La Bayadère [Opéra Bastille 17 novembre - 31 décembre 2015]

[Elisa]

Ils étaient attendus et ils n'ont pas déçu! Quelle représentation ! Oui, François Alu et Myriam Ould-Braham ont vraiment cassé la baraque.

Lui est un Solor plus guerrier et moins princier que ne peut l'être Josua Hoffalt. Dès le 1er acte, il bouffe littéralement la scène. Elle est une Nikiya aérienne, presque immatérielle et quelle interprète! Les deux ensemble donne un couple plein de passion. Leur partenariat est intense, on vit leur histoire d'amour avec eux. Les portés sont stables, le pas-de-deux du 1er acte très fort, j'en avais des frissons.

Myriam Ould-Braham est vraiment une interprète à part. Après l'amoureuse passionnée du 1er acte, sa Nikiya devient une amoureuse trahie, mélancolique dans le 2eme. Ses bras sont d'une grande délicatesse et ses cambrés magnifiques. Les regards avec Gamzatti et Solor pendant la variation du serpent étaient très intéressants.

Charline Giezendanner campe une Gamzatti très princesse, un peu trop peut-être. Un peu éclipsée par François Alu, elle parvient tout de même à se faire remarquer dans l'acte 2 en offrant des variations d'une grande propreté. Malgré l'extraordinaire personnalité de François Alu, le trio m'a paru équilibré. Je n'ai pas eu l'impression de voir 2 couples indépendants mais bel et bien un vrai trio amoureux.

Evidemment, LA star de cette représentation, c'était François Alu. Encore une fois, quelle présence! Quel technique ! Quel ballon ! Le contraste est impressionnant entre la puissance de ses sauts et la délicatesse de ses réceptions. Ayant toujours vu la Bayadère dansée par Josua Hoffalt, j'ai découvert la "vraie" variation de l'acte 3 hier soir, avec les fameux doubles tours en l'air. François Alu les enchaîne avec une facilité déconcertante. C'est vraiment un grand danseur et la frustration du public à la fin du spectacle alors qu'il n'a - toujours - pas été nommé Etoile était palpable...

Un dernier mot sur les 2nd rôles: belle Idole (très) dorée d'Emmanuel Thibault. Parmi les autres, je remarque Mélanie Hurel. Aubane Philbert m'a de nouveau paru fébrile dans la 1ere variation.
Dans le corps de ballet, Héloïse Bourdon et Hannah O'Neill se détachent.

Comme vous Haydn, j'étais au 2nd balcon et j'ai remarqué quelques défauts dans l'alignement des danseuses.

L'orchestre était de meilleure facture que la veille si ce n'est la descente des Ombres qui m'a semblé extrêmement lente, presque ennuyante (et pourtant, dieu sait que j'aime ce passage du ballet!)

[Emilie1]

Tout a déjà été dit sur la Bayadère d'hier soir. Quelle magnifique représentation !
François Alu a en effet été explosif et a déclenché, au gré de ses variations successives, une horde de bravos et d'applaudissements bien mérités. Alors certes, ses détracteurs diront qu'il n'est pas un prince, ni un danseur académique pur mais on s'en fiche : au moins avec lui on passe de bons moments, on retient notre souffle et on se régale.
Côté partenariat, je trouve qu'il s'est amélioré et était hier soir bien moins brut de décoffrage que ce qu'il a pu être...
J'attendais patiemment un micro sur scène lors des saluts. Finalement, pour une nomination, on repassera (mais quand ?)...

Myriam Ould- Braham est une Nikyia de porcelaine, très spirituelle, très fine, très délicate qui présente un travail très abouti de ports de bras.

Je rejoins Haydn à propos de Charline Giezendanner. J'ai beaucoup apprécié son interprétation : Gamzatti n'est pas qu'une princesse gâtée blessée dans son orgueil mais aussi une vraie jeune femme amoureuse et trahie.

Parmi les seconds rôles, soulignons toujours les mêmes : Sabrina Mallem dans la danse indienne, Emmanuel Thibault dans l'Idole dorée, Aubane Philbert délicieuse Manou et puis, encore et toujours, Eléonore Guérineau.

