Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26659
|
Posté le: Ven Juil 02, 2010 3:15 pm Sujet du message: |
|
|
Citation: |
Quinze ans, c'est de toute façon beaucoup pour un responsable public de ce niveau |
Cela permet tout de même de mener une politique artistique sur le long terme, et je ne sais pas si les errements des années 1970-1980, où les directeurs de la danse, hormis Raymond Franchetti, qui a tenu six ans, valsaient avant d'avoir pu réellement bâtir quoique ce soit, étaient préférables. Ce qui a sauvé la compagnie à cette époque, c'est la présence d'une pléiade de solistes de premier ordre : MM Atanassoff, Piletta, Denard, Guizerix, Jude, Dupond, Mme Pontois, Thibon, Motte, Piollet, Platel... excusez du peu, et j'en oublie.
Les directeurs qui se sont succédé à cette époque étaient d'ailleurs eux-mêmes des personnalités de valeur, et reconnues sur le plan international : C. Bessy, V. Verdy, C. Carlson*, R. Hightower... mais qui n'ont pas vraiment eu le temps de marquer la compagnie de leur empreinte.
Et la direction Lifar, (1930-1945 et 1947-1958), la plus longue de l'histoire de l'Opéra de Paris, n'a pas marqué, en dépit de circonstances historiques particulièrement difficiles, une période de décadence pour la troupe, loin de là. Donc, le fait de disposer de temps ne me paraît pas franchement un handicap.
[édit :]* A vérifier, une lectrice me signale que C. Carlson n'a jamais été directrice du Ballet de l'Opéra de Paris. Il me semble qu'elle a occupé cette fonction durant quelques mois. Elle fut par ailleurs responsable du Groupe de Recherches Théâtrales de l'Opéra de Paris (GRTOP) et était très apprécie de Rolf Liebermann.
|
|
Revenir en haut |
|
sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
|
Posté le: Ven Juil 02, 2010 8:18 pm Sujet du message: |
|
|
Le vrai risque en l'état actuel des choses, pour Paris et pour le monde, ce serait de s'intéresser sérieusement à ce vaste répertoire, composite et sans doute inégal, progressivement effacé par les "productions Noureev" (je n'ai pas dit "Noureev"), devenues par le seul pouvoir des programmations depuis une quinzaine d'années, LA tradition de (et à) l'Opéra de Paris. Sans maître présent, sans direction (j'ai presque envie de dire spirituelle), il est évident que tout ce répertoire prétendument "classique" se dessèche, aussi performants soient restés (pas toujours, hélas...) les danseurs sur le plan technique et stylistique, et qu'il donne souvent l'impression d'être un simple prétexte pour remplir aisément les salles aux moments-clé de l'année.
Personnellement, et ce n'est qu'un exemple, cela me laisse assez insatisfaite de découvrir un ballet aussi merveilleux que Piège de lumière, qui n'a absolument rien de poussiéreux, par le biais du spectacle de l'Ecole de danse.
Cela étant dit, il faut aussi reconnaître que l'Opéra du XXème siècle a toujours un peu pratiqué, consciemment ou inconsciemment, l'oubli (et l'exclusivisme en retour) comme politique artistique (voir Lifar - un tout autre contexte historique et artistique évidemment - avec ce qui l'avait précédé, et son règne a duré bien plus longtemps que celui de Brigitte (pas terminé, je sais), qui, elle, nous impose certes ses chorégraphes, mais pas ses chorégraphies ...).
Enfin, grâce à Jean-Guillaume Bart, et pour remonter plus loin dans le temps, nous devrions avoir bientôt La Source, histoire (risquée) de renouer un peu avec notre histoire...
|
|
Revenir en haut |
|
Ambrine
Inscrit le: 10 Déc 2008 Messages: 297
|
Posté le: Ven Juil 02, 2010 9:59 pm Sujet du message: |
|
|
Citation: |
Cela dit, il ne faut pas non plus être naïf sur le public qui garnit Garnier (qui garnit Garnier? ) en ce moment et sur les motivations d'une bonne partie des spectateurs (non, je ne généralise pas, mais bon, quand même...). L'affiche Danseuse + Degas + jolis costumes d'époque + Garnier + mois de juillet suffit sans doute à elle seule à bien remplir le théâtre
|
Mais peu importe qui remplit Garnier !
Au moins, c’est rempli, ça rapporte, ce qui permet d’équilibrer les comptes face à des Kajuyahime ou autres ballets au public épars …
S’il est des personnes non initiés qui apprécient l’esthétisme, le visuel, les costumes, la scènographie, le spectacle …
Pourquoi pas ?
