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Raymonda [Palais Garnier, du 1er au 30 décembre 2008]
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maraxan



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MessagePosté le: Mer Déc 31, 2008 2:29 pm    Sujet du message: Répondre en citant

tuano a écrit:
Je souscris aux propos de Haydn. On n'a senti à aucun moment que Raymonda était "sauvée" par Jean de Brienne tellement elle était captivée par Abderam.

oui, et c'est avec elle que j'ai enfin compris pourquoi Raymonda allait essayer de les séparer lorsqu'ils se battent à mains nues


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MessagePosté le: Mer Déc 31, 2008 2:53 pm    Sujet du message: Répondre en citant

A propos des reportages signalés page précédente par Sophia

Citation:
Deux reportages diffusés à la télévision russe sur la venue de Maria Alexandrova et Alexandre Volchkov à Paris.
On les voit notamment filmés en répétition avec Clotilde Vayer.
Signalons que dans le premier reportage, les noms des danseuses interviewées sont totalement fantaisistes: il s'agit d'Aurélia Bellet et Eve Grinsztajn.

Reportage sur TVC
Reportage sur 1TV



certains des lecteurs comprennent peut-être le russe (Sophia sans doute ?): pourraient-ils éclairer les non initiés comme moi sur les contenus des interviews. Les questions permettent-elles des réponses intéressantes ou reste-t-on dans le superficiel comme c'est souvent le cas dans les reportages français de ce type ?


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tuano



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MessagePosté le: Mer Déc 31, 2008 4:00 pm    Sujet du message: Répondre en citant

maraxan a écrit:

D’ailleurs, Maria Alexandrova est la seule Raymonda qui s’intéresse à Abderam. Elle ne le regarde pas avec crainte mais souvent avec défi, parfois avec un air serein. Dans une interview, Agnès Letestu parle de viol dans la scène du rêve. Dans ces conditions, et si c’est ce qui s’est transmis à Paris, on comprend pourquoi les danseuses françaises ont une position plus distante vis-à-vis du sarrasin qui n’est qu’un barbare menaçant, alors que pour Maria Alexandrova, il semble être un objet (interdit) de séduction.

N'ayant assisté qu'à la représentation d'hier, je me suis même demandé pourquoi Abderam était considéré comme un dangereux ennemi alors que Sarrasins et autochtones font la fête ensemble durant tout le second acte avant la bacchanale.

J'ai eu l'impression que Raymonda tombait amoureuse de Jean de Brienne en le voyant représenté sur la tapisserie comme un courageux chevalier bien viril. Dans son entourage immédiat, seul Abderam personnifiait à ses yeux cette virilité idéalisée. Son amour pour Jean de Brienne est transféré sur Abderam avant que celui-ci ne se révèle moins valeureux que le fiancé. L'attirance de Raymonda sur Abderam se reporte alors à son tour sur Jean de Brienne.
Je ne crois donc pas qu'elle regrette l'issue du combat.

J'ai trouvé le public assez froid hier durant les deux premiers tiers de la représentation.

Je ne sais pas quelle proportion de spectateurs avaient choisi de venir à cette soirée pour voir les danseurs du Bolchoï. Beaucoup avaient sans doute pris leurs places comme moi avant l'annonce des distributions.


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Katharine Kanter



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MessagePosté le: Mer Déc 31, 2008 4:52 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne pense pas que nous ayons fait un immense cadeau de fin d'année à nos invités russes avec cette Raymonda de Noureev.

Les pas pour la ballerine sont déjà un puzzle pratiquement insoluble pour une danseuse de très petite taille. Quant à un grand tigre comme Masha Alexandrova, s'y faufiler ne relève pas de l'évidence.

Faisant abstraction de l'horreur chorégraphique que sont ces variations et ces pas de deux (et du fait que M. Volchkov était apparemment fiévreux et très malade), on ne peut s'empêcher de noter que la technique actuelle joue des tours même à quelqu'un de la stature indubitable d'une Alexandrova, personalité théâtrale hors du commun.

