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nabucco
Inscrit le: 14 Mar 2007 Messages: 1462
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Posté le: Mer Jan 30, 2008 10:56 am Sujet du message: Le Ballet de l'Opéra de Lyon à Paris - janvier 2008 |
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Rachid Ouramdane : Superstars (2006)
William Forsythe : Enemy in the Figure (2e acte de Limb’s Theorem) (1990)
Ballet de l’Opéra National de Lyon
Paris, Théâtre de la Ville, 24 janvier 2008
En danse, comme toujours en France, point de salut hors de Paris : avant le Ballet de Lorraine ou le Ballet d’Europe, c’est donc au tour de celui de la troupe lyonnaise de venir obtenir son adoubement parisien, après une soirée Mats Ek en 2004. Compagnie au profil entièrement contemporain – comme presque toutes les compagnies françaises –, c’est à travers un programme mixte, composé d’une création récente et d’un grand classique du répertoire contemporain que la troupe dirigée par Yorgos Loukos passe l’examen devant une salle on ne peut plus comble.
La soirée commence aimablement avec la pièce de Rachid Ouramdane, créée pour le Ballet de l’Opéra de Lyon en 2006 : pendant près d’une heure, des récits venus de l’enfance des danseurs occupent le spectateur, tandis que ceux-ci, sur l’enregistrement de leur propre voix, exécutent un solo supposé refléter leur personnalité artistique. Les superstars du titre, ce sont ces héros de l’enfance dont parlent plusieurs récits : l’une aurait, mais un peu tard, rêvé d’épouser Orson Welles, l’autre fantasme sur un père inconnu dont il fait un héros révolutionnaire à la Che Guevara : tout cela est convenu, mais pas désagréable. La danse, elle, n’apporte pas plus de surprise : les sept solos taillés sur mesure pour les danseurs, plutôt doux, se ressemblent tous, et ce n’est pas l’usage de quelques trucs et astuces technologiques qui vont ranimer l’attention du spectateur. Devant tant d’amabilité, le public du Théâtre de la Ville réagit à l’unisson en applaudissant aimablement.
Après ce long prologue, la pièce de résistance paraît courte : d’une durée d’une demi-heure, la pièce centrale de la trilogie Limb’s Theorem a enthousiasmé le Théâtre de la Ville. Dix-huit ans après sa création, le spectacle a rappelé à beaucoup que Forsythe, dont les spectacles récents ont alternés heurs et malheurs, est un artiste majeur de notre temps – il est presque inutile de dire que beaucoup auraient sans doute préféré voir la trilogie complète, d’autant plus que l’Opéra de Lyon, comme le Bayerisches Staatsballett de Munich, l’a accueillie à son répertoire à la dissolution du Ballet de Francfort pour qui elle avait été créée.
Arabesques, portés, sauts divers, et même une esquisse de manège : l’ancrage classique du travail est rarement apparu de façon aussi évidente, et ce dans une pièce à la modernité sans concession. Exigeante pour les danseurs, cette pièce sombre, au noir et blanc fantomatique, l’est aussi pour les spectateurs, dont Forsythe s’emploie méthodiquement à brouiller les repères.
Plusieurs groupes de danseurs se partagent la scène, si bien qu’il devient impossible de suivre tout ce qui se passe sur la scène ; le projecteur mobile, déplacé par les danseurs, semble choisir arbitrairement ce qu’il met en évidence et ce qu’il laisse dans l’ombre. Les danseurs changent constamment de costumes, entretenant la confusion et mettant au second plan leur individualité – du moins en apparence, car la pièce fait aussi appel activement à leur sens de l’initiative, si bien que cette pièce qu’on gagne à voir plusieurs fois n’est jamais tout à fait la même. La vitesse de la danse elle-même rend vaine toute tentative de décomposition du mouvement, affolant les sens du spectateur qui n’a pas le temps de ruminer calmement la beauté de ce qu’il voit. La vitesse, un peu comme la nudité, dans la danse contemporaine, est devenue une béquille incontournable pour chorégraphes en mal d’inspiration : tous les épigones de Forsythe ne doivent pas faire oublier à quel point elle peut garder toute son efficacité, même aujourd’hui, quand elle est un instrument maîtrisé de façon virtuose et non un but en soi.
Il serait sans doute facile de trouver des interprétations psychologiques et même sociales dans cette pièce, et la vision du monde qui en sortirait ne serait sans doute pas riante : ces corps comme possédés par les gestes qu’ils exécutent, l’individualisme forcené de cette danse où l’on se regarde et se touche à peine, joint à l’anonymat de chacun que cache la quête de distinction, toute cela dresse un portrait en filigrane de notre monde qu’il serait plus confortable de ne pas voir. Mais pas de discours moralisateur ici, seulement une angoisse diffuse.
Le Ballet de l’Opéra de Lyon se tire de cet exercice périlleux avec brio, et malgré l’attitude ambiguë de Forsythe par rapport à l’individualité des danseurs il est frappant de voir à quel point chaque danseur, au gré d'éclairages extrêmes, se trouve exposé dans toute son individualité. C’est un peu le paradoxe de cette soirée : tandis qu’une pièce centrée sur le « vécu » des danseurs finit à force de banalité par gommer leur individualité, c’est dans la pièce la plus abstraite qu’ils parviennent à s’exprimer le plus librement.
Forsythe et Lyon, la suite : Le Ballet de l’Opéra de Lyon sera en tournée à Brest le 8 et le 9 avril, avec trois pièces courtes, ainsi qu’à Montpellier en juin, avec l’intégralité de Limb’s Theorem.
