Nouvelles du Ballet du Capitole de Toulouse

[Gonfu]

C'est vrai que c'est un peu frustrant de voir la presse généraliste s’intéresser au Ballet du Capitole seulement quand un parisien montre le bout de son nez. Mais c'est toujours ça, au moins maintenant ils savent qu'il n'y a pas que l'ONP.

Je ne suis qu'un jeune amateur inexpérimenté mais voici quelques rapides réactions suite à la première (ATTENTION SPOILERS ) :

Le décor
Au début j'ai trouvé la scène un peu vide (certes, pour danser, il faut de la place). Finalement, en voyant sa mobilité et les multiples combinaisons possibles, j'ai beaucoup aimé : c'était un décor très vivant. L’esthétique renvoyant aux azulejos s'intégrait très bien dans l’œuvre. Les accessoires représentés par les lustres et les chaises ont permis de très belles créations chorégraphiques.

Les costumes
Dans l'ensemble très beaux. Un bon mélange de costumes d'époque et de modernité. Don Pedro et Doña Ines assez classiques, le roi Ferrante très imposant et effrayant, ses sbires, sobres et froids, jouent bien leur rôle, les mortes renouvellent originalement le classique ballet blanc. Par contre, j'ai totalement bloqué sur les bouffons... Une mention très spéciale au costume de l'Infante que j'ai adoré et qui réserve une surprise vraiment inattendue! Lors de la conférence d'avant représentation, Kader Belarbi a parlé d'intemporalité dans les costumes. Je ne comprends pas pourquoi. J'ai trouvé clairement qu'ils renvoyaient au XIVe siècle portugais (ou du moins aux costumes ibériques des siècles passés), tout en intégrant une pointe de modernité pour ne pas faire trop "cucu". C'est tout à fait ce que j'attends dans ce genre de production.

La musique
La musique de Tchaikovsky s'intègre très bien et la présence de quelques leitmotivs donnent l'agréable impression au bout de quelques minutes d'être familier de ce ballet. La partition met bien en valeur la psychologie de chaque personnage et aide beaucoup à la narration. J'ai reconnu quelques morceaux, mais ce ne sont tout de même pas les gros tubes de Tchaikovsky, donc ça ne gênait pas du tout. Le solo de violon sur le pas de deux était une vraie perle qui sublimait l'amour des deux amants. J'ai donc beaucoup aimé la partition (il faut dire que la prestation de l'orchestre était excellente), mais je suis tout de même curieux de voir ce qu'aurait donné l'idée initiale de Kader Belarbi qui était l'intégration de musique du Moyen Age espagnol (j'avais été subjugué par cette musique qui accompagnait Por Vos Mueros de Nacho Duato).

La chorégraphie
Avant tout, je précise que je n'y connais rien en chorégraphies et techniques de danse et je ne juge qu'au travers de mon regard d'amateur ignorant. J'ai trouvé le début un peu mou... je n'ai pas réussi à rentrer dans le ballet avant l'adage du roi Ferrante (magnifique). Le début avec le bal de la cour ne m'a intéressé que pour les costumes. L'intervention des bouffons, qui a coupé avec le vocabulaire classique en essayant d'intégrer un peu d'humour et de cirque, n'a fait que me sortir encore plus du ballet. On rentre ensuite dans le cœur de la narration : l'adage du roi fut très émouvant et l’intervention de l'infante vexée (pas plutôt contemporains) m'a totalement scotché (les jambes de Paola Pagano n'y sont sans doute pas pour rien...). Viennent ensuite plusieurs pas de deux des amants. Je crois que Maria Gutierrez pourrait danser n'importe quoi, sa légèreté me fascinera toujours autant ! Les ensembles des sbires du roi étaient tous agréables car ils imposaient leur présence menaçante. Ils m'ont beaucoup rappelé les ensembles du ballet Les Trois Mousquetaires de Prokovsky (Théâtre du Capitole Décembre 2010). Pour moi deux choses ont marqué cette chorégraphie : le jeux des chaises qui revenait à plusieurs reprises, toujours avec ingéniosité, et qui permettait des effets très originaux, et la "danse du rideau" de Doña Ines qui m'a plongé dans un pur moment de volupté et d'onirisme.

