Giselle [ONP Garnier 27/05 - 14/06/2016]

[chloe.c]

Merci Sophia !

[paco]

[mirage]

Du coup, MOB danse ce soir? Je l'espère pour elle.. J'attends avec impatience vos retours?
Et concernant L. Pagliero (que j'adore), K. Paquette et F. Gorse, des nouvelles?? Une photo de Fanny Gorse en Myrtha est apparue sur Facebook, je suis sûre qu'elle a été magistrale dans un de ses premiers vrais grands rôles.

[Elsen]

(Pardon, je ne parviens pas à placer la citation de Paco au bon endroit)

[Delph']

Quelqu'un peut-il dire si MOB a dansé hier soir et si elle dansera bien ce soir?
Je n'ose plus espérer ce rendez-vous…
La dernière mise à jour du site de l'Opéra date du 3 juin…
Merci d'avance!

[Gimi]

[eloisa]

Elle a bien dansé hier soir. Si c'est cela qu'on appelle "peiné"....je veux bien être à la peine tous les soirs. J'étais moins bien placée que d'habitude mais j'ai été enthousiasmée: bras magnifiques, équilibres...

[haydn]

Je confirme et c'est aussi elle qui danse ce soir, sauf catastrophe de dernière minute. Pouvez-vous nous en dire un peu plus eloisa? Et Mathias Heymann en Albrecht?

Ce soir, en plus, la tv japonaise (NHK, je pense) tourne un documentaire sur Hannah O'Neill, et filmera quelques images de sa Myrtha.

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[caroletta]

Est-ce que quelqu'un a vu la représentation avec Ludmila Pagliero et Karl Paquette? Je suis curieuse de lire vos avis de balletomanes avertis

[haydn]

[caroletta]

Merci Haydn, j'avais lu ce compte-rendu mais j'espérais que d'autres viendraient le compléter.

[Delph']

Myriam Ould- Braham a donc bien dancé ce soir. Merci pour vos messages que j'ai juste eu le temps de lire.
C'était mon premier rendez-vous (après de nombreux manqués) avec cette magnifique danseuse. Je n'ai pas été déçue!!!
Superbe, splendide. Sa Giselle m'a donné la chair de poule!!
Ses arabesques effectivement étaient superbes, même si je rêve d'avoir des arabesques un jour à l'ONP suspendus sur la musique...
Son interprétation était vraie, rien de surjoué.
Bon évidemment je n'ai pas vu Dorothée Gilbert et, je serai donc très intéressée d'avoir l'avis de quelqu'un qui a vu les 2 représentations.
Mathias Heymann campait très bien le rôle d'Albrecht. Le duo fonctionnait bien. J'ai compté les entrechats (pour Haydn), j'en ai compté 28. Mais quel élan et quelle hauteur! Le public n'a pu s'empêcher d'applaudir... Est ce cela qui l'a fait arrêter?
Eléonore Guerineau faisait le pas de deux des paysans avec Pablo Legasa. Tres joli duo, bien envolé. Je veux bien croire que sa Giselle valait le détour également. Pablo était également très bien. Je ne me souviens pas l'avoir déjà vu... Mais j'ai la mémoire courte! J'ai juste remarqué qu'il avait du mal à tenir la danseuse dans l'axe dans les pirouettes. Je ne sais pas à cause de quoi cela peut être du.
François Alu a fait une belle performance, mais aussi fan que je puisse être, ce n'est pas dans ce rôle que je le préfère.
La reine des wilis ce soir était Hannah O'Neill. J'adore la technique de cette danseuse, mais je pense qu'elle doit encore s'améliorer sur l'interprétation. Sa reine des wilis était très froide, très distante. Bon évidemment le rôle n'aide pas.
Le corps de ballet était superbe. Je n'ai pas vu de croix (peut-être pas très bien placée pour la voir).
En résumé, une magnifique soirée, comme on aime les voir!! Le public était unanime...

[Joelle]

Pour faire très bref, vendredi soir c'était superbe... et ce soir cela a été sublime...

