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Nouvelles du Royal Ballet / News from the Royal Ballet
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paco



Inscrit le: 28 Oct 2005
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MessagePosté le: Ven Mar 29, 2024 6:52 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Le Royal Ballet affiche actuellement un programme McMillan auquel j’ai assisté : Danses concertantes, Different drummer, Requiem. Un programme riche, qui a duré près de 3 heures. Je ne connaissais que Requiem et Danses concertantes.

Danses concertantes est un divertissement plaisant, sur une musique de Stravinsky. Pas le genre de ballet qui me fait grimper au rideau, mais c’est agréable visuellement, souvent assez drôle, et ce fut très bien exécuté par un corps de ballet bien synchronisé.

Je découvrais Different drummer, un ballet narratif de 45 minutes inspiré de Woyzeck, dont il suit quasiment l’intégralité du scénario. La comparaison avec l’opéra de Berg est inévitable, et autant dire que ce n’est pas à l’avantage de McMillan. A vrai dire je n’ai pas été convaincu par cette pièce, que j’ai trouvée ennuyeuse. Quelque chose ne fonctionne pas dans ce ballet. Le choix de la partition musicale, pour commencer : Verklärte Nacht de Schönberg et la Passacaille de Webern, deux très belles œuvres mais un peu dans le même mode « nocturne », manquant (surtout en comparaison de l’opéra de Berg) d’aspérités, de contrastes pour permettre une chorégraphie. Au bout de quinze minutes la monotonie s’installe, malgré une histoire qui devrait nous scotcher au fauteuil.

Il y a d’ailleurs des choses intéressantes dans l’approche de McMillan, qui insiste particulièrement sur les épisodes d’essais cliniques sur cobaye humain présents dans l’œuvre de Büchner et repris plusieurs fois ici. Les personnages du Capitaine et du Médecin, remarquablement interprétés par Gary Avis et Kevin Emerton, sont saisissants et terrifiants. C’est là, je dirai, le seul véritable aspect intéressant de ce ballet.

Car pour le reste - mon ressenti va sans doute choquer car il s’agit tout de même de McMillan, l’auteur du génial Romeo & Juliet...-, j’ai trouvé la chorégraphie peu inspirée. On y retrouve à peu près la totalité du langage de McMillan, avec ses jetés acrobatiques, ses abandons, mais tout semble plaqué comme s’il avait voulu dérouler l’annuaire de ses marques de fabrique, que cela fasse sens ou pas. De fait, l’ensemble devient rapidement confus, avec un impact limité surtout que les abandons et jetés, qui se justifient pleinement dans les émois langoureux et sensuels de Romeo ou Manon, se comprennent difficilement dans une œuvre comme Woyzeck, qui au contraire montre une société cruelle, déshumanisée.

Dans ce contexte j’ai décroché à partir de la moitié de l’œuvre, malgré l’intérêt de l’interprétation de Reece Clarke dans le rôle de Woyzeck. Totalement inattendu dans ce personnage, tant ce Principal incarne d’ordinaire le « Prince » idéal de ballet classique, avec son physique altier de jeune premier... Et pourtant, Mr Clarke a parfaitement réussi à se lover dans le personnage de Woyzeck, à la fois craintif, perdu, traumatisé, à la limite de la folie. Très convaincant, d’autant qu’il s’agissait d’une prise de rôle. A ses côtés, Natalia Osipova, dans le rôle plus limité (en comparaison de l’opéra de Berg) de Marie, montre une fois de plus son aisance avec le langage de McMillan.

Après le 2nd entracte vient Requiem, ballet créé par McMillan en hommage à son ami John Cranko, qui est selon moi un véritable chef-d’œuvre, à l’égal de la partition sur laquelle repose le ballet (le Requiem de Fauré). Le décor, les costumes, les ensembles ... : tout est d’une beauté stupéfiante, sculpturale. De tableau en tableau on est envoûté, fasciné par les lignes, les envolées, les portés (encore plus complexes que dans Manon...).
L’impact dramatique des différentes scènes est immédiat, irrésistible. Servi par le charisme christique de Matthew Ball et la splendide Sarah Lamb, sculpturale, ainsi que par un orchestre et des chœurs du ROH en grande forme, ce ballet conclut en apothéose cette soirée en hommage à McMillan.


