Dansomanie Index du Forum
Connexion S'enregistrer FAQ Liste des Membres Rechercher Dansomanie Index du Forum

La Source [Opéra Garnier 29 novembre-31 décembre 2014]
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10  Suivante
 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Dansomanie Index du Forum -> Tout sur la danse
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Joël



Inscrit le: 11 Avr 2010
Messages: 112

MessagePosté le: Ven Déc 05, 2014 1:18 am    Sujet du message: Répondre en citant

haydn a écrit:
Muriel Zusperreguy et Eve Grinsztajn avaient déjà dansé le ballet, et elles m'avaient laissé un bon souvenir... je ne peux qu'aller dans votre sens, Joël. Pour François Alu, ça va être une découverte, s'agissant d'une prise de rôle.

Il me semble que lors de la création, il n'y avait eu que trois Naila (Myriam Ould Braham, Charline Giezendanner et Ludmila Pagliero). Je pense donc que la représentation de mardi était une prise de rôle pour Muriel Zusperreguy (elle avait déjà interprété le rôle de Nouredda), et il me semble que c'était aussi le cas pour Eve Grinsztajn !


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web du posteur
haydn
Site Admin


Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26657

MessagePosté le: Ven Déc 05, 2014 1:22 am    Sujet du message: Répondre en citant

Oups... ma mémoire me joue des tours alors pour Muriel Zusperreguy, vous avez raison c'est Nouredda qu'elle dansait. Et pour Eve Grinsztajn - que j'apprécie beaucoup - là, j'ai dû confondre avec Laura Hecquet, qui, là, si mes souvenirs sont bons (je triche, pour éviter une seconde bourde, j'ai vérifié), avait été une excellente Nouredda justement. Embarassed Embarassed Embarassed



_________________
Un petit "j'aime" sur la page Facebook de Dansomanie : http://www.facebook.com/Dansomanie/
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22163

MessagePosté le: Ven Déc 05, 2014 11:08 am    Sujet du message: Répondre en citant

Joël a écrit:
L'interprétation de François Alu a électrisé le public.


Comment lui résister? https://www.youtube.com/watch?v=Xacb3RG8jug / https://www.youtube.com/watch?v=xafkQTKTp7M


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
pierreG



Inscrit le: 03 Déc 2014
Messages: 7

MessagePosté le: Ven Déc 05, 2014 9:22 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pour avoir été dans la salle mardi (le 2 décembre) c'est vrai que François Alu a été incroyable ! J'ai été particulièrement soufflé par sa variation à la fin du premier acte et je ne devais pas être le seul vu le tonnerre d'applaudissements qui a suivi.
Dans la distribution précédente (le 29) j'ai trouvé que Laetitia Pujol avait une interprétation très émouvante de Nouredda, notamment dans le deuxième acte lorsqu'elle est rejetée par le Khan. On sent bien qu'elle perd complètement ses repères et se retrouve comme KO debout. Elle reste d'ailleurs longtemps debout, le regard perdu dans le vide, sur le côté de la scène, pendant que le Khan est absorbé par Naïla. Si bien que son frère doit littéralement la secouer pour la sortir de sa léthargie et quitter le palais. J'ai trouvé que cette dimension "KO debout" manquait un peu dans l'interprétation d'Eve Grinsztajn.
La Nouredda de Laetitia Pujol semble ainsi un peu perdue tout au long du ballet, ne sachant pas trop qui elle doit être car elle doit d'abord être ce que les hommes attendent d'elle, son frère puis le Khan et enfin Djémil. Et comme elle est en permanence sous l'emprise d'un de ces personnages, on ne saura jamais qui elle est vraiment, elle garde son mystère jusqu'à la fin. (Ce qui en fait le personnage central du ballet selon moi !)


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
haydn
Site Admin


Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26657

MessagePosté le: Ven Déc 05, 2014 11:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bienvenue parmi nous pierreG, et merci de nous avoir livré vos premières impressions sur La Source.

