Rudolf Noureev: Parutions

[haydn]

Une réimpression et une nouvelle parution sur R. Nouréev :

Payot ressort l'ouvrage de Meyer-Stabley qui date de la rentrée 2003 :




Véritable nouveauté, celle-là, la traduction française de la "biographie" de Carolyn Soutar, qui semble plus intéressée par les (supposées) histoires d'alcôve que par l'art chorégraphique du grand Rudolf :

[sophia]

L'auteur de ce dernier ouvrage évoqué par haydn, Carolyn Soutar, est présentée par la quatrième de couverture comme "l'un des créateurs et producteurs d'événements les plus réputés de Grande-Bretagne". Pour ma part, je n'avais jamais entendu parler de celle-ci avant de lire cet ouvrage au titre un peu raccoleur (en anglais, "The real Nureyev") dans lequel elle évoque le "dernier Noureev", celui des années 80 essentiellement, qu'elle a cotoyé alors qu'elle était régisseur au Coliseum de Londres. Si l'on voulait parler de manière métaphorique, on dirait que cette expérience et ce témoignage livresque, c'est un peu l'ombre qui cherche la lumière. Malheureusement, elle ne parvient à l'approcher qu'à travers une accumulation d'anecdotes laborieuses et le plus souvent assez inintéressantes. Le recours au témoignage de Robert Tracy, dernier compagnon de Noureyev, présenté comme la clef ultime dans la compréhension du danseur, n'apporte pas grand chose et laisse même un goût amer quand on voit la trivialité ayant marqué la fin de leur relation (un procès du même Tracy pour de sordides histoires d'argent...). Pour donner quelques exemples du contenu, eh bien, pendant la plus grande partie de l'ouvrage, l'auteur semble taraudée par des questions aussi essentielles et originales que: Noureev était-il homosexuel ou bisexuel? A-t-il couché avec Margot Fonteyn? Que faisait-il après les spectacles? Je signale d'ailleurs aux amateurs de croustillant qu'ils n'apprendront rien sur ces sujets douteux. En-dehors de cela, le récit n'est absolument pas construit, part dans tous les sens et se révèle finalement assez ennuyeux. La vérité, c'est que l'auteur, dont on ne remet pas en question la fascination pour Noureev, n'a rien à raconter, sinon des banalités nimbées dans l'impressionnisme et des propos convenus sur la vie d'un théâtre. Je ne crois pas que les admirateurs de Noureev, qui lisent comme moi tout ce qui est publié à son sujet, apprendront quoi que ce soit de neuf sur le danseur. Il n'empêche que le sujet semble toujours aussi attirant pour les auteurs, les éditeurs et les lecteurs...

[sophia]

Je mentionne tout de même une anecdote du livre, la seule qui a vraiment suscité mon intérêt et qui n'a d'ailleurs rien à voir avec Noureev: une danseuse interprétant le rôle d'Odette-Odile ayant fixé un podomètre à son poignet pendant deux représentations du "Lac des Cygnes" (matinée et soirée) apprend qu'elle a effectué une performance de 28 km dans la journée...

[sophia]

Rudolf Noureev..., décidément toujours un sujet d'actualité, puisque sort ces jours-ci une (encore) nouvelle biographie (en français) du danseur russe.
Le titre, Noureev L'Insoumis, est racoleur juste ce qu'il faut (mais c'est peu la loi du genre), l'auteur en est Ariane Dollfus et l'ouvrage est édité chez Flammarion.

Noureev l'Insoumis sur Alapage

Désolée, je n'arrive pas à mettre la photo de la couverture...

Mais promis, je lis cette énième biographie de Noureev (à mon avis, ça ne devrait pas prendre trop de temps, même si l'ouvrage est relativement épais) et j'en reparle dès que je l'ai digérée...

