Le Lac des cygnes [Opéra Bastille / 11 mars - 9 avril 2015]

[Ornella]

[haydn]

Pour Gargamel : le grand Schtroumpf modérateur ne voit pas tant de différences d'appréciations entre lui et vous à propos du spectacle, hormis l'expression "brut de décoffrage", qui pour moi signifiait que le danseur mettait davantage en avant la force physique que le raffinement technique, à l'exact opposé de Mathias Heymann. Mais les rôles ne sont pas non plus les mêmes. En Rothbart, dans mon souvenir, le seul qui ait vraiment réussi la synthèse entre l'élégance et la noirceur était Laurent Hilaire, le meilleur interprète du précepteur fourbe que j'ai vu à l'Opéra de Paris.

Je suis plus en désaccord avec Marc, car personnellement, j'ai préféré Ludmila Pagliero en Cygne blanc.

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[marc]

[cranberry]

Un vrai « jackpot » que cette première du Lac : Matthias Heymann, inattendu hier soir dans le rôle du prince ! Et quel prince ! Une technique irréprochable (quels sauts tout en douceur) et une grâce infinie pour un danseur qui sait exprimer le rêve, le doute, l’amour etc… bref une expressivité que je ne lui connaissait pas…..pour le bonheur du spectateur. On chercherait en vain ce qui manque à ce danseur qui est à mes yeux la « perle » de l’Opéra de Paris. Sa variation du premier acte est d’une beauté à faire pleurer…..
Son partenariat avec Ludmilla Pagliero marche parfaitement : on retrouve toujours en elle une finesse technique, une aisance et une légèreté parfaites. Je mettrais néanmoins un bémol à son Cygne : elle est plus « oiseau » que cygne et, même si sa technique est largement au-dessus de celle d’Emilie Cozette, il lui manque les pliés et le jeu de bras qui font de cette dernière un des plus jolis cygnes à mes yeux.
Pourquoi reprocher à Karl Paquette sa longévité ? (« son centième Rothbardt » ) Les danseurs choisissent-ils leur rôle ? Ce qui m’irrite personnellement, c’est plutôt l’absence systématique de certaines étoiles de la scène et des grands rôles du répertoire, quand ils ont été nommés pour cela…. Le« brut de décoffrage » utilisé à son égard par Haydn me parait complètement cryptique et gratuit pour qualifier un danseur que j’ai trouvé plutôt affuté physiquement dans la variation unique qui lui est dévolue au et surtout un rôle qui est essentiellement dramatique : au contraire la force de sa présence donne toute la dimension inquiétante qui sied à l’ambiguïté d’un Rothbardt, soulignée par des cheveux lissés et un regard noir. La différence de taille avec Matthias Heymann me semble répondre judicieusement à l’emprise qu’exerce de façon magistrale ce « précepteur » maléfique….attendons de voir si les autres distributions nous offriront un meilleur Rothbardt !
Je vais profiter de la brèche ouverte par un autre commentateur pour aller à contre-courant de la ligne « bien-pensante » qui domine sur ce site concernant la danse de François Alu qui n’a rien à mes yeux d’un « pur sang » : des sauts hors norme et spectaculaires certes, voire rarissimes à l’opéra de Paris, qui enflamment le public, on peut le comprendre (encore que Matthias nous offre la même élévation avec une élégance toute autre) ; mais la grâce artistique est, à mes yeux toujours absente de ses performances et on est presque gêné pour ses partenaires Eve Grinstzajn et Valentine Colassante dont la suavité parait mise à mal à ses côtés….Qui plus est, il est desservi par un physique « épais » que les lignes élégantes de presque tous les autres danseurs du ballet soulignent par contraste: n’est pas Vladimir Vassiliev qui veut !
Je voudrais dire à quel point j’ai trouvé le corps de ballet en tous points remarquable, excellentissime : quelle perfection pour tous les cygnes, y compris les « petits » et les « grands » cygnes ; aucune fausse note : les danses napolitaines et autres czardas nous ont comblés et l’on a hâte de voir certains de ces jeunes et beaux (belles) danseurs (danseuses) prendre bientôt des rôles de solistes, même si un « ancien » comme Emmanuel Thibault a gardé toute son élégance et sa légèreté.
On « boit » chaque minute de ce Lac des Cygnes » avec délice en se disant, et je suis d’accord avec Marc, qu’on a de la chance d’avoir à Paris un ballet qui, pour ce type de spectacle, est certainement le meilleur au monde !