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haydn
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MessagePosté le: Ven Mar 29, 2024 9:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Paco pour ces comptes-rendus des spectacles londoniens. Au fait, avec le nouveau système d'enregistrement électronique instauré par l'Union Européenne (et qui a déclenché la mise en place d'une mesure similaire de la part des Anglais en représailles), est-il encore possible de se rendre au Royaume-Uni sans trop de difficultés?



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paco



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MessagePosté le: Sam Mar 30, 2024 12:22 am    Sujet du message: Répondre en citant

haydn a écrit:
Merci Paco pour ces comptes-rendus des spectacles londoniens. Au fait, avec le nouveau système d'enregistrement électronique instauré par l'Union Européenne (et qui a déclenché la mise en place d'une mesure similaire de la part des Anglais en représailles), est-il encore possible de se rendre au Royaume-Uni sans trop de difficultés?

Il n'y a aucun changement à l'aller, juste enregistrer ses coordonnées en ligne sur le site Eurostar, ce qui prend moins d'une minute. En revanche c'est souvent le chaos à St Pancras pour le retour, car il n'y a pas assez d'agents aux contrôles côté français, du coup la file d'attente est surréaliste aux heures de pointe (jusqu'à 1h30 parfois, au point qu'Eurostar retarde les départs).

Mais le pire se profile cet automne, car l'UE va mettre en place un contrôle par empreintes digitales, qui va ralentir le passage (d'après les simulations des douanes cela devrait quasiment doubler le temps de passage par individu). Or St Pancras ne va pas recevoir suffisamment de machines à scan pour absorber le nombre de passagers aux heures de pointe.
De fait Eurostar est dans l'impasse et alerte depuis plusieurs mois les autorités côté français comme côté britannique. Sans un assouplissement de ce projet ils devront probablement supprimer un train sur deux pour éviter le chaos total, perspective qui signifierait la faillite pure et simple de la compagnie. Pour l'instant le dossier est sur la table des autorités des deux côtés de la frontière, à suivre ...


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chien en peluche



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MessagePosté le: Sam Mar 30, 2024 11:31 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Quoiqu'un peu tardivement, mille remerciements, paco, pour votre compte-rendu qui m'intéresse beaucoup Smile


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paco



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MessagePosté le: Mer Avr 10, 2024 10:22 am    Sujet du message: Répondre en citant

Petit post juste pour tenir au courant de la vie de la compagnie... Dans la perspective des ponts de mai, pour ceux qui en ont la possibilité, je signale l'opportunité sur 4 jours de voir un feu d'artifice de distributions à se pâmer.

Avec deux Lac des Cygnes le samedi 4 mai : Sarah Lamb et Reece Clarke en matinée, Fumi Kaneko et Vadim Muntagirov en soirée.
Et le 7 mai, Winter's Tale avec dans la même distribution Marianela Nunez, Mayara Magri, Matthew Ball, Vadim Muntagirov et William Bracewell.

C'est la première fois que Reece Clarke danse avec Sarah Lamb, un événement très attendu, d'autant que celle-ci fait preuve d'une danse d'une santé et juvénilité incroyable à déjà 43 ans.
Muntagirov est actuellement à son zénith, et le partenariat avec Fumi Kaneko fonctionne à merveille.
Quant à la possibilité de voir sur un même plateau dans la même oeuvre Magri et Nunez, aux côtés de trois grands danseurs classiques, c'est juste du caviar.

