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maraxan
Inscrit le: 24 Nov 2006 Messages: 600
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Posté le: Sam Déc 11, 2010 5:37 pm Sujet du message: |
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Dans l’ensemble, j’ai particulièrement aimé le Prince de Christophe Duquenne et il ne faudrait pas passer sous silence sa remarquable caractérisation dramatique de Siegfried, même si le troisième acte a été techniquement un peu chaotique. Un petit moment de déconcentration qui a peut-être cassé tout le rythme de l'acte et aussi de l'histoire, car le pas de trois a aussi manqué d'un développement que la remarquable entente entre Christophe Duquenne et Yann Saïz avait laissé entrevoir au premier acte.
Ce sont des danseurs expérimentés mais ce Lac est d'une telle tension dramatique qu'il faut quand même souligner que c'était pour Christophe Duquenne et Ludmila Pagliero, une prise de rôle.
Jusqu'à là, les danseurs déroulaient l’histoire avec toute la poésie voulue. Christophe Duquenne présente un Siegfried très inspiré dans le premier acte, d'une sensibilité extrême et pour moi très juste. Yann Saïz est un Rothbart dominateur, il a une présence qui en impose, la relation est très bien construite et très lisible. La première variation de Siegfried est très poétique et Christophe Duquenne y imprime son mal être avec une sensibilité rare.
L'acte deux prolonge le rêve même si le personnage d'Odette oscille un peu entre des bras parfois étonnement souples (fin de variation d'Odette) et des réactions parfois un poil trop brusques à mon goût dans le pas de deux, avec notamment un suivi peut-être trop marqué de la musique. Mais ce sont ses choix d'interprétation qu'il est difficile d'analyser à la première vision.
Le troisième acte, qui pour moi est non seulement difficile à caractériser dans l'interprétation mais aussi dans la danse - les morceaux de bravoure, ça casse l'histoire- a introduit une rupture. Christophe Duquenne et Ludmila Pagliero ont paru extrêmement tendus, parfois approximatifs, entamant la lecture de l'interprétation. J'ai eu là du mal à raccrocher Rothbart dans le duo, ce qui n'enlève rien à la magnifique prestation de Yann Saïz, quasi parfait, mais l'histoire était un peu cassée, Christophe Duquenne m'a paru se focaliser un peu trop sur Odile que l’interprétation un rien timide de Ludmila Pagliero ne justifiait pas vraiment.
Les cygnes ont ramené la sérénité dans le quatrième acte.
Bref, je ne suis pas négatif au finish mais moi, j’aime ce Lac qui minore l’histoire d’amour cucul, ces cygnes terriblement effrayants. J'aime cette version glacée et glaciale; triste et mortelle. J'aime ces gens qui exhalent le malheur avec beauté, majesté et distance.
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kreul
Inscrit le: 22 Avr 2006 Messages: 288
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Mar Déc 14, 2010 11:13 am Sujet du message: |
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Quelques mots sur la représentation d'hier soir qui réunissait dans les rôles principaux Emilie Cozette (Odette-Odile), Karl Paquette (Siegfried) et Stéphane Phavorin (Rothbart) :
J'avais assisté, il y a trois ans, aux débuts (réussis, je crois) d'Emilie Cozette dans le rôle d'Odette-Odile, alors qu'elle était encore première danseuse. Par la suite, elle a connu sur scène des hauts et des bas, suscité beaucoup de critiques, mais semble retrouver, notamment depuis La Bayadère de la saison dernière, une assurance et une confiance nouvelles. Son Odette-Odile confirme la bonne impression qu'elle a pu laisser dans ses dernières distributions. Son Odette, très féminine, jouant de son attachement au sol et à la terre, est une créature à la sensualité frémissante, tombée sous l'emprise du magicien Rothbart. Elle n'est pas une figure de l'autre monde, irréelle, lyrique, lointaine, éthérée, elle met plutôt en valeur, dans le respect littéral de la vision chorégraphique de Noureev, la tension entre l'humain et le surnaturel, le monde terrestre et le monde du rêve, l'amour pour Siegfried et la soumission à Rothbart. Le partenariat avec Karl Paquette fonctionne bien, la technique s'oublie dans les adages, laissant place à la musicalité et à l'épanouissement de l'interprétation. Je retiendrais plus particulièrement ce très beau moment à la fin de l'adage du II, où, abandonnée dans les bras de Siegfried dans une étreinte qui semble devoir durer infiniment, le sort qui la lie à Rothbart la ramène brutalement à celui-ci. Son Odile, plus autoritaire que véritablement séductrice, marque bien la différence de caractérisation. De prisonnière de Rothbart, elle devient ici sa complice et son égale. Sur le plan de la danse, je ne vois pas vraiment ce qu'on peut lui reprocher, elle s'empare du rôle et de la chorégraphie en véritable étoile, avec autorité et une réelle sensibilité musicale. Il ne faut certes pas s'attendre à des développés de grande amplitude, à des arabesques touchant au sublime, ou à des équilibres retenus en apesanteur ; de même, les bras et surtout les mains ont parfois des allures ou des accélérations un peu étranges, mais globalement, on est très loin d'un travail scolaire et appliqué, simplement propre (d'une certaine manière, elle l'est beaucoup moins que Ludmila Pagliero dans le soin apporté aux positions), c'est une interprétation investie et musicale qu'elle nous offre là, une interprétation qu'on a envie de suivre de bout en bout. Je conçois que ce ne soit pas l'étoile la plus enthousiasmante dont on puisse rêver, pour autant, elle n'a pas volé sa première dans ce rôle et je l'ai beaucoup aimée.
