Nouvelles du Théâtre des Champs-Élysées

[Joelle]

pas un seul bouquet ???

[paco]

[haydn]

Quelques souvenirs, tout de même sans fleurs ni couronnes, donc :

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[haydn]

Je ne pense pas que le TCE ait voulu faire preuve de rapacité en n'offrant aucun bouquet à la "diva", d'autant que la vénérable institution de l'avenue Montaigne, n'a, contrairement à l'Opéra, pas de comptes à régler avec elle (j'avais assisté à une représentation de Manon au Palais Garnier, où elle fut copieusement sifflée par des énervés qui ne lui avaient pas pardonné sa "trahison"). J'aurais plutôt tendance à penser que c'est Sylvie Guillem elle-même qui n'a pas souhaité trop de tintouin pour ces "adieux' parisiens.


Je ferai un compte-rendu détaillé de la représentation très prochainement. En tout cas j'ai été plutôt agréablement surpris de la sobriété, justement, dont Sylvie Guillem a fait preuve. Je m'attendais à des débordements provoqués par des fans enamourés dans un état avancé de delirum tremens, mais rien de tout ça, tout le monde est resté très sage. Sylvie Guillem a salué autant de fois qu'on le lui a demandé, mais sans exagération, sans pathos.

En ce qui concerne le spectacle lui-même, j'ai été un peu déçu par Technê d'Akram Khan - chorégraphie assez insipide dans laquelle Sylvie Guillem ne paraissait d'ailleurs pas s'investir outre-mesure, et par Duo2015, un pas de deux masculin signé d'un Forsythe pas très inspiré.

J'ai en revanche, en dépit de quelques longueurs, davantage goûté Here & After de Russell Maliphant, qui avait d'étranges relents de... Forsythe justement.

Le grand moment du spectacle (là, je suis d'accord avec Paco), a été pour moi Bye de Mats Ek, construit autour de Sylvie Guillem, avec une scénographie dépouillée mais spectaculaire, et qui nécessite une synchronisation redoutable entre la danseuse et la vidéo pour produire tout son effet. Et contrairement ce qui s'est passé avec Technê, Sylvie Guillem paraissait ici totalement engagée dans sa partie.

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[haydn]

L'organisateur du spectacle, qui a lu les commentaires de Paco et Joelle, m'a écrit pour me confirmer que l'absence de tout bouquet était effectivement due à une demande expresse de Sylvie Guillem, et non à une quelconque volonté de faire des économies de bouts de chandelle. Cela ne m'étonne d'ailleurs pas franchement, vu le tempérament de la danseuse.

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[paco]

Voilà qui est clarifié et c'est une bonne nouvelle (le problème pour le TCE, c'est qu'autour de moi plusieurs personnes ont été perturbées par cette sobriété et l'ont attribuée aux organisateurs, Sylviiiiie ne leur rend pas vraiment service là...).

A part ça, je suis totalement en phase avec les commentaires de Haydn. Moi aussi j'ai trouvé les 2 premières chorégraphies très creuses. Le Akram Khan démarre plutôt bien, avec une certaine originalité des mouvements, mais finit rapidement par lasser et paraître très superficiel.
Je ne connaissais pas le Forsythe qui a été présenté. Je l'ai trouvé assez convenu, genre de numéro teinté d'humour comme on peut en voir régulièrement dans des spectacles de danse contemporaine, sans que cela ne porte forcément la signature prestigieuse d'un Forsythe. Quitte à programmer Forsythe, j'aurais mille fois préféré que Sylvie Guillem reprenne Rearray, une pièce sublime qu'elle avait créée avec Nicolas le Riche dans "6000 miles away".
De fait, quand le Maliphant démarre on se dit "ah enfin il se passe quelque chose", tant le début de cette chorégraphie est envoûtant par le travail admirable réalisé entre les éclairages et les corps, diffusant une atmosphère féérique, mordorée particulièrement saisissante. Malheureusement le chorégraphe s'enfonce en 2e partie de la pièce dans des mouvements agités très "déjà vu", ce qui déçoit tout de même un peu s'agissant d'une création. Cependant, en 1ère partie de programme c'est de loin la pièce que j'ai préférée.
De fait, dans ce contexte, le Mats Ek, qui occupe toute la 2e partie de la soirée, apparaît bien comme le chef d'oeuvre de la soirée, et il faut bien avouer qu'en personnage Pirandellien Sylvie Guillem est véritablement prodigieuse.