En aparté, je me permets humblement de noter que la ligne d'arabesque et d'attitude de Mlle. Alexandrova n'est toujours pas spécialement soignée, ce qui est un peu dommage vu la vie exubérante qui se dégage de l'ensemble, la qualité exaltante de sa saltation, sa batterie précise mais toute en détente sans hyper-extension du genou ni crispation du pied, la beauté et l'humour de ses menées (pietinées) et le contrôle souverain de ses tours lents. Mais son arabesque tend à partir à la seconde, et l'épaulement des attitudes est assez pauvre visuellement.

Venons en maintenant au problème principal. Aujourd'hui, on exige de la danseuse de la lever la jambe. Même Alexandrova est obligée d'y sacrifier. Afin d'y arriver, les meilleurs éléments, afin d'éviter de lancer la jambe à tout va et de faire ballotter de ça et de là le centre , instituent un contrôle de fer sur le centre.

C'est fort visible chez Alexandrova en raison de son torse très large (barrel-chested), et la qualité saillante de la musculature du dos. (Fanny Fiat utilise le même système). Donc, on prend ce "barril", et on le déplace sur la scène, en levant les jambes et bras comme par un système de poulies autour.

Mais ce n'est toujours pas un mouvement naturel, car afin de pouvoir lever la jambe, on est obligé de gommer les oppositions, cet épaulement naturel qui devrait être généré par le mouvement dansant lui-même.

On le voit parfaitement dans les renversés, qui n'en sont pas - Dorothée Gilbert étant le cas clinique, avec le dos raide comme un piquet, mais malheureusement, Mlle. Alexandrova ne fait pas non plus un véritable renversé.

Cette extrême rigidité imprimée à la colonne afin de permettre une hyper-laxité des membres inférieurs, fatigue énormement le dos et vieillit prématurément nos ballerines.

Finalement, l'on ne peut que souligner que Mlle. Alexandrova a un poids normal, sa mine est éclatante, ses bras rebondis, son dos splendide et charnu. A côté, nos propres danseuses semblent faites en verre, et d'une inquiétante "Daddy, please don't hit me!" fragilité.

Aujourd'hui, le 5 janvier, je me permets d'ajouter une interrogation : plusieurs fois pendant le spectacle, Mlle. Alexandrova, dans un mouvement se terminant dans un dégagé derrière (les français appellent cela 'quatrième à terre' je crois), a soit ajusté l'en-dehors de la jambe de terre, soit replacé la jambe dégagée par rapport à l'axe central du corps. Se sentait-elle fatiguée et donc pas sur son axe, à ce point? A-t-elle été prise de court par les combinaisons étranges que cherche Nureyev, se laissant quasi-déséquilibrer? Pensait-elle que les français forçant deséspérément sur l'en-dehors "visuel", il faille nous imiter afin de nous être agréable? En tout cas, cela m'a beaucoup surpris venant d'une aussi éminente technicienne et qui habite réellement son corps!




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maraxan



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MessagePosté le: Mer Déc 31, 2008 5:02 pm    Sujet du message: Répondre en citant

tuano a écrit:
maraxan a écrit:

D’ailleurs, Maria Alexandrova est la seule Raymonda qui s’intéresse à Abderam. Elle ne le regarde pas avec crainte mais souvent avec défi, parfois avec un air serein. Dans une interview, Agnès Letestu parle de viol dans la scène du rêve. Dans ces conditions, et si c’est ce qui s’est transmis à Paris, on comprend pourquoi les danseuses françaises ont une position plus distante vis-à-vis du sarrasin qui n’est qu’un barbare menaçant, alors que pour Maria Alexandrova, il semble être un objet (interdit) de séduction.

N'ayant assisté qu'à la représentation d'hier, je me suis même demandé pourquoi Abderam était considéré comme un dangereux ennemi alors que Sarrasins et autochtones font la fête ensemble durant tout le second acte avant la bacchanale.

J'ai eu l'impression que Raymonda tombait amoureuse de Jean de Brienne en le voyant représenté sur la tapisserie comme un courageux chevalier bien viril. Dans son entourage immédiat, seul Abderam personnifiait à ses yeux cette virilité idéalisée. Son amour pour Jean de Brienne est transféré sur Abderam avant que celui-ci ne se révèle moins valeureux que le fiancé. L'attirance de Raymonda sur Abderam se reporte alors à son tour sur Jean de Brienne.
Je ne crois donc pas qu'elle regrette l'issue du combat.


