nabucco
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Posté le: Mer Fév 13, 2008 5:18 pm Sujet du message: Compagnie Michèle Noiret |
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Michèle Noiret : Les Arpenteurs
Pièce pour 7 danseurs, avec 6 musiciens des Percussions de Strasbourg
Musique François Paris
Créée en mai 2007
Vue le 12/2/2008, Metz, Arsenal
La Belgique, pays de la bande dessinée depuis les années d'après-guerre, est devenue ces dernières décennies, le pays de la danse contemporaine, avec une telle floraison de chorégraphes qu'il serait aussi vain que fastidieux de les énumérer. Béjart, sans doute, n'y est pas pour rien, avec son école Mudra fondée en 1970 ; mais s'il y a imposé la danse comme un art majeur, force est de constater que son influence stylistique, elle, est bien plus secondaire. Michèle Noiret, née en 1960, fait partie de cette "première génération" formée directement à l'école de Béjart, et cette absence d'influence directe est frappante chez elle. Au sein des courants de la danse belge, c'est sans doute avec Anne Teresa de Keersmaeker que les affinités stylistiques sont les plus fortes : danse exigeante, muette, aux structures fortes, bien loin des pièces bavardes et amorphes de certains de ses collègues.
Les Arpenteurs est une pièce abstraite, aux éclairages souvent sombres et subtils, sur une musique mêlant électronique et percussions en direct et portant la danse avec souplesse, sans la contraindre. Point de captation du mouvement, d'amplification des sons de la danse ou de vidéo ici, contrairement à beaucoup d'autres pièces antérieures de Noiret - y compris dans Les familiers du labyrinthe, sa création pour le ballet de l'Opéra de Paris : danse pure ici, sans narration, mais non sans émotion. Cette émotion naît d'une forme de beauté assez immédiate, qui n'est pas exempte parfois d'une certaine violence - y compris, parfois, au coeur de la tendresse d'un pas de deux -, mais qui explore beaucoup plus le vaste territoire de l'entre-deux que les couleurs primaires de grandes émotions simpliste. Le spectateur n'y est pas pris par un chantage criard à l'émotion, mais s'y laisse couler, presque insidieusement, et d'autant plus efficacement.
Le public messin, depuis 1989, a eu le temps de se confronter à tous les courants de la danse contemporaine, au fil de saisons souvent exigeantes. Il y a quelques mois, on l'avait trouvé peu attentif, bavard et bruyant devant le médiocre Hell d'Emio Greco ; la différence d'attitude ce soir était frappante et ce public a prouvé sa qualité en faisant une longue ovation et surtout en accordant une attention presque palpable à cette pièce majeure du répertoire contemporain.
Prochaines représentations des Arpenteurs sous nos cieux : les 19 et 20 mars à la Maison de la Danse de Lyon ainsi que les 29 et 30 avril au Théâtre National à Bruxelles.
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