[sophia]

Les adieux de Sylvie Guillem vus par... Agnès Letestu, sur Culture Box.

[Alexis29]

J'ai vu ce spectacle en juillet dernier à Londres. Le grand moment de la soirée aura été pour moi le duo de Forsythe, les deux interprètes y sont prodigieux de virtuosité. Pour le reste je ne pense pas que l'immense théâtre qu'est le Coliseum convenait bien à ce spectacle finalement assez intimiste. Je m'attendais à une soirée pleine d'émotion pour ces adieux et finalement pas grand chose de ce côté-là. Il est vrai que les deux pièces d'Akram Khan et Russell Maliphant ne sont, et de loin, pas leurs chefs d'oeuvre. Reste, et ce n'est pas rien, le très joli solo de Mats Ek pour voir encore une fois cette danseuse exceptionnelle et pour se rappeler le moment où elle est apparue dans les années 80, prodigieuse et unique. Je crois qu'il est difficile d'expliquer qu'à l'époque on n'avait jamais vu ça, personne n'avait encore atteint ce niveau athlétique. Et ce dernier terme n'enlève rien à la grande artiste qu'est Sylvie Guillem...

[haydn]

Pour Paco, qui a l'oreille très musicale. Je n'en ai pas parlé dans le feu de l'action hier soir, mais n'avez-vous pas trouvé, que l’interprétation de la sonate op. 26 "Les Adieux" de Beethoven utilisée par Mats Ek pour Bye était d'une lenteur épouvantable? D'ailleurs, plus de 20mn pour cette pièce c'est énorme. Je mets ci-dessous un lien vers l'enregistrement (domaine public) d'Yves Nat - qui pour moi est une référence absolue en la matière. Il tient en à peine 14 mn, lui.

[Pour ceux qui ne seraient pas des spécialistes, contrairement à Paco ou à Serge1 Paris, Yves Nat (1890-1956) était l'un des plus grands pianistes du XXème siècle, et notamment un interprète hors pair de la musique romantique allemande : Beethoven, Schumann, Brahms. Il n'a, en raison de son caractère fantasque et mélancolique - pour ne pas dire dépressif - pas reçu la même attention des médias que d'autres monstres sacrés du clavier tels Rubinstein, attention que son génie aurait pourtant largement mérité].




L. van Beethoven, Sonate op. 26 "Les Adieux" - Yves Nat, piano

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[paco]

J'ai trouvé l'interprétation choisie par Mats Ek sublime ! Mais il est vrai que c'est une façon très "post-romantique" de jouer Beethoven...
N'ayant pas acheté le programme, je ne sais pas de quel enregistrement il s'agissait. De mémoire, il me semble que Barenboim la joue aussi très lentement, je me demande s'il ne s'agissait pas d'un extrait de son intégrale des Sonates de Beethoven

[haydn]

Bon nous aurons droit à un léger désaccord, Paco... Barenboïm effectivement prend un tempo extrêmement lent dans l'Op. 26, mais j'avais l'impression de quelque chose de plus ancien comme enregistrement. Le programme ne donne malheureusement aucune information.

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[haydn]

Personnellement j'avais pensé à Arrau, qui est d'ailleurs à peu près dans les mêmes tempi que Barenboïm, avec ce côté très schubertien en plus :

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[frederic]

L'interprétation est d'Ivo Pogorelich.

[haydn]

J'avoue que je n'aurais jamais pensé à Pogorelich, que je n'associe pas du tout à Beethoven.

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[Joelle]

Hier soir ce fut sublime... quelle danseuse.... (avec ou sans bouquets)
quelques petites larmes ont jailli de ses yeux car on ne voulait vraiment pas la laisser partir... (et ça va aller de pire en pire au fur et à mesure des représentations, je suppose)...