moi Wink ) les journalistes (il en fallait au moins deux pour commettre ça !) ont beaucoup aimé le duo Osta-Leriche Wink
Citation:
Sur scène, le danseur étoile Nicolas Le Riche a livré un époustouflant duo avec son épouse Clairemarie Osta. Dans la salle, tout ce que la capitale compte de financiers, d’industriels, et de politiques « pro-business », venus avec leurs conjoints, se mêlait au Paris gay dont M. Villin est un mécène revendiqué. Une prestation, en termes de carnet d’adresses, aussi éblouissante que les portés de M. Le Riche.


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sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22087

MessagePosté le: Mer Nov 05, 2014 6:15 pm    Sujet du message: Répondre en citant

La presse parisienne toujours plus préoccupée, dans ce genre de circonstances, de mondanités que de spectacle, quoi qu'il en soit au-dessus de toute critique et donc traité à coup de deux ou trois lieux communs... Je n'en attendais pas moins! Smile


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Florestiano



Inscrit le: 28 Mai 2010
Messages: 1802

MessagePosté le: Mer Nov 05, 2014 6:20 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Les deux journalistes sont de l'équipe Économie de la rédaction... Après la "tribune" dans Challenges (presse économique encore, comme quoi, pas de hasards), la danse ne me semble qu'un prétexte.
L'un comme l'autre des articles relèvent à mon sens d'une offensive de communication et témoignent plus de la volonté de M. Villin de faire étalage de son influence sur la place parisienne (à l'occasion des 20 ans de son cabinet de conseil) que d'un intérêt réel pour le spectacle.


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Joelle



Inscrit le: 06 Avr 2013
Messages: 882

MessagePosté le: Mer Nov 05, 2014 6:24 pm    Sujet du message: Répondre en citant

LucyOnTheMoon a écrit:
Compte-rendu 100% people de la représentation du 3 novembre, dans Le Monde : http://www.lemonde.fr/economie-francaise/article/2014/11/05/un-choix-cornelien-pour-les-grands-patrons_4518520_1656968.html
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Citation:
Sur scène, le danseur étoile Nicolas Le Riche a livré un époustouflant duo avec son épouse Clairemarie Osta. Dans la salle, tout ce que la capitale compte de financiers, d’industriels, et de politiques « pro-business », venus avec leurs conjoints, se mêlait au Paris gay dont M. Villin est un mécène revendiqué. Une prestation, en termes de carnet d’adresses, aussi éblouissante que les portés de M. Le Riche.



C'était donc cette fameuse "générale" du lundi...


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sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
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MessagePosté le: Sam Nov 08, 2014 2:27 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Deux * dans le FT pour la Carte Blanche à Nicolas Le Riche.


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haydn
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Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26517

MessagePosté le: Mar Nov 11, 2014 9:28 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Et mon propre commentaire, qui va être mis en ligne également sur le site, avec les photos du spectacle. Accouchement long et difficile...



______________________________________________________________

L'affiche était prometteuse, et le tout-Paris s'était donné rendez-vous au Théâtre des Champs-Elysées pour cette «carte blanche» à Nicolas Le Riche. La popularité du danseur étoile de l'Opéra de Paris, adulé du public, n'a manifestement pas faibli depuis son départ à la retraite il y a cinq mois.

Pourtant, certaines espérances auront été déçues. Tout d'abord, le programme a été amputé de l'un de ses plats de résistance, Critical Mass, de Russell Maliphant, suite à la blessure inopinée du chorégraphe et danseur britannique, vieux complice de Nicolas Le Riche, avec lequel il devait interpréter ce pas de deux. Russell Maliphant est l'une des principales figures du ballet contemporain Outre-Manche. En France, il est surtout connu pour ses collaborations régulières avec Sylvie Guillem.

