Don Quichotte [ONP 16 novembre - 31 décembre 2012]

[doudou]

Quelques mots sur les deux représentations que j'ai vues ses derniers jours.

Le 19 décembre la soirée Alu Renavand a été très excitante et intéressante.
Sur François Alu, beaucoup ont déjà dit combien son ballon, son énergie, son engagement en font le jeune à suivre en ce moment à l'Opéra, mais dans des conditions normales de travail et de répétition (avec Froustey c'était un autre exercice puisqu'ils n'avaient répété que 30 minutes), on constate aussi la finesse de son travail avec en particulier des finis de tour "à la Thibault" et un soin des détails très intéressant.

Partenaire improbable, Alice Renavand, c'etait en quelque sorte le triomphe de l'intelligence sur les capacités pures. Il y a certes des passages difficiles où cette excellente danseuse plus rompue au contemporain qu'au style Noureev était clairement dépassée. Mais l'allant, l'énergie, la complicité et le sens du théâtre ont rendu finalement agréable une représentation où on aurait sans doute moins pardonné à des étoiles installées le quart des imperfections et ratés de cette Kitri si sympathique et entrainante.

Je suis moins sévère avec l'Espada de Florimond Lorieux que certains ici, le personnage est sans doute rendu de manière un peu sommaire mais ce danseur a du ballon et la cape est maitrisée. Je suis moins enthousiaste que certains ici avec le Cupidon de Marine Ganio, très estimable dans sa danse mais qui ne m'a pas accroché plus que cela. Hecquet convenable, Albisson manquant d'autorité. Botto un cran en dessous de Madin.

Le 26 décembre retour au couple de la première.
Les choses sont maintenant installées entre Karl Paquette et Ludmila Pagliero qui donnent une représentation de très bon niveau et se lâchent plus que le 16 novembre. Ludmila Pagliero montre encore mieux l'excellence de sa technique et propose une Kitri enjouée et vive de très bon aloi (mais pas toujours assez piquante à mon goût). Elle se fait plaisir (et nous fait plaisir) avec des pirouettes à éventail à la Guillem et des équilibres tenus dans la lignée de Froustey et Gilbert. Elle domine toujours un peu Karl Paquette qui toutefois est plus présent et plus allant que lors de la première. Son Basilio est solide, très bon partenaire, et il cherche à faire vivre son personnage. De fugaces baisses de régime dans le pas de deux final n'empêchent pas une prestation globale de qualité. Maintenant pour l'équilibre du partenariat, j'ai toujours une préférence pour le couple Ganio-Pagliero.

Hecquet a mieux assuré sa Reine des Dryades qu'à d'autres dates. Bien que la juvénilité lui manque un peu, Mélanie Hurel reste très satisfaisante en Cupidon. Héloïse Bourdon et Alexis Renaud ne semblaient pas trop en phase, mais il est vrai que j'ai beaucoup plus regardé les autres pendant leur passage, y voyant à ma grande surprise (non annoncé sur les distributions) Mathilde Froustey et François Alu dans le corps de ballet. (Peut-être là au cas où...). Madin toujours remarquable en Gitan a encore été très applaudi pendant son manège cosaque.
Bref une bonne soirée, alliant technique et théâtre dans le standard maison. Le public était très enthousiaste.

[Brunehilde62]

N'était ce pas Dayanova comme annoncée sur le programme plutôt que Bourdon ?

[serge1 paris]

Le 24, Bourdon était annoncée sur l'affiche dans les coursives et Dayanova qui a dansé sur le feuillet de distrib !

[haydn]

Il me semble que vous avez raison Brunehilde62. Héloïse Bourdon devait être prévue initialement en Danseuse des rues le 26, mais les grilles ont été changées, et sauf modification de dernière minute intervenue après l'impression des encarts portant les distributions, c'est Sarah Kora Dayanova qui a dansé (je ne puis l'affirmer avec une certitude totale, n'ayant pas assisté au spectacle).

Par ailleurs, ce devrait bien être Dorothée Gilbert en Kitri le 31 décembre.

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[Gaïa]

Un peu tardivement, mes impressions sur le couple Renavand/Alu le 23 décembre. A vrai dire, une révélation.

Alice Renavand fait preuve d'un sens théâtral réjouissant, avec force sourires, bouderies et jeux du haut du corps. Sa danse est propre, aisée, entraînante, même si elle n'a pas toute la délicatesse d'autres Kitri. Qu'importe, elle l'est pleinement, Kitri, et jusqu'au bout des doigts : sa splendide variation des castagnettes était accompagnée, à chaque tour suivi, d'un claquement desdites castagnettes, que je n'avais encore jamais entendu ainsi - un régal ! (il me semble que les autres interprètes laissent leurs bras en troisième basse, mais ne vont pas jusqu'à les refermer en première) Sa Dulcinée était d'abord fébrile (descentes de pointes un peu rapides), mais elle a su se maîtriser, avec de beaux équilibres et un calme olympien à la fin de sa variation. Au IIIe acte, un intéressant jeu du visage au moment de la série de retirés - diva au début, puis, sur l'accelerando, de plus en plus mutine ; et des fouettés impeccables. Bref, un grand bonheur de la retrouver dans un rôle classique qui lui sied à merveille.