Et s’il en est qui privilégie l’intellect, la narration, l’émotion, la technique … libre à eux !
Le problème est identique au cinéma : les films divertissants, grands spectacles remplissent bien plus les salles que les films d’auteurs.
Les films d’auteurs conçus pour nous faire réfléchir : OUI.
Mais le droit au divertissement pur, sans analyse ni réflexion, la fantaisie : OUI AUSSI.
Il n’y a pas un public mais des publics. Faut-il le rappeler ?
Ne dit-on pas que Télérama est le magazine du public qui n’aime pas la télé ?
Ce magnifique théâtre qu’est l’Opéra n’appartient pas qu’aux « avertis, habitués » et mécènes …
Laissons donc à tous LE CHOIX et L’ACCES.
J’ignore si le niveau général des ballets présentés baisse. Personnellement, je le trouve encore bien élevé.
Et enfin désolée de casser la magie mais l’Opéra est certes un magnifique théâtre mais c’est aussi une entreprise.
Ne soyons donc pas si méprisant à l’égard du grand public qui, s’il ne remplissait pas les salles à chaque Lac des Cygnes, ne ferait pas de l’Opéra une entreprise viable au grand dépit de la poignée de Balletomanes que nous sommes.
|
|
Revenir en haut |
|
Dansesaveclaplume
Inscrit le: 14 Jan 2010 Messages: 54 Localisation: Paris
|
Posté le: Ven Juil 02, 2010 10:48 pm Sujet du message: |
|
|
Ambrine a écrit: |
Les films d’auteurs conçus pour nous faire réfléchir : OUI.
Mais le droit au divertissement pur, sans analyse ni réflexion, la fantaisie : OUI AUSSI. |
Mais, comme pour les films, qui a dit qu'un ballet ne pouvait être "divertissement pur, sans analyse ni réflexion, la fantaisie" sans être de qualité ? La fille mal gardée, donnée l'année dernière à la même époque, n'est pas un monument de réflexion, mais quel régal ! J'y étais allée avec quelqu'un qui n'avait jamais vu de ballet, et nous avons passé une aussi bonne soirée l'un que l'autre.
La petit danseuse de Degas n'a rien de divertissant à mes yeux, La petit danseuse de Degas est juste un ballet ennuyeux. C'est vrai, les décors sont très bien faits, les costumes magnifiques, les danseurs (globalement) investis... Mais passé les 5 premières minutes, lorsqu'il n'y a rien à se mettre sous la dent...
|
|
Revenir en haut |
|
Ambrine
Inscrit le: 10 Déc 2008 Messages: 297
|
Posté le: Ven Juil 02, 2010 10:56 pm Sujet du message: |
|
|
Je n'ai jamais vu la petite danseuse de Degas.
Mais il remplit la salle.
Preuve que d'autres le trouvent divertissant.
C'était tout l'objet de mon propos.
|
|
Revenir en haut |
|
maraxan
Inscrit le: 24 Nov 2006 Messages: 600
|
Posté le: Ven Juil 02, 2010 10:59 pm Sujet du message: |
|
|
Je crois effectivement qu'il faut éviter de tirer des généralités selon ses goûts et ses impressions...
Enfin moi, sans dire que j'aime la Petite danseuse de Degas, qui effectivement, n'est pas un excellent ballet à mon avis, je le trouve tout sauf ennuyeux, car effectivement, cette profusion fait beaucoup réfléchir, et finalement, je le préfère quand même à La fille mal gardée, puisqu'on a cité celui là, que je qualifierais personnellement de navet ultime mais dont j'accepte complètement, sans vraiment le comprendre, que certains trouvent que c'est un régal???
Cela s'appelle, consensus du soir 
|
|
Revenir en haut |
|
sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
|
Posté le: Ven Juil 02, 2010 11:03 pm Sujet du message: |
|
|
Ce n'est pas du mépris, mais un simple constat, que de dire que l'affiche "Petite Danseuse de Degas" (+ bonbonnière Garnier) peut attirer a priori le public, a fortiori le public de passage à Paris, par tous les codes culturels qu'elle véhicule... Quant à trouver ensuite le ballet réussi ou divertissant, ça, c'est une tout autre histoire...
Dernière édition par sophia le Sam Juil 03, 2010 10:08 am; édité 2 fois |
|
Revenir en haut |
|
JMJ
Inscrit le: 16 Mai 2009 Messages: 675
|
Posté le: Ven Juil 02, 2010 11:19 pm Sujet du message: |
|
|
Le public de passage préfère aller à Garnier qu'à Bastille.