[sophia]

Belle représentation, dont la réussite tient à la fois à la qualité spirituelle apportée par Myriam Ould-Braham au rôle-titre et à l'homogénéité des seconds rôles, bien plus probants, c'est peu de le dire, que lors des soirées précédentes.

S'il est un rôle du répertoire qui était fait pour Myriam Ould-Braham, c'est bien celui de Giselle. Par-delà sa blondeur et sa petitesse, aptes à faire revivre le fantasme de la blonde "Carlotta aux yeux de violette", sa danse aérienne et rêveuse semblait la destiner naturellement à incarner cette héroïne. Ce rôle, elle aurait pu (ou dû) y faire ses débuts dès 2009, série où elle était initialement remplaçante - mais pas encore étoile. Las, entre non-programmation du ballet et blessures, elle ne l'aura abordé que bien - trop - tardivement et, comble de malchance, son début parisien, annoncé de longue date, aura encore été retardé. Un tel rôle devrait pourtant mûrir et grandir avec une ballerine. Qui ne voit là les perversités de ce système des séries, lequel, associé à l'éclectisme radical des programmations ONP (on ne parle même pas des changements de direction), empêche littéralement les solistes, réels ou potentiels, et les étoiles de s'approprier des rôles qui sont, ailleurs, des rôles d'une vie?

La fragilité de Myriam Ould-Braham, sa danse gracieuse - au sens propre - et cristalline apportent une résonance particulière à sa Giselle, qui brille moins qu'elle ne touche. Mutatis mutandis, car le style est malgré tout différent, elle m'a plus spontanément évoqué les Giselle d'Osmolkina, vue au Mariinsky il y a deux mois, ou de Lunkina, l'une des plus belles à mon sens, que des Giselle parisiennes (ou alors peut-être Elisabeth Maurin, que je n'ai vue qu'à la toute fin de sa carrière). Trêve de comparaisons, sa Giselle est unique - moins fille de la terre que fille du ciel, simple, naturelle, joyeuse, un brin timide et craintive, mais déjà prise dans un rêve d'ailleurs dès le premier acte. Au second acte, elle n'est pas tant un fantôme, un spectre revenu sur terre, qu'un ange, une créature séraphique, dont la danse, toute d'amour et d'abandon humains, dit le désir de pardon et de rédemption. Elle est, de toutes les interprètes de Giselle vues cette années, la seule peut-être qui parvienne à rendre véritablement sensible l'inspiration chrétienne d'un ballet par ailleurs syncrétique. La question a été soulevée - mais j'en aurai parlé -, il faut quand même être honnête, sinon les commentaires n'ont plus de sens : si elle parvient à suggérer l'évanescence avec des équilibres réussis, globalement, ce n'est pas le même accomplissement technique que Dorothée Gilbert (après, il est difficile de savoir après si cela tient ou non à son arrêt récent). La variation du premier acte est même franchement décevante, avec des sautés sur pointes à la peine et une diagonale qui n'avance pas, et dans le second acte, la prudence est de mise, notamment lors de la "toupie" d'entrée. L'Albrecht de Mathias Heymann est l'autre raison pour laquelle je ne mettrais pas ce couple au même niveau que Gilbert/Ganio ou Gilbert/Muntagirov. Mathias Heymann nous offre évidemment sa superbe danse - et des entrechats aériens - au second acte. Son entrée n'a pas le glamour cinématographique de celle de Mathieu Ganio, mais le couple, appuyé sur l'empathie naturelle de Myriam Ould-Braham, réussit à être touchant. En revanche, le premier acte, presque essentiellement pantomimique, reste un point noir. Cet Albrecht n'a rien d'un prince - ou d'un comte - ni même d'un séducteur égaré venu d'un autre monde, il a plutôt l'air d'un petit jeune homme mélancolique perdu dans la foule - un Roméo peut-être, pas un Albrecht pour sûr.