Beaucoup a été dit sur François Alu : l'engagement, l'intelligence de la danse, la prise de risques, font que le spectacle devient immédiatement un "grand moment". Doubles tours en l'air finis sans un tressaillement, 5 ou 6 pirouettes d'une rapidité foudroyante, et un partenariat attentif et sûr : à 19 ans, chapeau... Le remplacement du porté à une main par un porté-poisson, au premier acte, n'enlève rien à la surprise : la danseuse est d'abord lancée en l'air, puis rattrapée quasiment déjà dans la pose du porté-poisson, ce qui doit demander au danseur une force physique comparable à celle du porté à une main. Finalement, j'ai trouvé quelque chose de très touchant dans l'interprétation de François Alu, si investi, si présent, drôle au bon moment mais avec toujours une touche de sérieux, quelque chose de réfléchi dans le visage.

Parmi les seconds rôles, j'ai beaucoup apprécié la Danseuse de rue de Laura Hecquet, vive et cruelle à souhait envers son matador ; Amandine Albisson était altière en reine des Dryades, avec des fouettés à l'italienne parfaitement maîtrisés et "fixés" ; j'ai moins accroché avec le Cupidon de Mathilde Froustey, dont le caractère se marie pourtant bien avec ce personnage : elle semblait courir après la musique et a un peu escamoté les sauts de chat balanchiniens qu'une Marine Ganio avait si joliment mis en valeur.

Une représentation vraiment réjouissante quand même, qui me console grandement de la défection soudaine de la Zakharova.

[doudou]

[cymbales]

C'était bien Dayanova en danseuse des rues, Bourdon était dans le corps de ballet en Dryade et en demoiselle d'honneur il me semble.
Je suis rassurée de ne pas être la seule à avoir vu Froustey et Alu, qui décidément vont très bien ensemble, dans le corps de ballet du premier acte - j'ai cru les avoir hallucinés.

Sinon, alors que j'étais très déçue la semaine dernière à la perspective de finir cette série comme je l'avais commencée avec le couple Pagliero-Paquette, plutôt qu'avec Zakharova, j'ai en fait passé une très bonne soirée. Pagliero en particulier était épatante, depuis novembre elle a affiné son jeu et raffiné sa technique (elle a eu le temps après 10 représentations !), d'une précision impressionnante - pas de tremblements ou d'hésitations chez elle. C'est un rôle qui je trouve lui va très bien. Paquette était également bien meilleur qu'en novembre, même si la fatigue s'est fait sentir pour la fin.

Au final pour moi une bien belle série, avec des seconds et troisièmes couteaux enthousiasmants, malgré leurs limites respectives, un corps de ballet vivant, ce à quoi je ne me serais nécessairement pas attendue après la première en novembre, et des soirées (Froustey/Alu et Renavand/Alu notamment) que je n'oublierai pas.
À ma grande surprise, j'ai pris plus de plaisir avec ces Don Quichotte à Bastille qu'avec les Forsythe très inégaux et scolaires de Garnier.

[Brunehilde62]

Cymbales, vos propos font largement écho à mes impressions! Et je suis admirative de la métamorphose opérée chez Pagliero; cela signifie que cette danseuse travaille dur et est capable d'évoluer! C'est une grande preuve d'intelligence et de capacité de travail; je suis admirative!
Quant au corps de ballet, il a fini par trouver ses marques pour notre plus grand plaisir!

[sophia]

Déjà, il y avait une grande différence entre sa Gamzatti "au pied levé" et ce qu'elle avait fait du personnage face à Zakharova. Il est certain qu'elle a cette capacité à évoluer, doublée d'une évidente force de caractère, que d'autres étoiles, auxquelles le public adhère peut-être plus aisément, n'ont (à mon avis) pas (ou plus) forcément...

[Garance39]

Avec 10 représentations à la clé Ludmila Pagliero a eu le temps de mûrir son rôle et nous a offert un spectacle plein de panache et de dynamisme avec un jeu artistique très recherché, raffiné et avec un petit quelque chose en plus à chaque représentation, dans son interprétation.. à la voir débouler sur scène au premier acte elle m'a fait penser à une étincelle de feu.. je me suis vraiment régalée à la voir danser de mieux en mieux à chacune de ses représentations! Karl Paquette a bien assuré aussi de bout en bout même si la fatigue se faisait sentir, il a joué la comédie de façon drôle et rafraîchissante.

[Raymonda]

je plussoie, même si Karl Paquette m'a semblé un ton en dessous de sa partenaire, le spectacle était plaisant, et le public, particulièrement enthousiaste ce 26 décembre a chaleureusement applaudi l'ensemble du corps de ballet. J'espère que le 31 sera dans la même veine pour clore la série en beauté -malheureusement je n'y assisterai pas

[serge1 paris]

Pour remettre les pendules à l'heure au sujet de ce que signifie un équilibre et puisque l'école cubaine est totalement négligée par l'ONP :

http://www.youtube.com/watch?v=WSJRVwzEZ4U

Viengsay est toujours aussi incroyable et avec Osiel Gounod elle a un nouveau partenaire qui devrait casser la baraque !

[Marie-Ange]

Ah Merci serge1 paris!!!

[Florestiano]

Voilà un exploit physique très élégamment exécuté, sans attitude m'as-tu-vu. C'en est presque terrifiant de perfection

[Entrechat 4]

Eblouissant !