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doudou
Inscrit le: 03 Mai 2005 Messages: 1139 Localisation: PARIS
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MikeNeko
Inscrit le: 27 Nov 2012 Messages: 556 Localisation: IDF
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Jeu Déc 06, 2012 12:05 pm Sujet du message: |
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On allait voir ce qu'on allait voir, on a vu, et on a été conquis. Sans réserve. "Non, mais qu'est-ce que c'était chouette!!..." (phrase de sortie) Dans cette Kitri, offerte comme un éphémère cadeau de consolation à l'éternelle recalée des concours de promotion, Mathilde Froustey a mis tout son talent, naturellement destiné à s'épanouir dans ce type de rôle, tout son sens (aiguisé) du spectacle, et sans doute aussi toute sa rage.
On n'en doutait pas vraiment, mais elle possède, au départ, à peu près toutes les qualités qui permettent de faire une bonne Kitri : la technique merveilleuse et précise, et de celle qui tient trois actes, et puis le charme, la sensualité, l'énergie, le sens de l'à propos théâtral et le piment latin pour allonger la sauce. Mais d'une bonne Kitri à une Kitri enthousiasmante, il y a un fossé - que franchit la Mathilde dans l'autorité et dans l'allégresse. Oui, l'on aime ses oeillades enflammées, ses coups d'éventail coquins, ses cambrés ravageurs - ses "minauderies" diront certains - et ses petits plus techniques, de pur brio, qui ravissent les spectateurs et font grincer des dents les puristes (des équilibres qui n'en finissent pas dans la variation de Dulcinée ou dans la coda du Grand pas)... Mais l'on aime aussi, et surtout, ce plaisir manifeste de danser, de jouer, de communiquer quelque chose au public, même lors des temps morts, ce style, personnel, unique, cet air de dire "ils ne m'aiment pas peut-être, mais moi, regardez-moi, vous ne pouvez pas ne pas m'aimer", un charme léger si français, une élégance sensuelle, qui oublie enfin d'être rigide et compassée. Dans un monde dominé par les Kitri d'outre-Volga, dans un rôle très marqué par le caractère, Mathilde Froustey montre tout simplement que l'on peut réconcilier la danse française - la danse d'Opéra -, si sage et parfois si fade, avec quelque chose d'excitant. Oui, cela faisait bien longtemps.
Pierre-Arthur Raveau m'a bien plu en Basilio, même si techniquement, cela n'assure pas toujours parfaitement (des soucis dans les portés complexes, un troisième acte plus fragile en solo). Ce qui sauve les meubles, c'est que les deux héros semblent résolument sur la même longueur d'onde - comme l'étaient à leur façon Cherevychko et Yakovleva. Ils sont "sympa" et charismatiques, respirent la jeunesse et la fougue, et jouent à fond le jeu de la comédie et du premier degré.
Parmi les autres comparses, on remarque toujours l'élégante Reine des Dryades d'Héloïse Bourdon (malgré le passage très moche des sauts aux réceptions bien proprettes qui cassent le rythme), le Cupidon dynamique et ciselé de Marine Ganio (auquel je ne reprocherais qu'un petit manque de "gnan-gnan") et la bonne surprise de Sarah Kora Dayanova en Danseuse de rue, rôle dans lequel elle semble s'épanouir davantage qu'en Amie, voire en Reine des Dryades (souvenir d'une autre série). Parmi les rôles de caractère, Eric Monin campe un Gamache fort réussi et Takeru Coste mérite une mention spéciale pour ce qu'il fait du rôle, peut-être un peu ingrat pour un jeune, de Sancho Pança.
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Ronsard
Inscrit le: 06 Déc 2012 Messages: 1
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Posté le: Jeu Déc 06, 2012 1:35 pm Sujet du message: |
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Je prends ma plume et mon courage pour vous faire part de mes impressions sur la représentation d'hier soir . L'essentiel a déjà été dit maintes fois, mais j'ai été vraiment enchantée par ma soirée et je ne résiste pas à la tentation d'en rajouter une couche
C'était donc la première fois que je voyais Mathilde Froustey (et Pierre-Arthur Raveau) dans un rôle de cette envergure. J'étais tout excitée et je dois dire que mes attentes n'étaient pas minces
Déjà grand bonheur de retrouver Don Quichotte, décors et costumes somptueux.
