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L’Histoire de Manon [ONP 21 04 2012 - 13 05 2012]
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serge1 paris



Inscrit le: 06 Jan 2008
Messages: 877

MessagePosté le: Ven Avr 27, 2012 7:07 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Berlioz est évidemment largement hors concours mais il est un peu le génie mal aimé de son époque !

D'ailleurs, ses titres de gloire n'ont rien à voir avec l'opéra bourgeois où il n'est jamais parvenu à s'illustrer...


Mais pour nous ramener au bercail : personne n'a vu Ciaravola -Ganio ?


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rothbart



Inscrit le: 09 Avr 2008
Messages: 424

MessagePosté le: Ven Avr 27, 2012 8:23 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Si, moi!..
Voici bien 14 ans que je n'avais pas vu l'Histoire de Manon,je n'en avais que quelques souvenirs fugaces et agréables. A l'époque Dupont et Jean Guillaume Bart dansaient les deux premiers rôles.
Tout d'abord, j'ai trouvé la scénographie extrêmement intelligente. Moderne et élégante en même temps : l'idée de rideau fait de peaux de bêtes aux teintes fauves s'ouvrant grâce à un mécanisme de rail apparent permettant l'apparition d'éléments est adéquate. Viennent ensuite des éléments qui donnent avec peu de moyens l'idée du lieu. Ce minimalisme est totalement contraire à l'idée même de kitsch. Les costumes développent délicieusement ces harmonies automnales et sont un plaisir pour l'oeil.
Ensuite j'ai trouvé la musique envoutante et totalement dansante, ce qui n'est pas toujours le cas dans les choix musicaux qui prévalent en matière de ballets néo-classiques où l'on a souvent l'impression d'un placage. Le choix des différents morceaux et l'adaptation musicale qui en est faite sont tellement réussis qu'on a vraiment l'impression d'une musique qui aurait été dés le départ composée exprès pour ce ballet.
La trame narrative est simple tout en ayant recours sans lourdeur ni coupure excessive au roman de Prévost et induit naturellement la danse, ce qui n'est pas le cas d'une Dame aux camélias ou d'une Recherche du temps perdu par exemple. Le pittoresque et le romantisme alternent et rythment parfaitement l'ouvrage.
Côté interprétation, Ciaravola et son piquant naturel était tout à fait appropriée dans cette prise de rôle. Interprétation sans faille coté technique. Le jeu est peut être un peu forcé à la façon des films muets des années 20 au niveau des expressions et il manque peut être un brin de candeur naturelle pour être plus dans le personnage mais globalement voici une Manon tout à fait convaincante.
Ganio... eh bien c'est Ganio. C'est le superbe danseur noble que l'on connait à la ligne de jambe impeccable, aux élégants ports de bras, juvénile et romantique en même temps, il est parfait dans le rôle. Excellente interprétation malgré quelques petites hésitations.
Comme ces deux-là se connaissent, l'alchimie fonctionne forcément et ils forment un couple qui fonctionne parfaitement, aucun souci dans les portés si compliqués distillés à souhait par MacMillan mais qui semblent assez naturels dans le contexte. Les pas de trois sont en revanche plus alambiqués.
Les scènes de groupes sont très bien vues, tout cela est très bien senti, j'ai trouvé l'ensemble de la troupe très en forme.
La surprise est venue pour moi du Lescaut de Yann Saïz (danseur que je ne connais pas trop) qui nous a offert une très belle danse et une interprétation juste, sans trop ni trop peu du personnage. Nolwenn Daniel l'accompagne parfaitement avec une interprétation très énergique et revigorante du rôle de sa maitresse.
Eric Monin a campé un monsieur de GM distingué sans aucune caricature de jeu.
Mon avis est donc plutôt enthousiaste. Ma seule réserve est dans l'oeuvre. Les temps forts sont pour moi au début de l'oeuvre, le premier acte est parfait, le second un peu moins et le troisième acte est beaucoup plus pauvre (et ce n'est pas seulement parce qu'il dure 20 minutes), le spectacle pâtit donc un peu de cet effet decrescendo.


