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Florestiano
Inscrit le: 28 Mai 2010 Messages: 1802
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Posté le: Lun Avr 08, 2013 7:39 pm Sujet du message: |
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À la veille de la première, les distributions ne sont toujours pas mises à jour sur le site de l'Opéra de Paris.
Une chance que cela corresponde à un maintien d'Hervé Moreau, vous pensez ???
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26659
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Posté le: Lun Avr 08, 2013 7:43 pm Sujet du message: |
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Heu, là, je ne pense plus rien, les croyants pourront éventuellement allumer des cierges... |
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MikeNeko
Inscrit le: 27 Nov 2012 Messages: 556 Localisation: IDF
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26659
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Posté le: Mar Avr 09, 2013 11:23 pm Sujet du message: |
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Pas de miracle, et Hervé Moreau n'a pas fait d'apparition-surprise sur la scène de l'Opéra Bastille. Fort heureusement, Mathias Heymann, autre rescapé d'une longue blessure, lui, était bien là.
Ô Mensch! C'est par ces mots que s'ouvre le nietzschéen "Misterioso" de la Troisième symphonie de Mahler. Mais ce soir, la contralto (Aline Martin) aurait été davantage fondée à entonner une ode "an der Frau", tant la reine du spectacle fut, sans partage possible, Isabelle Ciaravola. L'apparition de l'Ange - qui ne survient qu'au Vème mouvement - se mérite, mais les quatre-vingt dix minutes d'attente, les fesses bleuies et les jambes serrées sont alors amplement récompensées... La Ciaravola joue comme toujours magnifiquement de son physique hors-normes, ses extensions sont stupéfiantes, mais au-delà de la performance physique, elle produit aussi un travail artistique très accompli, avec des mouvements amples, fluides, qui parviennent à embrasser l'espace immense de la scène de l'Opéra Bastille. Sa danse est tout à la fois musicale, lyrique et expressive, et pour le moment, on a peine à deviner qui, dans le répertoire "néo-classique" sera à même de lui succéder lorsqu'elle se retirera des planches l'année prochaine...
Karl Paquette, avec qui elle a souvent dansé, est comme toujours un partenaire sûr et très stable dans les portés - atout appréciable dans les chorégraphies de Neumeier -, même s'il ne possède pas tout à fait le charisme d'un Nicolas Le Riche ou d'un Hervé Moreau, qui l'ont précédé dans ce même rôle.
Le Pas de trois de la nuit était dominé par une Eleonora Abbagnato sensuelle mais sans excès, s'abandonnant avec une suavité vespérale dans les bras du même Karl Paquette, rejoint par Stéphane Bullion.
Laura Hecquet (qui fait décidément penser à la regrettée Claire Motte) et Florian Magnenet fournissent un contrepoint minéral au lumineux duo Ciaravola / Paquette. Parmi les rôles secondaires, on aura apprécié particulièrement, dans l'Automne (3ème mouvement), le couple Aurélia Bellet / Vincent Cordier. Les deux artistes, par ailleurs très musicaux, ont particulièrement bien saisi l'esprit de la chorégraphie de Neumeier, tel qu'on le retrouve également dans Parzival, ce qui n'est d'ailleurs pas sans susciter quelques interrogations - les danseurs, eux n'y étant pour rien.
En effet, au-delà de la réussite esthétique (les ensembles, véritables "tableaux humains", sont spectaculaires), Neumeier semble se méprendre quelque peu sur la nature de l'ouvrage de Mahler, qu'il transforme justement en une sorte de "grand-messe wagnerienne" à la Parsifal ; le chorégraphe fait, de manière quasi-totale, abstraction de l'ironie et de l'humour qui traversent l'ouvrage et qui font que, justement, la partition de Mahler ne sombre pas dans le grandiloquent et le pompeux. Le choix, pour la partie chantée du quatrième mouvement, d'un texte extrait du Zarathoustra de Nietzsche - anti-wagnérien viscéral s'il en est - aurait pu, si l'on ose dire, lui mettre la puce à l'oreille. Nietzsche et Mahler éprouvaient d'ailleurs un commun amour pour... Carmen, que tous deux considéraient comme le plus grand opéra jamais écrit, ce qui nous entraîne fort loin du Venusberg...
