Démonstrations de l'école de danse

[Azulynn]

A propos de l'Ecole de Danse : les places pour le spectacle et pour le passeport de celui-ci (le 19 février) viennent d'être mises en vente. A la vitesse où sont parties les places des démonstrations, c'est toujours bon à savoir...

[sophia]

Pour rebondir sur ce sujet des passeports, il y a actuellement sur le site de l'Opéra des places disponibles pour les passeports suivants (je cite uniquement ceux consacrés à la danse, il y en a aussi de nombreux pour le lyrique):
- Linke/Noiret/Scozzi: le 15 janvier
- Wuthering Heights (Hurlevent): le 12 février
- Spectacle de l'école de danse, comme l'a précisé Azulynn: le 19 février
- Cendrillon: le 19 mars
Certains sont limités à deux places. Dans tous les cas, il faut effectivement se dépêcher de réserver.

[Katharine Kanter]

Démonstration de l’école de l’Opéra
5 décembre 2004, Après-midi (grands élèves)



Comme nous sommes ici sur un sujet qui semblerait moins susceptible de déclencher les passions qu’un début dans « La Belle », je me permets de tenter d’écrire en français.

Ayant assisté aux démonstrations des grands élèves hier dans l’après-midi, je me pose un peu les mêmes questions que la personne écrivant sous le nom de Yokoro.

En effet, lire que Mlle. Platel a l’intention de réformer l’éducation de la musique est prometteur, car musicalement hier, il y aurait du fil à retordre.

L’enseignement de l’Opéra est basé sur le PAS, plutôt que sur la phrase musicale et l’enchaînement. Je ne suis pas sûre que cela soit la bonne approche.

Dans l’ancienne école française (Cf. les Jours de la Semaine de Bournonville, nouvellement enrégistrées, sortie sur DVD avec Thomas Lund attendue en 2005), l’enseignement est basé sur l’enchaînement. Donc depuis le très jeune âge, la coutume était d’intégrer le pas dans la phrase musicale. Le pas n’existait pas en lui-même, et l’on ne répétait pas une difficulté en lui-même. La pirouette par exemple n’est pas une CHOSE qui fait applaudir le public, mais une fioriture qui émerge et qui vient décorer la fin d’une phrase ou d’une respiration, comme ces petits « curlicues » qui fleurissent dans la calligraphie des manuscrits anciens.

J’ai également l’impression que nous dansons assez en force, et à partir de la jambe plutôt qu’à partir du torse ; chez les jeunes dames il me semble que le bras ne soit pas très soutenu, le flanc est conséquemment un peu court, le bras devenant purement ornemental et non un prolongement naturel de l’épaulement.

Lorsque l’on pense à la phrase musicale comme étant primordiale, avec un enchaînement des pas conçu non à résoudre un problème technique EN TANT QUE TEL, mais à transmettre l’idée musicale, l’on se trouve comme entraîné à engager le torse. C’est le germe de l’épaulement qui naît, car l’épaulement est, en fin de compte, non seulement une facilité technique, un enrichissement esthétique, et un moyen d’aller vers son public, mais aussi et principalement, une réponse à l’émotion que suscite la musique.

Il ne me semble pas heureux d’encourager chez l’homme la même flexibilité et laxité que celle qui plombe la danse de la femme depuis trente ans. L’on commence à voir – et pas seulement à Paris, aussi en Russie, et aux USA – les jeunes hommes qui développent à la seconde en désaxant la hanche pour lever plus haut, qui exécutent sissonne en ouvrant l’articulation de la hanche en grand écart etc.

Autre question : jamais dans la danse classique la carrière n'a-t-elle été aussi courte. L'âge moyen de la retraite dans le monde est maintenant 28 ans ! Il est à penser combien les choses que nous enseignons puissent porter une conséquence - que ce soit négative, ou positive - sur la possibilité d'éviter les accidents lorsque ces jeunes auront dix ans de plus sur les épaules. Si nous décidons de chercher une laxité prononcée, une rotation exagérée, un torse peu maintenu, ce sont des aspects qui peuvent influer grandement sur la longueur de la carrière.

Pour expliquer cela d’une autre manière avec un seul exemple. Grand rond de jambe est un mouvement fondamental dans la technique de la danse, il est à la base de beaucoup de choses, car il permet le déclenchement d’une énergie gigantesque. La structure du corps humain ne permet pas de développer devant ou derrière, à la même hauteur qu’à la seconde. Donc, l’on ne développe qu’à la moindre hauteur des trois, afin de garder une absolue stabilité (et aussi harmonie visuelle) en passant de l’une à l’autre position. Cela me semble une évidence, mais je me retrouve encore une fois dans ce que Dante appelle « un parti politique uni-personnel»

Ayant été un peu contusionnée par ces réflexions, parmi les élèves je n’ai eu spécialement le loisir de remarquer qu’une jeune dame noire en classe de 3ème, se distinguant par aisance technique et sens artistique en avance de son âge.

[haydn]

Détour par le Palais Garnier, ce matin, où avait lieu la deuxième journée des démonstrations de l'Ecole de danse.

Les effets de l'arrivée d'Elisabeth Platel sont déjà sensibles, avec une ambiance beaucoup plus détendue que les années précédentes. La nouvelle directrice a été très chaleureusement acclamée tant par l'assistance que par les élèves et les professeurs.