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Pink Lady



Inscrit le: 18 Nov 2010
Messages: 307

MessagePosté le: Ven Avr 27, 2012 8:26 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci de vos éclairages sur la musique. J'ai toujours eu un penchant pour la musique facile et sentimental-iste, plus d'étonnement donc. Et je comprends tout à fait qu'on puisse trouver la prestation de l'orchestre de l'Opéra correcte si l'on déteste Massenet...

Citation:
Pour en revenir au ballet de Macmillan, je trouve au contraire que la partition est assez bien bricolée avec pour chaque pas de deux un beau crescendo paroxysmique ...

Tout à fait d'accord avec serge1 paris.

Citation:
Mais pour nous ramener au bercail : personne n'a vu Ciaravola -Ganio ?

S'il m'arrivait d'avoir meilleur goût en danse qu'en musique, je dirais qu'ils étaient sublimes, et que c'est LA distribution de la série à ne pas manquer. N'ayant vu ce ballet qu'à Londres jusqu'à présent, j'avais été relativement déçue par le couple Osta - Leriche, et j'avais craint de l'être avec la distribution Dupont - Hoffalt au vu des commentaires. Mais Isabelle Ciaravola a parfaitement compris que ce qui compte pour ce rôle ce n'est pas la beauté mais la passion, et sa façon de s'abandonner dans les bras de Mathieu Ganio n'avait rien à envier à ses collègues londoniennes. Lui n'a peut-être pas encore atteint un tel sommet d'interprétation, mais son assurance et la beauté de sa technique compensent aisément. Yann Saïz force un peu le trait comique de Lescaut (pour le plus grand bonheur de la salle), Aurélien Houette en geôlier est cruel à point - ma seule déception vient des pantomimes souvent brouillonnes, d'un Monsieur de G.M. bien peu autoritaire et d'un certain manque de musicalité parfois (mais vu les circonstances on peut difficilement leur en vouloir). Une interprétation magistrale jusqu'au dernier pas de deux, très émouvant, à voir absolument.


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haydn
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Messages: 26657

MessagePosté le: Sam Avr 28, 2012 8:23 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Laura a écrit:
Je me joins aux louanges. C’était la première fois que je voyais ce ballet et j’ai été conquise. Je n’ai pas du tout trouvé le temps long. De scènes collectives en scènes plus intimes on suit vraiment les yeux grands ouverts, tant il y a à voir sur scène, la progression de l’histoire et celle du couple Manon/Des Grieux superbement incarnés jeudi soir par Isabelle Ciaravola et Mathieu Ganio, vibrants d’émotion tant dans leur danse que dans leur jeu dramatique. On y croit ! Et j’ai eu la sensation que la salle était vraiment tendue vers ce qui se passait sur scène et partageait la même émotion. Parmi beaucoup de moments forts, j’ai particulièrement aimé celui de la variation de Manon au 2ème acte, notamment la partie finale où elle est portée tour à tour par tous les hommes présents. C’est un temps comme suspendu où la musique et la chorégraphie traduisent admirablement la sorte de vertige qui saisit Manon. J’étais quasi envoûtée moi-même !



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fandorine



Inscrit le: 29 Avr 2012
Messages: 379

MessagePosté le: Dim Avr 29, 2012 2:48 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Lectrice assidue du forum, je saute le pas pour partager mes impressions sur ma soirée du 27 avril à Garnier. Isabelle Ciaravola et Mathieu Ganio remplaçaient Agnès Letestu et Florian Magnenet, initialement prévus.

J’ai apprécié la lisibilité du ballet. Sans être fidèle à la lettre du roman, l’adaptation condense habilement l’intrigue et rend vraiment bien le cheminement des personnages. Notamment, on retrouve un chevalier des Grieux un peu naïf, très influençable que ce soit par sa famille, son ami vertueux (dans le roman), Lescaut et surtout Manon et qui ne s’affirme réellement que dans le final avec l’arrestation puis la déportation de Manon.

Les décors et les costumes, les figurants présents en nombre sur scène, les scénettes qui se jouent au deuxième plan, cela peut paraître chargé et clinquant au premier abord, mais cela contribue à nous transporter dans une atmosphère de scène galante du XVIIIème siècle.