Ils ne font pas la fête "ensemble" mais côte à côte… et Raymonda et ses amis regardent quand même les autres d’un drôle d’air… Abderam invite sous sa tente mais les deux cultures ne se mélangent pas, c’est pourquoi l’exotisme des sarrasins ressort…

Je ne sais pas si il est question de virilité ici car le portrait à l’image de Noureev Wink sur la tapisserie n’est pas spécialement évocateur… En tout cas, aucuns des Jean de Brienne et peut-être encore moins Alexander Volchkov ne revendiquent cet aspect.... Et si Jérémie Bélingard et Nicolas Le Riche sont des Abderam brutaux avec une entrée en matière violente dès le début du premier acte (Nicolas Le Riche s’empare violement des mains de Marie-Agnès Gillot sur la captation TV), Yann Bridard et Stéphane Bullion s’inclinent élégamment… Bon ils sont torse nu et pas mal foutus mais seul Nicolas Le Riche en fait quelque chose de clairement sexuel. Lorsque Stéphane Bullion enlève sa cape au début de la scène du rêve, il ne fait pas une arme de son corps, il regarde fixement par terre… et la danse qui suit est plus sensuelle que virile…


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sophia



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MessagePosté le: Mer Déc 31, 2008 5:19 pm    Sujet du message: Répondre en citant

A ce propos, la tapisserie censée représenter Jean de Brienne à la croisade est, il me semble, inspirée du style des miniatures de Palekh. Qu'en pensez-vous?
http://en.wikipedia.org/wiki/Palekh_miniature

Sinon, moi aussi, j'ai été une nouvelle fois convaincue et conquise par le couple Alexandrova ... Bullion, qui a vraiment réussi à nous raconter une histoire ! Une révélation pour clore cette série de spectacles... Very Happy


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MessagePosté le: Mer Déc 31, 2008 6:16 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Représentation du dimanche 28 décembre 2008.