Ainsi émondée, la soirée perdait certes une partie de son sel, mais A Suite of Dances, qui ouvrait le spectacle, devait être de nature à nous faire oublier ces contrariétés. Nicolas Le Riche n'avait-il pas travaillé cet ouvrage mythique – créé pour Mikhaïl Barychnikov - lors de son entrée au répertoire de l'Opéra de Paris en 1996 avec Jerome Robbins en personne, deux ans avant le décès de ce dernier? Lors d'une conférence de presse, M. Le Riche, se remémorant les séances de répétitions, avait déclaré que Jerome Robbins, dont il se sentait particulièrement proche, était le seul chorégraphe qui pouvait lui demander de recommencer vingt fois de suite le même enchaînement, sans qu'il perde patience. Si le bonheur de danser de Nicolas Le Riche est demeuré manifestement intact, on déplorait cependant l'absence d'une vraie interaction avec la violoncelliste Martine Bailly, chargée d'interpréter sur scène les extraits des 1ère, 5ème et 6ème Suites de Jean-Sébastien Bach, sur lesquels est construite la pièce de Robbins. L'instrument et le danseur doivent tour à tour s'affronter et fusionner, en une sorte de Dialogue de l'ombre double, pour paraphraser Boulez et Claudel. Un tel échange faisait ici défaut, d'autant que la musicienne – ancienne soliste de l'orchestre de l'Opéra de Paris, et qui avait été choisie en personne par Robbins pour assurer les représentations de 1996 – a connu quelques défaillances que l'on n'attendait pas d'une artiste de ce niveau, notamment dans la gigue conclusive de la Suite en Sol Majeur.

Suivait Une Après-midi, où l'on retrouvait Nicolas Le Riche, non plus danseur, mais chorégraphe. L'ouvrage, dont c'était la première représentation, avait été programmé en remplacement d'Annonciation, d'Angelin Preljocaj, devenu renonciation suite à l'indisponibilité d'Eleonora Abbagnato, qui devait interpréter le pas de deux aux côtés de Clairemarie Osta. Cette dernière aura donc dû se «contenter» d'un solo, écrit par son propre époux sur la célèbre partition du Prélude à l'après-midi d'un faune, de Debussy. Une Après-midi a indiscutablement remporté un vif succès auprès du public. L'idée de tracer une sorte de pendant féminin à la chorégraphie de Nijinsky était en soi séduisante. Dommage tout de même qu'elle n'ait pas été menée à bout, et que Nicolas Le Riche se soit contenté de faire tracer à Mlle Osta de jolies arabesques, qui n'étaient d'ailleurs pas sans rappeler celles de la Lune, dans Caligula, ballet d'une soirée entière commandé par l'Opéra de Paris à M. Le Riche en 2005.

Aires migratoires, d'Hervé Diasnas, se fondait aussi sur un propos alléchant : «inspiré des bancs de poisson ou des vols d'étourneaux, le vol dansé est une technique chorégraphique de danse chorale unique. L'orientation spatiale et ses mécanismes de repères sont reconsidérés pour des déplacements omnidirectionnels, libérés des contraintes ordinaires», nous dit la plaquette de présentation. On pouvait espérer une application à la danse des principes de la stochastique, chers à Xenakis, ou rêver à une sorte de grande polyphonie aviaire, telle l'Epode qui conclut Chronochromie, d'Olivier Messiaen. Las, Hervé Diasnas ne va pas au bout de son ambition, et nous donne à voir un simili-Papageno armé d'une sorte de flûte électronique, qui tente avec plus ou moins de réussite de mettre en mouvement son groupe chorégraphique. Et c'est finalement la musique électro-acoustique, dont Hervé Diasnas est également l'auteur qui, paradoxalement, convainc le plus. Bref, une belle idée, dont il reste à extraire toute la substance.

Noblesse oblige, c'est à un Nicolas Le Riche à la fois danseur et chorégraphe que revenait l'honneur de conclure la soirée. Odyssée est un pas de deux sinon autobiographique, du moins évocateur d'épisodes de la vie personnelle de l'artiste et de sa compagne, Clairemarie Osta. Le choix de cette pièce intimiste pour achever une soirée de gala est assez surprenant et osé. Point d'apothéose, de dernier triomphe. Une danse en nuances de gris, tout comme les costumes, à laquelle manque encore l'énergique coup de pinceau qui donnera au mouvement l'ampleur, la direction nécessaires.



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haydn
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MessagePosté le: Jeu Nov 13, 2014 12:34 pm    Sujet du message: Répondre en citant

La critique est également en ligne sur le site de Dansomanie, avec les illustrations ad-hoc (pas de photos disponibles malheureusement pour Aires Migratoires d'Hervé Diasnas).