Aujourd'hui, toutes les compagnies européennes disposent d'Etoiles superlatives, mais aucune n'est capable d'aligner de tels feux d'artifice sur 4 jours. A Golden Age à Covent Garden (et c'est sans compter un corps de ballet stratosphérique)...

Les banquiers et Kevin O'Hare n'ont aucune pitié pour les comptes en banque des ballettomanes compulsifs qui ne peuvent laisser passer de telles occasions ...
Laughing


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Alexis29



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MessagePosté le: Mer Avr 10, 2024 12:17 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bon j'ai vu Sarah Lamb la semaine dernière dans Requiem, je ne sais pas ce qu'elle peut donner dans Le Lac mais elle me semblait beaucoup moins sûre et en forme qu'il y a quelques années...


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paco



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MessagePosté le: Mer Avr 10, 2024 3:33 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je l'y ai trouvée superbe, mais c'est une oeuvre assez "chorale" en fait, difficilement comparable au Lac des Cygnes.
Le dernier grand rôle où je l'aie vue, c'était dans Symphony in C, en 2019. Elle m'avait profondément ému (mais elle n'avait "que" 38 ans à l'époque ...)


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paco



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MessagePosté le: Mar Avr 30, 2024 9:40 am    Sujet du message: Répondre en citant

"Petite" saison 2024/2025 au Royal Ballet, le ROH semblant toujours en train d'éponger les difficultés financières post-Covid post-Brexit (10% de subventions en moins, surcoûts administratifs liés aux paperasses pour les contrats d'artistes et importations d'éléments de production...).

A noter que la saison lyrique est aussi assez terne, en dehors d'une création mondiale et de la poursuite du nouveau Ring de Kosky-Pappano.

La grande surprise - et mauvaise surprise- est l'absence totale de ballet classique au sens pur du terme : aucun Tchaikovski, pas de Giselle, aucun Delibes, pas de Bayadère non plus.

Une saison presque 100% "néo-classique". Alors certes les ballets narratifs de McMillan et Ashton font partie de l'ADN de la compagnie, mais il va manquer de l'entraînement aux fouettés et autres pirouettes classiques aux Principals. Ceci dit ils multiplient les prestations en "guest" un peu partout dans le Monde depuis deux saisons, donc ils auront de quoi entretenir leur répertoire classique ailleurs ...

Programme de la saison :

- Alice in the wonderland (Wheeldon, reprise) en ouverture de saison
- Maddaddam (Mc Gregor nouveau full-length, récemment créé au Canada)
- Onegin, pour une longue série de représentations étalée sur l'hiver et le printemps
- Cinderella (Ashton, reprise, ce sera le ballet de Noël à la place de Nutcracker)
- Romeo & Juliet (là encore, longue série cash machine étalée sur la saison)
- Triple bill Balanchine - good news là- : Serenade, Concerto in C, Prodigal Son
- deux programmes Wheeldon, dont un incluant an American in Paris
- un programme contemporain avec les habituels Pite, Tanowitz etc.

Pas de quoi fouetter un chat, mais heureusement avec le niveau actuel de la compagnie il y aura quand même de quoi frissonner (en ce qui me concerne, Muntagirov, Nunez, Osipova, Magri ou Clarke pourraient danser l'annuaire téléphonique, cela suffirait à me pâmer Laughing )

Plus de détails sur le site web du ROH dans le courant de la journée.


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paco



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MessagePosté le: Mer Mai 08, 2024 12:49 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J’ai assisté à la reprise de Winter’s tale de Christopher Wheeldon, qui alterne actuellement au Royal Ballet avec une longue série de Lac (dont j’ai raté, pour empêchements personnels, Lamb-Clarke et Kaneko-Muntagirov, qui ont brillé de mille feux selon les divers échos lus ici et là. Pour Sarah Lamb il s’agissait probablement de ses derniers Odile/ Odette, ce qui me fait d’autant plus regretter de ne pas l’avoir vue). Série de Lac qui se poursuit en juin, avec en point d’interrogation la présence ou non de Natalia Osipova, qui vient de se blesser au cours d’une Générale d’un Lac à San Francisco…

Dès sa creation j’ai apprécié Winter’s tale, que je considère comme un des chefs-d’œuvre parmi les full-length narratifs que le Royal Ballet a créés au cours des quinze dernières années. Réussir à résumer la pièce complexe de Shakespeare en un ballet de deux heures est une gageure que Wheeldon et son compositeur Joy Talbot ont brillamment relevée.