C’était donc ma première Raymonda, toutes versions confondues. Jusqu’ici, je n’en connaissais que des fragments et ce que nous a offert France 3 le jour de Noël.
Je n’ai pas trouvé cette version particulièrement kitsch ou surchargée comme pouvait le laisser penser cette dernière diffusion: les décors et les costumes gagnent à être vus « en vrai », et c’est tant mieux; la distribution a évidemment aussi fait que l’ennui n’a jamais pointé le bout de son nez pendant les quelques trois heures de spectacle.
Placée assez près de la scène, je ne me prononcerai pas quant à la netteté des ensembles, mais en tout cas, j’ai trouvé que le corps de ballet dégageait une énergie que l’on ne trouve pas toujours à l’ONP et c’est une première satisfaction.
J’ai aussi apprécié la danse espagnole de L. Hecquet qui, sans en faire trop et sans vulgarité tant dans sa danse que dans ses expressions, l’a interprétée avec classe.
Autre satisfaction, et là je ne vais répéter que ce qui a déjà été dit maintes fois, J. Hoffalt et F. Magnenet excellents en Bernard et Béranger (danse et interprétation). Leurs sauts sont sans effort apparent et bien maîtrisés, loin de ce que l’on voit de plus en plus ( à savoir, des jambes qui partent brusquement, mal contrôlées, avec un haut du corps crispé et qui ne fait que suivre le mouvement). Mention spéciale à F. Magnenet, chez qui, justement, on retrouve une grande liberté du haut du corps et de la tête lors des sauts, liberté qu‘il utilise à bon escient: cela lui apporte beaucoup d’allure et d’élégance.
J’ai découvert M-S Boulet dans un rôle de soliste et je trouve qu’elle n’a pas démérité dans le rôle d’Henriette, même si j’aurais préféré un peu plus de lyrisme dans la variation lente, mais globalement j’ai apprécié sa prestation. En revanche, j’ai un peu plus de mal avec ce que nous a proposé E. Grinsztajn. Proche de la scène, j’ai trouvée qu’elle en faisait un peu trop dans ses variations; une allure un peu trop fière qui contrastait avec les petits problèmes techniques qu’elle a rencontrés ( pourtant, je suis loin d’être une adepte de la technique avant tout et les accrocs ne m’empêche pas d’être sensible à une interprétation mais, ici, il y a un manque de « cohérence » qui m’a gênée). Pour moi, son jeu manquait parfois de subtilité, surtout face au monument de finesse qu’est M. Alexandrova.
Enfin, pour ce qui est des trois rôles principaux je n’ai pas grand-chose à rajouter à ce qui a déjà été écrit.
J’ai trop peu de références pour vous dire si S. Bullion est un grand Abderam mais il m’a paru plus convaincant dans le rôle que N. Leriche dans les extraits diffusés à Noël (même s’il est hasardeux de comparer à partir d’extraits télévisés). Son Abderam est plus nuancé et ne se contente pas d’être bestial et sûr de lui: il a su alterner des moments de désir, de séduction/sensualité et de colère. Le partenariat avec M. Alexandrova fonctionnait déjà bien dimanche et il incarnait un personnage même en-dehors de ses variations. Le seul passage qui m’a laissé un peu sur ma faim est lorsqu’il est éconduit par Raymonda: il m’a semblé hésiter sur le sentiment à faire passer, le désespoir ou la colère ?. . . mais bon, peut-être était-ce tout simplement son choix d’interprétation.
Concernant A. Volchkov, je me permets de citer Sophia qui exprime mes impressions beaucoup plus clairement que je ne pourrai le faire:
Citation:
Alexandre Volchkov n'a pas subitement rendu le personnage de Jean de Brienne intéressant ni le pensum chorégraphique de Noureev enthousiasmant. On est très loin de la virtuosité comme source de plaisir esthétique... Doté d'un physique élégant, convaincant dans le rôle du prince de conte, il assure avec noblesse le rôle du faire-valoir de l'héroïne, sans toutefois jamais l'éclipser. Le partenariat avec Maria Alexandrova n'est pas toujours sans accrocs dans les portés et les soutiens, et le côté appliqué reste encore un peu trop visible, notamment dans l'adage de l'acte I. Quant aux soli, le danseur moscovite se retrouvait là face à une matière technique et chorégraphique inédite, et surtout en totale rupture avec le style des variations masculines des chorégraphies de Grigorovitch. Le résultat n'est en rien déshonorant, avec une première variation exécutée de manière un peu laborieuse et poussive, mais une seconde enlevée proprement et même avec une certaine bravoure. Quel que soit l'interprète - et la manière que l'on a d'en parler est aussi significative -, avouons qu'on a du mal à se débarrasser de l'impression pénible d'assister à un concours de promotion plutôt qu'à un spectacle...
On aura en tout cas pleinement apprécié la scène de bataille livrée par le bon chrétien Volchkov contre le méchant Sarrazin Bullion, qui avait vraiment quelque chose du combat de l'archange Michel contre le démon... Cette scène, qui peine d'ordinaire à captiver tant les protagonistes semblent avoir eux-mêmes du mal à y croire, perdait son côté passablement ridicule et prenait alors un tant soit peu d'intérêt dramatique grâce à l'engagement puissant et viril des interprètes, guidés et mus tous deux par l'aiguillon de l'amour.

Pour finir, on peut évidemment être époustouflée par l’aisance technique de M. Alexandrova ( quel ballon, quelle légèreté dans sa danse!) mais sa grande réussite est de mettre sa technique au service de ce qu’elle veut nous raconter: jamais sa danse n’est vide de sens et ce qu’elle exprime est toujours en cohérence avec la musique. Mais là aussi, tout a déjà été dit et beaucoup mieux dans d’autres posts aussi je n’en rajouterai pas, sinon pour dire que je suis enchantée d’avoir enfin pu la voir dans un grand ballet classique.
Un dernier mot pour re-souligner le salut de M. Alexandrova et A. Volchkov au corps de ballet, un beau geste qui, il me semble, ne se fait pas toujours àl'ONP.


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haydn
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MessagePosté le: Mer Déc 31, 2008 6:43 pm    Sujet du message: Répondre en citant

déméter a écrit:
Un dernier mot pour re-souligner le salut de M. Alexandrova et A. Volchkov au corps de ballet, un beau geste qui, il me semble, ne se fait pas toujours àl'ONP.