04 novembre 2014 : Carte blanche à Nicolas Le Riche, au Théâtre des Champs-Élysées



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MessagePosté le: Lun Nov 24, 2014 9:04 pm    Sujet du message: Répondre en citant

José Martinez, à peine rentré de Chine, repart dès demain, 25 novembre, au Japon, en tournée avec la CND, mais il a tout de même pris le temps de recevoir la presse dans les locaux des Productions Internationales Albert Sarfati, co-organisateurs de la saison de danse au Théâtre des Champs-Élysées. La réunion, d'une durée d'environ une heure, a été très dense, avec quelques annonces-choc, dont la plus marquante aura été celle du départ à la retraite du chorégraphe Mats Ek, qui devrait se faire progressivement à partir de 2016, et qui devrait, à terme, conduire à la disparition de ses chorégraphies du répertoire des compagnies de danse.





    Quel est l'état de la danse en Espagne ? C'est compliqué, il y a eu une crise grave en Espagne, et la danse a été affaiblie. Par exemple, le nombre de spectacles chorégraphiques a été réduit de 40% en trois ans. Beaucoup de petites compagnies ont mis la clé sous la porte. Paradoxalement, à la CND, comme on a élargi le répertoire, et qu'on a commencé à monter des ouvrages classiques, on a pu augmenter le nombre de nos représentations. Mais on est quasiment la seule compagnie de danse en Espagne à avoir pu faire cela. Lors de ma première année en tant que directeur, en 2012, nous avons eu 36 représentations – lorsque je suis arrivé à la CND, il n'y avait plus de répertoire, Nacho Duato était parti avec toutes ses pièces, et aucun spectacle n'était programmé -, en 2013 on est passé à 60 représentations, pour arriver à 70 dates en 2014. C'est une progression très importante, compte-tenu du contexte dans lequel la CND se trouve. On a pu y parvenir grâce à l'enrichissement de notre répertoire, et maintenant, on peut venir une année dans un théâtre présenter un spectacle contemporain, et l'année suivante, un ballet classique. On s'est constitué de la sorte tout un réseau de théâtres, qui nous permet de tourner régulièrement dans toute l'Espagne, chose qui était impossible avant. Il y a beaucoup de théâtres en Espagne susceptibles de nous accueillir. Malheureusement, pour des raisons budgétaires, ils sont obligés de restreindre le nombre de représentations, et cela nous oblige nous aussi à être plus sélectifs dans le choix des ouvrages qu'on va donner. On ne peut pas se permettre n'importe quoi. Mais il y a un énorme potentiel en ce qui concerne les infrastructures, quasiment toutes les villes espagnoles ont un théâtre ou un auditorium, parfois les deux en même temps. Mais ces salles sont sous utilisées. Valence est un cas typique. Nous retournons déjà régulièrement au Teatro principal, et là, nous allons essayer de nous produire au Grand Théâtre. Ce sont de très belles salles, mais dans lesquelles il n'y a presque pas d'activité. Même au Liceu de Barcelone, l'essentiel de la saison est consacré au lyrique, et il n'y a que très peu de place faite à la danse. Nous sommes en négociation avec eux depuis pas mal de temps, et les pourparlers sont en train d'aboutir. Nous devrions nous y produire en tournée en 2015-2016. Au Teatro Real, à Madrid, on rencontre le même genre de problème. Avant, on pouvait faire huit soirées avec un même spectacle de ballet, aujourd'hui on est limité à la moitié, même si c'est une compagnie aussi prestigieuse que le Mariinsky qui est invitée. Au Teatro Real, c'est devenu la règle : quatre représentations par compagnie, pas une de plus.

    Même avec une troupe d'un peu plus de 40 danseurs, on pourrait assurer bien davantage que les 70 spectacles – tournées incluses – auxquels nous sommes arrivés l'an dernier. Nous avons pas mal de pièces contemporaines à notre répertoire, et il est rare qu'un chorégraphe actuel demande 40 danseurs en même temps pour une production. D'où notre volonté d'intensifier nos déplacements dans toute l'Espagne.

