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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26659
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Posté le: Mar Jan 13, 2004 8:16 pm Sujet du message: Ballet de Faust |
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Suite à une question qui m'est parvenue par e-mail, pour que tout le monde puisse en profiter et y apporter, le cas échéant, des éléments de réponse.
Une personne recherchait le "livret" du ballet de Faust, de Charles Gounod :
Bonjour Agnès et bienvenue.
Vous serait-il possible de me donner quelques précisions quant au ballet que vous recherchez? S'agit-il de celui qui est intégré à la version en 5 actes (1862) de l'Opéra de Gounod (originellement écrit en 4 actes pour le Théâtre lyrique, en 1859 je crois, et qui ne comportait pas de ballet). S'il s'agit de vous trouver un livret intégral de l'opéra, la chose ne devrait pas être bien difficile, mais je ne sais pas si il y a eu un argument spécifique rédigé pour le ballet. Je possède la partition de Faust chez moi, où la musique de ballet, incluse à l'origine dans le N° 28 (Scène et choeur : Mephistophélès, Faust : "Jusqu'aux premiers feux du matin") figure en annexe. Il n'y a pas de "livret" proprement dit, mais quelques indications didascaliques :
I. Allegro - Tempo di Valse
Mesure 10 :
Aspasie et Laïs, à la tête des courtisanes, se lèvent et viennent inviter Faust et Méphistophélès à prendre part au festin.
II. Adagio
Mesure 1
Après elles, Cléopâtre et les Nubiennes, [Hélène et les suivantes] viennent entourer Faust de leurs séductions.
III. Allegretto
Mesure 1
Les esclaves nubiennes boivent dans des coupes d'or les poisons de Cléopâtre, qui trempe elle-même ses lèvres dans la coupe où elle a fait dissoudre la plus précieuse de ses perles.
IV. Moderato maestoso
Mesure 1
A Cléopâtre succèdent les Toyennes et Hélène, rivale de Vénus.
V. Moderato con moto
Toilette d'Astarté.
VI. Allegretto
Mesure 1
Cette lutte de séduction est interrompue par l'apparition de Phryné entièrement voilée. Moment de curiosité.
VII. Allegro vivo
Mesure 1
D'un signe, elle ordonne à ses rivales de reprendre les danses un instant suspendues.
Mesure 34
Elle s'y mêle elle-même, laissant peu à peu tomper ses voiles...
Mesure 84
Entrée de Phryné apparaissant enfin dans dout l'éclat d'une radieuse beauté.
Mesure 124
Son triomphe éveille autour d'elle des jalousies et des colères qui font dégénérer la fête en une bacchanale effrénée.
Mesure 169
Les courtisanes vont retomber sur leurs coussins, épuisées et haletantes. Faust subjugué tend sa coupe à Phryné.
Dernière édition par haydn le Sam Nov 15, 2008 9:53 am; édité 1 fois |
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rothbart
Inscrit le: 09 Avr 2008 Messages: 424
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Posté le: Sam Nov 15, 2008 12:09 am Sujet du message: |
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Je trouve bien dommage qu'aujourd'hui les metteurs en scène d'opéra éliminent presque systématiquement les ballets inclus dans les ouvrages lyriques.On a un corps de ballet,autant l'exploiter...
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Cléo
Inscrit le: 21 Sep 2008 Messages: 124 Localisation: PARIS
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akhmatova
Inscrit le: 27 Mar 2007 Messages: 341
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Posté le: Sam Nov 29, 2008 10:49 am Sujet du message: |
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Si l'on juge d'après les rares cas à l'ONP, où l'on voit la danse au milieu d'un opéra, vaut mieux s'abstenir. J'ai encore en souvenir le Guillaume Tell, avec les suisses faisant de la breakdanse. C'était pathétique.
