Patrick Dupond à l'Institut du Monde Arabe [5-9 oct. 2011]

[haydn]

Patrick Dupond fait son retour sur scène, du 5 au 9 octobre 2011, à l'Institut du Monde Arabe (Paris) :

[Florestiano]

On pourrait plutôt parler de retour à la scène parisienne, sachant que ce spectacle tourne depuis un petit moment. tuano avait d'ailleurs signalé la chose ici même : http://www.forum-dansomanie.net/forum/viewtopic.php?t=5086

Je ne suis pas sûr qu'on ait signalé à l'époque ce long portrait de Patrick Dupond, assez touchant : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/ee65b76a-4382-11e0-a51a-dd803b2d74b6

[Florestiano]

L'absence presque totale de pub ou de communication autour de ce spectacle témoigne de l'accueil indigne que Paris peut réserver à un Artiste de la trempe Patrick Dupond, qui a porté le rayonnement de la danse française dans le monde probablement au plus haut. Discuter des raisons de la chose mènerait certainement Papa Haydn à quelques réprimandes ; autocensurons-nous donc, mais enfin, quelle tristesse de voir une salle au tiers vide ce soir ! (et, sur la base d'un coup d'oeil certes très furtif, pas de représentants de l'Opéra à l'horizon...)

Au moins le lieu, à défaut d'être prestigieux et fortement visible des amateurs de spectacles, était-il approprié ; l'Institut du monde arabe pour un spectacle original mêlant danse orientale et danse classique, ça tombe à pic.
On oublie vite l'odeur de plastique des sièges automobiles de l'amphithéâtre Hariri pour se laisser embarquer dans l'univers de Dupond et Da Rocha. À vrai dire, les premières minutes sont un peu poussives, tout est trop lent, trop silencieux. Puis on a droit à une série, bien dispensable, de photos de Dupond (cf. mes réserves ci-dessous). Puis cela monte au fur et à mesure en puissance, en un long crescendo qui nous tiendra en haleine jusqu'à la fin du spectacle.
Sur la forme, les tableaux s'enchaînent les uns aux autres sans qu'une logique globale ne se dégage dans les enchaînements, ni formelle, ni musicale, ni stylistique. Un accordéoniste ménage ponctuellement de belles transitions qui permettent aux danseurs de se changer pour le tableau suivant.
Sur le fond, ce que je retiens, c'est d'abord une présence et un charisme ahurissants. De Dupond, bien sûr - d'aucuns ont récemment pointé mon "jeune" âge, et c'est la première fois que j'avais l'occasion de voir sur scène ce mythe -, mais également de sa partenaire.
Une symbiose aussi. Le titre du spectacle fait certainement référence au mélange des styles, mais il reflète également à mon sens la force du magnétisme qui unit ces deux artistes. Le sommet du spectacle, c'est pour moi ce long pas de deux autour du 23ème concerto de piano et de la 40ème symphonie (je crois) de Mozart arrangés à une sauce orientalisante de bon aloi.
Un plaisir de danser enfin. Au-delà du message un tantinet gnan-gnan mais tout de même touchant de la danse comme moyen de résurrection, ce qui frappe, c'est la force de la présence de Dupond sur scène, sa volonté de transmettre quelque chose à son public (et il y réussit, bien sûr), l'admiration qu'il peut porter à sa partenaire (ah, quand, assis par terre, il la regarde, presqu'énamouré, évoluer en solo...), la maturité de ses mouvements (j'ai retrouvé chez lui ce qui m'a toujours frappé chez des Legris, des Le Riche ou des Guillem : le fait que le moindre geste, le plus anodin qui soit, soit à lui seul de la danse. Fascinant), la sûreté de sa technique voire de sa virtuosité (attention, on n'a pas droit à du Basilio pyrotechnique, mais tout de même, certains gagneraient à s'inspirer de la robustesse de ses réceptions, de l'assurance de sa gestuelle, de la solidité de ses enchaînements). Ses errements médiatiques récents avaient dû en navrer plus d'un ; eh bien, j'ai été ébloui par l'Artiste que j'ai vu ce soir sur scène. Bravo et merci, Patrick Dupond !... Et bien sûr Leïla Da Rocha, dont je m'aperçois à la relecture que mes quelques mots ne rendent pas assez compte de la belle prestation.

On pointera quelques réserves, vénielles, pour finir :
- des réglages de son horribles, avec des hauts-parleurs tour à tour stridents ou trop sourds, et qui en tout état de cause ne contribuaient pas, loin s'en faut, à intensifier l'intimité de nombreux passages,
- des enchaînements d'un tableau à l'autre bien trop abrupts - on passe souvent du coq l'âne, les transitions étant étonnamment peu soignées,
- un entracte qui tombe comme un cheveu sur la soupe et qui casse un peu la magie de l'ambiance de ce spectacle,
- pas de feuille de salle ni le moindre programme (encore un signe que la production reste très modeste et amateur - ce n'est pas du tout un reproche, entendez-moi bien ; c'est une chose que je déplore profondément),
- à quoi bon ce diaporama lacrymal en forme de rétrospective retraçant l'ascension du jeune Patrick Dupond de ses débuts tout jeunot au sommet de sa gloire pour s'achever sur une photo de voiture accidentée ?
On n'en saisit pas trop l'intérêt, mais c'est au moins l'occasion de revoir quelques images très belles d'un danseur qui a su se reconstruire et se hisser à nouveau à des sommets que la capitale semble, bien scandaleusement, se refuser de valoriser à leur juste mesure.

[LysNoir]

J'ai eu la chance de le voir danser Le lac avec Pietragalla, le jour de la captation en DVD...C'était...magique. Il avait un charisme fou et une technique sûre.

Je regrette de n'être pas allée à ce spectacle...mais mon emploi du temps ne me le permet pas du tout, en ce moment. En tout cas, merci de compte rendu...

[haydn]

Article du Figaro aujourd'hui au sujet de ce spectacle :


Patrick Dupond en grande forme, par Ariane Bavelier Le Figaro

[Florestiano]

Bon, on trouve parfois des "comptes-rendus" là où on ne les attend a priori pas... Faute de grives...

http://www.beaute-addict.com/blog-beaute/commentaire-fusion-entre-orient-et-occident-616164-0.php

[Dansesaveclaplume]

Un portrait de Patrick Dupond sera diffusé sur France 2 dans l'émission "13h15 le samedi".

[yiannakis74]

L'émission sur France 2 sur Patrick Dupond était très intéressante. Dommage que ce portrait ne soit pas diffusé avant le début du spectacle (cela aurait pu inciter le public à y aller). En tout cas c'était un portrait touchant et sincère sur un artiste d'exception qui, malgré les épreuves, a su garder un certain optimisme et une joie de vivre émanant surtout de sa passion pour la danse. Et c'est vrai, même si le temps et les épreuves de la vie l'ont touché, on voit dans sa gestuelle, dans les quelques extraits de danse dans ce portrait, une grâce, une maturité et une aura impressionnantes qui mériteraient d'être mis plus souvent en valeur.
Le nouveau spectacle de Patrick Dupond sera présenté aussi à LEGEUVIN, le 05/05/2012
FUSION
Danse contemporaine
le samedi 05/05/2012 à 21h00

TEMPO
1 Route de Toulouse
31490 LEGUEVIN