La Bayadère [Opéra Bastille 17 novembre - 31 décembre 2015]

[sophia]

Petite vidéo trouvée sur FB.

[Gabriele Steidler]

It has nothing to do with La Bayadère, but here's a similar video from the Metropoliten Opera before a performance of Tosca.

[haydn]

Discours - sobre, on lui en sera reconnaissant - de Stéphane Lissner, minute de silence et Marseillaise en prélude à la première de La Bayadère ce soir, et public plutôt discipliné, les contrôles renforcés à l'entrée n'ayant apparemment pas généré de pagaille significative.

L'ambiance, compte-tenu des circonstances, était évidemment tendue, et la nervosité était aussi perceptible sur le plateau. Résultat, des chutes ou des quasi-chutes chez plusieurs des solistes principaux, et un gadin plus sévère encore pour le soliste Indien. Apparemment plus de peur que de mal, heureusement.

Mais revenons en à la danse stricto sensu. Dorothée Gilbert (Nikiya) a dominé la représentation, même si son troisième acte manquait un peu de lyrisme et d'assurance sur le plan technique. Paradoxalement, Mlle Gilbert, qui s'est plutôt forgée une réputation de technicienne, au détriment de l'expression théâtrale, s'est surtout illustrée dans le second acte, avec une très belle variation "du Serpent". Ses efforts pour améliorer son jeu d'actrice, déjà couronnés de succès dans Manon, ont à nouveau porté leurs fruits ici, et son interprétation de l'esclave qui voulait être princesse était juste et touchante.

En revanche, on peut s'interroger quand à la pertinence de l'associer avec Mathias Heymann. Les deux danseurs, excellents pris individuellement, ne forment pas un couple absolument convaincant, on avait déjà pu le constater par le passé. Mathias Heymann est bien assorti à Myriam Ould-Brahm (Sae Eun Park ou Ludmila Pagliero sont aussi des partenaires possibles pour lui), tandis que Dorothée Gilbert forme un duo parfait avec Josua Hoffalt. Dans ces conditions, la distribution de ce soir paraissait un peu contre-nature, d'autant que la Gamzatti de Hannah O'Neill, trop grande pour lui, et le mettant en difficulté dans les portés, n'a pas arrangé les affaires de M. Heymann.

L'une des attractions de la soirée devait être l'Idole Dorée de François Alu. Nous avons effectivement eu droit au festival de sauts et de pirouettes attendu, ce qui rappelait aux plus anciens des balletomanes les grands moments que nous a fait vivre Emmanuel Thibault dans ce même rôle. François Alu a malencontreusement achevé sa prestation sur une réception en déséquilibre, mais le public ne lui en a tenu aucune rigueur.

Parmi les seconds rôles, le plus remarquable fut indubitablement Hugo Vigliotti, Fakir bondissant et parfait comédien. A mon souvenir, l'un des meilleurs que j'ai vus à l'Opéra de Paris.

Autre performance notable, celle de Sabrina Mallem en Danseuse Indienne - c'est aussi elle qui a eu l'honneur d'initier la descente des Ombres à l'acte suivant -, redoutable purge technique qu'elle a déjà exécutée des dizaines de fois sur la scène de l'Opéra Bastille. Tout juste revenue après une absence d'un an pour raisons personnelles, elle a déployé une énergie époustouflante pour une danseuse qui risquait a priori de manquer encore d'entraînement.

On mentionnera également Éléonore Guérineau, un peu hésitante dans la Djampo de l'acte I, mais pétillante et pleine d'esprit en Manou dans la seconde partie.

La distribution des trois Ombres était elle aussi surprenante. En associant une jeune pousse pleine de sève (Marion Barbeau) à des danseuses soit sensiblement plus âgées soit - en théorie - peu à l'aise sur des variations brèves, de technique pure, Benjamin Millepied avait un peu pipé les dés. Si Mlle Barbeau a obtenu le succès escompté - et mérité -, ses deux comparses, Mélanie Hurel et Valentine Colasante, ne se sont pas laissé démonter et se sont toutes deux vaillamment acquittées de leur tâche.