Je dois avouer cependant que l'acte I m'a laissé un peu sur ma faim. J'attendais une entrée flamboyante, un jeu de scène enthousiasmant, il n'y eut rien de tel à mon avis. J'ai pensé évidemment à la pression immense pesant sur les danseurs et à une éventuelle "retenue", une économie pour "casser la baraque" dans les actes suivants (je n'ai pas été démentie!). Mais si Pierre-Arthur Raveau est à l'aise et communicatif, Mathilde Froustey n'est pas véritablement libérée, et musicalement ce n'est pas toujours ça (ce qui m'a beaucoup surprise par ailleurs). Et puis dans l'ensemble j'ai trouvé le Corps de Ballet un peu éteint. Les solos sont réussis cependant. Bref, passons bien vite sur cette réserve pour célébrer le couple flamboyant formé par Christophe Duquenne (Espada) et Sara-Kora Dayanova (la danseuse des rues) !! Cette dernière surtout fait preuve d'un charisme impressionnant, avec une forte présence scénique assortie d'une virtuosité technique sans faille, se jouant aisément de toutes les difficultés et offrant aux spectateurs des tours magnifiques. Quelle intensité !
La charismatique Lucie Clément rayonne particulièrement en amie de Kitri, avec une joie de danser communicative.
Après ce premier acte en demi-teinte, j'ai été absolument subjuguée par le deuxième !!
Le premier pas de deux était d'un lyrisme à couper le souffle, et d'une grande musicalité. C'est magnifique. La poésie gagne la salle. (La musique réveille en moi une envie féroce de Bayadère, accessoirement :p ). Allister Madin, excellent et très applaudi en Gitan.
La scène de la vision est tout simplement magnifique. Mathilde Froustey s'épanouit enfin en Dulcinée, et, c'est quelque chose ! Elle irradie la scène, tout en lyrisme et raffinement, avec des équilibres suspendus et un réel engagement. Applaudissements nourris et vraiment mérités, je crois que c'était le plus beau moment du spectacle, et je m'en souviendrai longtemps !
Héloïse Bourdon absolument splendide en Reine des Dryades également, beaucoup de majesté, par ailleurs je trouve qu'elle a réalisé un travail sur les réceptions justement, que son sens de l'équilibre rend fluides. Marine Ganio campe un Cupidon vif, précis et charmant.
L'acte 3 fut très enthousiasmant également. La scène de la taverne était très réussie, le couple principal très à l'aise et complices. Marion Barbeau offre une demoiselle d'honneur très honorable, avec de jolis tours attitude (et de très jolis pieds ! ). Le grand pas de deux fut un moment d'enchantement et de virtuosité ! Franchement pour le coup je n'en attendais pas tant ! Beaucoup de style, et puis mon dieu, ces équilibres !! Je n'avais jamais vu un équilibre final aussi long (j'avais pourtant assisté à la représentation Dupont/Matvienko en 2007 où Aurélie Dupont en avait tenu un impressionnant) ! À couper le souffle. Et puis un peu de virtuosité ne fait pas de mal dans ce type de ballet, au contraire !! Enfin de la prise de risque, de la surprise ! J'ai été très impressionnée. Quelques accrochages techniques dans la variation de Basile et dans les fouettés, qu'importe ! C'est vraiment le cadet de nos soucis à ce moment-là! La salle est gagnée, l'ambiance un peu froide du début s'est effacée il y a bien longtemps déjà. Les spectateurs avaient tous l'air enchantés à la sortie. J'avais pour ma part des étoiles plein les yeux, j'ai bien envie d'y retourner samedi
Mention spéciale à Yann Chailloux et Takeru Coste en Don Quichotte et Sancho Panza, drôlissimes tous les deux !
