Les ayants droit de Serge Lifar

[Nina]

Bonjour,

Un article de Raphaël de Gubernatis paru dans Libé pour annoncer le film de Dominique Delouche "Serge Lifar musagète" m’a interrogée. Qu’en est-il des ayants droit de Serge Lifar? Est-il possible que ceux-ci demandent tellement d’argent pour que l’on remonte les ballets de Lifar que ce serait la raison pour laquelle on n’en verrait plus? Raphaël de Gubernatis semble s’interroger lui-même puisqu’il écrit : A cause, dit-on, des tarifs prohibitifs exigés par ses ayants droit pour remonter ses ballets, on n’en voit plus aucun.
Pourtant avec l’hommage qui sera rendu à Serge Lifar à Chartres comme annoncé ici même, je n’imagine pas les organisateurs payer des sommes folles pour présenter des extraits de ballets (Roméo et Juliette - Suite en Blanc), de même qu’il est difficile de comprendre que les ayants droit du chorégraphe réclament des sommes astronomiques quand on sait que Lifar accordait peu d'importance à l’argent.
Alors qu’en est-il, y a-t-il une part de vrai ou y a-t-il d'autres raisons de ne pas vouloir remonter les ballets de Lifar?

[haydn]

Je ne pense pas qu'il s'agisse vraiment de question d'argent, Nina. Pour le centenaire Balanchine, l'Opéra de Paris a bien monté un nombre important de ballets de Mr. B, alors que les négociations avec le Balanchine Trust n'ont certainement pas été de tout repos... Espérons aussi que l'on aura bien voulu tirer un trait définitif sur des querelles politiques vieilles d'il y a 40 ou 50 ans. Peut-être aussi tout simplement que l'on a en partie au moins perdu le "style Lifar", un grand nombre de ses ballets ayant disparu du répertoire depuis plusieurs décennies. Des recherches historiques approfondies seraient peut-être nécessaires afin de pouvoir ressusciter dans des conditions satisfaisantes les oeuvres de Lifar, ce qui exige évidemment de la volonté et du temps...

[noone]

Beaucoup de danseurs ayant travaillé avec Lifar sont encore là, et les écrits qu'il a laissé permettent de préserver son style. La somme des deux autorise un travail de transmission relativement facile encore, comparé à d'autres chorégraphes plus anciens et moins prolifiques dans leurs écrits.
Par contre tout le monde de la danse sait qu'il est effectivement difficile de négocier avec les (ou La) détenteurs des droits, pour des raisons diverses et variées...
En tous cas merci à l'équipe qui permet cet hommage à Chartres. J'attends vos commentaires, ne pouvant m'y rendre.

[haydn]

Gardons-nous de faire le procès de telle ou telle personne sans avoir tous les éléments en mains. Je ne saurais dire si les difficultés avec le ou les ayants droits de Lifar sont réellement insurmontables. Entre gens de bonne volonté, il y a certainement moyen de trouver des arrangements. Dominique Delouche a bien réalisé son film-hommage, et maintenant, Gilbert Serres, Claire Sombert et quelques autres vont organiser, avec des danseurs de l'Opéra de Paris, ce spectacle et cette exposition à Chartres. Donc, des portes restent ouvertes. Espérons...

[eurydice]

un problème (la volonté) + un problème (les sommes demandées par les ayants-droits, et ma source n'est pas de Gurbernatis) = peu de Lifar.
Pour les balets qui sont restés au Repertoire de l'Opéra, ça n'est apparemment pas un problème; c'est pour remonter les anciens que le bât blesse.
Quant à la présence des extraits à Chartres, justement il n'y en a que deux... pour un hommage...

[Nina]

Rectification doit être faite car c’est dans le Nouvel Observateur qu’est paru cet article qui est d’ailleurs consultable en ligne.

Ainsi donc pour des raisons diverses et variées remonter un ballet de Lifar semble compliqué au-delà du style que l’on pourrait effectivement transmettre car il est exact que la génération Lifar n’a pas disparu.

Mais on peut quand même s’interroger : si les problèmes de droits, comme le dit Eurydice, ne touchent pas les ballets déjà au répertoire, pourquoi alors en cette année du centième anniversaire de la naissance de Lifar aucun hommage, pour l’instant, ne lui soit rendu par l’Opéra de Paris ? En 2004 Suite en Blanc avait été donné pour le gala hommage à Claude Bessy et en même temps en hommage à Lifar pour commémorer (deux ans à l’avance) le centenaire de sa naissance, cela prouve, même si le style n'y est pas toujours, que c'est possible...

Alors donc un peu de bonne volonté, de volonté tout court, de passion et de reconnaissance envers celui qui a tant apporté à la Danse devrait permettre d’au moins voir ou revoir cette oeuvre sur la scène de ce Théâtre que Lifar aimait tant. Et pourquoi pas avec les Mirages.

Peut-être est-ce prévu à la rentrée, pour la saison 2006-2007 ?

[Nina]

en fait je reviens sur l'hommage pour le centenaire de la naissance de Lifar en 2004, c'était avec un an d'avance, et si l'Opéra fait un hommage pour la rentrée, ce sera avec un an de retard... Mais à quelques mois près je pense que beaucoup aimeraient tout simplement revoir du Lifar.

[sophia]

J'ai eu la possibilité de voir le dernier film de Dominique Delouche, "Serge Lifar Musagète", qui est en fait constitué d'un montage de différentes séquences de films plus anciens où l'on voit des danseurs de l'Opéra dans du Lifar et j'aime tout particulièrement "Les Mirages" interprété ici par Monique Loudières et Manuel Legris dirigés par Yvette Chauviré et Cyril Atanassoff. La chorégraphie en est superbe , elle comporte une dimension théâtrale intéressante et ce n'est absolument pas daté. Est-ce un ballet long? Je ne connais que la variation de l'Ombre avec le pas de deux. Il y a aussi la variation de "Nautéos" dansée par Monique Loudières que je trouve magnifique.

[noone]

La programation de l'ODP en 2005 a -t-elle été faite par G. Mortier, ou par son prédécesseur? Cela expliquerait peut-être l'absence de S. Lifar au programme...

[haydn]

Normalement oui, la programmation de la saison 2004-2005 était le fait de Gérard Mortier et non de Hugues Gall. C'est d'ailleurs pour leur permettre d'établir leur programme dans des conditions à peu près correctes que les directeurs de l'Opéra de Paris sont généralement nommés au moins deux ou trois ans avant leur prise de fonction effective. Pour le lyrique, cela revêt une importance beaucoup plus grande encore que pour le ballet, car certains chanteurs vedettes ont leur agenda bouclé pafois jusqu'à huit ou dix ans à l'avance!

[noone]

merci pour l'info Haydn!

[eurydice]

En 2006, ça sera les 20 ans de sa mort...

[haydn]

Pour le centenaire de la naissance, cela aurait eu plus d'allure... mais ça laisse la possibilité d'une session de rattrapage...

[eurydice]

D'accord avec vous, Haydn... voire, fêter les deux...

[tosca]

Alors, quelqu'un sait qui sont les ayants droit de Serge Lifar?