Contrairement à la représentation précédente où c'était le Rothbart de Yann Saïz qui apparaissait comme le maître du jeu et focalisait l'attention du spectateur, ici, c'est l'Odette-Odile d'Emilie Cozette qui domine ce Lac sur tous les plans, par sa personnalité et par sa danse. Karl Paquette ne connaît pas les mêmes difficultés que Christophe Duquenne du point de vue technique, mais sa danse, d'un brio modeste, y compris dans les moments-clé (acte III), n'en est pas pour autant enthousiasmante. Son Siegfried, face à l'aura et l'autorité royales d'Emilie Cozette, m'a semblé assez éteint, peu "princier", même si, comme je l'ai souligné, le partenariat est irréprochable. Je ne sais pas trop quoi penser du Rothbart très nerveux de Stéphane Phavorin, habituellement excellent comédien. Là, j'ai eu un peu de mal à le prendre au sérieux, je n'ai pas retrouvé cet effet implacable et saisissant que parvenait à rendre Yann Saïz, et plus loin encore dans le temps, celui qui reste mon modèle absolu, Laurent Hilaire.
Le pas de trois était correct sans être exaltant ni anthologique. Christophe Duquenne et Ludmila Pagliero y ont paru très à l'aise, Eve Grinsztjan semblait plus en difficulté, notamment dans les sauts, mais il faut dire que cet exercice de virtuosité désincarnée, particulièrement pénible dans cette version, ne me semble pas convenir au mieux à son talent et à son tempérament. Dans les danses de caractère, je retiendrais surtout la présence de Nolwenn Daniel, bizarrement associée à Fabien Révillion, particulièrement vive et enjouée dans la Czardas. Mais dans l'ensemble, les actes blancs (avec une nette préférence pour le IV), superbement servis par le corps de ballet, sont beaucoup plus intéressants et réussis dans cette version que les scènes de palais, longues, ternes et monotones.
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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dusuau
Inscrit le: 30 Mar 2007 Messages: 325 Localisation: Paris
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Posté le: Mar Déc 14, 2010 12:26 pm Sujet du message: |
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Plus de Dorothée... Plus de Nicolas LeRiche...
autre info: Melle Boulet sera remplacée poste pour poste dans le PD3 le 18 décembre par Melle Dayanova.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Kate
Inscrit le: 15 Fév 2009 Messages: 140 Localisation: Paris
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eili
Inscrit le: 07 Oct 2010 Messages: 11
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Posté le: Mar Déc 14, 2010 2:57 pm Sujet du message: |
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j'étais aussi à la représentation d'hier, et encore une fois mes critiques sont celles d'une novice qui voyait là son premier Lac sur scène (c'est dire), mais j'ai beaucoup aimé S. Phavorin avec ses airs de mauvais oiseau de nuit. Il est inquiétant dès son entrée en scène et son charisme en impose.
Emilie Cozette m'a effectivement parue plus terrienne qu'oiseau. Pourquoi pas, mais du coup je la trouvais infiniment plus crédible en Odile (autoritaire et complice avec Rothbart, comme le dit Sofia) ou en Odette désespérée de l'acte IV, qu'en Odette séduisante de l'acte II.
Karl Paquette semble être né pour jouer les princes charmants et il est tout à fait convaincant dans son rôle, même si le rôle, tel les princes de contes de fée, ne déborde pas de substance...