[Hermione]

J'interviens rarement sur le forum, mais je tenais à dire que j'étais totalement d'accord, sur tous les points, avec cranberry. Mathias Heymann, encore dans son fauteuil au premier acte, m'a fait moi aussi manquer cette chute si spectaculaire... Plutôt bon signe, non ? Pour le reste, des cygnes somptueux (je n'ai personnellement jamais vu une telle perfection à l'opéra), un Paquette idéal. Même réserve sur le pas de trois et les danses de caractère en revanche.

[Florestiano]

[Ornella]

Quelle que soit la marge d'évolution artistique de François Alu, je n'ai aucune envie que sa virtuosité technique soit muselée : c'est trop rare chez nous, et trop impressionnant

[sophia]

Je suis tout à fait d'accord avec Ornella. Personne ici, pas moi en tout cas, ne dit que c'est le danseur parfait (et que le monde entier nous envie pendant qu'on y est...). Il n'est pas "fini" - comme on dit -, y compris au plan technique. Dernièrement, sa prestation dans Etudes était loin de faire l'unanimité, malgré les qualités évidentes qu'on lui connaît et le font remarquer plus que d'autres, et son pas de deux de Don Quichotte - un peu sa spécialité - donné à l'occasion de son gala à Bourges laissait quand même voir encore pas mal de choses à régler. Je suis déçue pour lui qu'il ne danse finalement pas le ballet au Mariinsky, mais c'est vrai que devant un public sans pitié, à côté de Kim, Sarafanov, Shklyarov and co (ou Isaac Hernandez qui le remplace), il peut paraître un peu vert.
Pour autant, je n'aime pas cette culture - oserais-je dire typiquement parisienne - de "la fadeur qui fait style", où c'est le bon qui doit presque s'excuser d'être bon, qui a certes des origines culturelles, mais s'est aussi installée à l'Opéra à force de promotions de danseurs ayant sans aucun doute des qualités, mais pas ce petit plus apte à créer le frisson. Brider les danseurs doués (en gros, "arrête ton cirque"), on l'a vu par le passé avec quelques uns, c'est en général contribuer à les éteindre. Cela ne veut évidemment pas dire qu'il faille excuser la désinvolture dans le partenariat (un grand classique de la maison, cela étant dit).
Faut-il nécessairement l'opposer, dans l'idée de le "remettre à sa place", à Mathias Heymann, qui a, malgré une plus grande expérience, lui aussi ses manques, notamment en ce qui concerne le jeu et le partenariat (et je n'ai personnellement jamais vu d'amélioration là où certains nous parlaient de métamorphose quand il a fait son come-back dans La Sylphide)? Je conçois bien que ce dernier offre un travail visuellement plus raffiné et possède des lignes plus élégantes et plus conformes au style Opéra (quoique, dans ce domaine, il faille aussi tenir compte des modes), mais pour moi, cela relève essentiellement du goût de chacun, pas d'une supériorité objective de l'un sur l'autre.

[LucyOnTheMoon]

[sophia]

Comparer, oui, c'est bien naturel et légitime, je n'ai jamais dit le contraire. Le fait est qu'Alu a nettement moins de bouteille que les danseurs sus-cités.

[PetitCygne]

Merci Ornella !
Je me demandais en outre si quelqu'un avait la connaissance des distributions des petites et grands cygnes pour les dates en général, histoire de savourer à l'avance ceux que je verrai !

[Ornella]

Des photos de la distribution d'hier : http://www.onsortoupas.fr/le-lac-des-cygnes-de-retour-a-lopera-bastille/

[Garance39]

[sophia]

"Quant aux interprètes principaux, ceux que j’ai pu applaudir sont parfaits: Emilie Cozette, Héloïse Bourdon ou Ludmila Pagliero incarnent Odette/Odile, Stéphane Bullion, Joshua Hofhalt ou Mathias Heyman : Le Prince"

Un blogueur tellement ravi qu'il a vu trois Cygnes et trois Siegfried dans la même soirée... Du grand n'importe quoi!

[Ornella]

Effectivement Le seul nom du blog m'a dissuadée de lire le texte...