La représentation d’hier soir voyait les débuts, dans un rôle de premier plan (Perdita), de Viola Pantuso, jeune danseuse américaine qui, au Royal Ballet, n’est encore que « Artist », autant dire « simple » membre du corps de ballet. Il s’agissait d’un remplacement au pied levé de Yasmine Naghdi (l’information étant tombée quelques heures à peine avant le lever de rideau). Simultanément, William Bracewell blessé a également été remplacé au pied levé par Joseph Sissens. Lui en revanche est déjà bien connu du public du Royal Ballet, First Soloist ultra-charismatique voué à devenir prochainement Principal.

Sans aller jusqu’à dire «A star is born» (trop tôt pour l’affirmer), force est de dire que Viola Pantuso, dont la ressemblance de visage et de physique avec Marianela Nunez est sidérante, est apparue d’emblée comme une grande artiste, dotée d’un charisme magnétique auquel seules les très grandes peuvent prétendre. Simple « Artist » certes, mais une prestation digne d’une Principal, ce fut indéniable.

De façon générale, "Il s'est passé quelque chose" hier. J'avais vraiment l’impression d'assister à une pièce de Shakespeare au théâtre de Stratford-upon-Avon, avec comme cerise sur le gâteau une danse techniquement brillante. Une des raisons pourrait être l’extrême sensibilité artistique de la plupart des interprètes : Magri, Ball, Pantuso, Sissens…, en plus du lyrisme époustouflant de l’Hermione de Marianela Nunez, absolument fascinante tout au long du 1er acte.

Malgré des tensions évidentes au début dans le partenariat avec Joseph Sissens – dues au remplacement de dernière minute-, entraînant quelques raideurs et petits bugs techniques (mais vraiment minimes), Viola Pantuso a livré une performance très sensible et vraiment émouvante. Plein de charisme également, Joseph Sissens a comme à son habitude brûlé les planches avec sa présence phénoménale. Cependant, je dois dire qu'en termes de virtuosité, hier ce ne fut pas sa prestation la plus brillante par rapport à ce qu'il a l'habitude de livrer, probablement parce qu'il s'est sagement concentré sur la sécurisation de son partenariat de dernière minute avec Melle Pantuso.

Tous les autres interprètes ont été remarquables : Mayara Magri dans le bref rôle de Paulina, avec la délicatesse et le lyrisme de sa danse, c’est tout simplement irrésistible (intéressant, du reste, d’observer le triomphe qu’elle obtient aux saluts, elle est vraiment devenue une star au Royal Ballet, avec son fan club). Ball, Brändsröd, Boswell…, tous au zénith.

Dans l’ensemble, je regrette de n’avoir réservé qu’une seule représentation de cette reprise, j’aurais aimé assister à une autre représentation. Vraiment un très bon ballet.

PS : hier soir, Federico Bonelli, un ancien grand interprète de ce ballet, assistait à la représentation en compagnie d'amis ou connaissances. A côté des inévitables demandes de selfies de la part de fans qui l'ont reconnu, il s'est volontiers prêté à des conversations autour de ce ballet, en expliquant à la fois la genèse et ses spécificités. C'est vraiment agréable de voir ces artistes du RB rester engagés dans l'activité de la compagnie après l'avoir quittée, d'autant qu'en ce qui le concerne ses engagements de manager du Northern Ballet doivent déjà pas mal l'accaparer ...
Il y avait également Zenaida Yanowsky (autrefois formidable Hermione), mais elle on la voit quasiment à chaque spectacle de par ses activités de coach de la nouvelle génération (et pas seulement puisqu'elle coache aussi Osipova à l'occasion ...).