Il me semble, d'après ce qu'un lecteur de Dansomanie ("Alain") rapportait, qu'Aurélie Dupont et José Martinez ont également sacrifié à cette tradition.


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maraxan



Inscrit le: 24 Nov 2006
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MessagePosté le: Mer Déc 31, 2008 7:03 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Emilie Cozette et Karl Paquette également...


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Alain



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Messages: 181

MessagePosté le: Mer Déc 31, 2008 9:37 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir et (un peu en avance cette fois) je souhaite à tous les lecteurs et acteurs de ce forum le meilleur pour cette nouvelle année emplie de danse et du plaisir de discourir sur cet art qui nous est cher!! Very Happy

Effectivement le couple Cozette-Paquette honora aussi l'ensemble des danseurs composant cet écrin sans lequel cette Raymonda dans toute cette magnificence serait bien terne. Peut-être d'autres ont-ils conservé cette révérence mais ma mémoire me ferait défaut en ce cas...

Pour revenir sur différents points évoqués par plusieurs membres de ce forum j'aimerais redire à quel point il est difficile de porter un jugement sur des artistes qui sont sur scène tout au long de l'année sans répit !!Alors que chacun repense à sa propre "performance" professionnelle jour après jour pour jauger si chaque fois qu'on le souhaite nous sommes à 100% de nos possibilités tant physiques qu'intellectuelles... Rolling Eyes

Tout d'abord il faut replacer "l'horreur chorégraphique", dont parle Mme Kanter à propos des variations de Noureev dans cette production, en perspective et revisionner donc quelques versions du sieur Grigorovitch des grands ballets du répertoire pour voir à mon sens la pauvreté du vocabulaire utilisé entre marches, piétinés, piqués arabesque et autres assemblés-soutenus...
Pardon mais je préfère de loin une version "à la Noureev" qui bien que surchagée par endroits me semble mille fois plus intéressante à danser, comme un défi technique à surmonter avant d'atteindre la liberté artistique du personnage... Un défi salutaire à ces générations de danseurs si doués qui rejoignent le Ballet de l'Opéra.
Et si l'intention émotionnelle était la meilleure des solutions techniques qui soit?! Aussi retrouver le sens de certaines attitudes au-delà du joli mais dans le rapport à l'autre et non au spectateur (qui sera toujours dans un second temps témoin ravi du dialogue entre les danseurs s'il est construit de façon sensée) m'apparait primordial!!

En effet certaines danseuses usent de codes stylistiques qui sont à mon sens inopérants (lever de jambe à l'extrême notamment...) dans ce type d'ouvrage et on peut espérer qu'elles-mêmes en auront assez avant peu... Wink Pourquoi rajouter des sommes d'amplitudes forcées alors que le langage semble déjà si complexe. L'erreur vient peut-être de ce fait : vouloir conserver des amplitudes extrêmes qui ne peuvent cohabiter avec le rassemblement vers le centre nécessaire dans ce type de chorégraphies...

Par ailleurs je trouve que ce débat sur la taille et l'envergure de certains danseurs femmes et hommes confondus est intéressant et certains devraient essayer d'imaginer comment construire de nouveaux plateaux, décors, costumes aux dimensions des géants que nous verrons sur scène sous peu... Wink tout cela sans perdre le sens des proportions lié au théâtre...

Et bien que j'imagine sans mal que le modèle slave puisse paraître fabuleusement exaltant sur scène, comparez bien l'apparence de ces personnes en scène avec leur présence dans la rue.
Cela fait peur car les personnes fines en scène sont en fait extrêmement maigres!!! et laisse à penser que ces fameux kilos en plus que font prendre les photos et autres vidéos valent aussi en scène alors avant de glorifier les lignes de telle ou tel artiste repensez aux sacrifices extrêmes que certains font à tort pour apparaître dans ce moule exigeant que constitue notre regard!!