Pour ma part, le hasard des disponibilités de places a fait que je n'ai découvert François Alu en Djemil que ce soir, et je vous en parlerai très bientôt!



_________________
Un petit "j'aime" sur la page Facebook de Dansomanie : http://www.facebook.com/Dansomanie/
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
marc



Inscrit le: 16 Fév 2009
Messages: 1157

MessagePosté le: Sam Déc 06, 2014 1:00 am    Sujet du message: Répondre en citant

Si des ballets sont tombés dans l'oubli, n'était-ce pas parce qu'à la base ils manquaient de densité musicale et narrative ? C'est la réflexion que je me suis faite ce soir devant "La source" au Palais Garnier. Car franchement, que retenir de cette musique de Léo Delibes et Ludwig Minkus qui m'a paru bien plate ? Souvent, quand on voit un ballet qui transporte, on garde dans l'oreille des passages de la musique, même si on n'est pas musicien soi-même. Ce soir, je ne me remémorais rien de cette musique en sortant de la salle de spectacle. Quant à l'histoire, elle est restée très en surface, surtout durant le premier acte qui était purement narratif, sans densité relationnelle ou émotionnelle entre les personnages. Le deuxième acte était plus intéressant car des conflits y était esquissés, celui entre le Khan et Mozdock, entre Dadjé et Nouredda, et l'histoire d'amour entre Djémil et Nouredda (qui est quand même le coeur du ballet !) commençait à y être brossée. Mais tout cela est resté très superficiel, à la surface des choses. En réalité, j'avais le sentiment que les personnages à la fin du ballet étaient psychologiquement les mêmes qu'au début et j'ai trouvé cela fâcheux. Un bémol, tout de même, la dernière scène était très réussie, du niveau de "Giselle", et c'est le seul moment d'émotion véritable où je me suis dit que ce passage était à la hauteur d'un grand ballet.

Autrement, la chorégraphie était très bien, je n'ai rien à y redire, d'autant que c'est elle qui m'avait fait apprécier ce ballet il y a trois ans, lors de sa création, le plaisir de découvrir à l'époque les talents de chorégraphe de Jean-Guillaume Bart. Mais finalement, aujourd'hui ce n'est plus suffisant pour moi. Aussi doué que soit le chorégraphe, (et Jean-Guillaume Bart est doué !), sans une histoire authentique et une musique dense, il n'y a pas de grand ballet classique narratif. Pour moi, faute de ces deux dernières composantes, "La Source" n'est pas un ballet classique très intéressant.

Ce qui m'amène à me poser une question : Pourquoi est il si nécessaire aujourd'hui de consacrer autant d'effort, autant de temps, et autant d'argent pour exhumer de l'oubli ce que nos ancêtres avaient trouvé bon d'oublier ? Pour moi, c'est un mystère.




Dernière édition par marc le Sam Déc 06, 2014 10:03 am; édité 2 fois
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
haydn
Site Admin


Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26657

MessagePosté le: Sam Déc 06, 2014 1:50 am    Sujet du message: Répondre en citant

Quelques mots rapides pour évoquer la représentation de La Source ce soir au Palais Garnier, qui réunissait la seconde distribution avec, dans les rôles principaux, Muriel Zusperreguy (Naïla), François Alu (Djémil), Eve Grinsztajn (Nouredda), Audric Bezard (Mozdock), Axel Ibot (Zaël), Valentine Colasante (Dadjé) et Yann Saiz (? le Khan).

Si François Alu, le jeune danseur qui monte, monte, monte... faisait figure de principale attraction de la soirée, c'est, à mon sens, Eve Grinsztajn, Nouredda d'une rare élégance, toute de sensualité discrète, avec pourtant un tempérament bien affirmé dans les passages relevant plus ou moins de la danse de caractère, notamment au 1er acte, qui a régné et rayonné sur le Palais Garnier. Une prestation d'étoile, et même de grande étoile, qui aurait mérité davantage que les applaudissements compassés d'un public de touristes peu concerné par le spectacle qu'on lui donnait à voir.