Cependant, et je suis navrée de faire appel comme d'habitude aux russes, au Mariinski, la troupe participe aux opéras. J'ai encore en souvenir la Fiancée du Tsar avec des parties dansées par des vraies danseurs. Ainsi que dans Sadko et Ruslan et Liudmila. Comme par hasard, les russes considèrent les opéras de Rimsky-Korsakov comme faisant partie de leur patrimoine culturelle et il ne leur vient pas à l'idée de couper les opéras et faire de la breakdanse au milieu.
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Lacdescygnes
Inscrit le: 10 Mar 2006 Messages: 118
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Posté le: Sam Nov 29, 2008 11:14 am Sujet du message: |
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Les opéras où figuraient à l'origine des ballets sont-ils nombreux ? Quel était le rôle de ces ballets ? Etaient-ils un équivalent du choeur "commentant" l'action ou bien s'agissait-il d'un "divertissement" incorporé dans l'opéra ?
A voir la photo postée par Akhmatova, on dirait que dans Faust, les danseurs participaient à l'action du ballet...
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Lacdescygnes
Inscrit le: 10 Mar 2006 Messages: 118
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Posté le: Sam Nov 29, 2008 11:17 am Sujet du message: |
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Par ailleurs, je ne suis pas du tout une amatrice de lyrique, mais de ce que j'ai vu d'un certain nombre de mises en scène actuelles, je me demande effectivement si la danse y a bien sa place (à moins d'y adapter les chorégraphies et d'en faire de la danse contemporaine, mais serait-il permis, légalement, de modifier les chorégraphies d'origine ?).
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Silk
Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 165
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Posté le: Sam Nov 29, 2008 11:54 am Sujet du message: |
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Et, pour faire plaisir à Cléo, il a même existé à l'Opéra, dans les années 70 ou au début des années 80, une "Coppélia" en ... 3 actes ! C'était la "Coppélia" qui est aujourd"hui au répertoire de l'Ecole de Danse" (dont il existe le DVD avec Matthieu Ganyo et Charline Gienzendanner) mais alors pas encore amputée de l'acte final, celui des réjouissances du Mariage de Swanilda et Frantz.
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rothbart
Inscrit le: 09 Avr 2008 Messages: 424
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Posté le: Sam Nov 29, 2008 11:56 am Sujet du message: |
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Quand je souhaite le retour du corps de ballet dans des productions lyriques,c'est dans mon esprit ,dans le cadre de productions non iconoclastes et dans les chorégraphies plus ou moins d'origines et à titre non systématique.(Point n'est besoin de demander à nos danseurs de faire du break danse,il y a des jeunes qui font ça très bien.)
Aujourd'hui ,ce que je déplore ,c'est qu'on les retire systématiquement.Dans le cadre d'une belle mise en scène (il y en a tout de même quelques fois dans le lyrique même si c'est rare à l'ONP...),ça pourrait être très intéressant.
A mon sens le but de ces ballets étaient d'introduire une pause,une respiration dans la soirée,un divertissement dans le divertissement.Cela peut se concevoir aussi comme une marque de prestige,une conception maximaliste de ce que doit être le spectacle (conception ,je l'accorde à contre courant des modes perdurantes de ces dernières années qui donnent le prima à l'abstrait et au minimalisme sur la scène Parisienne,voir aux délires).
Pour répondre à Cléo,tant qu'à faire de repasser Coppéllia dans la choré saint Léon (rubrique souhaits et désirs),j'aimerai autant que ce soit dans la version Lacotte en 3 actes (ce qui reste court).
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26659
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Posté le: Sam Nov 29, 2008 12:03 pm Sujet du message: |
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Au XIXème siècle, les statuts de l'Académie de Musique imposaient aux compositeurs et librettistes d'opéras d'incorporer un ballet dans tous les ouvrages lyriques. Généralement, ledit ballet se trouvait au 2ème ou au 3ème acte, et n'avait aucun rapport avec le reste de l'action : un pur divertissement donc. Il y a quelques exceptions notables (Robert le Diable, de Meyerbeer, par exemple), où le ballet est intégré au déroulement dramatique de l'Opéra.
