Du riffifi à Bordeaux?

[haydn]

Réveil un peu délicat ce matin ; les journaux parisiens sont donc parvenus jusqu'au Grand-Duché avant que je n'ai moi-même eu le temps de les ouvrir, et c'est avec un peu de retard que je vous signale cet article publié dans Libération d'aujourd'hui, au sujet de dérives supposées au Ballet de l'Opéra de Bordeaux. Charles Jude, son directeur, fait l'objet d'une plainte pour "harcèlement moral" de la part d'une danseuse qui aurait été mise au placard. Difficile néanmoins de faire la part des faits avérés et des conflits de personnes, d'autant que la plupart des danseurs du ballet ont adressé une pétition de soutien à M. Jude. Ce sera donc au tribunal correctionnel de trancher, le 31 mars prochain, ainsi que l'annonce Libération.

L'article de Colette Goinere est consultable ICI

[haydn]

Et pour voir les choses sous un jour un peu plus souriant, allez donc faire une petite visite au site de Luna Sato, une fan Japonaise de Charles Jude, qui pousse la passion jusqu'à mettre en ligne le journal de voyage qui l'a conduite de Tokyo à Bordeaux. Une grande partie du site est traduite en anglais et en plus il y a des photos, qui se passent de commentaire. Il y a aussi un forum, mais là, c'est uniquement en Japonais, donc impossible de vous en relater le contenu!


Le site de Luna Sato

[Pierre]

Plusieurs niveaux de lectures de ce genre d’affaires :

1- Tout ce qui ressemble de près ou de loin à du harcèlement dans un corps de ballet émoustille le journaliste, et puis là, en plus, comme pour Pietra, il y a ces petites allusions croustillantes sur les promotions canapés (sic Libé). Mais le clou journalistique, c’est le comique de répétition : Bessy, Pietragalla, …Jude.
2- Par contagion, la projection de ces affaires sur la scène médiatique excite les ruches similaires ou tout devient prétexte à convoquer un journaliste qui s’émoustille… qui par contagion etc.
3- Il y a l’ambiance générale du rapport au travail dans la société française, voir les dernières publications à grand tirage dont le très polémique «éloge de la paresse » ; rapports au travail qui consternent nos voisins européens ou anglo-saxons
4- Il y a dans tous les corps sociaux, privés comme publics, le dangereux tarissement des crédits et financements qui réveille brutalement la course à la nécessaire productivité, à l’utile compétition, sauf que pour ceux qui ignoraient ces phénomènes, le réveil est brutal
5- Il y a des situations réelles de détresse morale, d’abîmes de souffrances
6- Il y a aussi dans toutes les ruches publiques, comme privées, d’épouvantables tyrans et de nombreux incompétents
7- La ruche artistique, et en particulier le ballet classique, est ultra sensible à toute agitation

Vous prenez tous ces ingrédients, vous mélangez le tout et vous avez une nouvelle « affaire » qui encore une fois, par l’exposition médiatique, ne propage que la désolation.

[haydn]

Je ne suis pas sûr que ce genre d'article fasse réellement avancer la cause de la danse... Libé et le Monde avaient aussi été en pointe sur l'affaire des mauvais traîtements supposés infligés aux élèves de l'école de danse de l'Opéra... la montagne a fini par accoucher d'une souris. Et il y a des choses que l'on pourrait presque trouver cocasses si elles ne touchaient à des sujets aussi graves : c'est le même éditeur qui a d'abord publié le pamphlet anti-Bessy d'Elise Ropers, puis... les mémoires de Claude Bessy, où celle-ci réfute évidemment les accusations contenues dans l'autre ouvrage... Ca fait vendre du papier, c'est l'essentiel...