Eve Grinsztajn est une artiste rare, incapable de danser tout et n'importe quoi comme une machine, et certainement inapte à enchaîner dix Casse-Noisette ou autant de Lac des cygnes au cours d'un même marathon chorégraphique. Mais lorsqu'elle s'empare d'un rôle qui la passionne - ce fut le cas de Mademoiselle Julie la saison dernière -, la floraison en est somptueuse.

Muriel Zusperreguy, vive et piquante, mais qui ne possède pas les mêmes moyens (notamment le ballon et la force dans les sauts) qu'une Ludmila Pagliero, est, dans Naïla, distribuée un peu à contre-emploi (elle était bien davantage à sa place en Nouredda). Son tempérament enjoué ne la prédestine pas forcément à incarner une créature immatérielle, irréelle, comme l'Esprit de la source qu'elle est censé personnifier. Elle nous aura toutefois gratifiés de beaux moments dans le second acte, où elle s'est montrée nette et précise dans les pirouettes.

Le rôle de Zaël est valorisant, de par les numéros de virtuosité pure qu'il renferme, et, comme lors de la création, appelle les applaudissements, indépendamment même de l'interprète. Pour Axel Ibot, en tous cas, ils étaient largement mérités. S'il a moins le souci du détail qu'un Emmanuel Thibault, il possède en revanche l'énergie de la jeunesse, une belle élévation et une batterie propre et rapide, et faisait jeu égal avec François Alu, dont la fougue, la générosité, enchantent le public (ses manèges sont toujours exécutés avec une force impressionnante), mais dont le jeu théâtral reste encore perfectible.

Enfin, Audric Bezard incarne un Mozdock fougueux et ombrageux, mais se trompe un peu (ou donne l'impression de se tromper) sur le sens de son rôle : on sent en lui l'amant jaloux qui veut - on le comprend! - garder la belle Nouredda pour lui et l'empêcher d'aller batifoler avec Djémil, alors qu'il en est le frère, tyran autoritaire, qui a décidé de l'offrir - de gré ou de force - en mariage au Khan, moyennant quelque indemnité ou sinécure. Ici, Vincent Chaillet a mieux cerné le personnage, et a su le caractériser avec davantage d'exactitude. Audric Bezard lui prête sentiments et sens de l'honneur là où il n'y a qu'intérêts et veulerie.



_________________
Un petit "j'aime" sur la page Facebook de Dansomanie : http://www.facebook.com/Dansomanie/


Dernière édition par haydn le Sam Déc 06, 2014 7:35 pm; édité 1 fois
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
paco



Inscrit le: 28 Oct 2005
Messages: 3624

MessagePosté le: Sam Déc 06, 2014 2:33 am    Sujet du message: Répondre en citant

marc a écrit:
Souvent, quand on voit un ballet qui transporte, on garde dans l'oreille des passages de la musique, même si on n'est pas musicien soi-même. Ce soir, je ne me remémorais rien de cette musique en sortant de la salle de spectacle.


Ah bien moi, 3 ans après, je me souviens encore de la musique du dernier tableau, avec ce 3/4 en forme de valse à la mélodie répétitive, très "orgue de barbarie". Je ne reverrai La Source que mercredi prochain, mais je suis déjà en train de chantonner cette mélodie !


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22163

MessagePosté le: Sam Déc 06, 2014 9:14 am    Sujet du message: Répondre en citant

Pour moi, la musique est un des gros plus du ballet (certains passages sont effectivement plus faibles), le livret et le traitement des "personnages" étant, je persiste, le gros moins (j'y reviendrai en détail... j'ai revu le ballet hier soir avec une distribution entièrement inédite - avec des plus et des moins elle aussi par rapport à celle de la première... Wink).