La narration, le livret
C'est un élément essentiel dans un ballet... narratif. Avant d'aller voir la représentation, j'ai lu la pièce de Montherlant (que je conseille !) et je me suis bien renseigné sur les faits historiques. Pour moi, la découpe du ballet me semblait évidente : fin acte I = décapitation de Doña Ines. J'étais tellement sûr de moi que j'étais persuadé que, par je ne sais quel abstractionnisme, la fin de l'acte I symbolisait la mort d'Ines. Je fus alors très surpris de la voir en pleine forme au début de l'acte II... En parlant de décapitation, je fus déçu de ne pas y assister. Comme l'a dit M Belarbi lui-même en conférence, c'est cet acte barbare qui sépare clairement cette tragédie du ballet romantique où la mort est un acte romantique (vous me comprenez...) donnée à coup de poignard ou autre empoisonnement. Du coup la transition entre les pas de deux amoureux et la danse désespérée avec un fantôme a été un peu floue pour moi. Je n'ai pas trop compris la présence de la prison : Ines y entrait et sortait (je pensais que c'était un fantôme mais non elle était toujours vivante) alors que Don Pedro y était bloqué avant de finalement en sortir lui aussi... j'ai pas compris. La prise de conscience de Don Pedro était très bien mise en scène (danse avec une partenaire fantomatique très légère qui devenait de plus en plus lourde jusqu'à devenir un corps encombrant et inanimé). J'ai aussi beaucoup aimé le dualité Don Pedro / roi Ferrante au travers de plusieurs "duels" symétriques. Pour finir, le raccourci pris sur l'histoire réelle avec l'assassinat brutal du roi par Don Pedro m'a totalement convaincu. Elle n'a fait que lui donner un coté œdipien accentuant l'aspect tragique de ce ballet.

Pour conclure, malgré un début un peu difficile j'ai beaucoup apprécié cette œuvre de Kader Belarbi qui, je l'espère, fera de belles choses par la suite en reprenant la compagnie. Pour moi ce ballet mériterait de rester dans l'Histoire pour sa proximité des grands ballets classiques que j'adore et sa vision et conception très moderne (il faut dire qu'avec une telle source littéraire il y a de quoi faire un grand ballet).

[JMJ]

Merci Gonfu pour ces impressions, qui confirment à peu près les miennes.
C'est vrai que la danse avec le rideau est une très belle idée chorégraphique, que j'aurais du mentionner dans mon article.

Autre chose: êtes-vous allé à Bordeaux finalement?
J'aimerais connaître votre avis sur la soirée Wainrot
dans le fil approprié bien sûr

[Gonfu]

Voici un lien vers la critique du site Classic Toulouse (Robert Pénavayre) : http://www.classictoulouse.com/danse-capitole-2011-2012-reine-morte2.html

[haydn]

Merci pour votre commentaire Gonfu.

La critique de Jean-Marc Jacquin, qui nous représentait au Capitole de Toulouse, est en ligne aussi à présent sur le site de Dansomanie :




6 octobre 2011 : La Reine morte, création de Kader Belarbi

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[LucyOnTheMoon]