[CarolinaM]

Je ne sais pas si vous avez déjà commenté sur ce livre. J'ai d'abord recherché au forum et je n'ai rien trouvé, donc je vous mets le lien sur la page noureev.org où il est présenté:

"Danseur" par Colum McCann

Je l'ai lu ça fait déjà quelque temps, 3 ans je crois, et je me souviens que j'ai assez aimé. Au moins j'ai appris de tas de choses que je ne savais pas (mais j'avoue que je suis assez inculte en ce qui concerne ce grand astre )

[sophia]

Ariane Dollfus, Noureev l'Insoumis, Flammarion, 2007



En signalant cette parution il y a quelque temps, j'ai fait preuve, je l'avoue, d'une certaine condescendance à la vue de la publication d'une énième biographie de Rudolf Noureev, affublée qui plus est d'un titre quelque peu facile et fleurant bon le poncif... Je m'en excuse, car cette biographie, si on la juge comme telle, mérite autre chose qu'un sourire vaguement moqueur.

Très documenté, fourmillant de témoignages, l'ouvrage d'Ariane Dollfus, dont on sent qu'elle connaît la danse et s'intéresse à autre chose qu'à la star Noureev qui faisait la une des magazines people (même si cet aspect-là est évidemment évoqué et analysé) demeure respectueux de son sujet sans être une hagiographie. Ce n'est pas non plus le livre d'une "fan" de Noureev (bien qu'au fond elle doive l'être un peu, beaucoup... ) ou d'une balletomane béate qui se limiterait aux éternelles tartes à la crème du style "Rudy dans le Transsibérien", "Rudy et Margot", "Rudy et ses innombrables amants"... Donc, de ce côté-là, on peut être soulagé, ce n'est pas une ressucée de Bertrand Meyer-Stabley, auteur de la dernière biographie en date de Noureev parue en français, ou comment passer de "Point de Vue Images du Monde" à un écrit de 250 pages...

Cette biographie n'est pas rédigée de manière strictement linéaire. Certes, les années de jeunesse et de formation sont évoquées au début, de même que le départ d'URSS, mais par la suite, les chapitres se présentent de manière plus thématique, avec notamment plusieurs chapitres intéressants consacrés au danseur, au chorégraphe ou au directeur de compagnie. Ariane Dollfus rappelle à ce sujet le "complexe d'infériorité", notamment sur un plan technique, que pouvait avoir Noureev vis-à-vis d'Erik Bruhn, - le plus grand danseur du monde -, lui qui avait commencé sa formation classique si tardivement et qui n'aura de cesse, toute sa vie, par sa manie pathologique du travail et sa conception quasi-sacrificielle de la danse (le danseur se doit de souffrir, d'être un martyr...) de rattraper en quelque sorte son retard... En ce qui concerne ses chorégraphies, même s'il ne s'agit pas là d'une analyse historique approfondie, - ce n'est pas non plus l'objet de l'ouvrage et le travail demande d'autres compétences -, Ariane Dollfus a l'immense mérite de les replacer dans leur contexte de création, d'en pointer les éventuels limites ou défauts et de rappeler les critiques parfois terribles auxquelles celles-ci donnèrent lieu en leur temps (ce que l'on a bien oublié aujourd'hui dans notre époque si tristement révérencieuse qui n'a que sa haine de l'Histoire à proclamer). Sur le directeur de compagnie, le propos est plus léger, plus anecdotique, mais il n'en est pas moins passionnant: et l'on se dit alors que si tout a changé, rien non plus n'a changé...

Un ouvrage donc, vous l'aurez compris, très recommandable.

En attendant, je signale l'émission de France Inter à laquelle était invitée l'auteur de l'ouvrage, émission que l'on peut écouter pendant quelques jours:
http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/2000ansdhistoire/index.php?id=53079

[wagneriano]

C'est une biographie très détaillée et très documentée, néanmoins j'y ai trouvé une faute (1 sur 533 pages! ). On lit que Nureev aurait acheté les îles "i Galli" dans le Golfe de Naples en 1989 (donc 4 ans avant son décès), mais en août 1986 j'étais là-bas en vacance et i Galli étaient déjà de sa propriété.