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Joelle



Inscrit le: 06 Avr 2013
Messages: 882

MessagePosté le: Sam Déc 06, 2014 6:32 pm    Sujet du message: Répondre en citant

haydn a écrit:
Quelques mots rapides pour évoquer la représentation de La Source ce soir au Palais Garnier, qui réunissait la seconde distribution avec, dans les rôles principaux, Muriel Zusperreguy (Naïla), François Alu (Djémil), Eve Grinsztajn (Nouredda), Audric Bezard (Mozdock), Axel Ibot (Zaël), Valentine Colasante (Dadjé) et Yann Saiz (? le Khan).

Si François Alu, le jeune danseur qui monte, monte, monte... faisait figure de principale attraction de la soirée, c'est, à mon sens, Eve Grinsztajn, Nouredda d'une rare élégance, toute de sensualité discrète, avec pourtant un tempérament bien affirmé dans les passages relevant plus ou moins de la danse de caractère, notamment au 1er acte, qui a régné et rayonné sur le Palais Garnier. Une prestation d'étoile, et même de grande étoile, qui aurait mérité davantage que les applaudissements compassés d'un public de touristes peu concerné par le spectacle qu'on lui donnait à voir.

Eve Grinsztajn est une artiste rare, incapable de danser tout et n'importe quoi comme une machine, et certainement inapte à enchaîner dix Casse-Noisette ou autant de Lac des cygnes au cours d'un même marathon chorégraphique. Mais lorsqu'elle s'empare d'un rôle qui la passionne - ce fut le cas de Mademoiselle Julie la saison dernière -, la floraison en est somptueuse.

Muriel Zusperreguy, vive et piquante, mais qui ne possède pas les mêmes moyens (notamment le ballon et la force dans les sauts) qu'une Ludmila Pagliero, est, dans Naïla, distribuée un peu à contre-emploi (elle était bien davantage à sa place en Nouredda). Son tempérament enjoué ne la prédestine pas forcément à incarner une créature immatérielle, irréelle, comme l'Esprit de la source qu'elle est censé personnifier. Elle nous aura toutefois gratifiés de beaux moments dans le second acte, où elle s'est montrée nette et précise dans les pirouettes.

Le rôle de Zaël est valorisant, de par les numéros de virtuosité pure qu'il renferme, et, comme lors de la création, appelle les applaudissements, indépendamment même de l'interprète. Pour Axel Ibot, en tous cas, ils étaient largement mérités. S'il a moins le souci du détail qu'un Emmanuel Thibault, il possède en revanche l'énergie de la jeunesse, une belle élévation et une batterie propre et rapide, et faisait jeu égal avec François Alu, dont la fougue, la générosité, enchantent le public (ses manèges sont toujours exécutés avec une force impressionnante), mais dont le jeu théâtral reste encore perfectible.

Enfin, Audric Bezard incarne un Mozdock fougueux et ombrageux, mais se trompe un peu (ou donne l'impression de se tromper) sur le sens de son rôle : on sent en lui l'amant jaloux qui veut - on le comprend! - garder la belle Nouredda pour lui et l'empêcher d'aller batifoler avec Djémil, alors qu'il en est le frère, tyran autoritaire, qui a décidé de l'offrir - de gré ou de force - en mariage au Khan, moyennant quelque indemnité ou sinécure. Ici, Vincent Chaillet a mieux cerné le personnage, et a su le caractériser avec davantage d'exactitude. Audric Bezard, lui, prête sentiments et sens de l'honneur là où il n'y a qu'intérêts et veulerie.


C'est très bien écrit ! Je souscris Smile Plus besoin d'écrire une petite revue !