J'ai assisté à la représentation de La Reine Morte samedi soir, et l'interprète principale de la première distribution initialement prévue ayant été annoncée souffrante, nous avons eu droit à la seconde distribution. J'annonce d'emblée un coup de coeur total sur les deux principaux interprètes masculins - Davit Galstyan dans le rôle de Don Pedro (saute très haut et en plus est expressif ) et Henrik Victorin ("simple" membre du corps de ballet, m'a beaucoup fait penser à Wilfried Romoli) dans celui du Roi Ferrante.
Première impression : étonnement devant une salle à moitié-vide (1er rang désert, beaucoup de places libres au 2e rang ainsi que dans les loges du fond et les balcons) - question à l'habitué des lieux JMJ : c'est toujours comme ça ??
Impression générale sur le ballet : il faudra selon moi beaucoup plus que "quelques retouches de détails" pour transformer cette pièce en chef-d'oeuvre inoubliable - et pourtant il y a déjà beaucoup de travail et quelques scènes superbes auxquelles il ne faut surtout pas toucher. D'autres en revanche sont parfaitement dispensables ou méritent en tout cas un sacré coup de ciseaux.
L'interminable scène des bouffons d'abord m'a fait craindre le pire - ne parlons même pas des costumes, anachroniques et très laids. On peut à la rigueur admettre que la présence de bouffons soit nécessaire dans un bal de cour - mais pas que leurs facéties mangent plus de la moitié de la scène, alors que par ailleurs l'Infante a à peine droit à 5 minutes de solo ! C'est, on peut le dire, marcher sur la tête. En revanche, une fois que l'on a rangé les clowns au placard, et que le bal commence véritablement, j'ai apprécié cette danse plutôt d'inspiration baroque - à ce qu'il m'a semblé - et du coup j'ai même trouvé ça trop court !
Autre séquence "inutile", ou en tout cas à repenser complètement, "l'acte blanc" évoqué par JMJ dans sa critique, pour moi une référence trop explicite aux Willis de Giselle et qui n'a pas lieu d'être ici. Quitte à représenter des spectres ou des réminiscences de l'aimée défunte, je pense que Belarbi aurait plutôt dû s'auto-plagier en s'inspirant de l'un des derniers tableaux de Hurlevent, ça fonctionnait très bien alors et ça fonctionnerait très bien ici.
Parlons de ce qui marche : le rôle de Ferrante, de A à Z, rien à jeter. Le solo de l'Infante, même si trop bref. L'arrestation du prêtre. Tout le deuxième acte (sauf la séquence des mariées défuntes) et en particulier la scène de la "salle du conseil" avec ces conseillers (dont le costume et certains éléments chorégraphiques m'ont rappelé les "sénateurs" dans le Caligula de Le Riche ) juchés sur des chaises immenses - visuellement c'est très réussi ; et bien sûr cette séquence magnifique où Inès se débat dans le rideau sombre... Si je n'avais pas lu la critique d'Ariane Bavelier évoquant Kaguyahime, je n'y aurais même pas pensé, tant le propos est différent dans un ballet et dans l'autre.
Pour sûr cette Reine morte est truffée de références plus ou moins explicites du début à la fin. Certaines sont intégrées avec beaucoup de naturel, si bien qu'il est finalement difficile de parler de "référence" (Mats Ek pour Ferrante ? Kaguyahime pour le rideau ? Neumeier pour les portés qui emmènent Pedro et Inès aux limites de l'épuisement ??), d'autres sont trop appuyées (Giselle) et l'effet est raté...
Sur la musique : le choix de Tchaïkovski n'est pas le plus mauvais, mais si Belarbi avait eu le temps et la possibilité d'aller au bout de son idée initiale d'utiliser des musiques anciennes espagnoles, peut-être que l'ensemble aurait été un peu plus cohérent, y compris sur le plan chorégraphique... mais ce n'est qu'une supposition.
Dernier mot enfin sur l'interprète d'Inès - elle aussi membre du corps de ballet : une peu d'inquiétude au début car elle apparaissait très guindée et dotée seulement de deux expressions faciales... mais elle s'est "détendue" tout au long du ballet, et j'ai vu dans les derniers tableaux une très grande interprète (même si sa résistance physique a été mise à rude épreuve - si j'ai bien compris elle et son partenaire ont enchaîné deux représentations le même jour ?!). Je lui souhaite de monter rapidement en grade !

[Gonfu]

Je vois que les critiques semblent être toutes à peu près sur la même longueur d'onde.

Pour vous répondre sur le remplissage de la salle, Toulouse est une ville de tradition lyrique. Son théâtre (environ 1200 places) est la plupart du temps complet et il est même souvent difficile d'y avoir des places lors des représentations lyriques. Cependant, ce n'est malheureusement pas le même combat pour le ballet. Lors des représentations chorégraphiques, la salle ne fait pas toujours le plein mais son taux de remplissage est tout de même important grâce à un public d'amateurs fidèles. Je m'étonne quand même qu'un samedi soir la salle vous ait parue si vide... Pour ma part, lors de la première, j'ai eu l'impression que la salle était remplie (j'étais au deuxième rang qui était, comme le 1er, complètement rempli).