Placée au parterre, les problèmes d'alignement du corps de ballet notamment, soulignés par Haydn dans l'acte II, ne m'ont pas sauté aux yeux.
J'ai été cependant beaucoup agacée / étonnée plus de voir les ombres si tremblotantes après leur descente (bien menée par Calista Ruat)

Enfin bon, je pinaille car, en vérité, la soirée fut très belle...

[Joelle]

Pour compléter l'excellente soirée d'hier, je dirais que l'épreuve des doubles sauts assemblés a été franchie de façon alu-cinante (mauvais jeu de mots je sais).

En revanche, j'ai cru noter quelques portés un peu périlleux... Mais je pense/j'espère que les prochaines représentations verront une amélioration à ce sujet (oui, j'y retourne le 22 et le 26 déc !!!)

J'ai adoré E. Thibault en Idole Dorée, interprétation tout à fait différente de celle de F. Alu, mais superbe aussi.

Revoir MOB sur scène était un plaisir de tous les instants.... Trop rare...

C. Giezendanner m'a semblé manquer un peu de peps dans certains passages qui m'ont laissée dubitative....

J'ai beaucoup aimé M. Hurel, E. Guérineau et S. Mallem. Un vrai plaisir !
A. Philbert a eu l'air moins à l'aise dans sa variation.

Le violon à l'acte III nous a encore fait des siennes...

Mais j'y retourne volontiers demain soir pour le tandem Bourdon/Hernandez !

[Raymonda]

merci à tous pour ces récits et les photos superbes ! Je vais avoir du mal à attendre la représentation du 22, en espérant qu'elle tienne ses promesses (la barre est placée très haut ! mais cela fait plaisir de voir des commentaires aussi dithyrambiques)

[Skywie]

cette photo est magnifique Joelle ! oh oui alors vous nous faites rêver avec vos commentaires, ça me donne envie d'y retourner !

[Alvaro]

je me réjouis du leur grand succès. C'est un plaisir lire vos chroniques.
La photo est fabuleuse. Myriam et François, c'est le couple idéal.
Hannah O'Neill, comme toujours, souriante et belle.
Je ne sais pas si je me trompe, mais crois-je que je vois sur la photo aussi Sarah Kora Dayanova ?

[Joelle]

J'ai bien vu SK Dayanova danser dans le premier acte en tant que Bayadère, mais je ne suis pas sûre de l'avoir vue ensuite dans l'acte III des Ombres... même si la fiche de distribution remise hier soir indique son nom...

[sophia]

Elle est au fond sur votre photo, Joelle!

[Joelle]

Je n'étais point sûre...

[Swann]

Oui, merci à vous, Joëlle, pour cette très belle photo. On y voit tellement bien la fougue de François Alu, et la délicatesse de Myriam Ould-Braham.
Est-ce Héloise Bourdon que l'on voit à droite ?

[Joelle]

Naaannn, ce n'est pas Héloïse (cette fois j'en suis sûre ! )

Héloïse était plutôt par là...

[Buddy]

Je suis d'accord.

J'étais là hier soir et j'ai trouvé Myriam Ould-Braham être -- Absolument Magnifique !

Si possible, je voudrais écrire plus peut-être demain.

[Sun]

Swann, la jeune fille à droite sur la photo est Marion Gautier de Charnacé.

[juthri]

Je profite des quelques heures restantes pour écrire à mon tour sur la représentation d'hier soir, avant que l'actualité ne se concentre sur la deuxième du duo Bourdon/Hernandez.

"Evidences" est le mot qui caractérise mon ressenti à l'issue de ce ballet.