    En « copiant » un peu l'Opéra de Paris, j'ai divisé la compagnie en deux groupes, un groupe plus « classique », qui assure des représentations avec 25-30 danseurs, et un autre, plus réduit, davantage spécialisé dans le contemporain. De toute façon, beaucoup de théâtres en Espagne, dans les petites villes, ne pourraient accueillir sur scène 40 danseurs à la fois. Je rassemble la totalité de l'effectif lorsque nous montons de grosses productions. On peut ainsi s'adapter plus facilement aux lieux où l'on va danser. Ça donne davantage de flexibilité à la compagnie, ce qui nous permet ensuite d'accroître le nombre de spectacles.

    L'essentiel de notre budget est assuré par une subvention de l'Etat espagnol. Comme partout, on doit commencer à rechercher des sponsors, car les budgets rétrécissent régulièrement. Mais nous restons une compagnie nationale, financée en majeure partie par l'Etat, qui paye notamment la totalité des salaires des danseurs. Cela nous protège un peu, et malgré la crise économique, nous avons même pu augmenter légèrement notre effectif et passer de 42 à 44 danseurs. Là ou nous avons rencontré le plus de difficultés, financièrement parlant, c'est en ce qui concerne les budgets consacrés à la créations et aux tournées. Cela dit, quand j'ai pris la direction de la CND, je savais ce qui m'attendait. J'étais conscient que nous étions dans une période de crise, que les budgets allaient être réduits d'année en année, et j'ai conçu mon projet en tenant compte de cela.

    Heureusement, le public est très réceptif, il y a une forte demande en matière de ballet classique, d'autant qu'il n'y en a pas eu au répertoire de la CND durant les vingt-cinq années qui ont précédé mon arrivée. Il n'y avait plus de compagnie espagnole de danse classique, et cela a créé aujourd'hui une grande attente de la part du public.

    Quand j'ai pris mes fonctions, la compagnie comptait 42 danseurs, tous engagés avec des contrats de deux ans. Certains sont partis volontairement, mais je n'ai pas eu à procéder à des licenciements. J'ai fait évoluer très progressivement le style de la troupe, en continuant à faire venir des chorégraphes tels Kylián, Forsythe ou encore Ohad Naharin, des gens avec qui ils avaient l'habitude de travailler. Il n'y a pas eu de rupture brutale, j'ai élargi peu a peu le répertoire, en laissant aux danseurs le temps nécessaire pour s'accoutumer. Depuis quatre ans que je dirige la CND, sur les 42 artistes recrutés par Nacho Duato, il en reste 22, 20 ont été remplacés [et deux postes supplémentaires ont été créés]. Les nouveaux danseurs que j'ai recrutés ont un profil plus classique, et c'est maintenant un peu comme si j'avais deux compagnies réunies en une seule.

    Le spectacle que nous allons présenter au Théâtre des Champs-Élysées, à Paris, du 27 au 29 janvier 2015, réunira des danseurs des deux groupes, choisis par les chorégraphes en fonction de leurs besoins. [Les groupes ne sont pas séparés au moment des castings] et les chorégraphes sélectionnent les danseurs qui leur conviennent.

    L'un des objectifs, à mon arrivée à la CND, était aussi de remonter des grands ballets classiques. Avec 44 danseurs seulement, ce n'est pas forcément évident, mais on peut y arriver. Là, je vais monter un Don Quichotte. Pour une compagnie espagnole, c'est un peu une obligation! Je vais pouvoir recruter quelques surnuméraires, juste pour cette production, un peu comme le fait Charles Jude à Bordeaux. On est bien d'accord, l'idéal serait d'avoir environ 70 danseurs, mais... Et ce qui nous fait aussi défaut, c'est une « maison », un théâtre fixe dans lequel nous pourrions organiser notre saison. En fait, nous sommes une compagnie itinérante, même si nous disposons de nos propres studios de répétition. Mais nous n'avons pas « notre » théâtre. Je dois chaque année négocier des dates de spectacles avec les trois théâtres madrilènes où nous nous produisons. Au Teatro Real, lorsque Gerard Mortier était directeur, les choses étaient relativement simples. Après, il a fallu tout reprendre à zéro, mais on s'est débrouillés, et aujourd'hui, tout est de nouveau en place. A partir de cette année, nous aurons chaque saison une production au Teatro Real, une au Teatro de la Zarzuela et une au Teatro Matadero (qui est un peu l'équivalent local du Théâtre de la Ville, à Paris). Ca nous permet de toucher un public plus vaste, car au Teatro Real, le prix des places est élevé – comparable aux tarifs de l'Opéra de Paris – et cela suscite des plaintes de la part des spectateurs mécontents de ne pas pouvoir assister aux représentations de la Compagnie nationale, financée avec les impôts des Espagnols. Là maintenant, avec les trois théâtres, c'est un peu comme si à Paris le ballet jouait à la fois à l'Opéra, au Châtelet et à la Villette. On touche ainsi des publics différents dans chacun des lieux.