Autre cas célèbre, Tannhäuser, de Wagner. Créé à Dresde en 1845, une production en français fut montée à l'Opéra de Paris en 1861, à l'initiative de la princesse Pauline Metternich. Wagner dut se plier, de très mauvaise grâce, aux injonctions de l'Académie de Musique, et insérer un ballet, dont il ne voulait pas, dans son opéra. Pour en être débarrassé au plus vite, et qu'il ne perturbe pas trop la progression dramatique de l'ouvrage, Wagner plaça ledit ballet immédiatement après l'ouverture, contrairement à tous les usages.
Ce ballet n'est plus jamais donné, et il n'a jamais été enregistré intégralement. Il y en a quelques fragments dans la version (par ailleurs en allemand...) gravée par Wolfgang Sawallisch en 1962.
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Cléo
Inscrit le: 21 Sep 2008 Messages: 124 Localisation: PARIS
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Posté le: Sam Nov 29, 2008 12:20 pm Sujet du message: |
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akhmatova a écrit: |
Cependant, et je suis navrée de faire appel comme d'habitude aux russes, au Mariinski, la troupe participe aux opéras. J'ai encore en souvenir la Fiancée du Tsar avec des parties dansées par des vraies danseurs. Ainsi que dans Sadko et Ruslan et Liudmila. Comme par hasard, les russes considèrent les opéras de Rimsky-Korsakov comme faisant partie de leur patrimoine culturelle et il ne leur vient pas à l'idée de couper les opéras et faire de la breakdanse au milieu. |
Certes, mais je crois que l'effectif de la troupe russe est bien supérieur à celui de la troupe de l'Opéra. De plus, le ballet de l'Opéra n'a jamais vraiment eu une distinction entre danseurs de caractère et danseurs de demi caractères (du moins depuis le XIXe - cette distinction existait auparavant Noble-Caractère-Demi-caractère) Dans l'idéal, avec un effectif de danseurs un peu plus élevé, il serait possible d'occuper les stagiaires et surnuméraires qui doivent pratiquer la scène pour se renforcer et qui, la plupart du temps, passent leurs premières années à attendre sur un banc que quelqu'un veuille bien se blesser (ce qui dans l'idée n'est pas saint). Des demi-solistes prometteurs pourraient présenter les éventuels soli.
Par contre, il faut reconnaître "qu'historiquement" parlant, les ballets d'Opéra ont mauvaise presse. Les légendes qui tournent autour du Foyer de la Danse et des ballets d'OPéra, les effets pernicieux du goût des "abonnés" (vieux si possible) avec en exergue la légendaire chute de Tannhaüser parce que le maître leur aurait refusé un ballet de troisième acte (une légende erronée), donnent une coloration bien différente à ces oeuvres que celle qu'elles ont en Russie. Elles sont entachées de l'image des "papas gâteau IIIe République". A la même époque en Russie, les protections d'artistes par des membres influents du public ne débouchaient pas sur de tels anathèmes à l'encontre des danseurs. Le contexte est donc différent.
Il faut reconnaître d'ailleurs qu'en France, souvent, ces ballets ne sont que des prétextes, à la différence des ballets d'opéra russes qui les intègrent à l'action. La musique péche également. Verdi, dans Don Carlos (mais aussi dans les autres) se montre bien peu inspiré lorsqu'il s'agit d'écrire pour la Danse. Balanchine ou Robbins, réutilisant ses pages dans "Ballo della Regina" ou "Four Season" (musique pour Vespri Siciliani) ont dû y introduire une certaine dose d'humour pour passer par dessus les conventions de la musique.
Mais il y a quelques réussites. Une "Muette de Portici" avait donné son rôle principal à une danseuse mime, Lise Noblet, la première Effie de "La Sylphide". Le ballet de Robert le Diable est légendaire (et perdu). Dans un enregistrement audio "Live" de la reprise de cet opéra des années 80, le ballet n'avait pas été coupé. Eh bien on entend la salle hurler de rire au moment de la variation de l'abbesse, jadis créée par Marie Taglioni. Aucun doute qu'il ne s'agissait pas d'une tentative de reconstitution!!
