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Vanille
Inscrit le: 12 Sep 2008 Messages: 102
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Posté le: Mer Mai 11, 2011 3:39 pm Sujet du message: |
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Je ne mets que rarement sur le forum le compte-rendu des soirées de ballet auxquelles j'assiste, mais la représentation d'hier était vraiment exceptionnelle et je mets donc un petit mot en espérant que les artistes qui étaient sur scène auront un écho de nos commentaires enthousiastes - ils le méritent!
La représentation à laquelle j'ai assisté hier est la plus époustouflante que j'aie jamais vue, et ce depuis 15 ans de fréquentation assidue des spectacles de l'Opéra de Paris. Il s'agissait hier d'une démonstration superlative de la technique du ballet classique, et nous avons eu droit à un festival de ces pas que l'on ne trouve, d'ordinaire, que décrits dans les livres mais bien plus rarement sur scène... Qui plus est, ces moments de bravoure ne se sont pas limités à un moment précis du ballet, à une fin de variation, à une coda, mais se sont succédés tout au long des trois actes.
Mieux, les artistes qui étaient sur scène hier, nous communiquaient... leur bonheur de danser! Energie, sourires rayonnants, visages radieux, complicité... Tout y était.
Bien entendu, la danse ne se résume pas à de la technique, mais énergie, brio, virtuosité, vont comme un gant à un ballet tel que Don Quichotte...
Je tiens à souligner que l'ensemble de la troupe fut excellent, et pas seulement les deux danseurs principaux - une mention spéciale pour Mlle Kaptsova en Cupidon, pour sa délicatesse, et pour Mlle Bakulova aux cambrés tellement prodigieux qu'on aurait peu croire qu'elle n'avait pas de dos...
A ce propos, une petite remarque quand même - le médecin que je suis a bien peur qu'un travail aussi forcé de la cambrure ne soit source de dégâts sur le squelette, et éthiquement, cela me pose problème... faut-il pousser la technique à ce point en dépit des séquelles hautement risquées pour la santé des danseurs?
Et enfin, dernière remarque - comment se fait-il que le niveau technique des danseurs russes soit tellement supérieur à ce que l'on voit chez nous? Cela est-il lié aux techniques de formation dans les écoles russes? Ou au fait qu'en France, on accorde finalement moins d'importance à la technique? 
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frederic
Inscrit le: 23 Jan 2007 Messages: 976
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Posté le: Mer Mai 11, 2011 3:56 pm Sujet du message: |
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Je ne pense pas que le niveau technique des danseurs russes soit intrinsèquement supérieur à celui des danseurs français. Mais il y a des écoles différentes et de fait, le travail sur le haut du corps, bras et dos , est beaucoup plus approfondi et sophistiqué chez les russes et en particulier au Bolchoï. C'est moins vrai en revanche sur le travail des jambes, aussi bien chez les hommes que chez les femmes: regardez un "pas de bourrée" exécuté par une danseuse russe et une française et vous verrez la différence.
Cela dit" Don Quichotte", c'est LE ballet du Bolchoï et aucune compagnie ne parvient à l'égaler...
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paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3624
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Posté le: Mer Mai 11, 2011 3:56 pm Sujet du message: |
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je suis obligé d'attendre vendredi pour voir ce miracle, mais en visionnant la vidéo d'hier soir qui traine sur Y... (merci gagar...), je suis frappé par le naturel de ces prouesses, la légèreté des fameux bonds et le fait que, au-delà de la virtuosité impressionnante, ça ne fait pas pure technique mais c'est aussi et surtout très musical.
Essayez de "découper" image par image les fameux triangles/équerres que Vasiliev réalise avec ses jambes et ses pieds pendant qu'il est suspendu à des mètres du sol lors de ses bonds, je n'en ai pas cru mes yeux mais ses jambes se plient et se déplient exactement en simultané avec les contretemps de l'orchestre, on a l'impression que le corps dessine la partition !
