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maraou
Inscrit le: 08 Oct 2009 Messages: 59
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Posté le: Dim Oct 06, 2013 11:03 pm Sujet du message: Etre Etoile à l'Opéra de Paris |
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haydn a écrit: |
Pour moi, Mlle Letestu, est, depuis le départ de Delphine Moussin, la dernière "Grande dame" de l'Opéra de Paris.
Il n'est ici pas question de juger de ses mérites artistiques et/ou techniques, mais de sa personnalité, à la scène comme à la ville. Agnès Letestu, plus que d'autres (et j'insiste sur le fait que c'était auparavant aussi le cas pour Mlle Moussin), a su prendre conscience de ce qu'était le statut d'Etoile, et les devoirs qui y sont attachés. Lorsque l'on porte ce titre, on est investi d'une véritable mission d'ambassadrice de la culture française. Agnès Letestu disait elle-même avec raison qu'on est d'abord étoile dans sa tête. Plus qu'une technique parfaite, il faut un état d'esprit particulier pour assumer dignement une telle fonction. Et la dignité, c'est précisément le qualificatif qui me vient le plus spontanément à l'esprit, s'agissant d'elle. Même décontractée, à la ville, elle conserve un maintien, une posture, qui affirment sa condition. Elle EST étoile de l'Opéra de Paris, et non une quelconque "girl next door". Il ne s'agit là nullement de prétention - Agnès Letestu a toujours été accessible et prompte à signer les autographes que lui réclamaient ses fans - mais de conscience de la signification du titre que l'on porte, et des responsabilités qui y sont attachées. |
Dans le sujet consacré à la Dame aux camélias, cette intervention de Haydn m'a marquée. J'y ai réfléchi ensuite en me demandant ce que signifiait pour vous "être Etoile à l'Opéra de Paris".
Est-ce que certaines attitudes vous paraissent inconciliables avec le statut d'étoile, notamment dans le rapport entretenu avec les médias ?
Pour ma part, les critères retenus seraient :
- l'impossibilité d'imaginer la danseuse/ le danseur ailleurs qu'à l'Opéra (critère oscillant, je le reconnais !),
- une attitude souveraine, ce qui exclut une certaine familiarité de la part du public (spectateur ou média),
Je ne conçois pas une Etoile qui se laisserait aller à un trop grand épanchement sentimental, genre "commentateur sportif français qui s'émeut sur le bel athlète national qui est méritant mais a : des adversaires déloyaux/ une déveine du diable/... est bien gentil de participer quand même "
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26659
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Posté le: Lun Oct 07, 2013 10:54 am Sujet du message: |
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Le terrain peut vite devenir glissant...
Pour moi, comme je l'ai dit à propos d'Agnès Letestu, une étoile, c'est non seulement quelqu'un qui a des capacités artistiques supérieures à la norme, même dans une très bonne compagnie, mais aussi une personnalité particulière, une aura, qui la/le différencie de la "Girl / Boy next door". En France, en Russie, et dans une moindre mesure en Angleterre, les étoiles des compagnies nationales étaient, et sont toujours, investies d'une mission quasi-diplomatique de représentation de la culture de leur pays, et pour cela, cela exige des qualités qui vont au-delà du domaine de la danse. D'ailleurs, il y a quelques années, Agnès Letestu le disait dans une interview : pour être étoile, il faut d'abord être étoile dans sa tête. Après, on peut regretter que depuis l'époque Noureev, le titre se soit un peu "banalisé", avec une inflation de nominations (et c'est bien, paradoxalement, Noureev qui a initié ce mouvement, avec une augmentation significative du nombre de récipiendaires du titre, une dizaine pour chaque sexe).
En ce qui concerne la médiatisation et les publi-reportages, rien de bien neuf... Les interviews bidon où il s'agit de citer le plus grand nombre possible de marques de cosmétiques ou de bijoux en quinze lignes avaient déjà cours dans les années 1960. Elles reflètent aussi, dans une certaine mesure, la popularité des artistes. Naguère, Claude Bessy était l'une des figures les plus prisées des joaillers et autres créateurs de haute-couture, et quasiment chaque numéro de Paris-Match renfermait quelques photos glamour où on la voyait portant "la robe dessinée par M. X" ou le "collier de brillants de chez Y" (faut dire aussi que la Rue de la Paix et la Place Vendôme sont à 2mn de marche de l'Opéra, de quoi aiguiser les tentations. Alors, à moins d'aspirer à la sainteté...). |
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