    Le spectacle que nous allons proposer à Paris, au Théâtre des Champs-Élysées, est un peu à l'image de la nouvelle identité que je souhaite donner à la compagnie. Mon projet possède trois facettes : les grands chorégraphes d'aujourd'hui, les chorégraphes espagnols et le retour au classique et au néo-classique. A Paris, ce seront surtout les deux premiers aspects de cette politique artistique qui seront mis en avant, avec d'abord Mats Ek (Casi Casa), l'un des très grands chorégraphes actuels et Itzik Galili, peut-être un peu moins connu en France, et dont nous présenterons Sub, une pièce originellement créée pour le Rambert Ballet, qui l'a très peu dansé. Itzik Galili l'a ensuite donnée à la CND. C'est une pièce qui demande beaucoup de force, d'énergie, et qui mène les danseurs presque jusqu'à l'épuisement. Nous montrerons également Extremely Close, d'Alejandro Cerrudo, jeune chorégraphe espagnol actuellement en résidence à la Hubbard Street Dance Company à Chicago. Je veux et je dois donner une chance aux chorégraphes espagnols, je dois monter leur travail, et ça nous permet aussi d'affirmer notre identité à l'étranger. Nous devons exporter la danse espagnole non seulement au niveau des interprètes, mais aussi au niveau des créateurs. Extremely Close est l'antithèse de Sub d'Izik Galili. Elle est toute de douceur, le temps y semble suspendu. Cerrudo est très influencé par Kylián, chez qui il a été danseur. Mon but est de présenter des personnalités et des talents très variés. Casi Casa, elle, parlera comme beaucoup de pièces de Mats Ek, de la vie quotidienne des gens, dans toutes ses différences, à l'image des artistes de la CND. Pour Casi Casa, Mats Ek s'est basé sur la chorégraphie d'Appartement, qu'il avait créée pour l'Opéra de Paris. Le point de départ a été le « solo du fauteuil », avec un personnage qui traverse ensuite différentes scènes évoquant les relations humaines, l'amour, la haine, la difficulté à communiquer... le style est encore plus dynamique, plus resserré que dans Appartement, et cela demande peut-être encore davantage d'engagement de la part des interprètes. Mais comme toujours chez Mats Ek, c'est très écrit, il n'y a pas de place pour l'improvisation. Pour les danseurs de la CND, c'est presque comme un ballet classique. J'avais moi-même beaucoup travaillé avec Mats Ek lorsque j'étais à l'Opéra de Paris, avec Giselle, puis la création d'Appartement et enfin La Maison de Bernarda. J'avais envie de le faire découvrir aux danseurs de la CND. Pour un directeur de compagnie, c'est un peu un luxe de pouvoir choisir les chorégraphes avec qui il souhaite travailler. Les choses ont été un peu facilitées par les relations que j'avais déjà avec Mats Ek, qui est un chorégraphe très difficile à obtenir. Le plus dur a été de trouver un lieu pour la première. Ek voulait absolument que la création ait lieu le 17 mai 2014. J'ai commencé à prospecter pour trouver, en Espagne, un théâtre disponible ce jour là. Il y avait une possibilité à Séville, et c'est donc là-bas que s'est déroulée la première représentation ! Ce sont les aléas de la vie du directeur d'une compagnie qui n'a pas de théâtre attitré. Les difficultés que peut rencontrer par exemple Manuel Legris – avec qui je parlais récemment, pour préparer sa saison à Vienne sont d'une nature très différente. Ici, chaque nouvelle production est une véritable aventure.

