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Zoe
Inscrit le: 24 Avr 2010 Messages: 7
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Posté le: Dim Mar 23, 2014 9:22 pm Sujet du message: La Nuit des Etoiles 2014 - Bruxelles |
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Tout d’abord, merci à Denis, via Dansomanie, de m’avoir permis d’assister au cours et à la répétition d’hier après-midi. J’en garde un souvenir émerveillé. C’était impressionnant de voir des danseurs arriver de villes différentes, de s’accorder sur leur chorégraphie dans l’espace restreint des coulisses avant de répéter rapidement sur scène et de réussir une prestation éblouissante le soir, comme cela a été le cas pour Iana Salenko et Kim Kimin. Je m’attendais à ce que ce soit plus évident pour Oksana Skorik et Yevgueny Ivanchenkov qui doivent avoir plus souvent l’occasion de danser ensemble… Comme beaucoup d’autres je retiendrai la Diana de Maïa Makhateli, déjà remarquable l’année dernière. Opinion Public Cie, Mikiya Kakehashi et Cesar Corrales ont été de bonnes surprises et ont remporté un franc succès auprès du public, peut-être plus habitué aux chorégraphies modernes qu’au répertoire classique.
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Dim Mar 23, 2014 9:59 pm Sujet du message: |
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A moi de m'y mettre, comme promis...
En dépit d'annulations de dernière minute qui ont quelque peu contrarié les organisateurs, le succès a été au rendez-vous de cette deuxième "Nuit des étoiles" bruxelloise, avec un Cirque Royal quasiment plein. Il est vrai que les balletomanes belges ont si peu de spectacles de danse classique à se mettre sous la dent que tout gala de ce genre est forcément bien accueilli.
C'était au duo Iana Salenko (Staatsballett Berlin) / Kim Kimin (Mariinsky) que revenait l'honneur d'ouvrir et de clôturer la représentation.
Ce n'était pas chose aisée que de devoir débuter le spectacle avec un ouvrage aussi exigeant physiquement que les Flammes de Paris. Sans surprise, Iana Salenko et Kim Kimin, danseur coréen engagé au Mariinsky, n'ont pas pu faire oublier les couples explosifs que le Bolchoï avait engagés dans ce même ouvrage (identique dans la chorégraphie de Vasily Vaïnonen à l'état "pur" et dans la version retravaillée d'Alexeï Ratmansky pour le Bolchoï).
La conclusion de la soirée a été toute autre, avec un Don Quichotte d'anthologie, que même le peu discret éclairage rouge du lointain n'aura pas gâché. L'entente entre Iana Salenko et son partenaire pétersbourgeois était parfaite. Leurs physiques et leurs tempéraments respectifs sont bien assortis. Iana Salenko possède une technique parfaite, alliant énergie dans les sauts et précision irréprochable dans la giration. Kim Kimin a lui aussi fait montre d'un très beau ballon et d'une remarquable sûreté dans les portés. Alors qu'il n'est pas d'une carrure exceptionnelle, Kim Kimin a exécuté les fameux portés à une main sans que son bras trahisse le plus petit tremblement. Les deux artistes ont été très largement ovationnés, comme ils le méritaient.
Il serait évidemment malhonnête de juger de la même façon le jeune Japonais Mikiya Kakehashi, encore élève de l'Ecole Royale de Ballet d'Anvers, qui a déjà fait parler de lui dans divers concours internationaux. Il a interprété un solo contemporain (auteurs non précisés), qui tenait un peu de l'exercice académique, mais était solidement construit. Il variait agréablement dans un programme qui aurait été lassant à force d'enchaîner des pas de deux classiques.
On pourrait dire peu ou prou la même chose de Cesar Corrales, récent lauréat du Prix de Lausanne, qui fait aujourd'hui ses premières armes à l'American Ballet Theatre Studio, la "compagnie junior" de l'ABT, à New York. Avec Reenter, le Cubain a fait un choix assez courageux, car il aurait certainement pu briller à peu de frais dans une pièce de virtuosité classique, où il a déjà maintes fois fait la démonstration de son important potentiel.
La compagnie bruxelloise (mais composée de danseurs français) Opinion Public [sic] a pour sa part présenté deux extraits d'une chorégraphie en cours d'élaboration, une sorte de "work in progress", qui prenait tout d'abord la forme d'une pochade assez leste et bien tournée, évoquant sur le mode humoristique les jeux de séduction entre deux hommes. Le second extrait s'est avéré plus conventionnel, verbeux, et suscitait un certain ennui en dépit des qualités indéniables des danseurs.
Toujours dans le répertoire contemporain, Maïa Makhateli et Artur Shesterikov (Het Nationale Ballet, Amsterdam) ont présenté In Light and Shadow, de Krzysztof Pastor. Le chorégraphe polonais, directeur du Ballet du Theatr Wielki (l'opéra national) à Varsovie, est très apprécié en Allemagne, dans les Pays baltes ainsi qu'en Scandinavie et en Hollande, mais son œuvre n'a pas connu de réelle diffusion en France. In Light and Shadow est écrit dans un style qui rappelle Hans van Manen, sans toutefois égaler en musicalité et en beauté plastique l'écriture du célèbre créateur néerlandais.