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Alexis29



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MessagePosté le: Jeu Mai 09, 2024 9:59 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Il faut dire que Federico Bonelli est une personne d'une exceptionnelle gentillesse !

Toujours le même plaisir de vous lire Paco.


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Alexis29



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MessagePosté le: Lun Juin 17, 2024 3:48 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Le nouveau directeur de la Royal Ballet School est Iain McKay.

https://www.royalballetschool.org.uk/2024/06/17/iain-mackay-appointed-as-artistic-director-of-the-royal-ballet-school/


Poste clef, s'il en est, pour définir le profil futur du Royal Ballet...


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paco



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MessagePosté le: Mer Juin 19, 2024 1:39 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Alexis29 a écrit:
Le nouveau directeur de la Royal Ballet School est Iain McKay.

https://www.royalballetschool.org.uk/2024/06/17/iain-mackay-appointed-as-artistic-director-of-the-royal-ballet-school/


Poste clef, s'il en est, pour définir le profil futur du Royal Ballet...


Effectivement, c'est un poste clé. Le profil du nouveau directeur m'a l'air dans la continuité de l'ADN classique et néo-classique de la compagnie, c'est plutôt rassurant.


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paco



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MessagePosté le: Ven Juin 21, 2024 5:11 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Fin de saison chargée d’émotion au Royal Ballet, avec un énième Lac des cygnes de Natalia Osipova et Reece Clarke, sauf qu’avec eux ce n’est jamais « énième », tant Melle Osipova développe à chaque représentation une incarnation différente d’Odette/ Odile. Comme toujours la prestation fut d’une densité émotionnelle incomparable, et ce dès son entrée en scène où chaque expression du visage, des bras, des pas de danse, déroulaient une histoire fascinante et prenante, d’une grande lisibilité. Inscrivant son Odette dans une démarche sacrificielle dès le premier acte, elle produit dès le début de cet acte « blanc » une charge émotionnelle, dramatique, d’une puissance exceptionnelle. Le dernier acte sera bien entendu d’une même intensité.

Je ne parle pas du PDD du cygne noir, la technique stratosphérique de Melle Osipova n’étant plus à décrire. Notons que, pas vraiment guérie de sa blessure de l’automne dernier (un traitement est prévu cet été), elle remplace les fouettés par un « super fast » manège particulièrement spectaculaire dans sa virtuosité et son endurance, variante qu’elle adopte à chaque fois qu’elle est blessée et qui fonctionne vraiment très bien.

Le tandem fusionnel qu’elle forme depuis quatre ans avec Reece Clarke participe également de cette intensité dramatique. Ce Prince et elle ne font qu’un tout au long de la soirée. Il « est » littéralement dans le cerveau et le corps d’Odette, au-delà du partenariat d’une fiabilité exceptionnelle.

Ce danseur dégage par ailleurs à la fois l’élégance et la puissance requis par son rôle, et cette sorte de spleen romantique, de douceur qui font craquer. Particulièrement magnétique au 1er tableau dans sa mélancolie et son expression d’effroi face à un monde aristocratique corseté, il se distingue également par une grande musicalité, à l’image de ces mouvements de bras qui accompagnent les contrechants de l’orchestre dans sa série de manèges au PDD du 3e acte.

La production est par ailleurs vraiment très réussie dans sa peinture d’une société glaçante, d’où seul Benno émerge comme une personne saine. A ce titre, le Rothbart de Gary Avis dans les scènes de palais est particulièrement terrifiant.