Et pour ceux qui ne percoivent pas en quoi les membres immenses de certaines danseuses peuvent poser problème, il suffit d'imaginer la maniabilité de telle ou telle grue ( Embarassed pardon pour la comparaison...) de construction pour entrevoir combien l'éloignement de l'extrémité distale du membre d'avec le centre de gravité du corps peut ralentir le mouvement, le désorganiser par l'ampleur des bras de leviers exercés sur les articulations et sollicitant la musculature...
Plus on s'éloigne du but à atteindre (comme au bout d'une canne à pêche) et plus la précision du geste à effectuer demande d'efforts de coordinations musculaire et articulaire en ajoutant autant d'articulations et donc de paramètres (variables) qu'il faut gérer. Toute la coordination d'un enfant en croissance est altérée, de même la puissance musculaire est diminuée quand le muscle est considérablement étiré également en période de prise de taille importante...
Des demoiselles très laxes peuvent compenser leur manque de force en lançant leurs jambes pour profiter de l'élan et du balancement de leurs membres mais la technique telle que l'enseignait Bournonville leur semble sinon impossible au moins épuisante physiquement parlant...

Si l'on veut trouver les arabesques de Mlle Alexandrova approximatives regardons alors les hauteurs et tenues d'arabesques de nos danseuses et Mlles Dupont ou Gilbert ne sont pas, tout comme avant elles Mlle Maurin par exemple, des "monstres de flexibilité dorsales" mais il ne faut pas confondre flexibilité et mobilité et ceci dans tous les plans de mobilité de la colonne notamment... Regardez le long buste de Mlle Gilbert lui donner toute liberté pour les rotations par l'espace créé entre les deux ceintures pelvienne et scapulaire... La liberté d'ajustement du buste de Mlle Dupont a toujours servi ces équilibres et rotations.

La flexibilité latérale du torse est aussi très importante et la rotation de la colonne constitue encore une autre possibilité de mouvement, donc certaines danseuses compensent par l'une ou l'autre ce qui pourrait leur faire défaut. D'où parfois ces arabesques qui se trouvent être intermédiaires avec une seconde position par l'effacement de la hanche de l'arabesque qui devrait s'engager face à la direction du bras devant au lieu de suivre l'aplatissement de face provoqué par le bras en seconde qui s'étire si fort vers l'arrière (J'espère me faire comprendre...).

La recherche de hauteur d'arabesque provoque ce défaut chez bien des danseuses qui atteignant leurs limites d'amplitudes articulaires en extension de hanche trouvent dans le pivot de leur bassin une façon de continuer à "monter leur arabesque"; mais qu'y gagne le spectateur sinon une perte du sens de l'engagement de l'arabesque donc un brouillage du discours du corps hésitant entre l'avant et l'arrière en se distordant pour finir plat, en 2 dimensions là où le mouvement est par essence tridimensionnel...

Par ailleurs ce que des danseuses du type de Mlles Dupont ou Gilbert n'ont pas en mobilité voire laxité excessive leur donne un aplomb gravitaire propre à développer un langage tout en suspension permis par la sureté de leurs équilibres et l'engagement de leur bas de jambe dans la solidité de leurs appuis au sol; là où d'autres interprètes telle Mlle Ould-Braham possèdent un lyrisme évident par une danse si déliée et des amplitudes de mouvement qui portent à l'infini leurs membres...
"Il n'y a pas d'avantage sans désavantage" Stendhal

Chacun en ce monde possède qualités et défauts et de même les danseurs ont chacun des avantages corporels propres amenant à développer une gestuelle personnelle et donc à mettre en évidence une facette différente de notre amie Raymonda, d'Abdéram et de Jean de Brienne. Celle-ci doit pouvoir relever des défis techniques complets de saltation (d'ailleurs que sont devenus ces grands jetés dans la variation du voile... des posés arabesque pour la plupart...), de giration (les fameux posés-tours finis en 4ème croisée sur pointes!!! quel défi avec la pente...), d'équilibre (la variation du rêve avec ses développés sur pointe... rarement réalisés ainsi en concours internationaux et pour cause...), d'engagement avec les épuisantes danses de caractère (songez au défi de retrouver des forces et du contrôle pour le dernier pas de deux après une telle dépense d'énergie...), d'interprétation par la richesse des tempéraments à évoquer (subtilité des échanges à construire suivant sa propre perception de cette transcription contemporaine de cet ouvrage du 19ème siècle évoquant le Moyen-Age... que de filtres à passer pour donner à voir ici et maintenant!!)