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Cléo
Inscrit le: 21 Sep 2008 Messages: 124 Localisation: PARIS
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Posté le: Sam Nov 29, 2008 12:37 pm Sujet du message: |
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Silk a écrit: |
Et, pour faire plaisir à Cléo, il a même existé à l'Opéra, dans les années 70 ou au début des années 80, une "Coppélia" en ... 3 actes ! C'était la "Coppélia" qui est aujourd"hui au répertoire de l'Ecole de Danse" (dont il existe le DVD avec Matthieu Ganyo et Charline Gienzendanner) mais alors pas encore amputée de l'acte final, celui des réjouissances du Mariage de Swanilda et Frantz. |
En effet. C'était une reconstitution de Pierre Lacotte datant de 1973 pour Noëlla Pontois (mais Thesmar l'a beaucoup dansé avec Denard). Malheureusement le 3e acte semble avoir été vite abandonné pour la version courte présentée à l'Opéra Comique (avec Maurin, Legrée et De Vulpian en alternance) et sur le DVD école de danse.
Je dois avouer que, malgré les charmes indéniables de cette captation(ah! la trop rare Charline G!), je reste frustré par la jeunesse artistique de ses interprètes. Rien ne vaut de voir présenter une oeuvre avec des danseurs aguerris. Cela donne plus de poids à l'interprétation. Je reverrai maintenant avec plaisirs les danseurs de ce DVD le danser sur la scène de l'Opéra avec le métier en plus...
Je regrette qu'on ne puisse plus voir un "chevalier à la demoiselle" ou un "Entre deux ronde" ou encore "Daphnis et Chloë" qu'avec les élèves de l'école de Danse; même si je trouve très positif ce rôle de conservatoire tenu par l'école.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Sam Nov 29, 2008 2:27 pm Sujet du message: |
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Cléo a écrit: |
Mais il y a quelques réussites. Une "Muette de Portici" avait donné son rôle principal à une danseuse mime, Lise Noblet, la première Effie de "La Sylphide". Le ballet de Robert le Diable est légendaire (et perdu). Dans un enregistrement audio "Live" de la reprise de cet opéra des années 80, le ballet n'avait pas été coupé. Eh bien on entend la salle hurler de rire au moment de la variation de l'abbesse, jadis créée par Marie Taglioni. Aucun doute qu'il ne s'agissait pas d'une tentative de reconstitution!! |
Le ballet inséré dans l'opéra d'Auber La Muette de Portici est d'ailleurs resté l'un des divertissements d'opéra les plus populaires au XIXème siècle. D'autres ballerines ont ainsi repris plus tard le rôle de Fenella (rôle pourtant mimé), telle Fanny Elssler. Et puisqu'il en était question dans un autre fil, Emma Livry est morte suite aux brûlures contractées lors d'une répétition de La Muette de Portici. De manière plus générale, les premières danseuses qui signaient un contrat avec l'Opéra pour y être engagées sur une ou plusieurs saisons débutaient souvent dans un "pas" inséré dans un opéra avant d'aborder un grand rôle créé pour elle dans un ballet à part entière: ce fut notamment le cas de Marie Taglioni qui débuta à l'Opéra dans plusieurs petits divertissements, et notamment dans le pas de La Vestale de Spontini, et plus tard celui de Fanny Elssler ou de Carolina Rosati.
Au-delà de ces anecdotes, on peut faire remarquer que les divertissements d'opéra participent d'une conception des arts de la scène où le ballet n'est pas encore considéré comme une forme théâtrale vraiment autonome de l'opéra. Les critiques français du XIXème siècle, pour la plupart d'entre eux, n'étaient d'ailleurs pas spécialisés dans un domaine.