    J'ai pensé à faire entrer d'autres pièces de Mats Ek au répertoire de la CND – pourquoi pas La Maison de Bernarda – mais, à partir de 2016, Ek veut progressivement réduire ses activités. Lorsqu'il est venu avec son épouse, Ana Laguna, pour les répétitions de Casi-Casa, il nous a fait comprendre qu'il serait encore là pendant un ou deux ans pour s'occuper de ses chorégraphies, mais qu'après, il ne faudrait plus compter sur lui. Est-ce à dire que ses ouvrages ne seront plus représentés ensuite ? Il nous a indiqué que ses ballets seraient sans doute encore interprétés par une génération de danseurs, mais ensuite, ils ne seraient plus transmis de la manière dont il le voulait, puisqu'il ne serait plus là. Il a trouvé une jolie image pour expliquer cela. Il nous a dit que ses pièces étaient comme le sable d'une plage, que l'eau emporte progressivement. Ek préfère que son œuvre soit quelque chose qui a existé à un moment donné, mais qui ne se transmettra pas, car cela risquerait d'être déformé, de perdre l'identité qu'il a souhaité lui donner. J'espère, avant qu'il ne prenne sa retraite pour de bon, le persuader de revenir une dernière fois à la CND. Il sera à Paris pour les représentations au TCE, et je dois utiliser cette opportunité pour le convaincre.

    Une trentaine de danseurs feront le déplacement à Paris. Les autres resteront à Madrid pour commencer à préparer Don Quichotte. En fait, le projet est déjà sur les rails. A Murcie, en février, on donnera ce que j'ai appelé « Suite Don Quichotte », un condensé du 1er et du 3ème acte qui dure environ 40 minutes. Ça permettra de travailler la chorégraphie, car dans une petite compagnie comme la CND, on ne peut pas se permettre de tout bloquer pendant deux mois consécutifs pour monter une production.




[2ème partie à suivre]



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MessagePosté le: Mar Nov 25, 2014 12:03 am    Sujet du message: Répondre en citant



    La CND ne possède pas sa propre école de danse, mais elle entretient de bonnes relations avec les établissements d'enseignement madrilènes. Il y a plusieurs conservatoires à Madrid, et notamment le Conservatorio Superior de Danza María de Ávila, qui est celui où le niveau des élèves est le meilleur. J'y ai encore donné des master classes il y a quelques jours. Les garçons sont très très bons. J'en ai engagé deux l'an passé. Même si le conservatoire María de Ávila n'est pas directement rattaché à la compagnie, c'est un peu pareil. Les filles, c'est un peu différent, on n'arrive pas à avoir le même niveau, mais les choses progressent. A la CND, les auditions sont ouvertes à tout le monde, mais comme je vois que les gens du Conservatoire ont un excellent niveau, je les prends. Dans la compagnie, il y a 14 nationalités, il y a des Asiatiques – deux Coréennes et une Japonaise notamment, des Brésiliens, donc c'est très ouvert. Mais, évidemment, entre deux danseurs / danseuses de niveau équivalent, je donne la priorité à l'Espagnol(e). Quand on veut développer un répertoire classique, c'est difficile de construire un corps de ballet avec des gens d'horizons très différents. C'est plus facile de prendre des jeunes qui viennent d'une même école, qui ont déjà une même façon de danser, une identité commune. Si, dans le futur, je veux monter un (i]Don Quichotte[/i] ou une Giselle, il faut que je prenne des gens qui dansent de la même manière. Ainsi, en recrutant des élèves du Conservatoire, je finis de les former, pour créer un corps de ballet [homogène] et repérer [parmi eux] les solistes de demain.

    Souvent, les directeurs de compagnie préfèrent engager des danseurs qui ont déjà deux ou trois ans d'expérience. Moi, j'essaye de trouver un équilibre entre les deux. Je pense qu'il faut prendre le temps de finir de former les gens, pour avoir cette homogénéité que demande un corps de ballet, et c'est pour cela que j'ai commencé à recruter davantage d'élèves du Conservatoire. Mais j'ai aussi quelques danseurs qui viennent de l'Ecole de l'Opéra de Paris, qui ont fait quelques années en tant que surnuméraires avant d'intégrer d'autres compagnies, et qui maintenant viennent auditionner chez moi. Quand j'ai pris la direction de la CND, sur 42 danseurs, 4 étaient espagnols. Aujourd'hui, il y a 18 espagnols, même s'il y a toujours de nombreux étrangers également. Il y a pas mal d'Italiens et de Français parmi nous, et au total, la troupe compte 14 nationalités différentes.