On passera sur la disparition ridicule des "négrillons" au nom d'on ne sait quel antiracisme mal compris. Les jeunes élèves de l'école de danse se sont ainsi vu transformés en des sortes d'elfes ou de faunes, certainement à leur place dans Le Songe d'une nuit d'été mais totalement incongrus dans l'univers d'exotisme de pacotille conçu par Petipa.

Dans la fosse, Fayçal Karoui a fait du mieux qu'il pouvait, avec l'orchestre Colonne, et on lui saura gré d'avoir évité le dzim-boum-boum trop souvent associé à Minkus, tentant de rendre à la partition de la Bayadère une certaine dignité musicale. On regrettera toutefois des tempi beaucoup trop étirés - mais M. Karoui n'en porte pas forcément la responsabilité - et un solo de violon franchement douteux au troisième acte.



[texte édité et complété]

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[haydn]

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[Joël]

(À titre de curiosité, je signale que la danse Manou m'a fait penser à un "numéro" de danse classique indienne kuchipudi dans lequel la danseuse place un pot rempli d'eau sur sa tête https://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=6GhEpb7ygXs#t=180. Plus généralement, la représentation de femmes allant remplir des cruches d'eau est très courante dans le répertoire des danses indiennes, mais cela se fait sans accessoires.)

[paco]

[CatherineS]

Nathalie Aubin a été toute sa carrière une des quatre solistes du Grand pas classique. Elle l'a dansé dès l'entrée au répertoire en 1992 et dansait toujours à la même place jusqu'à sa fin de carrière. Pourtant elle aurait été une brillante Gamzatti. D'ailleurs elle aurait dû être première danseuse. Elle avait quelque chose en plus.
Delphine Moussin était cantonnée à la troisième Ombre avant de devenir étoile.
Etc. C'est malheureusement le cas des solistes. Elle est sujet et a au moins la chance d'avoir un rôle soliste. Elle est aussi distribuée sur la troisième Ombre.
Il vaut mieux de toute façon être distribué même sur le même rôle que de rester dans l'anonymat du cdb.

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[sophia]

On voit le même phénomène dans les compagnies russes : des solistes/demi-solistes exceptionnels - auxquels les spectateurs sont souvent très attachés -, mais dans un répertoire très particulier et très spécifique de seconds rôles (de caractère ou de variations virtuoses), et qui n'auront jamais rien de plus. Ce n'est pas dégradant (le terme de "purge", en revanche, me semble l'être) et c'est même la loi du genre, si l'on accepte que tout le monde n'est pas / ne peut pas être étoile. Tous ces ballets étaient aussi conçus de manière à refléter la hiérarchie à l'oeuvre dans la troupe impériale - du simple figurant jusqu'à l'étoile. A la limite, je trouve que ce phénomène n'est même pas très développé à Paris, car il n'y a pas, par exemple, de statut de "danseur de caractère".

[CatherineS]

Il ne faut pas oublier que ce sont les danseurs eux-mêmes qui parlent de "purges" en évoquant ces variations qu'ils dansent sans cesse. Mais bon, ils sont distribués en fonction de leur grade, et de leur emploi !

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[Nati]

en regardant les photos : l'idole dorée n'est-il pas censé être "peint" en doré ?

[haydn]

Apparemment, l'opéra laisse une certaine latitude aux interprètes. Emmanuel Thibault utilisait un maquillage intégral du corps avec un produit qu'il se procurait lui-même en Angleterre, et qui donnait cet aspect doré et brillant. Alessio Carbone, qui dansait souvent le rôle en alternance avec lui, employait un maquillage plus léger. Idem pour Karl Paquette si je me souviens bien.

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[CatherineS]

[Nati]

ok merci. Perso moi j'aime bien "le total look"

je suis curieuse de voir également les nouveaux costumes des enfants si quelqu'un a une photo. Je devrai attendre le 12/12 pour les voir "en vrai".

[PetitCygne]

Je me joins à Nati car je ne verrai pas la Bayadère sur cette série.
(et aussi parce que j'aime le total look doré !)

[Emilie1]