Le couple principal m’est apparu particulièrement fluide et en osmose, techniquement du moins, car, sur le magnifique pas de deux de la chambre au 1er acte, je n’ai pas ressenti l’émotion palpable sur certaines vidéos You Tube (Manuel Legris et Isabelle Guérin par exemple). Pour moi, la tension sur scène monte véritablement d’un cran lors du pas de trois entre Manon, son frère et M de G.M., ainsi que lors de la confrontation Lescaut- Des Grieux.

Au deuxième acte, mention spéciale pour le Lescaut de Stéphane Bullion: son solo « ivre » et le pas de deux « comique » avec Alice Renavand sont remarquables, tout comme son jeu en arrière-plan tout au long de l’acte. Isabelle Ciaravola rayonne dans la scène où Manon, convoitée par tous, passe d’un gentilhomme à l’autre. La chorégraphie nous donne à voir tout le paradoxe d’une Manon qui a tous les hommes en son pouvoir et qui est néanmoins prisonnière de sa condition.

Le 3ème acte est évidemment dominé par le pas de deux final, totalement maîtrisé avec des portées incroyables et où, en même temps, on sent les deux interprètes complètement libérés.

En conclusion, la star de Manon, c’est bien Isabelle Ciaravola, avec en retrait et à son service pour la mettre en valeur un Mathieu Ganio très élégant et brillant dans ses solos (photo:http://a8.sphotos.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-prn1/546275_10150827428242089_666487088_9575373_485925151_n.jpg). L’agrément de ce ballet, c’est aussi son aspect narratif, servi par le jeu des personnages secondaires (Stéphane Bullion, Stéphane Phavorin en M de G.M., Vincent Cordier en geôlier malsain).

J’ai depuis regardé le DVD du Royal Ballet avec Tamara Rojo et Carlos Acosta, et j’ai trouvé que cette distribution parisienne n’avait pas à rougir de la comparaison. Bref, cela m’a tellement plu que j’y retourne le 10 mai pour découvrir Nicolas LeRiche et Clairemarie Osta.


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haydn
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Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26657

MessagePosté le: Dim Avr 29, 2012 7:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bienvenue fandorine (lecteur / lectrice assidu(e) de B. Akounine? Wink ) et merci pour cette première contribution Smile



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Florestiano



Inscrit le: 28 Mai 2010
Messages: 1802

MessagePosté le: Lun Avr 30, 2012 3:41 am    Sujet du message: Répondre en citant

Ciaravola/Ganio/Bullion... mes trois chouchous réunis à la faveur des changements divers... Je suis jaloux Very Happy


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nabucco



Inscrit le: 14 Mar 2007
Messages: 1462

MessagePosté le: Lun Avr 30, 2012 2:44 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai vu les deux représentations de vendredi et samedi, après une première revoyure mercredi dernier. Commençons donc par le commencement.

Vendredi, donc, c'était Ciaravola/Ganio, un couple dont, j'avoue, je n'attendais pas forcément des merveilles. Or, des merveilles, il y en a eu, mais à peu près uniquement du côté d'Isabelle Ciaravola, merveilleusement légère et radieuse. Une Manon qui, en quelque sorte, ne réfléchit pas, se laisse porter par le vent du moment. Dommage que son partenaire ait été un peu morne, certes techniquement sans grand reproche (mais sans brio), mais extérieur à son personnage.
Samedi, retour à Dupont-Hoffalt : ayant déjà vu la représentation de mercredi (voir ce fil p. 9), je n'y allais pas avec un grand enthousiasme, et franchement, s'il y avait eu le moindre concert ou spectacle de théâtre un peu stimulant, j'aurais revendu mes places sans regret. Eh bien, figurez-vous que j'aurais eu bien tort : on a gardé Josua Hoffalt tel qu'en lui-même, mais on a récupéré une Aurélie Dupont métamorphosée, qui avait oublié d'être à bout de souffle. Les micro-incidents de partenariat ont disparu (au prix d'un incident un peu plus important mais totalement dépourvu de gravité), et surtout on a retrouvé la grande tragédienne de la danse qui a longtemps régné sans partage sur les étoiles de l'Opéra. Une présence en scène, une intelligence dramatique, une intériorisation du personnage incroyables, comme on ne voit que trop rarement à l'Opéra. Vraiment, le fossé avec ce que j'ai lu ici de la première comme avec mes propres sentiments de mercredi aurait difficilement pu être plus large. Et on se dit que, si la série de Bayadère aura été sans discussion la fête des jeunes, c'est cette fois la génération la plus ancienne de l'Opéra qui brille dans cette série de Manon. Bref, une représentation époustouflante, avec un acte II qui m'a particulièrement scotché.
Dans les deux autres rôles solistes, j'ai une nette préférence pour la distribution de samedi, aussi bien - d'une tête - pour la Maîtresse de Lescaut (Renavand plus audacieuse que Zusperreguy, même si encore un peu en-deçà des possibilités du rôle) que pour Lescaut, où Stéphane Bullion pulvérise sans difficulté Jérémie Bélingard, ne serait-ce que parce qu'il comprend tout le rôle et pas seulement ses différents moments (Lescaut soûl à l'acte II est en réalité en pleine possession de ses moyens ; il garde un oeil sur ce qui se passe, l'ébriété n'étant qu'une couverture.
Il faudrait plus détailler, je n'ai pas le temps - mais je ne manquerai pas de pleurer encore une fois sur le sort de mes pauvres oreilles martyrisées par Massenet - dont, au passage, la musique a connu un nouvel arrangement pour cette série, dû à un certain Martin Yates (2011).