Comme dit plus haut, les seconds rôles étaient, lors de cette soirée, de très très grande qualité. Avec François Alu, on a enfin trouvé un Hilarion vivant, charismatique, d'une théâtralité de tous les instants - pas un hipster à barbe déguisé en péquenot! Rugueux et néanmoins sympathique, cet Hilarion sait se montrer amoureux, oui, amoureux fou, de Giselle, et face à l'Albrecht, pas très combatif il est vrai, de Mathias Heymann, c'est lui que l'on a envie de soutenir! Frustré de danse dans le premier acte, il s'en donne à coeur joie - si l'on peut dire - lors de son agonie, sans pour autant en faire une démonstration de hauteur de saut. Enfermé dans le cercle des vierges guerrières, il fait de cette autre scène de folie un tableau quasi faustien, dont on ne regrettera qu'une chose, qu'il ne soit pas accompagné par un orchestre à la hauteur, résonnant aussi puissamment que celui que nous a fait écouter plus haut Haydn. Par le passé, j'ai adoré Phavorin dans ce rôle. Alu, dont j'ai dit que je ne l'avais pas apprécié plus que cela dans le pas de deux des Paysans, vient maintenant le rejoindre dans mon panthéon parisien.

Hannah O'Neill est de son côté une Myrtha de grande classe, saisissante par sa seule présence - pour moi la meilleure de la série -, et une Myrtha comme je n'en ai pas vue depuis très longtemps (jamais peut-être) à l'Opéra. Son entrée est absolument irréelle, avec des menés sur pointes qui semblent glisser au sol. A la fois autoritaire et évanescente, elle apporte des nuances bienvenues au rôle, évitant de tomber dans le piège de la cheftaine de troupe à l'air impitoyable, un tantinet caricaturale. Pour ne rien gâcher - ou pour tout sauver -, elle saute haut et bien, danse grand et large, et pour moi, c'est un aspect fondamental dans ce rôle, qui ne peut que laisser frustré quand il est absent.

Le pas de deux des Paysans a enfin été ce qu'il devrait être et n'a pas été pour moi jusqu'à présent dans cette série, du moins pas complètement : un pur moment de bonheur, celui que procure une virtuosité accomplie et vécue sur le mode euphorique (ce type de pas n'est purge que si les danseurs le rendent ennuyeux). Il nous fallait donc bien Eléonore Guérineau, à la danse bondissante et merveilleusement articulée, pour le sublimer, accompagné dans cet exercice par Pablo Legasa qui, s'il n'est pas encore tout à fait irréprochable et s'il n'a pas non plus l'expérience scénique de sa partenaire, s'inscrit dans la lignée d'un Emmanuel Thibault - je ne peux pas trouver de meilleur compliment.

Conclusion générale sur cette série contrastée de Giselle (je n'ai pas vu Pagliero/Paquette) : si j'ai pu sortir de certaines représentations avec une impression mitigée (voire consternée), je trouve tout de même qu'il y a bien plus de Giselle enthousiasmantes aujourd'hui à l'Opéra de Paris qu'il y a sept ou dix ans. Plus réservée en revanche sur les Albrecht, dont deux seulement (un étant invité) m'ont vraiment emballée. Quant à Myrtha, je n'ai désormais qu'un mot : Hannah!

https://twitter.com/dansomanie/status/741730552135491584

[Delph']

Je vous rejoins complètement Sophia dans votre commentaire très lyrique. Quel régal, impression de revivre la soirée.
C'est vrai qu'en regardant Myriam Ould Braham danser, je lui trouvais quelque chose de russe dans le port de tête et le buste. Ne l'ayant jamais vue dans un autre rôle, je ne puis dire si cela se révèle généralement ou particulièrement dans Giselle. Je regrette tellement qu'elle n'ait pas dansé Juliette...
Sa blondeur et sa taille effectivement collent à la peau du personnage.
Quant à Eléonore Guerineau, on voit qu'elle a plaisir à danser et c'est communicatif (c'est souvent le cas avec les sujets). C'est cela qui est beau aussi à regarder.