Le Bolchoï à l'Opéra de Paris [5-15 mai 2011]

[Aurélie]

[haydn]

[Marie-Ange]

Un 'assassinat en deux lignes', peut-être devriez-vous vous réjouir de n'avoir pas eu à le supporter en version longue... de lecture de la chorégraphie et du travail technique de ces danseurs, étude que vous n'avez au demeurant pas faite non plus! Car finalement, ôtées les enveloppes, qu'y a-t-il à dire de ce type de chorégraphies surlignées sans une miette d'inattendu? Et quoi dire des interprètes sinon qu'ils sont applaudis pour leur athlétisme olympique? Le navet est un légume, pas forcément mort et pas forcément mangeable non plus, c'est tout!

[nabucco]

Personnellement, je serais assez d'accord avec le terme "navet" aussi... On pourrait suggérer à Ratmansky de décliner le concept : avec exactement la même chorégraphie, il suffirait de varier décors et costumes sans toucher à la chorégraphie, et ça pourrait donner au choix Guillaume Tell ou Périclès. Ou Spartacus, tiens.
Quant à ce que proposent Vassiliev et Osipova, je suis tout à fait d'accord, ils sont certainement les seuls aujourd'hui à proposer ça (Simkin chez les hommes, si on veut...), mais reste à savoir ce qu'on attend de la danse. Si c'est celui qui saute le plus haut qui gagne, très bien parfait, mais on m'excusera, je m'en fiche totalement. La danse est-elle un sport ou un art ?

[Florestiano]

[nabucco]

Il ne s'agit pas de "bouder son plaisir", il s'agit de ne pas trouver de plaisir à ce genre de spectacle.

[haydn]

C'est à dire y aller par pur masochisme, si je comprends bien?

[sophia]

La danse n'est pas une alternative entre sport et art, elle ne cesse d'osciller de l'un à l'autre, et il n'est pas encore né celui qui aura légitimité à établir une frontière objective entre les deux... A partir de combien de pirouettes devient-on un vulgaire athlète de cirque, à partir de quelle hauteur de saut ou de jambe n'est-on plus un artiste et sombre-t-on dans l'olympisme? etc, etc... C'est une vieille lune! Je ne suis pas une inconditionnelle d'Ossi-Vassi (mais dans ce ballet des Flammes, si, mille fois si, ils sont beaux à pleurer!), ils ont leur tropisme de bravoure qui affleure toujours, mais il faudrait quand même arrêter de voir en eux perpétuellement la même chose - des bêtes de cirque sans âme -, alors que leur répertoire est de plus en plus diversifié, pour le meilleur et pour le pire, mais après tout, on ne prête qu'aux riches (je pense notamment à Ossipova que j'ai vu danser dès 2006 dans "son" rôle fétiche, celui de Kitri, où, pour le coup, elle est un peu devenue aujourd'hui - mutatis mutandis - une sorte de caricature d'elle-même). Vassiliev de son côté a 21 ans, et oui, il saute, il tourne comme un gamin surdoué, et il n'est pas encore l'acteur du siècle, mais croyez-moi, il n'avait rien de ridicule il y a deux semaines en héros des Illusions perdues du même Ratmansky, qui ne comporte pas un seul moment de bravoure.