De même, dans le premier mouvement, les scènes de "guerre", grandioses - on pense au Spartacus de Youri Grigorovitch - semblent prendre pour argent comptant les réminiscences de marches militaires qui parsèment la pièce, alors que nous sommes ici clairement dans le domaine du grotesque. Mahler, on le sait, était obsédé depuis son enfance par la musique militaire - sa famille résidait à proximité d'une caserne où des fanfares s'exerçaient quotidiennement - ce qui l'a ensuite souvent amené à introduire, sur le mode ironique, des thèmes martiaux dans ses propres compositions.
Refermons ici cette parenthèse, pour mentionner également le joli couple, agile et primesautier, constitué d'Alessio Carbone et de Mélanie Hurel dans le second mouvement (l'"Eté", selon Neumeier). On regrettera cependant un certain manque de cohésion dans le corps de ballet, notamment dans l'"Automne" (3ème mouvement) et dans le tableau final.
La Troisième symphonie de Mahler est, pour l'orchestre, également une belle occasion de se faire valoir. Si les bois, très lumineux, étaient magnifiques, les cuivres - particulièrement les trompettes - n'étaient, eux, pas toujours exempts de reproche (notamment dans le premier mouvement, les choses s'étant améliorées ensuite). Les tempi choisis par le chef, Simon Hewett, étaient très retenus (mais il est possible qu'il ait dû se conformer strictement aux directives de J. Neumeier), et le fameux "Bimm, bamm, bimm, bamm" ("Ding, dong...) du V aurait gagné a être davantage "carillonnant" - car c'est bien de l'imitation vocale d'un carillon qu'il s'agit.
Dernière édition par haydn le Mer Avr 10, 2013 12:09 am; édité 1 fois |
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paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3628
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Posté le: Mar Avr 09, 2013 11:49 pm Sujet du message: |
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Grosso modo d’accord avec Haydn.
Effectivement le spectacle irradie par Isabelle Ciaravola, qui écrase littéralement le plateau par une présence lumineuse, un lyrisme magnifique.
De façon générale, le spectacle a du mal à démarrer, le 1er tableau étant franchement beaucoup plus poussif qu’à la création. La faute à mon avis à une direction d’orchestre un peu mollassonne (mais ça s’améliore nettement dans les autres tableaux), à de gros problèmes de synchronisation entre les danseurs, qui s’estomperont probablement au cours de la série de représentations, et dans une moindre mesure à un Matthias Heymann certes brillant et engagé, mais à qui il manque pour ce rôle la bestialité guerrière qui donne un véritable coup de poing, telle que l’incarnait Jérémie Bélingard dans ce même rôle lors de la création.
C’est à partir du 2e tableau, l’Eté, que ça décolle vraiment : d’abord à l’orchestre, où la direction un peu éthérée de Simon Hewett est beaucoup plus en situation, ensuite grâce à un Alessio Carbone qui semble avoir trouvé une deuxième jeunesse, avec une vigueur, un ballon, une solidité, un charisme, un rayonnement que je ne lui avais plus vu depuis quelques années. A partir de ce tableau il commence à se passer quelque chose, alors que jusque là on ne voyait qu'une succession de belles images.
La suite du spectacle va crescendo dans l’envoûtement, et dans l’ensemble il y a çà et là de beaux moments d’émotion, l’orchestre finissant par être proche de l’excellent dans les derniers tableaux. Karl Paquette est un peu transparent, mais je me souviens que les autres étoiles qui s'étaient succédées dans ce rôle à la création ne m'avaient pas enthousiasmé particulièrement, c'est un rôle finalement assez fade.
Gros succès à l'applaudimètre, par une salle bien pleine, nettement plus pleine que lors de la création de ce spectacle il y a plusieurs saisons.