Mais c'est dans le brillant pas de deux de Diane et Acteon que le duo Makhateli / Shesterikov a pu donner la pleine mesure de son talent. La chorégraphie très technique d'Agrippina Vaganova convient particulièrement bien au tempérament vif, bondissant de Maia Makhateli, qui a pu y faire valoir l'excellence de son travail de jambes et de pointes.
Avec le formidable Corsaire de Iana Salenko et Kim Kimin, Diane et Actéon aura indéniablement constitué l'autre sommet de cette Nuit des étoiles. Ces deux prestations justifiaient à elles seules le déplacement dans la capitale belge.
On pourrait également ajouter, à la liste des satisfecit, l'adagio du Corsaire dansé en seconde partie de programme par Daria Klimentová (English National Ballet) et Vadim Muntagirov (ex-ENB, récemment passé au Royal Ballet). La encore, le couple d'interprètes était assez harmonieux, et a su choisir un passage moins rebattu (la scène dite de la Caverne) que le "Grand pas" tiré du même ouvrage, que l'on nous avait servi juste avant l'entracte. Ou louera tout particulièrement les très belles chandelles de Vadim Muntagirov, qui a, comme Kim Kimin, fait valoir de remarquables qualités de porteur, avec, pour difficulté supplémentaire, une partenaire d'un tout autre gabarit que celui de Iana Salenko.
Les (relatives) déceptions sont venues du couple Oksana Skorik / Evguéni Ivanchenko (Mariinsky), et plus étonnant encore, de Natalia Ossipova et Matthew Golding, qui paraissaient pourtant prometteurs et motivés en répétition.
Oksana Skorik et Evguéni Ivanchenko nous ont tout d'abord gratifiés d'une Giselle très distanciée, trop sans doute, même si le second acte de cet ouvrage emblématique du romantisme ne prête évidemment pas aux grandes effusions. On soulignera toutefois la beauté et la stabilité des arabesques penchées d'Oksana Skorik : la prestigieuse tradition russe n'y est pas pour rien (Oksana Skorik a été formée à Perm, école de haute réputation, dont le corps professoral initial était en grande partie constitué d'artistes du Kirov évacués durant le siège de Léningrad, entre 1941 et 1944).
En seconde partie, les mêmes interprètes nous ont présenté un adage tiré de Diamants (Joyaux, chorégraphie de Balanchine) de belle facture, où la retenue devenait une qualité : pas de pathos, pas d'emphase inutile, de la danse pure, sans decorum superflu.
Enfin, le grand pas du 3ème acte de La Belle au bois dormant nous aura laissés un peu sur notre faim, en raison peut-être d'attentes trop grandes liées à la notoriété des exécutants. Natalia Ossipova et Matthew Golding étaient pour la première fois distribués ensemble, et devaient évidemment apprendre à se connaître, chose délicate lorsqu'il s'agit de préparer un gala avec un temps de répétition très réduit. De plus, le choix de l'enregistrement musical d'accompagnement s'est avéré malheureux, avec un tempo trop retenu, et surtout un manque de tonus dans les phrasés et les articulations. Cela n'incitait pas les danseurs à en rajouter, alors que c'est précisément ce que l'on attendait de deux "bêtes de scène" du calibre de Mlle Ossipova et de M. Golding. Cela dit, Natalia Ossipova, pour imprévisible qu'elle soit, n'en possède pas moins une forte personnalité, qui sait toucher le public, et qui ne cède jamais à la fadeur ou à la désinvolture. Même lorsqu'elle "rate" une performance, elle la rate en y mettant âme et ardeur, et pour cela, on est prêt à lui pardonner beaucoup.
Dernière édition par haydn le Lun Mar 24, 2014 9:37 am; édité 1 fois |
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Florestiano
Inscrit le: 28 Mai 2010 Messages: 1802
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Posté le: Dim Mar 23, 2014 10:15 pm Sujet du message: |
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haydn a écrit: |
Natalia Ossipova et Matthew Golding étaient pour la première fois distribués ensemble, et devaient évidemment apprendre à se connaître, chose délicate lorsqu'il s'agit de préparer un gala avec un temps de répétition très réduit. |
Certes, mais bon, c'est dans 4 jours maintenant que Natalia Osipova et Matthew Golding dansent au Royal Opera House ces mêmes rôles... On espère que ce n'est pas la séance de répétition du gala bruxellois qui inaugurait leur travail commun pour ce ballet !
haydn a écrit: |
Même lorsqu'elle "rate" une performance, elle la rate en y mettant âme et ardeur, et pour cela, on est prêt à lui pardonner beaucoup. |
Justement, d'âme et d'ardeur, il n'y avait nullement, cette fois-ci, à notre grand dam. 