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
haydn
Site Admin


Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26657

MessagePosté le: Sam Déc 06, 2014 7:33 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ben si... il n'y a pas que ma parole qui compte... Embarassed



_________________
Un petit "j'aime" sur la page Facebook de Dansomanie : http://www.facebook.com/Dansomanie/
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22163

MessagePosté le: Dim Déc 07, 2014 11:37 am    Sujet du message: Répondre en citant

La Source -
Zusperreguy / Alu / Grinsztajn / Bezard / Ibot / Colasante
5 décembre 2014


Voir La Source deux fois dans une même semaine, est-ce bien raisonnable? La réponse est non! Les faiblesses narratives du ballet, pointées - l'air de rien - à l'occasion de la première, paraissent plus accusées, tandis que celles de la mise en scène, que la splendeur visuelle de ce spectacle si joliment habillé pouvait laisser de côté, ne semblent que plus évidentes. Certes, La Source offre au spectateur de passage un magnifique travail d'artisan, élégant et cultivé, d'un raffinement aérien - une féerie réactualisée digne en tous points de la tradition du Ballet de l'Opéra de Paris. Pour autant, même avec une distribution différente, et à certains égards (à certains égards seulement) plus satisfaisante, le ballet peine à séduire au-delà des yeux - une partie de notre âme. Le pur divertissement dansé, vain et charmant, pourquoi pas? - et nous votons pour! -, mais alors, nul besoin de se cacher derrière un livret mal ficelé, aux ressorts opaques, aux personnages peu attachants, parce qu'au fond peu compréhensibles. Ce livret, qui n'était sans doute pas une grande réussite en 1866, a subi une cure d'amaigrissement, perdu quelques personnages en route, mais ne gagne guère en lisibilité en 2014 (ou en 2011). Les jolis décors (transformés en non-décors, éclairés à l'économie) ne suffisent pas en l'espèce. On se penche sur le synopsis et on se surprend à s'y reprendre à deux fois - c'est dire! - avant d'abandonner l'affaire. Si l'on met de côté les arrière-pensées qui guident sa critique rééditée, Rosita Boisseau n'a pas complètement tort : joli, élégant, charmant, oui, et alors? Que reste-t-il de ce ballet, une fois le rideau baissé et les lumières éteintes, en-dehors de l'image fugace de ses étoffes aux couleurs chatoyantes et de ses envolées aériennes, effectivement fort réussies? Même pas une mise en scène efficace - talent qu'on ne pourra jamais dénier à Noureev, ce chorégraphe si discutable. Entre Lacotte et Balanchine, l'archéologie et la modernité, sans doute fallait-il choisir. Jean-Guillaume Bart ne l'a pas fait et nous livre ainsi ce curieux objet hybride, qui ne se laisse pas si bien revoir que ça - tant pis pour lui (et pour nous)!