La première et plus spectaculaire d'entre elle étant bien sûr François Alu et sa qualité d'étoile à défaut du statut (ce dernier n'entrant sans doute pas dans la stratégie de Benjamin Millepied actuellement). Même si ce n'est après tout qu'anecdotique (aurais-je pris plus de plaisir hier soir s'il y avait écrit "Etoile" sur la distribution ???), espérons pour le danseur que la voix du public d'hier soit entendue comme un "stello subito" (désolé pour l'italien de cuisine )

Pour tenter une comparaison avec mon ressenti de la prestation du danseur Mexicain il y a quelques jours, même si les compositions sont singulièrement différentes, je serais ennuyé de devoir en privilégier une : Isaac Hernandez est l'incarnation des qualités pseudo-manquantes chez François Alu certes, comme une forme d'élégance traditionnelle ou de grâce académique naturelle (ils n'ont juste pas le même physique...). Mais les deux qualités d'interprétation se valent, l'une très intériorisée, l'autre extravagante, la qualité de partenariat aussi, et la virtuosité technique du moins dans son aspect spectaculaire était manifestement du côté du français : même vitesse de rotation mais tours mieux maîtrisés, et élévation bien supérieure (même si plus brut de décollage, sans la qualité de double détente du néo-Anglais et une plus grande souplesse de réception).
Après c'est une histoire de goût personnel, mais le mien penche vers le danseur maison car je ne sais s'il rend vraiment les autres danseurs meilleurs autour de lui, ou s'il a un tel effet sur mon humeur que mon jugement s'en trouve transformé, mais les ballets avec lui me semblent toujours plus réussis !

Deuxième évidence : avec la Bayadère, pour faire un grand ballet, il faut une grande Gamzatti. L'histoire repose définitivement sur le trio et son homogénéité, et cela a été signalé, c'était réellement le cas hier soir. Et enfin une interprétation, donnée par Charline Giezendanner, qui rend grâce au personnage de victime de "l'autre" (l'espèce de danseuse du ventre effrontée qui se permet de venir lui piquer son promis, non mais !). Plus sérieusement j'ai toujours vu la "méchante" comme l'autre facette d'une même histoire tragique (les deux victimes du même amour) : si c'est Nikiya qui meurt au 2ème acte, c'est bien Gamzatti qui disparaît du ballet en même temps... Donc j'aime que les interprétations se rejoignent, quelque part à l'inverse des Odette/Odile qui doivent être un peu caricaturales chacune car dansées par la même interprète.
Alors, même si Charline Giezendanner a un peu perdu en juvénilité ce qu'elle a gagné en maturité, sa proposition est celle qui se rapproche le plus de ma lecture.

Comme il est déjà bien tard (la faute à un RER loupé à la sortie du Malandain Ballet à Versailles) un peu pêle-mêle mes autres "évidences" : Emmanuel Thibault en Idole dorée (parfaite ce soir-ci), Sabrina Mallem (tiens elle n'était pas première de cordée des ombres cette fois ?), Aubane Philbert en Manou (la seule qui me fait aimer cette danse, qui rend rarement grâce à son interprète), mon envie de décerner un Prix Vigliotti à Antoine Kirscher pour l'année 2015 et sa théâtralité extrême (Alain + Fakir) et Mélanie Hurel en 2e ombre (mais c'est toujours la 2e ombre que je préfère ou presque).

Je finirai en me prétendant plus embêté pour commenter la Nikiya de Myriam Ould-Braham : ai-je le droit de penser qu'elle a été la plus réussie des 3 que j'ai vues (avec Dorothée Gilbert et Héloïse Bourdon), mais que ce n'est pas celle qui m'a le plus emballée ? Non ? Trop tard
Pleinement réussie car techniquement rien à dire ou presque (un petit bout de variation du 3e acte un peu précipitée suite à une glissade), son partenariat avec François Alu était intense (la référence à Bollywood est aussi une évidence), sa danse du serpent magnifique, et son interprétation très riche. C'est juste que sa proposition est un peu trop éthérée pour moi, trop romantique, Sylphide presque, magistralement construite oui, mais simplement pas en phase avec ma lecture du personnage. Par exemple au point culminant du ballet j'ai vu une sorte de suicide par amour, alors que j'y verrais plutôt un renoncement à vivre. Après un amour trahi certes, mais plus par honneur, celui perdu d'une condition déchue de danseuse sacrée (et consacrée), qui, pour avoir cru en un amour impossible, reçoit un châtiment externe, et s'y soumet.

Malgré cette nuance ténue, voire tirée par les cheveux, de loin le meilleur ballet de ma petite série.

[Swann]

Merci Joelle et Sun !