Alors pour finir avec ces remarques MERCI !!!!! Very Happy à ces demoiselles et messieurs pour leur courage à se présenter à nous quel que soit leur état physique et mental qui altère ou décuple leurs forces et leurs désirs pour nous faire rêver cette histoire...
Merci pour ces magnifiques instants qui nous révèlent des parts de nous-mêmes et tant mieux si chacun y voit une option ou bien son contraire; en évoluant sous les traits de ces personnages, leurs choix touchent en nous des parcelles émotives différentes. Pour ma part je garde de fameux moments de chacun des solistes de cette production que j'ai pu voir et la générosité et le courage de ces artistes qui par leur fragilité ramène humanité en nos coeurs pour cette fin d'année et celle qui arrive...
En simple regret final n'avoir point pu apprécier certains d'entre eux (valse des distributions oblige) et déplorer l'absence d'artistes tels que Mlle Pujol, Mr Moreau et Mr Legris... Crying or Very sad



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haydn
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MessagePosté le: Mer Déc 31, 2008 10:16 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Alain d'avoir pris la peine de rédiger ce long compte-rendu.

Ce soir, réveillon oblige, je ne me sens pas en état de "ferrailler" avec vous au sujet de Youri Grigorovitch, dont j'admire le talent de chorégraphe : si son Casse-noisette ne me plait guère, j'apprécie en revanche beaucoup son Lac des cygnes, notamment pour les scènes "de palais", ainsi que Raymonda, Spartacus ou Ivan le Terrible. Je trouve notamment qu'il traite très bien les danses de caractère. Maintenant, cela n'a rien à voir avec Nouréev, qui, de toutes façons, avait été formé à la tradition du Mariinsky (à l'époque Kirov), et non à celle du Bolchoï. A cela, ajoutez l'influence anglaise avec MacMillan mâtinée de technique française et danoise...


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Silk



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MessagePosté le: Jeu Jan 01, 2009 12:49 am    Sujet du message: Répondre en citant

Pitié !
Et si on cessait de "ferrailler"... ?
Ne pourrait on pas reconnaître que la richesse de cet art (qui nous rassemble tous sur ce forum...) vient de sa diversité ? De l'existence de chorégraphies aussi différentes que celles de R.Noureev et I.Grigorovitch ? Il ne viendrait à l'idée de personne de juger les mérites comparés de R.Petit et M.Béjart ou de J.Neumeier et Mac Millan...
Pour ma part, je peux adorer "Spartacus" ou "Ivan le Terrible" aussi bien que certaines chorégraphies de Noureev (dont sa "Raymonda") à condition que tous ces ballets soient dansés dans le strict respect de leur style d'origine pour ne pas trahir la pensée de leur créateur !
Une bonne résolution pour 2009 qui débute dans quelques minutes ? Et si on s'essayait à la tolérance... Wink


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Buddy



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MessagePosté le: Jeu Jan 01, 2009 1:00 am    Sujet du message: Répondre en citant

J'etais a Paris pour quelques jours. J'ai vu Maria Alexandrova le 30. Je n'avais pas la chance de lire les choses ici mais je doit dire que pour moi

Maria Alexandrova etait Absolument Magnifique !!!!


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haydn
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MessagePosté le: Jeu Jan 01, 2009 1:15 am    Sujet du message: Répondre en citant

Les bonnes résolutions, c'est peut-être d'abord d'accepter la confrontation des idées et des points de vue... Il n'est point de veau d'or que l'on soit contraint d'adorer, et il est normal et légitime de débattre, justement, des mérites respectifs des chorégraphes, qu'ils fussent Neumeier, Béjart, Roland Petit, Nouréev ou Grigorovitch.

Je suis content que le Père Noël ne vous ait pas oublié, Buddy, et que vous ayez pu trouver une place pour Raymonda. Very Happy


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Buddy



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MessagePosté le: Jeu Jan 01, 2009 1:52 am    Sujet du message: Répondre en citant

Quatrieme etage, haydn, mais avec les jumelles, j'etais sur scene et au ciel au meme temps !

Je vous souhaite Une Très Heureuse Nouvelle Année ! (A tous)


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