Je suis tout à fait d'accord avec Sophia sur Eve Grinsztajn, elle m'a paru plus en difficulté alors que je la guettais parce que je l'aime bien. Et de la même manière j'ai été impressionnée par Nolwenn Daniel.
A part ça j'étais admirablement placée au 3e rang côté jardin, donc vue imprenable sur les danseurs, mais histoire de râler un peu je pousse un petit coup de gueule contre les danseurs qui se laissent voir en coulisses par les spectateurs assis sur le côté : voir des cygnes avec sac à dos et sweat-shirts en bord de scène pendant l'acte I, ou encore voir la danseuse étoile faire quelques flexions avant d'entrer en cygne gracieux, ça gâche un peu la magie 
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doudou
Inscrit le: 03 Mai 2005 Messages: 1139 Localisation: PARIS
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Posté le: Mar Déc 14, 2010 5:32 pm Sujet du message: |
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Dans le genre râlerie, on pourrait aussi parler des techniciens qui papotent en régie et en coulisse et qu'on entend dans la salle.
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maraxan
Inscrit le: 24 Nov 2006 Messages: 600
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Posté le: Mar Déc 14, 2010 6:14 pm Sujet du message: |
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eili a écrit: |
Karl Paquette semble être né pour jouer les princes charmants et il est tout à fait convaincant dans son rôle, même si le rôle, tel les princes de contes de fée, ne déborde pas de substance...
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Pas vraiment d’accord. Il me semble que dans la version Nureyev, il y a de quoi faire pour le Prince... l’histoire tourne vraiment autour de Siegfried et le cygne est un épisode de son parcours… Karl Paquette était peu inspiré hier mais c’est surtout Stéphane Phavorin que j’ai trouvé très en retrait sur le rôle de Wolfgang, par rapport à Stéphane Bullion et Yann Saïz. Paradoxalement, Stéphane Bullion en dominant la scène lors de la Première arrivait à mettre en relief le personnage de Siegfried, peut-être parce qu’en attirant l’attention sur lui, il mettait aussi en valeur l’échange avec son partenaire et le Siegfried de Karl Paquette était moins effacé dans la narration. Hier devant deux mâles un peu fades, c’est l’autorité sur scène d’Emilie Cozette qui ressortait vraiment. Ce rôle de Wolfgang/Rothbart est vraiment clé dans la chorégraphie mais ce peut-être un vrai cadeau empoisonné, à la fois pour le danseur mais pour son partenaire. Je trouve que Christophe Duquenne s’était très bien sorti des "griffes" de Yann Saïz en offrant une lecture très lisible et très inspiré de son Prince
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Jonquille
Inscrit le: 22 Avr 2005 Messages: 1881
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Posté le: Mer Déc 15, 2010 12:55 pm Sujet du message: |
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Deux places pour Le Lac le 26 décembre à 14h30 en vente sur le site de l'Opéra. Vite !
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Jonquille
Inscrit le: 22 Avr 2005 Messages: 1881
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Posté le: Mer Déc 15, 2010 1:03 pm Sujet du message: |
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Et pour le Nouvel An...
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eili
Inscrit le: 07 Oct 2010 Messages: 11
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maraxan
Inscrit le: 24 Nov 2006 Messages: 600
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Posté le: Jeu Déc 16, 2010 12:45 am Sujet du message: |
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Je pense qu’il n’est pas pertinent de commenter cette soirée du Lac qui a été émaillée de multiples bizarreries (pour être positif) depuis le début et qui s’est terminée par le remplacement d’Agnès Letestu par Ludmila Pagliero alors qu’on avait un moment pensé que c’est José Martinez qui allait renoncer ! Yann Saïz avait quant à lui remplacé Stéphane Phavorin…
La compagnie travaille apparemment en flux tendu, j’espère que ce n’est pas trop grave…
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Jeu Déc 16, 2010 12:53 am Sujet du message: |
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L'hôpital des Quinze-Vingts est de l'autre côté de la rue, ça tombe bien... trêve d'humour noir, c'est assez inquiétant, car après la défection de Dorothée Gilbert, il va bien falloir trouver des Odette / Odile de remplacement. J'espère comme vous qu'il n'y a rien de grave en ce qui concerne Agnès Letestu (qui danse aussi Terpsichore dans Apollon) et Stéphane Phavorin. J'avais pour ma part choisi d'aller à Garnier ce soir, voir le spectacle BBB. Je vous en parlerai demain, mais il n'y a pas eu d'incident notable heureusement. Alessio Carbone, qui s'était fait remplacer la veille, était de retour sur le Sacre.
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