Corps de ballet luxueux : quand on aligne pour la Valse du 1er acte rien moins que Benjamin Ella, Luca Acri et Valentino Zucchetti, qui interprètent par ailleurs des rôles principaux dans d’autres ballets, on a forcément l’une des valses les plus brillantes et irrésistibles qui soit. De même pour les cygnets impeccablement synchronisés (parmi lesquels Sae Maeda, qui danse des rôles principaux au cours de la saison) et, pour la variation des deux cygnes, Melissa Hamilton et Annette Buvoli absolument lumineuses, au point d’être carrément ovationnées au rideau final.

De nombreuses distributions alternaient pour cette longue série de Lacs. Des problèmes d’agenda ne m’ont pas permis de voir Kaneko/ Muntagirov (échos absolument superlatifs), ni Magri, Naghdi, Ball, Sissens, Sasaki, Bracewell ou Lamb (pareil, échos superlatifs). Il m’a fallu hélas faire des choix et, à vrai dire, à partir du moment où Osipova/Clarke sont distribués je privilégie toujours au moins une représentation avec eux …

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Alternant avec le Lac, deux programmes Ashton très intéressants : dans les deux cas The Dream et Rhapsody, la différence étant Les Rendez-vous pour le premier programme, et un ensemble de « Short works » pour le second programme : Hamlet and Ophelia, Five Brahms Waltzes, The Walk to the Paradise Garden. Dans les deux cas un spectacle de 3 heures, une générosité typique des mixed bills du Royal Ballet sous le mandat de Kevin O’Hare.

Pour le premier programme, je découvrais Les Rendez-vous, ballet d’une trentaine de minutes sur une musique d’Auber, et ce fut une merveilleuse découverte ! Cette pièce de divertissement, d’une difficulté monstrueuse (j’étais épuisé à la place des danseurs rien qu’en reconstituant les pas dans ma tête…), regorge d’imagination et créativité sur le plan chorégraphique. Les différents ensembles et variations s’enchaînent à un rythme excitant, avec beaucoup de vie et de virtuosité. Il y a beaucoup de détails ça et là que j’aurais aimé revoir, tant les pas et les ensembles sont constitués de contrepoints particulièrement subtils. Mercredi soir, Vadim Muntagirov et Fumi Kaneko interprétaient le tandem principal, radieux tous les deux, de véritables explosions de joie de vivre.

Dans le second programme, je connaissais déjà les Brahms Five Waltzes, très courte pièce dont je n’avais jamais saisi l’intérêt… sauf mardi soir où Mayara Magri m’a littéralement transporté d’émotion dans son interprétation, pleine de mélancolie et d’une énergie doucement triste. Une image forte me restera, quand elle virevolte sur elle-même tout en dispersant des pétales de rose, dans un mouvement si aérien que l’on a l’impression que ses pieds ne touchent plus le plancher. Quelle artiste incomparable elle aussi, probablement celle dont le charisme et l’approche de la danse sont les plus proches de Natalia Osipova – et méritent incontestablement de faire le voyage jusque Londres pour la voir dans un grand rôle, ne la ratez pas ! – elle a déjà 30 ans…-.

Hamlet and Ophelia m’a laissé perplexe. Face à un fond de scène représentant une toile contemporaine en noir et blanc, la chorégraphie sur une musique de Franz Liszt dessine un Hamlet aux gestes plutôt abrupts, face à une Ophelia aux brèves apparitions assez effacées. Il y a à l’évidence dans cette pièce une réflexion de Ashton par rapport à la pièce de Shakespeare et au personnage d’Hamlet vu quasiment comme un autiste, mais en un peu plus de dix minutes il m’a été difficile d’entrer dans l’esprit de ce ballet, malgré le charisme indéniable des interprètes (Sarah Lamb et Cesar Corrales).