    Comme je le disais toute à l'heure, l'école espagnole de danse est caractérisée – pour les hommes du moins – par une très forte technique, et beaucoup d'engagement, d'investissement dans le travail. Mais les danseurs étrangers prennent aussi les habitudes locales, et nous en avons, dans la compagnie, qui sont si bien intégrés que leur style est presque plus « espagnol » que celui des danseurs espagnols eux-mêmes.

    En ce qui concerne les prochaines tournées, après le Japon et Paris, nous irons en Allemagne au mois d'avril [à Fürth, en Bavière], avec à l'affiche une pièce intitulée Nippon-Koku. Après, nous irons en Italie, puis au Brésil au mois de juillet. L'an prochain, il est prévu – mais pas encore confirmé - que nous allions au Festival de danse de Cannes. Comme je vous le disais, nous sommes une compagnie « itinérante », qui n'a pas vraiment de maison. Le gros de notre activité se déroule en tournée, en Espagne et à l'étranger. Les destinations varient selon les saisons. Cette fois, c'était surtout l'Asie, après ce sera l'Amérique du Sud. En 2016-2017, nous devrions aller aux États-Unis, à New York. Les choses se mettent en place progressivement.

    Un autre ancien de l'Opéra de Paris, Jean-Philippe Dury, s'est également établi en Espagne. Il a dansé à la CND à l'époque de Nacho Duato, et encore une année sous ma direction. Après, il a souhaité créer sa propre compagnie. Mais nous continuons de collaborer, en ce sens que certains danseurs de la CND vont à l'occasion travailler avec lui, notamment pour les pièces de Nacho Duato, qui, paradoxalement, sont interdites à la CND, mais autorisées à la compagnie de Jean-Philippe [Elephant in the Black Box]. Jean-Philippe Dury arrive à obtenir les permissions auprès de Nacho Duato, et donc, je lui « prête » des danseurs qui vont interpréter les pièces de Nacho avec lui! C'est l'amorce d'une collaboration. Pour l'instant, Jean-Philippe Dury n'a pas fait de chorégraphie pour la CND, mais on lui accorde certaines facilités, comme l'utilisation de nos studios de répétition.

    En dépit des difficultés économiques, l'Espagne attire toujours des artistes étrangers. Je découvre cela. Malgré tous les problèmes, les gens viennent quand même. On n'a pas les budgets qu'on voudrait, on rogne sur les éclairages, il y a moins de temps de répétition, mais les spectacles se font quand même. Il y a comme une envie d'aller de l'avant, quoiqu'il advienne. Il y a beaucoup de petites compagnies comme celle de Jean-Philippe, qui vivent un peu au jour le jour, montent une production, attendent que l'argent revienne pour passer à la suivante, mais cela entretient une vraie émulation. C'est sûr, il y a beaucoup de gens au chômage, il y a beaucoup de gens qui ne savent pas avec quoi ils vont finir le mois, mais cela provoque aussi une sorte d'entraide, de solidarité. Quand on voit que quelqu'un entreprend quelque chose, se lance dans un projet, cela suscite immédiatement de l'intérêt et les autres viennent aider celui qui ose. A la CND, on utilise nos studios de 10h00 à 16h30. Pour aider les petites compagnies à disposer d'un lieu de travail, nous avons instauré un programme de « résidences de création » ; 52 chorégraphes ont ainsi pu utiliser nos studios le soir entre 16h30 et 21h00. Cette présence a créé une émulation importante. Au bout de trois semaines, le travail de ces chorégraphes est présenté, dans les studios de la compagnie, à un public d'une quarantaine de personnes. Cela entretient une sorte de « fibre créatrice ». Les difficultés financières en Espagne incitent les gens à « faire plus avec moins ». Par exemple, lorsqu'un chorégraphe vient à la CND, je l'avertis immédiatement qu'on ne peut pas concevoir un décor trop important, car il faut qu'il soit aisément transportable en tournée, et qu'on ne peut pas disposer de plus d'une journée pour le montage et pour le démontage. Donc, il faut une scénographie adaptée à ces contraintes. Mais en même temps, ces contraintes nous obligent à être très créatifs, et je crois que c'est cela que recherchent les danseurs. On prend des risques, mais, dans le même temps, on fait plein de choses. On ne peut pas s'installer [dans la routine].