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Malixia
Inscrit le: 28 Jan 2008 Messages: 375
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Posté le: Mer Mai 11, 2011 4:15 pm Sujet du message: |
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frederic a écrit: |
Je ne pense pas que le niveau technique des danseurs russes soit intrinsèquement supérieur à celui des danseurs français. |
Au-delà de toute notion d'école, je suis généralement assez impressionnée par les capacités techniques des danseurs russes, capables d'enchaîner plusieurs tours d'affilée, des doubles voire triple fouettés ou des manèges doubles assemblées sans aucun souci et de manière généralement très propre (et ce, souvent jusque dans le corps de ballet), là où nos danseurs de l'Opéra passent les pas avec difficulté, sans netteté et avec des réceptions hasardeuses...
Je ne dénie pas le talent artistique de nos artistes, mais il faut bien avouer que sur le plan technique, cela tient parfois de la différence entre le jour et la nuit.
En tout cas, merci pour tous vos compte-rendus, vous faites rêver une pauvre exilée qui a un peu l'impression de manquer les spectacles de sa vie 
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frederic
Inscrit le: 23 Jan 2007 Messages: 976
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Posté le: Mer Mai 11, 2011 4:24 pm Sujet du message: |
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Franchement, chacun sait ici mon attachement à la Russie, au Bolchoï et au Mariinsky, et je ne suis guère enthousiasmé ces derniers temps par l'Opéra de Paris. De fait, le niveau d'ensemble des étoiles actuelles du ballet de l'opéra de Paris n'est peut-être pas ce qu'il y a eu de mieux dans l'histoire de ce ballet. Mais les "double, triple" fouettés, ou autres spécificités techniques ne sont pas l'apanage des troupes russes. Et le corps de ballet de l'opéra de Paris m'apparait tout à fait compétitif....
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Mer Mai 11, 2011 4:29 pm Sujet du message: |
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C'est amusant ce que dit Vanille, parce qu'ici, en France, on nous a plutôt élevés dans l'idée, non dénuée d'un certain mépris (qui se laisse encore entendre dans les conversations de couloirs), que la danse française, c'était la technique d'abord et avant tout, et la propreté et l'élégance des positions, le raffinement de l'allegro et de la petite batterie notamment, et que les Russes (en les mélangeant tous allégrement de préférence - Kirov-Bolchoï même combat), c'était - au mieux (c'est-à-dire pour ceux à qui cela ne faisait pas peur) - le drame, le lyrisme, les émotions - mais que, bon, hein, tout ça, il fallait pas y regarder de trop près. Je caricature, mais c'est à peu de choses près le lieu commun qui court et continue plus ou moins de perdurer.
En fait, je ne crois pas que le niveau technique soit si différent, du moins si l'on compare les grandes compagnies entre elles (Opéra de Paris d'un côté, Bolchoï et Mariinsky de l'autre), mais la technique française se porte d'abord sur le travail des pieds - et des pointes chez les filles - (incomparable, je pense), moins sur le travail du haut du corps, presque ignoré, alors qu'il est beaucoup plus élaboré et raffiné chez les Russes (d'où cette expressivité, cette liberté dans la danse russe, à côté les danseurs français ont l'air un peu "coincés"). Pour ce qui est spécifiquement du Bolchoï (je ne dirais pas la même chose du Mariinsky), je crois que la recherche du spectaculaire et de la virtuosité brillante fait aussi partie de leur style et que Don Quichotte se prête à merveille à leurs qualités techniques (les sauts par exemple) et à leur générosité scénique (oui, parce qu'ils dansent tous comme si c'était une affaire de vie ou de mort). En France, on privilégie la propreté, la netteté de la danse, sur la prise de risques et le spectacle, donc on va préférer moins de pirouettes, moins de vélocité, pour garantir cette pureté, cette élégance.
On peut effectivement commencer à se poser des questions quand on voit un Ivan Vassiliev qui va nous sortir dix pirouettes hyper-propres et des sauts hallucinants parfaitement réceptionnés en cinquième collée, comme on n'en voit plus toujours à l'Opéra, y compris chez les étoiles (lui, c'est un vrai phénomène, mais il est loin d'être le seul à être virtuose ET propre, et tout le monde aura remarqué qu'ils sautent tous comme des dieux, voir, par exemple, Mlle Anna Tikhomirova, 1ère variation du Grand pas, qui n'a rien à envier à la star Ossipova). Maintenant, quand on danse Le Lac et Don Quichotte à longueur d'années, on peut se dire aussi que le niveau de la technique classique est logiquement mieux préservé que si l'on se contente de danser ces deux ballets (a fortiori dans un style aussi exigeant que celui de Noureev) une fois tous les cinq ou six ans après répétitions intensives.