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Pink Lady



Inscrit le: 18 Nov 2010
Messages: 307

MessagePosté le: Lun Avr 30, 2012 5:17 pm    Sujet du message: Répondre en citant

À propos de la nouvelle orchestration, qui avait en fait été étrennée par le Finnish National Ballet l'an dernier, un article de The Arts Desk : Ballet's Bad Girl Has a New Sound.


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GershSwing



Inscrit le: 28 Mar 2012
Messages: 17

MessagePosté le: Lun Avr 30, 2012 5:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant

N'ayant jamais vu ce ballet auparavant, c'était avec beaucoup d'enthousiasme que je me rendais à la première la semaine dernière. Si j'ai passé une agréable soirée je ne suis pas ressortie de l'opéra transportée, contrairement à ce qui avait pu être le cas en découvrant un Onéguine ou une Dame. J'avais pourtant entendu tellement d'éloges!

J'attendais beaucoup du couple Clairemarie Osta - Nicolas Le Riche et c'est eux qui m'ont le plus laissée sur ma faim. Elle nous a offert de beaux moments de danse et de théâtre mais l'ensemble me semblait par trop sage, manquant d'un feu que j'attendais pour ce personnage. Il est vrai qu'elle n'était pas aidée par son partenaire, très effacé les deux premiers actes durant (par souci de la mettre en avant?). Seul le dernier tableau m'a vraiment emportée. A contrario, je trouvais Stéphane Bullion aussi propre techniquement que facilement lisible (même depuis mon troisième balcon), incarnant Lescaut avec ce qu'il faut de fourberie, de vilenie, mais aussi d'inconséquence. Son partenariat avec Alice Renavand m'a bien plu, tant elle lui rendait la pareille avec son mordant. Une nouvelle preuve de sa mauvaise étiquette de danseuse essentiellement contemporaine. Stéphane Phavorin, comme je l'y attendais, a été un Monsieur de G. M. de grande qualité. Sa théâtralité convenait parfaitement pour le rôle, dont il a su ressusciter tout le côté odieux et malsain. Mentions particulières également à Allister Madin et Myriam Kamionka.

Au registre des (très) mauvais points, la musique décroche ma plus forte désapprobation, tant j'ai grincé des dents tout au long du ballet. La chorégraphie n'est pas exempte de moments inodores dont on pourrait sans mal se passer, et certains costumes et décors sont, à mon humble avis, de mauvais goût et à changer purement et simplement.

C'est donc avec une forme de "résignation" que je prenais place à Garnier samedi (et avec énervement, une girafe humaine se trouvant devant moi) pour découvrir une deuxième distribution. Et là, un miracle s'est produit: le ballet est passé à toute vitesse, la musique n'a presque pas dérangé mes oreilles, j'ai à peine remarqué le géant. J'ai vu une histoire, tragique, bouleversante, se dérouler sous mes yeux.