Indépendamment de la question particulière des ballets insérés dans les opéras, le processus d'affranchissement de la danse a été très long, du moins en France, car, encore au XXème siècle à l'Opéra de Paris (jusqu'à l'arrivée de Lifar, je présume? Lifar qui lutta aussi parallèlement contre l'influence pernicieuse des abonnés...), les soirées entièrement dédiées à la danse n'existaient pas, et le ballet était toujours programmé en même temps qu'un opéra. Cette situation n'était toutefois pas universelle, car Gautier, dans son Voyage en Russie, fait remarquer, pour s'en étonner, qu'à Saint-Pétersbourg - et cela se passait dans les années 1850 -, le ballet était un spectacle indépendant de l'opéra, autrement dit, il y avait déjà des soirées distinctes pour le ballet et pour l'opéra. Cet aspect structurel permet aussi d'expliquer l'éclosion des "grosses machines" à la Petipa, ces ballets en trois, quatre ou cinq actes, plus étoffés que ce qu'on pouvait monter ailleurs à la même époque.
Pour le reste, je pense en effet que le contexte est complètement différent en Russie et en France, aussi bien en ce qui concerne l'organisation des théâtres que sur le plan de la politique de répertoire. Non seulement, comme l'a dit Cléo, les troupes de l'Opéra et du Mariinsky n'ont pas la même importance en termes quantitatifs (sans parler du fait qu'il subsiste un grade spécifique de "danseurs de caractère" dans les troupes russes), mais en plus, les opéras cités par Akhmatova sont, dans le cadre russe, des opéras "nationaux" (si je puis dire), qui ont toujours figuré au répertoire de ces compagnies, et dans des mises en scène traditionnelles, relativement proches de ce qu'on pouvait faire au moment de leur création. Enfin, je ne suis pas non plus spécialiste là-dessus... Sauf erreur de ma part, il n'y a pas de ballets intégrés dans les nouvelles productions ou dans les opéras "étrangers" qui sont à l'affiche du Mariinsky. A l'Opéra, les saisons lyriques, et ce, depuis bien longtemps, ne sont plus construites sur un répertoire patrimonial historique (qui verrait donc le retour systématique d'oeuvres de Meyerbeer, Donizetti, Gounod, Bizet...). De plus, les mises en scène modernes ne permettent pas vraiment l'insertion de ces divertissements dansés, du moins dans le respect du langage classique (bien qu'une danseuse de la troupe, Laura Hecquet pour ne pas la nommer, ait participé il y a quelques années au Capriccio de Richard Strauss, dans la mise en scène de Robert Carsen, mais cela reste tout de même une exception, je ne sais pas quel en était le résultat...). L'unité de style serait rompue, ce serait du dernier ridicule, non? Une restauration de ces divertissements au sein des opéras ne pourrait donc avoir aujourd'hui qu'un intérêt strictement archéologique... Autant je peux être "réac" (au sens de "réagir" par rapport à un état de fait) sur le ballet et certains aspects de la conservation du répertoire chorégraphique, autant il ne me gêne pas que les mises en scène de théâtre et d'opéra soient soumises à une évolution historique... 
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akhmatova
Inscrit le: 27 Mar 2007 Messages: 341
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Posté le: Sam Nov 29, 2008 4:04 pm Sujet du message: |
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sophia a écrit: |
Autant je peux être "réac" (au sens de "réagir" par rapport à un état de fait) sur le ballet et certains aspects de la conservation du répertoire chorégraphique, autant il ne me gêne pas que les mises en scène de théâtre et d'opéra soient soumises à une évolution historique...  |
Il est évident que les opéras cités sont une sorte de patrimoine historique et donc quelque part intouchables. Cela n'a pas empêché les "modernes" français de critiquer la Fiancée du Tsar, lors du passage de Mariinski à Paris (l'avant dernier) et même le dit Mariinski a deux mises en scènes pour Boris, l'une classique avec costumes d'époque, c'est la version1872, et l'autre moderne, la version 1869.
Ceci dit, je ne prône pas l'intégration des divertissements hors propos dans des mises en scènes ultra modernes, mais le respect du contenu dans des opéras où la danse reste et fait partie de l'action. J'ai mentionné Guillaume Tell, je peux mentionner aussi la Chauve souris infame et de mauvais goût au répertoire de l'Opéra de Paris. Contrairement à vous, Sophia, je suis tout aussi réac quand il s'agit de l'opéra. Les relectures généralisées avec un penchant pour le laid, le grotesque et l'outrance ne me semble pas servir cet art.