[JMJ]

Je ne savais pas que la danse avec le rideau était reprise de Kaguyahime. En tout cas c'est très beau.

Cette suite de citations diverses pose question.
On dirait que Belarbi a voulu une sorte de ballet-signature où il récapitulait l'ensemble de ses influences (de sa carrière? mais je ne sais pas s'il a dansé Kaguyahime).
Autre chose m'a gêné: le manque d'homogénéité, inhabituel, pour les ensembles mais je ne sais pas si c'est dû à la difficulté de la chorégraphie ou à un manque de travail. Il y avait aussi une part de voulu: les courtisans qui bougent sans cesse pendant la danse des bouffons (contrairement au schéma Petipa) n'est pas très heureux.. C'est en partie ça qui rend l'apparition des "vilis" peu intéressante.

Pour le remplissage, le week-end prolongé a peut-être fait partir le public habituel d'étudiants.

Tant mieux si la distribution 2 vous a plu, LucyOnTheMoon . Je regrette de ne pas l'avoir vue. Galstyan a toutes les qualités à présent pour rendre justice au rôle de Don Pedro. Victorin est presque toujours distribué en soliste (excellent Hilarion entre autres). Il me semblait que Valerio Mangianti était insurpassable dans le roi mais c'est un rôle tellement fort. Quant à Tatyana Ten, c'est la nouvelle perle du Capitole. Le fait de se voir offrir le premier rôle à la fois par la directrice actuelle (Giselle) et par le futur directeur est un gage d'avenir pour elle.

Au fait vous avez compris l'histoire du mouchoir, sinon pour faire une autre citation?

Sinon il faudrait qu'ils arrêtent ce système d'enchainement 15h et 20h le samedi car c'est une plaie pour les danseurs.

[JMJ]

Jean Glavany, grand amateur de danse, s'est déplacé à Toulouse pour voir la création de Kader Belarbi.
Son commentaire est minimaliste, mais il a tenu à le signaler dans son blog:
http://jglavany.skyrock.com/3043701755-La-Reine-Morte-de-Kader-BELARBI.html

[JMJ]

Distributions annoncées pour Casse-Noisette, au théâtre du capitole:

Maria Gutierrez Clara | Davit Galstyan Casse-Noisette
Magali Guerry | Tatyana Ten* La Fée dragée
Kazbek Akhmedyarov | Takafumi Watanabe* Le Prince Bienfaisant

23, 27*, 28, 30*, 31 décembre à 20h
24*, 25 décembre à 15h

A noter une double distribution pour la fée et le prince, qui dansent le pas de deux du deuxième acte.

[haydn]

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[Gonfu]

Ce n'est pas directement lié à la danse mais vous pouvez voir gratuitement, pendant quelques jours, le concert de l'orchestre du Capitole enregistré hier soir à la Halle aux Grains, au lien suivant : http://fr.medici.tv/#!/tugan-sokhiev-olga-borodina-orchestre-national-du-capitole

Au programme :
- la magnifique ouverture fantaisie de Roméo et Juliette de Tchaïkovski,
- Les chants et danses de la mort de Moussorgski, interprétés par Olga Borodina,
- Symphonie n°1 de Brahms

C'est l'occasion de découvrir ou redécouvrir l'orchestre qui accompagne souvent le Ballet du Capitole

[haydn]

Et après Casse-Noisette, soirée américaine :

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[haydn]

Petite vidéo diffusée par France3 sur Casse-Noisette, à l'affiche du Ballet du Capitole jusqu'au 31/12 :

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[haydn]

J'ai supprimé un message tout à fait excessif. On peut ne pas aimer une production et le dire, mais là, on entrait dans le domaine de la malveillance et de l'injure... merci de votre compréhension.

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[Lulu]

De l'injure! Avez-vous ce spectacle Haydn? Je pense être tout à fait objective! J'ai été choquée par ce spectacle. Pardonnez-moi, ce n'est qu'une critique. Mais j'ai rectifié mon message que je fait suivre ici.