Il aurait fallu inverser les deux programmations.
Malgré son titre déroutant, le ballet de Kilian a de quoi satisfaire un grand public.
|
|
Revenir en haut |
|
nabucco
Inscrit le: 14 Mar 2007 Messages: 1462
|
Posté le: Sam Juil 03, 2010 9:45 am Sujet du message: |
|
|
Ambrine a écrit: |
Je n'ai jamais vu la petite danseuse de Degas.
Mais il remplit la salle.
Preuve que d'autres le trouvent divertissant. |
Faute de raisonnement : ce serait une preuve si les personnes en question savaient ce qu'elles vont voir.
En outre, il faut se rappeler que le contribuable français paie 60 % de la facture ; je trouve cela parfaitement normal à condition qu'il y ait une grande plus-value artistique, autrement dit que le spectacle ne se limite pas à un divertissement poli pour classes aisées, ce que l'Opéra de Paris dans son ensemble tend à devenir de plus en plus, notamment depuis septembre 2009.
|
|
Revenir en haut |
|
maraxan
Inscrit le: 24 Nov 2006 Messages: 600
|
Posté le: Sam Juil 03, 2010 10:30 am Sujet du message: |
|
|
Par curiosité, quelle méthode utilisez-vous pour évaluer la plus value artistique, en admettant que le raisonnement économique sur l’art se justifie ?
|
|
Revenir en haut |
|
akhmatova
Inscrit le: 27 Mar 2007 Messages: 341
|
|
Revenir en haut |
|
haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26659
|
Posté le: Sam Juil 03, 2010 10:58 am Sujet du message: |
|
|
Pour la Petite danseuse, je ne pense pas qu'on "trompe" les touristes sur la "marchandise" : on leur vend, souvent par agences interposées, "The Palais Garnier, Degas, The Chat noir, The Caf'conc cabaret, The French Cancan dancers"... c'est ce qu'ils veulent voir et d'une certaine façon, ils en ont pour leur argent. Ce spectacle draine un public disons ciblé, et ce public, à en juger par ses réactions, est satisfait du spectacle qu'on lui sert.
Evidemment, ceux qui vont voir Kaguyahime à l'Opéra Bastille y recherchent autre chose que du Paris de carte postale.
Contrairement à JMJ, je ne pense pas du tout que cela aurait été une bonne idée de mettre la Petite danseuse de Degas à l'Opéra Bastille. Les touristes n'y seraient pas venus - le Palais Garnier participe de toute cette mythologie bon marché qu'ils recherchent - et les habitués et autres balletomanes non plus, par manque d'intérêt pour l'ouvrage. Le fiasco eût été garanti.
En revanche, sur un plan artistique, il eût été préférable effectivement de donner Kaguyahime à Garnier, où la proximité entre le public et les musiciens (notamment ceux sur scène) aurait été plus grande que dans l'immense salle de la Bastille.
P. S. pour Akhmatova : 55€ ou 75€ ne sont pas pour moi des places "à prix modeste"... ce qui me parait plus regrettable, c'est la raréfaction des places à moins de 20 € (et encore, le ballet est moins cher que le lyrique...)
|
|
Revenir en haut |
|
akhmatova
Inscrit le: 27 Mar 2007 Messages: 341
|
Posté le: Sam Juil 03, 2010 3:16 pm Sujet du message: |
|
|
Haydn, pour moi non plus ce ne sont pas des prix modestes, c'était ironique et amère. Mais il faut admettre que ce n'est rien par rapport à 95 et 105, les prix proposées. Et fait nouveau, personne n'a essayé de me persuader de garder mon abonnement, contrairement aux années précédentes.
|
|
Revenir en haut |
|
Ambrine
Inscrit le: 10 Déc 2008 Messages: 297
|
|
Revenir en haut |
|
chrisdanse1
Inscrit le: 10 Juin 2010 Messages: 15
|
Posté le: Lun Juil 05, 2010 5:21 pm Sujet du message: |
|
|
Le raisonnement économique ne se base pas sur l'art mais sur ce que coute le ballet à monter.
Si une toile de Picasso vaut quelques euros en terme de matière (peinture + toile + temps), on lui accorde ensuite la valeur que l'on veut. Le nom et la rareté se chargeant du reste.
Pour un ballet, il y a certes la dimension artistique mais qui n'est pas vendue ici. Car derrière, il y a les décors, les costumes, les danseurs, les machinistes... à payer.
Fonction du coût de chaque ballet et aussi de sa popularité il faut bien l'avouer, le prix est fixé pour l'amortir
|
|
Revenir en haut |
|
|