Dernière édition par sophia le Mer Mai 11, 2011 4:39 pm; édité 3 fois |
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Malixia
Inscrit le: 28 Jan 2008 Messages: 375
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alila
Inscrit le: 31 Déc 2009 Messages: 287 Localisation: Paris
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Posté le: Mer Mai 11, 2011 5:50 pm Sujet du message: |
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Je suis tout à fait d'accord avec Sophia. La différence n'est pas le niveau technique inférieur ou supérieur, mais surtout l'accent mis sur certains aspects, le bas de jambes pour les français et le haut du corps pour les russes. Après, effectivement, pour les russes ce qui compte est le resultat final, et la cinquième position parfaite n'ajoute pas énormément pour eux. Même si je trouve qu'Osipova pourrait moins lever les épaules lors de la diagonale de pirouettes de la variation du 1er acte, la dynamique des tours est bien plus interessantes que ses cinquièmes, non?
Et puis encore plus d'accord avec le fait que les danseurs du Bolshoi/Mariinsky on plus de temps pour repeter et revenir sur les aspects techniques et dramatiques des ballets qu'ils dansent plusieurs fois, plusieurs années de suite. Je trouve absurde que des danseurs dansent 1 seule soirée dans une seule série pour un ballet donné tous les 5 ans comme cela se fait à Paris. Vous vous rendez compte du travail fournit en repetition pour 1 seul spectacle? Pour ne pas pouvoir revenir sur le spectacle en le refaisant...
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frederic
Inscrit le: 23 Jan 2007 Messages: 976
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Vanille
Inscrit le: 12 Sep 2008 Messages: 102
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Posté le: Mer Mai 11, 2011 6:27 pm Sujet du message: |
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Citation: |
Je ne pense pas que le niveau technique des danseurs russes soit intrinsèquement supérieur à celui des danseurs français. Mais il y a des écoles différentes et de fait, le travail sur le haut du corps, bras et dos , est beaucoup plus approfondi et sophistiqué chez les russes et en particulier au Bolchoï. C'est moins vrai en revanche sur le travail des jambes, aussi bien chez les hommes que chez les femmes: regardez un "pas de bourrée" exécuté par une danseuse russe et une française et vous verrez la différence.
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Je ne suis pas d'accord avec vous... Vous avez déja vu "nos" danseurs exécuter des séries de .... (combien?? Impossible de les compter tellement il y en a... ) pirouettes telles que celles dont nous a gratifié Mr Vassiliev hier soir? Ou ces sauts prodigieux type révoltade, etc, dont nous avons aussi eu droit à un festival hier... Des fouettés parfaitement dans l'axe tels que ceux de Mlle Ossipova? Sans compter qu'à côté de ça, nous avions aussi la souplesse, l'en-dehors, le travail du haut-du corps, la légèreté des pointes, etc, etc, et une musicalité au moins égale à celle de nos danseurs.
Et le tout, je le répète, tout au long du ballet.
La différence de niveau technique entre nos danseurs français et ceux qui étaient sur scène hier soir est plus flagrante peut-être en ce qui concerne les garçons que les filles... mais quand même... Et pourtant, je suis une amoureuse de la troupe du ballet de l'Opéra de Paris depuis 15 ans; je vous rassure, cet amour ne s'est pas évanoui suite à la représentation d'hier J'adore nos danseurs. Et je les préfèrerais sans doute à ceux du Bolchoi dans d'autres rôles (Roméo et Juliette, Giselle...); mais en ce qui concerne Don Quichotte, je n'avais encore jamais vu de telles prouesses. 