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MikeNeko
Inscrit le: 27 Nov 2012 Messages: 556 Localisation: IDF
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26659
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Posté le: Mer Avr 10, 2013 12:23 am Sujet du message: |
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Pour vous donner une idée de ce à quoi peut ressembler la 3ème de Mahler dirigée par un chef de génie - en l’occurrence Hermann Scherchen :
Wiener Symphoniker, dir. Hermann Scherchen, gravé en 1950 (l'enregistrement est tombé dans le domaine public)
Durée : 1h26, 30mn (!) de moins que S. Hewlett (pour être juste, 20 mn car il faut soustraire environ 10mn de silence voulues par J. Neumeier, mais la différence dans les tempi reste tout de même considérable). |
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Florestiano
Inscrit le: 28 Mai 2010 Messages: 1802
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Posté le: Mer Avr 10, 2013 1:00 am Sujet du message: |
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MikeNeko a écrit: |
J'espère que les réserves musicales ne seront plus trop d'actualité dans une semaine après le "rodage" (mais décidément les cuivres... ) et que le corps de ballet aura pris ses marques, pour l'harmonie d'ensemble. |
Si les cuivres ont très mal commencé, la trompette s'est rattrapée par la suite avec des échanges trompette-cors, trompette-flûtes très réussis. Quant aux danseurs, je trouve paco sévère ; tout n'était pas parfait, certes, mais on a vu des soirs de première proprement calamiteux (attendons la première de la Belle cet hiver ; je pense, sans l'espérer, qu'on va rigoler !) et on était ce soir sur des standards déjà très bien réglés.
Ode à La Ciaravola, qui avait bouleversé il y a trois déjà - c'était à quelques jours seulement de sa nomination d'Étoile lors de la première d'Onéguine - et qui irradie, comme tout le monde l'a senti.
Et ode à Mathias Heymann pour ma part. Quelle évolution par rapport à ses prestations de 2009 ! J'ai ressenti, comme sur son solo de Manfred, qu'il offrait une danse beaucoup plus dense et intériorisée, moins "art pour l'art" qu'avant, tout en ayant conservé ses facilités techniques concertantes. Il se place sur un registre moins brutal que celui de Bélingard dans ce rôle, mais j'ai été tout également séduit par son approche.
Avec ces visuels saisissants, avec cette musique miraculeuse (il s'agit de la symphonie que je chéris le plus de Mahler), avec ce corps de ballet déjà très en forme et un orchestre en voie de le devenir, nous avons eu droit à une bonne soirée, prometteuse pour la suite de la série !
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Joelle
Inscrit le: 06 Avr 2013 Messages: 882
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Mer Avr 10, 2013 3:24 pm Sujet du message: |
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Le JDD publie une critique, pas vraiment dithyrambique, de la générale du ballet (à défaut d'être une pratique recommandable, c'est au moins précisé).
Je me range pleinement du côté de l'avis de Paco.
Ce ballet m'avait beaucoup séduite en 2009, mais je n'ai pas retrouvé hier la magie hypnotisante de cette liturgie collective, notamment dans l'incroyable premier tableau, qui souffrait d'un manque de synchronisation évident (qu'on retrouvait, hélas, dans le final). On ne ressent plus dès lors que la pompe, la pesanteur et l'esprit de sérieux attachés à ce type de chorégraphie symphonique, qui rappelle peut-être Béjart, mais surtout le MacMillan, tout à fait contemporain, de Requiem. En meneur de barque - chef de choeur et guide spirituel -, on regrette aussi l'absence d'un Nicolas Le Riche ou d'un Hervé Moreau pour donner peut-être un surcroît de puissance à l'ensemble. Il y a certes Mathias Heymann qui vient un moment éclairer et ranimer la scène de sa danse féline et enthousiaste, mais pour autant, le saisissement de la Guerre n'a pas eu lieu pour moi.
Le style Opéra se laisse en revanche davantage apprécier dans les tableaux de l'Eté et de l'Automne, plus impressionnistes que proprement dramatiques ou épiques. On y goûte, à défaut de passion, la beauté sage et épurée des lignes des danseurs. Mélanie Hurel et Alessio Carbone d'un côté, Laura Hecquet et Florian Magnenet de l'autre, se prêtent en tout cas idéalement, les premiers par leur allure primesautière, les seconds par leur élégance minérale, aux saisons qui leur sont confiées. Le pas de trois de la Nuit, lui, n'en finit pas... de ne pas finir, malgré le bel engagement d'Eleonora Abbagnato.