Dernière édition par nabucco le Sam Fév 02, 2008 12:45 pm; édité 1 fois |
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26656
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Margaux
Inscrit le: 13 Mai 2005 Messages: 12
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Posté le: Ven Fév 01, 2008 9:07 pm Sujet du message: |
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Bonjour Nabucco,
Merci pour ce passionnant article sur l'opéra de Lyon,je suis particulièrement étonnée de voir que vos appaudissements ont été vers Alexis Bourbeau (et non Bourdeau) qui n'était pas sur scène car il n'était pas programmé , dans cet extrait de Forsythe,d'ailleurs il ne faisait pas partie de la tournée au theatre de la ville .
Cela ne fait pas très serieux .
Vous avez du confondre avec un autre danseur, il ne faut pas toujours croire que dès que l'on voit un bon danseur il a forcément une formation "opéra de paris" ,la prochaine fois Nabucco, vous qui êtes porte- parole du Théatre de la ville , portez vos lunettes .
Je suis ravie de savoir que l'examen de passage de l'opéra de Lyon s'est bien passé , ouf .
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26656
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Posté le: Ven Fév 01, 2008 9:28 pm Sujet du message: |
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Merci d'éviter les invectives visant les personnes.
S'il est parfaitement légitime de relever des inexactitude ou des imprécisions dans un compte-rendu, que la courtoisie reste néanmoins de mise.
Précision : Nabucco n'est en aucun cas le "porte-parole du Théâtre de la Ville", institution avec laquelle il n'a aucun lien, mais l'envoyé de Dansomanie, accrédité pour couvrir le spectacle. La feuille de distribution comportait peut être une erreur, et je suppose que Nabucco sera en mesure d'apporter les éclaircissements nécessaires. Peut-être s'agit-il aussi d'un remplacement de dernière minute ; Alexis Bourbeau était, si je ne me trompe, l'un des interprètes habituels de Limb’s Theorem en alternance avec Louis-Clément Da Costa, non?
Pourriez-vous peut-être nous dire quel danseur, selon vous, Margaux, exécutait alors cette pièce de Forsythe, si vous avez assisté à la représentation en question?
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Margaux
Inscrit le: 13 Mai 2005 Messages: 12
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Posté le: Sam Fév 02, 2008 1:07 am Sujet du message: |
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Bonsoir Haydn,
Désolée , je ne voulais pas être irrespectueuse, cependant, dans le deuxième tableau de Limb' theorem "Enemy" , Alexis Bourbeau et Louis -Clement Da Costa n'ont jamais été distribués, pas plus que dans Limb's1 d'ailleurs
Ils dansent en alternance dans le final de Limb's3.
Si Nabucco a remarqué un danseur de couleur il s'agissait de Corey Scott-Gilbert revenu de San Francisco (grand danseur de 2 mètres), difficile à confondre avec Alexis par la taille .
La feuille de distribution ne comportait pas d'erreur et il n'y a pas eu de changement de dernière minute.
Cordialement
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26656
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Posté le: Sam Fév 02, 2008 1:13 am Sujet du message: |
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Ma remarque portait uniquement sur la forme, Margaux, je tiens toujours a éviter que les débats ne dérapent vers les invectives.
Sur le fond, vos observations étaient parfaitement légitimes. Je n'ai pas encore pu joindre Nabucco pour comprendre l'origine de cette méprise. Ma préoccupation constante est le sérieux des commentaires mis en ligne sur Dansomanie, et il est évident que si une telle faute est avérée, je vois dois des excuses.
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nabucco
Inscrit le: 14 Mar 2007 Messages: 1462
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Posté le: Sam Fév 02, 2008 1:32 am Sujet du message: |
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J'ai tout simplement utilisé le trombinoscope du ballet sur le site de l'Opéra de Lyon, et comme je ne suis pas très physionomiste (euphémisme) voilà ce qui arrive (en outre le danseur que vous citez n'y figure pas!)... Toutes mes excuses aux deux danseurs concernés et aux lecteurs de Dansomanie.
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nabucco
Inscrit le: 14 Mar 2007 Messages: 1462
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Posté le: Sam Fév 02, 2008 12:46 pm Sujet du message: |
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J'ai modifié le message en conséquence, ce qui ne change en aucune façon le fond de ma pensée.
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26656
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Posté le: Sam Fév 02, 2008 1:06 pm Sujet du message: |
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Nous allons clore ce débat malheureux, en présentant, au nom de Dansomanie, nos excuses aux artistes dont les noms ont été confondus.
Morale de l'histoire tout de même :
1) Il serait judicieux que les distributions soient clairement annoncées sur les programmes (ce qui n'était semble-t-il pas le cas).
2) Pour éviter à l'avenir ce genre de bévue, en l'absence d'indication officielle, je veillerai, avant toute publication, à demander au service presse concerné, de nous confirmer les distributions réelles des spectacles chroniqués.
Dernière édition par haydn le Sam Fév 02, 2008 10:59 pm; édité 1 fois |
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Margaux
Inscrit le: 13 Mai 2005 Messages: 12
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Posté le: Sam Fév 02, 2008 10:26 pm Sujet du message: |
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Merci Haydn de vous proposer de contrôler à l'avenir.
Je vous confirme et reconfirme que le programme du Théâtre de la Ville ne comportait aucune erreur concernant la distribution.
Mes sources d'information émanent de danseurs qui étaient sur scène et que je connais personnellement.
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kreul
Inscrit le: 22 Avr 2006 Messages: 288
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nabucco
Inscrit le: 14 Mar 2007 Messages: 1462
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Posté le: Dim Fév 03, 2008 11:15 am Sujet du message: |
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Pour les huées, je n'ai pas fait d'euphémisme: il n'y en a eu aucune le soir où j'y étais. En ce qui me concerne, j'avais détesté la chose de Jérôme Bel, qui disait des choses au moins aussi convenues...
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