Je rejoins entièrement nabucco au sujet d'Aurélie Dupont, qui était clairement dans un grand soir, tant elle a illuminé cette représentation. Sa danse a été merveilleuse, si facile, si fluide, avec tout le moelleux qu'on peut lui connaître, mais elle s’est surtout révélée à la hauteur de la théâtralité du personnage. Sa Manon était moins naïve que celle de Clairemarie Osta, plutôt séduisante, d'ores et déjà consciente de son pouvoir sur les hommes, même si inconséquente. On comprend aisément qu'elle soit envoyée au couvent par ses parents ! Toute passionnée et épanouie qu’elle est dans les bras de Des Grieux, elle ne peut résister aux attraits d’une vie luxueuse et de ses voluptés, quitte à jouer de roublardise. Son duo sensuel et noir avec Aurélien Houette (un ton un peu en dessous de Stéphane Phavorin) avait de quoi faire frémir. Sa fin est aussi navrante que sa vie a été flamboyante ; on la sent épuisée, l’ombre d’elle-même, mais elle se battra jusqu’au bout pour demeurer auprès de son amant. Une prestation absolument remarquable donc, en particulier les deuxième et troisième actes.

Josua Hoffalt a également habité son personnage de bout en bout. Sa danse, belle, fluide, aérienne, se rigidifie progressivement, fait place à une urgence, à une détresse de danser, au fur et à mesure que Des Grieux se perd. On le sent si épris de sa bien-aimée, mais si désemparé face à ce caractère volatile, désespéré de se voir succomber aux plus viles stratagèmes pour la contenter, la conserver. Si leur partenariat avait été un peu éprouvé lors de La Bayadère, il était magistral samedi. Leur plaisir à danser ensemble était très largement palpable et communicatif. Ils ont été copieusement applaudis et semblaient sincèrement émus de cette réception. Jérémie Bélingard n’était pas en reste, campant un Lescaut charismatique, malicieux, malsain, qui cherche à tout contrôler et surtout sa soeur. Son jeu et sa danse, sans être outranciers, explicitaient ce caractère. Seule Muriel Zusperreguy, pourtant une agréable maîtresse, souffrait de la comparaison avec la première distribution, n’ayant pas le piquant d’Alice Renavand. Corps de ballet en place, comme pour la première, mais avec cette fois plus de ferveur et de dynamisme, à l’unisson avec les interprètes principaux.

Vraiment, j’ai passé une magnifique soirée de danse, de théâtre, d'émotions, comme on aimerait que ce soit le cas à chaque fois. J'espère que la distribution Isabelle Ciaravola - Mathieu Ganio - Alessio Carbone de ce soir ira dans ce sens.


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haydn
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Messages: 26657

MessagePosté le: Mar Mai 01, 2012 12:49 am    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour tous ces comptes-rendus.

Quelques mots sur la distribution Ciaravola / Ganio de ce soir, la plus alléchante sur le papier, et qui a tenu ses toutes ses promesses.

On sait qu'Isabelle Ciaravola est particulièrement à l'aise dans le répertoire abusivement qualifié de "néo-classique", et qu'on devrait plutôt estampiller "néo-romantique", englobant essentiellement MacMillan, Ashton, Cranko et, pour partie, Neumeier.

Son sens de l'exagération théâtrale, l'ampleur de sa gestuelle, ses développés spectaculaires et sa laxité, qui lui permet d'enchaîner les six o'clock sans avoir l'air d'y toucher, sont autant d'atouts pour réussir dans un ouvrage tel que Manon. A cela s'ajoutait un partenariat de grande qualité avec Mathieu Ganio . L'atmosphère exhalait ce charme suranné d'un "vieux couple" qui se reforme sur scène, après quelques vagabondages : chacun des protagonistes possède une connaissance parfaite de l'autre, anticipe ses réactions, accompagne ses mouvements dans une harmonie parfaite. De ce point de vue, le premier acte aura été exemplaire.

En Lescaut, Alessio Carbone impressionne moins par sa présence que ne l'avait fait Stéphane Bullion, - il est foncièrement un danseur de demi-caractère destiné à de vrais rôles classiques -, mais réussit à trépasser de manière convaincante à l'issue de la rixe du tripot, au second acte. Muriel Zusperreguy, sa maîtresse (au théâtre, s'entend!) est comme à l'accoutumée vive et enjouée, mais sans parvenir toutefois à rejeter dans l'ombre Alice Renavand, dont les débuts dans le même rôle avaient été particulièrement réussis lors de la première.