Et puis Ciaravola vint... et la magie opéra enfin. La présence alliée au lyrisme, une voix libre, simplement portée par l'émotion, par-delà la technique, par-delà les lignes. C'est finalement là que je me suis dit qu'elle était exactement ce que les Russes appelaient une ballerine, un être capable d'ajouter à la perfection de la mécanique ce supplément, non négociable, de grâce.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Mer Avr 10, 2013 5:19 pm Sujet du message: |
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Longue, longue, longue interview d'Agnès Letestu sur Tutti Magazine : où il est notamment question de Neumeier - de la Troisième Symphonie et de La Dame -, mais aussi de sa carrière, de ses adieux, de son avenir et... de Benjamin Millepied.
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Ingrid
Inscrit le: 18 Fév 2006 Messages: 195
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Posté le: Sam Avr 13, 2013 11:11 pm Sujet du message: |
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J’ai assisté ce soir à ce spectacle dans un Bastille bondé, personnellement j’ai été entouré par un groupe d’américains un peu bruyant. Je me rejoins aux louanges de Haydn de mardi dernier.
J’ai 2 questions, je vous remercie pour vos lumières :
1. Hervé Moreau toujours absent, est-ce bien Karl Paquette qui a pris en plus de son propre rôle initialement prévu, celui d’Hervé Moreau ?
2. On entend, mais ne voit pas, un chœur d’enfants. Est-ce un enregistrement ou est-ce que les enfants sont placés dans les coulisses ?
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26659
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Posté le: Sam Avr 13, 2013 11:21 pm Sujet du message: |
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Karl Paquette remplace Hervé Moreau dans le rôle de l'Homme aux dates où le danseur blessé était initialement prévu. Sur ces mêmes dates, Florian Magnenet remplace Karl Paquette dans Posthorn, étant donné que même s'il équivaut quasiment à un corps de ballet à lui tout seul, M. Paquette n'en n'est pas encore à faire deux rôles différents en simultané dans la même production...
Le chœur est en coulisse. |
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MikeNeko
Inscrit le: 27 Nov 2012 Messages: 556 Localisation: IDF
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Posté le: Mar Avr 16, 2013 11:31 pm Sujet du message: |
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Eh bien ma foi, fort belle prestation de bout en bout !
Les défauts de synchronismes ont l'air d'avoir été plutôt sérieusement réglés, ils se sont fait rares et discrets, tout comme les aléas techniques des intervenants.
Alors, probablement d'un côté parce que j'adore cette œuvre -et finalement même revisité de la sorte-, et de l'autre parce que je la découvrais dansée pour la première fois, mais le ton du premier tableau m'a paru bon, et l'engagement était là ! (Karl en a fini rouge) Cet engagement était de toute façon présente tout du long ! Ca fait vraiment plaisir à voir
En revanche ça ne ressemble pas du tout au fantasme que je m'en faisais, mais ce n'est pas bien grave... Il en ressort une grande poésie, parfois mise à l'écart par des constructions déstabilisantes, mais un tout saisissant. J'ai une pensée émue pour Karl, ce rôle est très demandant, et je comprends pourquoi vous disiez qu'il est peu valorisant, c'est ma foi un peu vrai... mais il n'a pas démérité !
Bref, j'ai passé une excellente soirée, avec un orchestre qui a fait honneur à la musique (TRES IMPORTANT) et fort bien complimenté le travail de John Neumeier et la remarquable interprétation à mon sens des artistes.
Tout le monde a chaleureusement été récompensé aux levers de rideaux, particulièrement l'ange... aaaah l'ange... énorme succès à l'applaudimètre pour Isabelle Ciaravola, mais également pour Eleonora Abbagnato qui a su faire comprendre que sa promotion n'est pas qu'administrative.
Bon, je me suis régalé, ça se voit je pense
Ah une dernière petite chose, je n'ai pas compté le nombre de rappels, mais John Neumeier est monté sur scène (et belle ovation, en tout cas impression de telle, j'avais des Allemands à ma gauche qui lui ont fait un de ces accueils ! Sonore ).
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MiCo
Inscrit le: 10 Mar 2011 Messages: 29 Localisation: Paris
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Posté le: Mer Avr 17, 2013 11:06 am Sujet du message: |
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Les distributions ne semblent pas avoir été officiellement mises à jour; sait-on qui, d'Eve Grinsztajn ou d'Alice Renavand, dansera le 3ème mouvement lors des représentations des 19 et 22/04?
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