Pour le reste, Flammes de Paris n'est pas un chef d'oeuvre, personne n'aurait l'idée de le présenter ainsi, je pense que Ratmansky le sait parfaitement, pris qu'il a dû être entre son poste de directeur, ses velléités chorégraphiques et le respect d'une tradition demeurée très forte, pour autant, ce ballet ne sort pas de nulle part (tiens, comme ces fausses Flammes qui vont sévir à la rentrée dans je ne sais plus quel zénith ou palais des congrès de la capitale...) pour aboutir au "rien" ou au "grotesque". Il vient répondre à une certaine esthétique (certainement pas pire qu'une autre, parce que des chorégraphes répétitifs et attendus aujourd'hui, je ne sais pas trop par qui commencer...), qu'assume parfaitement le corps de ballet et les solistes actuels du Bolchoï, et c'est bien pour eux que le ballet a été recréé et s'expose désormais en tournée. Par rapport à l'"ennui" suscité par le premier acte, trop d'aristos etc... (pas faux), je crois justement que ce qu'on peut reprocher à Ratmansky, c'est peut-être un peu trop de "bon goût" (comme d'habitude) et de sobriété dans la chorégraphie et la scénographie, alors qu'on attendrait plus de spectaculaire et de flamboyance, que seules les parties Vainonen nous donnent vraiment (et encore a-t-on perdu totalement le sens des danses de caractère, en France plus encore qu'en Russie, ce me semble).

Moi aussi, j'y reviens ce soir...

[laurence]

La danse ce me semble doit être calée sur la musique et cette jeune fille a oublié son oreille quelque part...heureusement elle a des jambes me direz vous ... or justement danser avec ses jambes donne finalement une image bien réduite de l'émotion qui peut se dégager lorsqu'un geste juste et pensé se déploie... A part si on veut faire partie du livre des records... je vous laisse sa Gisèle qui sur Youtube est consternante... mais bien sûr elle peut faire des progrès...

[haydn]

Je ne suis pas un inconditionnel d'Ossipova, je n'apprécie pas tout ce qu'elle fait, loin s'en faut, mais parler d'une "Gisèle" (merci de lui restituer ses deux "ailes", à cette pauvre colombe...) consternante à son endroit me parait pour le moins excessif.

[Azulynn]

D'autant que la plupart des vidéos en ligne témoignent de ses débuts dans le rôle il y a déjà quelques années, et qu'il vaut mieux l'avoir vue en live récemment pour en parler - cf sa Giselle à Covent Garden l'été dernier, qui a soulevé la salle. Mais c'est un autre débat.

[nabucco]

[Sarra]

JMJ, sur votre remarque de la page précédente.

N'accordez pas trop d'importance à ce qui ne se voulait qu'une légère "badinerie" ! (mais les tentatives de légèreté à 3h le matin, hum...) Dont le but était de souligner par un renversement de logique un amusant lapsus -lapsus véniel fort compréhensible d'ailleurs, tellement était perceptible chez Haydn enthousiaste la volonté de gratitude à l'égard des danseurs russes, non celle de la "rigueur historique" !

Pourquoi la Bérézina aurait-elle fait plutôt francophiles les Russes de l'époque, après que l'invasion napoléonienne les eut momentanément rendus plutôt francophobes ?
En vertu -mais seulement selon cette logique de 3h du matin - de la sympathie que l'on peut soudain ressentir pour des gens faisant exactement ce que l'on souhaite, exauçant nos vœux...
Or précisément, la phrase de Tolstoï* indique que le passage de la Bérézina, permettant la fuite rapide des envahisseurs (sans que l'armée de Koutouzov ait à engager un combat plus meurtrier pour elle que la simple poursuite) et contribuant à leur propre anéantissement, correspondait "à ce que pouvait souhaiter tout Russe" -comblait ses vœux...

Je suis en tout cas confus d'avoir engendré votre perplexité sur ce point. J'espère que mon explication n'est pas trop longue, et son caractère "hors sujet" pas trop incongru, dans ce fil qu'elle vient "parasiter" un peu...

Avec une sympathie non à éclipses, même si ma présence ici l'est,
Michel P. (ci-devant Toulousain quelques années -émigré bien avant la décapitation de Viollet-le-Duc au bas de la rue du Taur, d'ailleurs. Cela dit car vous êtes -je suppose- Toulousain ...)

* Dont la référence exacte est en fait : "Livre quatrième, Troisième partie, Chap. XIX" -p. 1404 du volume Pléiade.

[marc]

[Florestiano]