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Aurélie
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 1324 Localisation: Paris
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Posté le: Mer Mai 11, 2011 7:57 pm Sujet du message: |
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J'ai cru constater -arrêtez-moi si je me trompe- qu'en ce qui concerne les réceptions, un danseur parisien a souvent un air paniqué et ne sait pas quoi faire face à une réception ratée, alors qu'un danseur du Bolchoï sait se rattraper de telle façon qu'on n'y voit que du feu. J'ai l'impression que chez nous, on veut absolument finir en fermant 5ème, quitte à sauter sur le côté, ce qu'on ne voit jamais chez un russe qui va enchaîner sur autre chose avec naturel. Ce naturel vient sans doute aussi du fait qu'ils passent la majeure partie du temps à danser du classique.
Et puis surtout, j'ai l'impression qu'en Russie, les pros ne méprisent pas le répertoire classique comme en France. Ca se voit. Et puis la différence de travail du haut du corps, alors là, je n'en parle même pas...
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danse-0pera
Inscrit le: 29 Nov 2006 Messages: 406
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Marie-Ange
Inscrit le: 12 Déc 2010 Messages: 335 Localisation: Paris
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Posté le: Mer Mai 11, 2011 8:52 pm Sujet du message: |
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Quelques petites remarques pêle-mèle: la Russie a gardé dans sa formation des danseurs un côté très gymnique, lequel se voit notamment dans l'hyper laxité des dos et permet de réaliser des arabesques et des grands jetés aux cambrés époustouflants. La France et l'Angleterre par exemple adoptent un travail des jeunes danseurs très attentionné sur la santé du corps où il n'est pas question de "casser les dos". Chez nous, une grande attention également au travail du bas de jambe, extrêmement précis pour éviter les lésions et parvenir à une très belle finesse quand il s'agit de danser les ballets classiques typique de notre école. Nous sommes ici devant des cultures différentes, avec des résultats scéniques différents.
Il me semble que la fougue russe dont vous parlez est aussi affaire culturelle. Cela dit, l'Opéra de Paris n'est pas réputé pour son expressivité et il est vrai que ses danseurs gardent souvent un côté 'élèves coincés'... Nous sommes là devant un souci que connaissent bien les jeunes danseurs formés dans cette école quand ils auditionnent ailleurs, le travail est propre mais... "coincé et ça ne danse pas..."
Dernière remarque, le répertoire des danseurs de l'ODP est aujourd'hui très large, beaucoup plus que celui du Bolshoï tout de même cantonné dans un style chorégraphique vieillot et pas du meilleur goût dont il faut bien avouer qu'il ennuie royalement la majorité de nos jeunes danseurs... !
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Vanille
Inscrit le: 12 Sep 2008 Messages: 102
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Posté le: Mer Mai 11, 2011 9:31 pm Sujet du message: |
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Citation: |
Je me demandais (question innocente !) si certains d'entre vous ont vu nos danseurs de l'ODP dans la salle, à l'occasion de ces représentations du Bolchoï ? |
Je pensais qu'ils seraient nombreux à venir mais personnellement je n'ai vu personne, hormis Mme Lefevre.
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Kate
Inscrit le: 15 Fév 2009 Messages: 140 Localisation: Paris
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Posté le: Mer Mai 11, 2011 10:38 pm Sujet du message: |
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Vanille a écrit: |
Citation: |
Je me demandais (question innocente !) si certains d'entre vous ont vu nos danseurs de l'ODP dans la salle, à l'occasion de ces représentations du Bolchoï ? |
Je pensais qu'ils seraient nombreux à venir mais personnellement je n'ai vu personne, hormis Mme Lefevre. |
J'ai aperçu hier soir Mathias Heymann, Josua Hoffalt et Muriel Zusperreguy au parterre.
Sinon, pour rebondir sur les commentaires précédents, cette représentation de Don Quichotte était époustouflante à tous points de vue et j'en suis ressortie euphorique. Les solistes de l'ONP semblent bien ternes comparés à ceux du Bolchoï, et je ne crois pas que le problème se situe uniquement au niveau technique. Mme Lefèvre, regardez Osipova, regardez Vasiliev : une étoile, c'est ça. On les aime ou pas, cela n'a pas d'importance. Ils sont une évidence, individuellement comme en couple.
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