Le ballet reprend à son compte, au travers des différents personnages, un imaginaire héroïque caractéristique du romantisme, que ce soit dans ses envolées féeriques ou dans ses tentations exotiques – orientalistes pour être exact. Tous les personnages sont en réalité des types bien connus, abonnés de l'annuaire du ballet romantique, dont il nous présente une synthèse assez complète (voyez, c'est un peu éducatif, quelque chose du genre « le ballet romantique pour les nuls »). Chez les femmes, nous avons donc, d'un côté, l'héroïne terrestre, soumise aux vicissitudes de la condition humaine, nimbée d'une aura de mélancolie toute caucasienne (Nouredda), et, de l'autre, la créature surnaturelle, bienfaisante et néanmoins mutine, sorte de compromis entre Ondine, la Sylphide et Giselle (Naïla). Comme nous sommes proches de la fin du XIXe siècle vient se glisser auprès de ce classique duo la femme sensuelle et capricieuse - moins fatale à vrai dire qu'un brin ridicule - associée à l'Orient qui fascine et fait peur, tout droit sortie du livret du Corsaire (Dadjé). Face à cet univers féminin tout en contrastes se dresse le jeune héros épris d'idéal, chasseur de son état (Djémil), aidé dans ses aventures sentimentales par un elfe joueur et forcément bondissant, échappé du Songe d'une nuit d'été (Zaël). Pour faire bonne mesure, il y a aussi un solide gaillard ombrageux et modérément sympathique (Mozdock) et – présence plus secondaire -, un tyran amateur de chairs fraîches (le Khan), permettant à la réactualisation de Bart d'esquisser une vague thématique féministe, complément au propos « écolo » qui vient en premier lieu justifier, en capitales dans le programme, la résurrection du ballet. Chorégraphiquement, le ballet joue de l'opposition romantique traditionnelle, présentant un mélange de danses blanches (dans un camaïeu de mauves et de verts) empruntées à différentes sources – si l'on peut dire - , associées aux évolutions des nymphes des eaux, et de danses de caractère, exécutés par les Caucasiens de la terre (la partie la plus faible à mon sens du texte de Bart... passez votre chemin amateurs du Ballet Moïsseïev...). Du côté des solistes, les hommes tirent bien leur épingle du jeu : de la virtuosité brillante et pétillante, assaisonnée d'un zest de french style, pour Zaël et les elfes, de la bravoure un peu plus costaude pour Djémil, des claquements de pieds en parallèle, assortis de bras croisés et d'un air frondeur, pour Mozdock, les partitions masculines sont clairement dessinées, plus typées et moins conventionnelles en tout cas que celles dévolues aux dames, même si par trop déséquilibrées. Le pauvre Djémil, qu'on a déjà horriblement mal fagoté pour l'occasion et fait apparaître du fond de la scène tel un simple figurant, a beau être le héros sur le papier, il n'a que cinq minutes par acte pour briller avant de se faire voler les applaudissements par Zaël.

Tous les ingrédients d'une bonne recette balletique dans le goût du XIXe siècle sont là, mais le liant narratif qui fait le gâteau qu'on aime à savourer encore et encore n'y est pas. L'acte I, inscrit dans une forêt symbolique de rideaux et de guindes, d'où surgissent des elfes verts et bleus tout pailletés, aussi papillonnants que brillants, tient plutôt bien la route, malgré quelques points d'interrogation narratifs bien gênants (l'histoire de la fleur est proprement incompréhensible sans l'aide des mots du programme), mais d'une certaine façon, quand il se termine, tout est déjà dit. L'acte II s'ouvre sur la scène du Harem, bien trop longue, si peu sensuelle! Le défilé Lacroix-Swarovski, ce genre d'association dont seule l'ONP a le secret, devient par trop voyant. Ce premier tableau souffre surtout du décalage entre le faste excessif des costumes et le décor misérable, étonnamment sombre – pour un peu, on se croirait déporté dans un ballet de Kylian. Le second - « Le sacrifice » - n'en finit pas quant à lui de ne pas finir - et Naïla de mourir auprès de la fontaine. Nul doute, c'est ici « plaisir des yeux » et « plaisir des oreilles »! Mais soyons clair, si le ballet tient debout, c'est par la danse seule - la danse pure détachée de l'action - et par la musique, souvent exquise. Les interactions entre les personnages échouent à aller plus loin que l'esquisse, et il est parfois bien difficile d'apprécier les interprètes autrement qu'isolément.