    Mon passé d'Etoile de l'Opéra de Paris a pu avoir une influence sur l'engouement actuel pour la danse en Espagne, mais ce qui a surtout fait bouger les choses, c'est l'ouverture de la compagnie à un répertoire plus large. Avant, la CND était la compagnie de Nacho Duato, et on y dansait essentiellement ses chorégraphies. De plus, la CND voyageait beaucoup à l'étranger, mais ne se produisait que peu en Espagne, et le public local ne voyait pas vraiment ce qu'on y faisait.

    La CND est une compagnie d'Etat, et il faut que le public ait accès à nos spectacles. On a commencé par varier le répertoire, puis on a développé des activités parallèles, en ouvrant les cours à des danseurs extérieurs à la troupe. La compagnie commence à avoir un rôle social important, et les gens parviennent véritablement à se l'approprier. Le 29 avril prochain, à l'occasion de la Journée Mondiale de la Danse, on va faire, dans un énorme hangar, un cours pour 250 personnes qui sera ouvert à tous les néophytes, pour qu'ils puissent découvrir ce qu'est un cours de danse. Tout cela contribue non seulement à amener des gens aux représentations, mais leur donne aussi l'impression que la compagnie est un peu « à eux ». Du coup, cela suscite de l'intérêt pour découvrir quel sera notre prochain spectacle, où nous allons aller... Même si ce n'est pas toujours évident à organiser, car il faut l'accord des danseurs et des chorégraphes, nous organisons une fois tous les quinze jours des « répétitions ouvertes ». une quarantaine de personnes peuvent assister toute la journée au cours et aux séances de travail. Mais ça donne une grande visibilité de la compagnie au sein de la société espagnole. En vérité, nous dépensons de l'argent public, donc il faut que les gens voient à quoi nous l'utilisons. Avec la crise, il y a eu des débats, pour savoir si c'était vraiment bien de dépenser tant d'argent pour la culture – même si, dans l'absolu, les sommes ne sont pas vraiment considérables - alors qu'on manque de fonds pour faire marcher les hôpitaux. C'est pour cela que, depuis mon arrivée, il était très important pour moi de donner à la compagnie une vraie mission sociale.

    [Aparté : c'est un peu le contraire de l'Opéra de Paris non ? – Rires – José Martinez : ... ce n'est pas le même profil, hein...]

    La CND est subventionnée presque exclusivement par l’État, à la différence de celle de Victor Ullate, qui, elle, dépend de la Ville de Madrid, qui en assure le financement. On a été obligé de commencer à développer le mécénat privé, et nous avons noué des accords avec une filiale espagnole du groupe LVMH ainsi qu'avec les parfums Sisheido. Mais la part du sponsoring reste encore très marginale dans notre budget. Il faut savoir que jusqu'à très récemment, en Espagne, il était interdit par la loi aux institutions subventionnées par l'Etat de solliciter des fonds extérieurs. Avec la crise, les choses ont un peu changé, mais ici, contrairement à la France, il n'existe pas par exemple d'exonération fiscale pour les dons faits au titre du mécénat.

    Le montant de notre subvention est aussi lié à celui des recettes de billetterie. Le cahier des charges nous fixe un objectif de recettes. Si l'objectif est atteint, la subvention sera également augmentée l'année suivante, sinon, pas de budget supplémentaire! En réalité, en 18 ans, jamais les objectifs fixés n'ont pu être atteints, sauf en 2013. Mais en raison de la crise, notre subvention n'a quand même pas été augmentée !

    La CND fait partie des compagnies partenaires du Prix de Lausanne. Il y a deux ans, j'étais au jury, mais l'année dernière et cette année je n'ai pas pu être présent aux épreuves, car nous avions des spectacles programmés en même temps. La situation risque d'être la même l'an prochain. En revanche, j'ai assisté cet été à un concours à Tokyo. Deux lauréates de ce concours viendront faire un stage dans la compagnie.

    J'espère que nous pourrons revenir à Paris l'an prochain, mais rien n'est encore fixé. Notre prochain défi sera la création, en avril, à Madrid, d'une Carmen montée par le chorégraphe suédois Johan Inger [qui a également travaillé pour le NDT], et on espère pouvoir présenter ce programme en tournée, avant de passer, la saison suivante, à Don Quichotte.



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