Eric Monin aborde le rôle de Monsieur de G. M. de manière très différente de Stéphane Phavorin, difficilement surpassable ici, mais soutient fort honorablement la comparaison. Plus glacial, moins immédiatement odieux, il fait montre de la veulerie nécessaire pour donner de la crédibilité à son personnage.

Héloïse Bourdon surprend agréablement en courtisane, tout comme Fanny Gorse. Nous avons par ailleurs déjà eu l'occasion de louer les qualités d'Allister Madin en Chef des mendiants, très dynamique et qui joue un peu les factotum à la Figaro.

Seule déception, l'orchestre, avec des cuivres en petite forme ce soir.

Le public était très chaleureux et a amplement ovationné Isabelle Ciaravola et Mathieu Ganio. Les rappels ont été nombreux, et il y en aurait sans doute encore eu deux ou trois de plus si les machinistes n'avaient fini par baisser le rideau d'autorité.



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Bary



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Localisation: Troyes

MessagePosté le: Mar Mai 01, 2012 6:58 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Grandiose! Je découvrais pour la 1ère fois hier soir le ballet l'Histoire de Manon après en avoir beaucoup entendu parler. J'ai été comblé d'un bout à l'autre du ballet. Une construction narrative très claire et donc facilement lisible, une chorégraphie grandiose et des scènes théâtrales constantes à cour et jardin de la scène. Costumes et décors superbes, totalement en adéquation avec le style et l'époque évoquée. On y était et tous les artistes nous ont emporté tout au long de la soirée. Un Chef des Mendiants et sa tribu tout en énergie, une Madame divine dans sa scène d'ivresse au 2eme acte, un Mr de GM très stylé mais néanmoins déterminé à parvenir à ses fins auprès de Manon, sans oublier les courtisanes et une mention spéciale aux prostituées au 3eme acte, totalement habitées par leur personnages et servies par une sublime chorégraphie.
Et puis un couple au firmament des étoiles. La variation du 1er acte de Mathieu Ganio est une merveille de fluidité, avec des positions de bras et de jambes parfaites, des pirouettes superbes et un ballon magnifique. Avec Isabelle Ciaravola l'osmone est d'une évidence qui fait que tous leurs pas de deux ô combien difficiles sont d'une insolente facilité. Ils ne sont qu'un et chacun par son attention envers l'autre porte son partenaire vers le dépassement de soi. On ne peut rester de marbre à l'émotion véhiculée par ce couple et se rendre compte de l'immense travail de réflexion et de recherche qu'ils ont dû faire tous les deux pour rendre une telle intensité.
En la regardant danser notamment aux 2eme et 3eme actes, elle donnait l'impression de ne plus être sur scène tant elle était habitée par son personnage. Elle était la Manon sortie tout droit du roman. Une immense étoile aux bras sublimes et aux jambes parfaites à vous couper le souffle.
En quittant l'Opéra je me disais combien il fallait dire MERCI à tous ces artistes pour leur engagement passionnel au service de leur art. Je n'attends qu'une chose, une reprise très vite de ce ballet. Epoustouflant!


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haydn
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Messages: 26657

MessagePosté le: Jeu Mai 03, 2012 5:31 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Isabelle Ciaravola et Mathieu Ganio seron Manon et Des Grieux ce soir à la place de Florian Magnenet et Ludmila Pagliero.

Par ailleurs, Eric Monin remplace Guillaume Charlot en Monsieur de G.M. le 4 et le 8 mai :

http://www.operadeparis.fr/Saison_2011_2012/Ballets/L-Histoire-de-Manon/decouvrir/Distribution/



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Jonquille



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MessagePosté le: Jeu Mai 03, 2012 5:35 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Sait-on pourquoi ?


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Pink Lady



Inscrit le: 18 Nov 2010
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MessagePosté le: Jeu Mai 03, 2012 5:41 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'espère qu'ils danseront bien aussi le 8 mai ???


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