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Dim Mar 23, 2014 11:03 pm Sujet du message: |
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Personnellement, j'ai été bien plus gênée par le couple du Mariinsky Skorik/Ivanchenko... dont, à vrai dire, je n'attendais rien - ou pas grand-chose. C'était le pilotage automatique dans toute sa splendeur. Oksana Skorik a une ligne absolument sublime, qui passe plutôt bien dans les adages, mais elle est comme coupée en deux, avec des bras, un dos et des mains d'une grande plasticité - c'est même assez fascinant à voir - et un bas de jambe tout mou. Le visage manque de projection et sa danse, sans chaleur, semble privée de dynamisme (je n'ai jamais vu une petite batterie et des sauts aussi faiblards chez une Giselle/une danseuse du Mariinsky). Aux côtés du vétéran Ivanchenko, il ne reste qu'un vague "look", cette tenue en scène unique des danseurs du Mariinsky.
Je n'ai pas vraiment fondu pour les prestations du jeune groupe local, même s'il est indéniablement composé de très bons danseurs. Ces chorégraphies, entre contemporain athlétique et hip-hop, restent bien trop convenues et passe-partout à mon goût. C'était aussi le cas des deux solos dansés par les deux jeunes au fort potentiel, mais il y avait de la prise de risques (Cesar Corrales est évidemment à suivre de près), leur présence dans un gala d'étoiles était intéressante.
Sans originalité ni surprise, les "highlights" de la soirée restent pour moi les duos Maïa Makhateli / Artur Shesterikov (Het Nationale Ballet) et Yana Salenko / Kim Kimin (Berlin Staatsballett-Mariinsky). Plus sans doute que dans le duo néo-classique de Pastor (d'un esprit très Hans van Manen, mais pas forcément mémorable), j'ai apprécié le premier couple dans Diane et Actéon, où la vélocité et la virtuosité piquante de Maia font merveille. Quant au second couple, si je ne les ai pas trouvés parfaitement au diapason dans Flammes de Paris (sans doute un peu brutal comme début), le pas de deux de Don Quichotte était aux petits oignons, enthousiasmant par la pyrotechnie produite (les révoltades de Kim, les fouettés de Yana...) mais aussi par la finesse et l'élégance que l'un et l'autre parviennent à conserver tout du long. Yana Salenko écume les galas à longueur de saisons, et pourtant on ne peut qu'être, encore une fois, admiratifs devant ce que sa danse continue de dégager envers et contre tout... un mélange de précision dans le travail de pointes et les pirouettes, de délicatesse dans les ports de bras et les regards... et de sérénité délicieuse! Cette fille est pour moi quelque chose comme la perfection.
On a bien sûr beaucoup regretté l'absence de Steven McRae. Il est évident que Natalia Ossipova aurait davantage brillé et enthousiasmé les foules dans le duo de Rubis avec lui que dans le contre-emploi de La Belle aux côtés d'un Golding étonnamment sans nerf (même si je pense qu'elle a un talent suffisant pour transcender les contre-emplois à l'échelle d'un ballet complet).
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Mar Mar 25, 2014 2:37 pm Sujet du message: |
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(Kim Kimin - Les Flammes de Paris)
Les photos arrivent dans la journée... En attendant, cherchez l'erreur...  |
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paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3624
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Mar Mar 25, 2014 4:08 pm Sujet du message: |
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Ben oui, ils ont mis une cocarde britannique pour faire la révolution en France. Preuve que c'était bien un coup de cette mégère d'Albion qui voulait semer la pagaille chez nous... Depuis Guillaume le Conquérant, ils ont la rancune tenace...
Il y a eu, en 1789-1790 puis sous l'Empire, une cocarde où les anneaux de couleurs étaient disposés dans le sens blanc (centre) - rouge - bleu, mais jamais dans l'ordre rouge (centre), blanc, bleu, qui est celui des Anglais.
Bizarrement, sur le costume de Iana Salenko, la cocarde était dans le bon sens... |
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Mar Mar 25, 2014 5:21 pm Sujet du message: |
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Quelques images du cours qui a précédé la répétition :
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Mar Mar 25, 2014 7:53 pm Sujet du message: |
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La répétition :
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Mar Mar 25, 2014 8:43 pm Sujet du message: |
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La représentation:
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Fanchon
Inscrit le: 03 Mar 2006 Messages: 396 Localisation: liege
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Lun Mar 31, 2014 12:47 pm Sujet du message: |
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A l'occasion de ce gala du 22 mars dernier, nous avons eu la chance de rencontrer Matthew Golding, qui nous a accordé une interview dans laquelle, alors qu'il vient de prendre ses fonctions de Principal au Royal Ballet, il revient sur une carrière déjà bien remplie, qu'il a menée sur les deux rives de l'océan Atlantique.
22 mars 2014 : Matthew Golding, une carrière en sept questions |
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Mar Avr 01, 2014 6:08 pm Sujet du message: |
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D&D Artprod, l'organisateur de la Nuit des étoiles, a mis en ligne une petite vidéo-souvenir qui condense, en images accélérées, la journée du 22 mars dernier (répétitions + spectacle). La prise de vue est signée du photographe Andrej Uspenski, qui est également danseur au Royal Ballet.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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