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Jeu Déc 06, 2012 1:38 pm Sujet du message: |
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Bienvenue Ronsard et merci de ce compte-rendu détaillé en guise d'entrée en matière!  |
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Florestiano
Inscrit le: 28 Mai 2010 Messages: 1802
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Posté le: Jeu Déc 06, 2012 2:24 pm Sujet du message: |
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doudou a écrit: |
Sur le jeune Raveau, je voudrais préciser une chose. L'opinion dansomaniaque, se basant sur sa prestation du 13 juillet dernier, juge son Colas plutôt décevant. Ayant assisté à la représentation du 15, je peux dire que très certainement il a su rapidement rectifier le tir car ce jour là je l'ai trouvé très satisfaisant et nullement "enfoncé" face à la superlative Lise de Froustey. |
L'opinion dansomaniaque de ceux qui étaient le 15 était unanimement laudative (la mienne en tout cas, si je me rappelle bien ce que j'avais pu écrire ici) !
Je suis tout à fait d'accord avec vous, donc.
Cela étant, il est clair qu'il est très difficile de survivre sur scène face à Mathilde dans ce type de rôles et que l'effet de contraste joue. Pour autant, hier, il était très loin d'être indigne en termes de jeu, et il a montré, notamment dans la scène de la taverne, très réussie, qu'il pouvait se lâcher un peu et se départir de la suprême élégance de son évident physique de Prince
Quand on prend en compte tout ça couplé à l'alchimie avec Mathilde...
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paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3624
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Posté le: Jeu Déc 06, 2012 3:35 pm Sujet du message: |
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C'est surtout dans la scène du moulin au début du II que je l'ai trouvé proche de l'idéal en termes de juvénilité, poésie, technique et engagement. Depuis Le Riche 1997 je n'avais pas revu de Basilio si romantique dans cette scène là (rassurez-vous la comparaison s'arrête là)
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maraou
Inscrit le: 08 Oct 2009 Messages: 59
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Posté le: Jeu Déc 06, 2012 4:15 pm Sujet du message: |
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L'article est désormais en libre accès. Très intéressant, j'y retrouve notamment des accents de vérité dans ce commentaire de Madame Nathalie Schulmann :
"Contrairement à ce que l'on croit, le danseur connaît assez peu son corps,[...]. Il est plutôt dans le bricolage pour tenir le coup. Il se méfie en général de la médecine traditionnelle, ne veut pas se confronter à la vérité du diagnostic. En revanche, il teste de nombreux outils. Une quête quasi existentielle."
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Jeu Déc 06, 2012 4:52 pm Sujet du message: |
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Drame national! Karl Paquette est malade et Dorothée Gilbert ne dansera pas ce soir.
Ils sont remplacés par la paire Pagliero/Ganio.
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Jonquille
Inscrit le: 22 Avr 2005 Messages: 1881
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Jeu Déc 06, 2012 5:02 pm Sujet du message: |
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Non non ce n'est pas une blague... attention avant de revendre ou d'échanger vos places quand même, pas sûr que ces distributions soient définitives. En tout cas, après avoir laissé pendant plusieurs semaines des distributions erronées en ligne (Ould-Braham / Raveau), l'Opéra de Paris s'est montré cette fois extrêmement réactif. |
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Jonquille
Inscrit le: 22 Avr 2005 Messages: 1881
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Posté le: Jeu Déc 06, 2012 5:05 pm Sujet du message: |
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Haydn, vous voulez dire que Paquette serait amené à ne pas assurer d'autres représentations ?
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Jeu Déc 06, 2012 5:18 pm Sujet du message: |
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Je ne veux rien dire du tout, simplement, pour le moment, la direction s'est contenté d'une interversion entre les dates du couple Gilbert/Paquette et Pagliero/Ganio. Si l'indisposition de Karl Paquette venait à perdurer, il y aurait certainement d'autres changements encore. |
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Jonquille
Inscrit le: 22 Avr 2005 Messages: 1881
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Posté le: Jeu Déc 06, 2012 8:49 pm Sujet du message: |
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Il n'y a pas eu d'interversion, le couple Pagliero/Ganio a droit a une représentation supplémentaire.
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cranberry
Inscrit le: 02 Nov 2009 Messages: 19
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