nabucco
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Posté le: Jeu Déc 20, 2007 5:15 pm Sujet du message: Ballet de Lorraine - Noces |
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Etrange soirée que ces triples Noces données, avant le Châtelet en avril, à l'Opéra de Nancy. La première surprise, en arrivant sur place, est qu'au lieu de deux Noces on en aura trois, Teri Saarinen n'ayant pas voulu chorégraphier sur la musique de la version de 1917. Donc, par ordre de présentation:
-une version concertante de la version de 1917, orchestrée pour un orchestre relativement classique malgré la présence d'un cymbalum et d'un clavecin: moins célèbre que celle de 1923, cette version se révèle encore plus difficile pour les musiciens et, il faut bien le dire, ce qu'on entend là s'assimile à un naufrage;
-le ballet de Nijinska, sur la version de 1923 (4 pianos et percussions) en français (texte remarquablement adapté par le poète suisse C. F. Ramuz): je ne reviendrai pas sur ce ballet bien connu et qui est évidemment un chef-d'oeuvre, mais je n'ai guère été convaincu par l'interprétation trop peu rigoureuse du ballet de Lorraine, les empilements de têtes par exemple n'ayant que peu de choses à voir, par exemple, avec ce qu'on voit sur le DVD du Royal Ballet.
-une création de Teri Saarinen, sur la version de 1923 cette fois dans l'original russe: le travail de Saarinen, bien qu'un peu uniformément noir, n'est pas sans intérêt, encore que l'histoire racontée s'apparente plus au Sacre du Printemps qu'à Noces, tant la fiancée semble ballottée et humiliée, y compris par un fiancé qui semble accomplir un devoir semblable à celui de l'Elu du sacre. Le ballet, solistes (non nommés) et ensemble, semble mieux avoir pénétré cette chorégraphie et, en particulier pour le rôle de la fiancée (plus que pour des ensembles qui semblent parfois être là pour meubler), ce troisième épisode s'avère le plus intéressant de la soirée. Il faut noter que, même si une certaine violence inhérente à la musique et au sujet se fait jour, la base classique est sensible presque à chaque moment, même pieds nus.
Je ne suis donc pas sûr que cette accumulation de Noces ait vraiment un sens dans une soirée qui finit par être longue et lassante (surtout que tout ceci nécessite deux entractes de 25 minutes!); d'autres choix de programmes auraient pu être plus intéressants, le rapport des chorégraphes à la musique de Stravinsky ayant tout de même toujours été d'une richesse inégalée. On pense évidemment à Balanchine, mais les mésaventures de la troupe chez Nijinska montrent à l'envi à quel point une telle structure peine à développer un véritable répertoire capable à la fois d'enrichir le style des danseurs et de créer une véritable culture chorégraphique dans le public.
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