La deuxième distribution a, comme la première, ses hauts et ses bas. L'extrême proximité du spectacle avec le concours de promotion nous donne par ailleurs à voir en ce jour un corps de ballet un brin désuni et désordonné (en voilà une autre raison pour le supprimer définitivement, le spectateur lambda n'a pas à faire les frais d'une politique interne qui lui échappe). Aussi avenante et charmante soit Muriel Zusperreguy, il faut avoir une bonne dose d'imagination pour voir en elle une créature surnaturelle, fût-elle des sources. Tout en elle respire la terre, l'odeur du bon pain et la chaleur rassurante d'un feu de cheminée au fond d'une chaumière écossaise. Le contre-emploi est compensé par le sourire généreux et la danse délicate aux pointes de velours, mais l'on est tout de même loin de l'épure stylistique atteint cette année par Ludmila Pagliero. La première est dans le prêt à porter - certes haut de gamme -, tandis que la seconde fait dans la haute couture. Eve Grinsztajn sert quant à elle merveilleusement - enfin, autant qu'il est possible - l'humaine Nouredda, sans jamais sacrifier l'intensité expressive à la sur-dramatisation façon Pujol, quelque peu anachronique dans un tel ballet. Sa danse a de l'âme et s'épanouit naturellement dans ce cadre slavo-caucasien. Valentine Colasante déçoit en revanche dans le petit rôle de Dadjé, campant un personnage très caricatural, dépourvu du piquant que parvient à lui conférer Nolwenn Daniel. Sans doute la vraie valeur ajoutée de cette distribution B du ballet est elle à chercher du côté des hommes – ou plutôt d'une partie d'entre eux : si Vincent Chaillet me semble plus juste et tranchant en Mozdock qu'Audric Bezard, plus amant jaloux que frère de Nouredda, l'association des merveilleux bondissants François Alu et Axel Ibot, respectivement Djémil et Zaël, est une réussite rien moins qu'enthousiasmante. Avec ses allures d'éternel enfant joueur, Axel Ibot est, comme Emmanuel Thibault, né sous le signe de Puck. Sa danse brille, sautille, pétille, vive, précise et pleine de rires, et offre un délicieux contraste à celle, puissante, compacte et viril, d'un François Alu plus extra-terrestre que jamais, qui fait le choix intelligent de donner de Djémil l'image d'un jeune rustique naïf, pris dans une forme d'épreuve initiatique. Les deux mis ensemble, c'est l'alliance du champagne et de la dynamite. Sur deux heures de spectacle, c'est peu, mais c'est déjà beaucoup.


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
frederic



Inscrit le: 23 Jan 2007
Messages: 976

MessagePosté le: Lun Déc 08, 2014 2:46 am    Sujet du message: Répondre en citant

J'allais sans grande attente dimanche soir à Garnier quant au ballet présenté. Pour être franc, je n'avais guère de souvenir de La Source vue lors de la reprise en 2011. Mais j'étais fort curieux de découvrir la prise de rôle de François Alu et je suis sorti enthousiasmé. Tout d'abord, la totalité de la distribution était formidable avec une mention spéciale pour les hommes: Allister Mandin en Zael m'a enchanté: technique, interprétation, tout est là. Mais François Alu m' a bluffé. Il sera étoile, forcément étoile et virtuellement, il l'est déjà: superbe technique, ampleur des sauts, virtuosité dans ses variations, désir évident de briller mais sans esbroufe, partenaire fiable et attentif, interprétation personnelle et enfin, et surtout, ce charisme, ce je-ne-sais-quoi qui fait que personne ne peut se tromper, ni les balletomanes les plus avertis, ni les béotiens: il entre sur scène et on a du mal à le lâcher des yeux. Il y a aussi cette joie visible de danser qui déborde du plateau. Plus rien ne s'oppose à une nomination inévitable et il me semble indiscutable. Et je trouverais pour ma part plus judicieux de le nommer dans cette série avec ce rôle qu'il a pu construire avec le chorégraphe et qui est aussi un ballet d'aujourd'hui plutôt que dans un ballet qu'il n'aurait appréhendé que par de répétiteurs. Et puis, c'est Noël, quoi!
Je suis sorti en tout cas satisfait et j'ai revu mon jugement sur La Source: certes, ce n'est pas tout à fait réussi à mon sens, il y a quelques tunnels et une dramaturgie un peu lourde mais bien dansé comme dimanche soir, c'est tout autre chose. Comme quoi, désormais à l'Opéra de Paris, c'est bien mieux sans étoiles! Là encore, elles font répéter les petits jeunes: Benjamin Millepied apparemment recycle et les met au travail...


