Question aux mélomanes du forum

[Lacdescygnes]

Si vous le permettez Haydn, je voudrais parler un peu de musique .

Les danseurs chinois, dans l'interview qu'ils ont accordée à Dansomanie, insistent sur l'influence qu'a eu l'Ecole Russe sur leur propre pratique de la danse classique.

Pensez-vous que cette influence russe puisse également être invoquée lorsque l'on parle de pianistes virtuoses à l'image de Lang Lang ?

[akhmatova]

Il y a un fil consacré à la musique (russe).
Sans donner mon avis sur Lang Lang en tant que pianiste, ce n'est pas le sujet, disons que Lang Lang n'a rien dans son C.V. qui siganle une influence russe. Il a été formé en Chine et aux U.S.
La virtuosité n'est pas réservée à l'école russe. Il y en a des virtuoses à travers le monde. Ce n'est pas non plus, le sommet pianistique. La dextérité est nécessaire pour l'exécution des certaines oeuvres, mais elle n'est que la condition nécessaire et certainement pas suffisante pour devenir un grand pianiste.
Et je dirais qu'il ne faut pas confondre, l'effet mode-pub et la rapidité avec la virtuosité.

[haydn]

En ce qui me concerne, Lacdescygnes, je ne voudrais pas refroidir vos ardeurs, mais je partage assez l'opinion d'Akhmatova. Lang Lang n'a -heureusement pour les Russes - rien à voir avec leur école...

Il ne s'agit pas là de considérations générales sur les musiciens chinois, mais sur le cas précis de Lang Lang.

[Lacdescygnes]

Je vous rassure Haydn: je suis loin d'avoir des ardeurs pour Lang Lang .
Malgré l'effet médiatique, je ne m'étais jamais intéressée à lui. J'ignorais même qu'il avait été formé aux USA.
Je viens pour la première fois de l'entendre jouer du Liszt, de façon assez extravertie, ce qui, comptes-tenus de la difficulté technique des oeuvres de ce compositeur, m'a menée à penser qu'on pouvait malgré tout le qualifier de virtuose.
La question russe m'est venue en pensant à votre interview. Mais Akhmatova a bien raison: il ne faut pas non plus caricaturer cette Ecole, ce que j'ai peut-être implicitement fait en posant cette question.

[akhmatova]

Il ne s'agit pas de caricaturer l'école russe en musique, d'ailleurs personne ne peut le faire, à moins de se ridiculiser soi-même.
Lang Lang tombe sous la catégorie "virtuose" selon la définition du Petit Robert, et je dirai, hélas.
Pour jouer Liszt, la virtuosité est nécessaire, je viens de faire l'expérience, il y a deux jours. Mais cela s'arrête là. La musique ne consiste pas à faire les plus de notes à la minute, ce n'est pas un sport, c'est un art.

[Lacdescygnes]

Bien évidemment, et j'ai envie de dire: surtout pour Liszt! C'est pourquoi A. Brendel le joue si bien: c'est un grand poète qui a beaucoup réfléchi sur Liszt.

[akhmatova]

C'est drôle, je n'aurais jamais penser à Brendel pour ce compositeur. Mais j'avoue mon ignorance totale des performances de Brendel pour Liszt.
Personnellement, j'ai pensé aux grands classiques : Yudina Horovitz, Richter, Argerich,et Lazar Berman,. Ou encore chez les plus jeunes, Berezovski.
Car, il faut tout de même, des doigts d'acier.

[haydn]

Pour Liszt, Berman évidemment, mais aussi Jorge Bolet, Claudio Arrau (qui a appris le piano avec un élève de Liszt)...

[Lacdescygnes]

Brendel a enregistré les Années de pèlerinage 1 et 2. Il s'agit d'un double CD Philipps. Z. Koczis y joue la 3è année.

[akhmatova]

Alors ce dernier (Koczis) est à proscrire. Je l'ai entendu deux fois, et c'était vraiment très mauvais. Ce n'est pas jouer mais taper, et mal taper. Et en prime, on n'entend que la main gauche. Au studio, on peut équilibrer tout cela, mais en concert, on ne peut pas tricher.
Essayez Lazar Berman pour les années de pèlerinage. Je pense que Haydn et moi sont unanimes sur cet enregistrement.

[Lacdescygnes]

Je connais L. Berman, Bolet, Arrau etc. Koczis sur cet enregistrement ne martèle pas. De toute façon, je le recommande avant tout pour Brendel.

[Imtheboy]

Berman dans "Après une lecture de Dante", j'adore. Brendel trop cérébral à mon goût. Horowitz parfois(certains moments de "Vallée d'Oberman"). Merlet pour son disque avec "Bénédiction de dieu dans la solitude", peut-être le Liszt que je préfère.

Argerich dans la sonate... Et puis Bolet, parfois, évidemment.

Lang-Lang, pas ma langue.