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Cléo
Inscrit le: 21 Sep 2008 Messages: 124 Localisation: PARIS
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Posté le: Sam Nov 29, 2008 5:03 pm Sujet du message: |
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sophia a écrit: |
les soirées entièrement dédiées à la danse n'existaient pas, et le ballet était toujours programmé en même temps qu'un opéra. |
En effet, c'est Lifar qui instaure les soirées entières de ballet. Cependant, si, au XIXe siècle, il y avait des ballet qui accompagnaient un Opéra (c'est le cas de "Coppélia" qui y perdra assez rapidement son IIIe acte), il y a aussi des soirées où un acte d'Opéra accompagne un ballet. Un "Corsaire" ou un "Marco Spada" étaient également de "grosses machines" et Petipa lui même s'est glissé, en Russie, dans le moule initié par Saint Léon, spécialiste de ce genre de productions. En même temps on doit à cette même tradition des petits ballets d'accompagnement d'Opéra, l'éclosion à Saint-Petersbourg des ballets d'action court de Fokine comme "Les Sylphides" et "Le Pavillon d'Armide". Les conditions financières ne permettaient pas toujours de créer des ballets d'une soirée.
Citation: |
A l'Opéra, les saisons lyriques, et ce, depuis bien longtemps, ne sont plus construites sur un répertoire patrimonial historique (qui verrait donc le retour systématique d'oeuvres de Meyerbeer, Donizetti, Gounod, Bizet...). |
... Et c'est fort dommage. Un Robert le Diable bien chanté (c'est là ou le bas blesse. Mais j'ai ouï dire que Gabriel Bacquier et Michel Sénéchal partaient guerre contre la perte du chant français) ne pourrait se faire sans un bon ballet des nonnes. Il pourrait s'agir d'une reconstruction (P. Lacotte) mais aussi d'une relecture. La scène Degas que Neumeier a créé pour son "Casse Noisette" pourrait justifier qu'on lui donna une telle tâche à accomplir...
 
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Sam Nov 29, 2008 5:32 pm Sujet du message: |
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Cléo a écrit: |
Un "Corsaire" ou un "Marco Spada" étaient également de "grosses machines" et Petipa lui même s'est glissé, en Russie, dans le moule initié par Saint Léon, spécialiste de ce genre de productions. En même temps on doit à cette même tradition des petits ballets d'accompagnement d'Opéra, l'éclosion à Saint-Petersbourg des ballets d'action court de Fokine comme "Les Sylphides" et "Le Pavillon d'Armide". |
C'est exact, Le Corsaire de Mazilier, monté à Paris en 1856, bien avant de connaître les métamorphoses que l'on sait, était une énorme "machine", déployant des moyens considérables... Je ne pense d'ailleurs pas que les reconstitutions actuelles, quand bien même elles prétendent s'attacher plutôt à Petipa qu'à ce qui précède, donnent une idée du faste que revêtait déjà la production d'Adam/Mazilier .
Pour la tradition des ballets courts en un acte, dans la veine des divertissements anacréontiques, elle est aussi présente chez Petipa, parallèlement aux grands ballets en plusieurs actes, avec par exemple Le Réveil de Flore (mus. Drigo), donné à l'occasion d'un mariage à la cour, ou Les Saisons (mus. Glazounov).
Que reste-t-il du ballet des Nonnes de Robert le Diable, à part la musique et quelques gravures? Si, sur le papier, de telles reconstitutions peuvent intéresser les balletomanes et autres amateurs de théâtre, j'avoue que je crains toujours le pire pour la réalisation et plus encore, pour la compréhension que l'on pourrait en avoir. C'est pour cela que je parlais d'intérêt strictement archéologique... Comment retrouver l'effet produit à l'époque par un ballet dont le principal intérêt réside aujourd'hui dans le rôle qu'il a joué dans l'évolution des formes?...
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