laurence
Inscrit le: 16 Juin 2006 Messages: 430 Localisation: Paris
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Posté le: Jeu Oct 22, 2009 8:08 pm Sujet du message: "On the edge" - Un portrait de Sylvie Guillem |
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«On the edge»
Un portrait de Sylvie Guillem par Françoise Ha Van.
Un film, c'est d'abord une production et cette séquence là, c'est toujours la hantise des metteurs en scène. Sylvie Guillem est un mot magique: deux productrices se joignent rapidement au projet. La réalisation va s'échelonner sur les 3 ans de création d'Eonnagata.
Trois ans pendant lesquels, Françoise Ha Van, assistée d'un caméraman, Jean Philippe Bouyer, et d'un ingé-son, Julien Chaumat, vont suivre par période, Sylvie Guillem, dans ses répétitions, sa création et ses spectacles avec la volonté affirmée d'être au plus près de ce qu'elle est.
Françoise Ha Van a déjà filmé Sylvie Guillem deux fois: «Marguerite et Armand»et «Evidentia» .
Pour ce troisième film, Sylvie Guillem a toute confiance.
La caméra est là, presque incognito. Elle sait rester à sa place, ne pas gêner le mouvement et surtout elle sait l'anticiper .
Si le grain de la peau est si sensible, c'est que la caméra est amicale.
Les différentes phases du film sont assez vite définies. Françoise Ha Van adore «Le lac» se sera donc son introduction, en noir et blanc, comme un dessin à la plume. Une répétition avec Nicolas Le Riche, où fuse le rire de Sylvie, et puis, très vite, on est sur scène, avec les cygnes du ballet de Tokyo, juste avant l'entrée de l'étoile qui n'en mène pas large dans les coulisses et qui se jette en scène...
Et là, la magie opère dans les deux sens( l'inter-subjectivité chère à Daniel Stern), la présence du public: 3000 personnes et son regard, fait disparaitre la peur; l'étoile dansera mieux et mieux encore.
Une ritournelle de Nino Rota impose la mélancolie de sa redondance...Un salut joyeux devant le rideau rouge... et à nouveau ...c'est le noir des coulisses.
«Le choix vient d'un choc» la rencontre avec une danse indienne à la fois chantée et dansée: le Kathac et un danseur anglo-bengali, fournit le deuxième volet.
C'est l'expérience de cette autre danse, celle d'Akram Kahn, qui lui permettra de faire entendre sa voix.
Les très beaux échanges entre ces deux danseurs sont des moments sereins et très joyeux auxquels la caméra est associée.
La transition se fait par un moment de grande solitude, presque poignant dans ce paysage de côte déchiquetée et par l'ombre d'un vélo solitaire qui roule à bon train .
Une autre frontière est franchie avec Robert Lepage, le metteur en scène québécois et Russell Maliphant. Ce trio décide d'un projet ambitieux, qui au début n'a pas de nom: c'est«la vie du chevalier d'Eon». Tous les trois aiment le Japon et ils veulent parler de cette tradition théâtrale du kabuki, où la femme est représentée par un acteur masculin. Ce sera Eonnagata.
Un très beau moment montre Robert Lepage à la recherche d'un mouvement. Son corps, comme une idée, roule en spirale sur des tables mises bout à bout, que Sylvie et Russel viennent disposer; comme pour participer à la gestation. Il sera beaucoup question d'écriture et de plume-épée et d'écriture joyeuse... le rire de Sylvie est là pour le prouver.
Ce travail porté conjointement par le trio va recruter un quatrième personnage: Alexander Mc Queen. Françoise Ha Van connait bien le milieu de la mode, elle a travaillé avec Irving Penn.
Dans un motif tout blanc, elle fait apparaître le couturier, sculptant sur le corps des acteurs, la forme mystérieuse et inquiétante, d'un domino noir ou le baleiné esthétique d'une crinoline ou d'un écorché.
La couleur, les lumières, la musique, la nature même, sont employés comme des points d'appuis; un peu comme ce sculpteur Japonnais, Taizo, qui explique pourquoi il a choisi ce tour pour obtenir la ligne la plus exacte et la plus pure.
Les répétitions se font de ville en ville, au grè des spectacles... qui parallèlement continuent: Vancouver, Lyon, Londres,Venise ou Push est filmé mais aussi Tokyo, ou Françoise Ha Van a obtenu de montrer pour la première fois l'intérieur de la Fondation Isseye Miyaké...
Et puis surtout... Versailles... ou a lieu dans le parc, une promenade, et sur la table rouge, et dans le décor or terni du grand bassin, le Boléro...
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laurence
Inscrit le: 16 Juin 2006 Messages: 430 Localisation: Paris
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Posté le: Ven Oct 23, 2009 7:27 am Sujet du message: |
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On peut aimer ou ne pas aimer l'écrin ...mais les moments de danse sont filmés d'une façon magnifique, la lumière, la distance, les moments choisis, C'est vraiment un cinéma attentif...respectueux...qui éclaire ce que nous public dans une salle, même au premier rang, avec des jumelles, j'ai horreur des jumelles, ne voyons jamais, dans la vie, vous savez rien n'est statique...
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