D'une présence beaucoup plus discrète que Claude Bessy, Elisabeth Platel ne s'est montrée qu'au début des démonstrations, pour ouvrir la séance, et n'est réapparue qu'au moment des saluts de fin. Cette année, aucun dérapage du genre "Voyez comme elles (i.e. les élèves) sont bien dressées".

Le niveau général des élèves semble fort prometteur, et les démonstrations furent convaincantes, a l'exception peut être des danses de caractère, où l'on sentait le professeur peut-être trop préoccupé par la rectitude des lignes, au détriment de la vivacité de l'exécution. Ce fut d'autant plus sensible que le cours de mime - très apprécié du public - avait précédé, et que suivait la démonstration de la chorale, où Scott Alan Prouty a réalisé un travail tout à fait remarquable avec ses élèves, cherchant toujours à lier l'apprentissage des connaissances musicales aux contingences de la danse et du jeu de scène. Le succès, auprès d'une salle évidemment toute acquise à la cause, fut considérable. Excellente initiative aussi que d'avoir convié un jeune danseur qui possédait des compétences de pianiste à accompagner ses camarades. Cela ne peut avoir qu'un effet valorisant et inciter les autres - s'ils ne l'ont pas déjà fait - à se lancer également dans l'apprentissage d'un instrument de musique.

Comme nous l'avions déjà signalé ici, Elisabeth Platel a déclaré dans plusieurs interviews qu'elle voulait faire de l'acquision des connaissances musicales de base un élément prioritaire de la formation à l'Ecole de danse de l'Opéra. Les choses semblent déjà en bonne voie, et l'on ne peut que s'en féliciter.

Autre moment fort de ces démonstrations, la danse contemporaine, où les plus grands ont pu faire montre de ce qu'il faut bien appeler du professionnalisme, et les danses folkloriques, qui imposent moins de stress technique aux plus jeunes, et où l'on sentait une vraie joie qui animait les petits rats.

[geneviève]

Avez vous pu aussi voir les démonstrations de l'après midi avec les plus grandes divisions? et si oui........qu'en avez vous pensé?

[haydn]

Non malheureusement, Geneviève, en ce qui me concerne je n'ai vues que celles du matin. D'habitude, j'assiste plutôt aux démonstrations des grandes classes, dont les élèves sont déjà quasiment des professionnels, tandis que cette année, sur des conseils avisés, j'ai préféré voir les petits, et cela ne manque pas d'intérêt non plus, car leur évolution entre deux divisions est souvent spéctaculaire.

En ce qui concerne les démonstrations des grands la semaine dernière, si vous pratiquez l'anglais, vous pouvez consulter le compte-rendu qui figure sur le site américain Artsjournal en cliquant ICI

[sophia]

En ce qui me concerne, j'ai vu les démonstrations des grandes divisions la semaine dernière et celles des plus jeunes hier matin. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les démonstrations des plus jeunes sont presque plus intéressantes, car on voit vraiment la formation initiale avec l'apprentissage du placement en sixième division et l'évolution très impressionnante dans les deux divisions supérieures. A côté de cela la première division, particulièrement les filles, est déjà très pro. Pour ceux qui comptent y aller en janvier, je conseille vraiment le matin. Haydn a raison en ce qui concerne le cours de danse de caractère, c'est vrai pour les petits comme pour les grands, cela manque vraiment de "caractère", c'est le cas de le dire. J'ai bien aimé en revanche les cours classiques des petites divisions, mais comment peut-on oser se prononcer sur l'avenir de si jeunes enfants, dont certains n'ont pas fait leur croissance et peuvent changer du tout au tout en l'espace de quelques mois! Il était ainsi assez frappant de voir dans la sixième division garçons des "bébés" adorables côtoyer des jeunes gens de pas loin d'1,80 m qui ont pourtant le même âge. Bien sûr, certains se distinguent déjà par des qualités de placement, de souplesse..., mais cela me semble très prématuré d'en tirer des conséquences sur l'avenir des uns ou des autres. En revanche, en première division, chez les filles, comme je l'avais souligné, on a déjà affaire à de vrais pros, au niveau très homogène.

[helookity]

La classe de chorale de M.Prouty existe depuis ... 3 ans deja (enfin je crois). C'etait effectivement une excellente initiative de Mlle Bessy et c'est toujours un grand bonheur que d'assister au travail des eleves de cette classe.

[haydn]

Vous avez raison, Helookity, rendons à César... Mais il me semble que personne n'a dit que la chorale (qui est même sans doute antérieure à il y à 3 ans) était une innovation d'Elisabeth Platel. Simplement, cette dernière a indiqué lors de diverses interviews qu'elle souhaîtait renforcer l'enseignement de la musique à l'Ecole de Danse, ce qui est assurément une bonne chose.

[Petite Etoile]

La chorale existe depuis bien plus longtemps: dans le livre Itinéraire d'Etoiles, il y a une photo intitulée "solfège musical avec Scott Alan Porouty", sur laquelle on voit Severine Westermann toute petite.
De même dans un musique aux coeur de 1989 il me semble, on voit les eleves de 6eme, 5eme et 4eme division chantant la chanson de Charles trenet qu'ils ont chantée aux démonstration cette année. Eleonora Abbagnato était à ce moment là en 4eme division, on la voit dans les eleves, on reconnait aussi je crois Alice Renavant et Severine Westerman en 5eme division

[haydn]

Merci de toutes ces précisions Petite Etoile