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Ritournelle



Inscrit le: 13 Juin 2013
Messages: 577

MessagePosté le: Lun Déc 08, 2014 2:26 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Changement dans les distributions : Amandine Albisson est remplacée par Muriel Zusperreguy sur toutes ses dates.
http://www.operadeparis.fr/saison-2014-2015/ballet/la-source-jean-guillaume-bart


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
haydn
Site Admin


Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26657

MessagePosté le: Lun Déc 08, 2014 2:36 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Non, le 19/12 c'est Sae Eun Park qui la remplace (tout comme le 22/12). A l'origine Sae Eun Park ne devait danser que le 28/12 et le 30/12 :


8 décembre 2014 à 19h30
Naïla Ludmila Pagliero
Djémil Karl Paquette
Nouredda Laëtitia Pujol
Zaël Emmanuel Thibault

10 décembre 2014 à 19h30
Naïla Muriel Zusperreguy
Djémil François Alu
Nouredda Eve Grinsztajn
Zaël Allister Madin

12 décembre 2014 à 19h30
Naïla Ludmila Pagliero
Djémil Karl Paquette
Nouredda Laëtitia Pujol
Zaël Emmanuel Thibault

13 décembre 2014 à 19h30
Naïla Ludmila Pagliero
Djémil Karl Paquette
Nouredda Laëtitia Pujol
Zaël Allister Madin

15 décembre 2014 à 19h30
Naïla Muriel Zusperreguy
Djémil François Alu
Nouredda Eve Grinsztajn
Zaël Allister Madin

17 décembre 2014 à 19h30
Naïla Charline Giezendanner
Djémil Florian Magnenet
Nouredda Laura Hecquet
Zaël Marc Moreau

19 décembre 2014 à 20h00
Naïla Sae Eun Park
Djémil Audric Bezard
Nouredda Alice Renavand
Zaël Emmanuel Thibault

20 décembre 2014 à 20h00
Naïla Charline Giezendanner
Djémil Florian Magnenet
Nouredda Laura Hecquet
Zaël Marc Moreau

22 décembre 2014 à 19h30
Naïla Sae Eun Park
Djémil Audric Bezard
Nouredda Alice Renavand
Zaël Emmanuel Thibault

23 décembre 2014 à 19h30
Naïla Charline Giezendanner
Djémil Florian Magnenet
Nouredda Laura Hecquet
Zaël Allister Madin

24 décembre 2014 à 19h30
Naïla Muriel Zusperreguy
Djémil Josua Hoffalt
Nouredda Alice Renavand
Zaël Fabien Revillion

26 décembre 2014 à 19h30
Naïla Muriel Zusperreguy
Djémil Josua Hoffalt
Nouredda Alice Renavand
Zaël Emmanuel Thibault

27 décembre 2014 à 19h30
Naïla Charline Giezendanner
Djémil Florian Magnenet
Nouredda Laura Hecquet
Zaël Marc Moreau

28 décembre 2014 à 14h30
Naïla Sae Eun Park
Djémil Audric Bezard
Nouredda Muriel Zusperreguy
Zaël Axel Ibot

29 décembre 2014 à 19h30
Naïla Muriel Zusperreguy
Djémil Josua Hoffalt
Nouredda Alice Renavand
Zaël Fabien Revillion

30 décembre 2014 à 19h30
Naïla Sae Eun Park
Djémil Audric Bezard
Nouredda Muriel Zusperreguy
Zaël Axel Ibot

31 décembre 2014 à 19h30
Naïla Muriel Zusperreguy
Djémil Josua Hoffalt
Nouredda Alice Renavand
Zaël Fabien Revillion



_________________
Un petit "j'aime" sur la page Facebook de Dansomanie : http://www.facebook.com/Dansomanie/
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Dansomanie Index du Forum -> Tout sur la danse Toutes les heures sont au format GMT + 2 Heures
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10  Suivante
Page 6 sur 10

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous pouvez voter dans les sondages de ce forum


Nous Contacter
Powered by phpBB © phpBB Group
Theme created by Vjacheslav Trushkin
Traduction par : phpBB-fr.com