Enfin je découvrais également The Walk to the Paradise Garden. Il s’agit d’une chorégraphie construite par Ashton sur l’interlude symphonique de l’opéra « A Village Romeo & Juliet » de Frederick Delius. A vrai dire, sans lire le programme on devine tout de suite qu’il s’agit de R&J, tant la chorégraphie fait penser au PDD du balcon de McMillan. Sur une musique post-romantique assez expansive (un peu dans le style des Massenet du ballet Manon), ce PDD plein de sensualité est fort bien structuré et il produit un effet certain. Il serait tout à fait à sa place dans des galas en équivalent du PDD de Thaïs de Roland Petit ou d’un PDD de Manon de McMillan par exemple. Je ne connaissais pas les interprètes de mardi soir : Jennifer Hackbarth (sosie de Sarah Lamb !) et Ricardo Rhodes, vraiment très bien tous les deux.

Je suis content d’avoir vu ces « Short works », cela fait partie de la mission du Royal Ballet de rejouer des pièces de son patrimoine. Mais j’avoue que les Rendez-vous sont autrement plus intéressants que ces trois pièces. J’espère d’ailleurs que les Rendez-vous entreront au répertoire de la Maison, je veux dire par là : repris régulièrement…

Commun aux deux programmes, The Dream, véritable chef d’œuvre de Ashton, qui a réussi le challenge de résumer en un ballet d’une heure la pièce de Shakespeare. Ce ballet est une pure merveille à tous points de vue : costumes, éclairages, décors, progression dramatique, chorégraphie (sans parler de la symphonie de Mendelssohn).

J’ai assisté à deux distributions, et encore une fois celle avec Natalia Osipova (Titania) est incomparable dans l’explosion de vie, de joie, d’humour qu’elle communique. A ses côtés, l’Oberon de William Bracewell est tout simplement exceptionnel : charisme, portés exécutés avec beaucoup de naturel, tout en musicalité, élégance de la danse. Leur PDD qui précède le final a été ovationné à juste titre. La distribution de mardi soir réunissait quant à elle Yasmine Naghdi, parfaite dans la composition d’une Titania féérique. Le partenariat avec Calvin Richardson m’a en revanche moins convaincu, je les ai parfois sentis un peu tendus.

Deux excellents Puck : Taisuke Nakao mardi soir, à la fois virtuose et drôle, et surtout Liam Boswell mercredi soir, qui a pour lui cette sorte de charisme irrésistible, provenant en partie de sa danse d’une grande puissance (quels sauts !) mais aussi d’une capacité à ce que chaque pas exprime une histoire. Retenez ce nom, on entendra parler de lui les prochaines saisons !

Commun aux deux distributions, Valentino Zuchetti se révèle un Bottom absolument exceptionnel : acteur digne de la Royal Shakespeare Company, il fait sien ce personnage qu’il interprète avec beaucoup de finesse, de subtilité. A désormais 36 ans, ce serait une bonne idée qu’il se spécialise dans ces rôles de composition.

Enfin, les deux programmes concluaient avec Rhapsody. La distribution de mardi ne m’a pas convaincu, malgré une Sae Maeda lumineuse : manquait au tandem le brio indispensable pour faire de cette pièce un moment électrisant. A l’inverse, la distribution de mercredi correspondait exactement à ce que j’attends de Rhapsody : le panache, la virtuosité, la puissance, l’humour et le charisme de Joonhyuk Jun (je ne le connaissais pas, une découverte !), associé à une Francesca Hayward qui exprimait toute la délicatesse et le spleen qui rendent l’Adage central absolument irrésistible.

Tous les solistes principaux de ces programmes Ashton dansaient également le lendemain ou la veille ou le surlendemain dans le Lac : soit dans une variation, soit dans le corps de ballet. Ils ont fait là une belle preuve d’endurance, que l’on trouve dans peu de compagnies (Hambourg peut-être ?).

Ces Ahston et le Lac des cygnes clôturaient brillamment la saison 2023/2024, les Principals et Soloists s’égayant en été dans différents galas un peu partout en Europe et en Asie, en attendant le démarrage de la prochaine saison en octobre avec une reprise d’Alice.

A noter que, si la longue série des Lacs affichait complet et que le programme Ashton avec les Rendez-vous était lui aussi quasiment complet, ce ne fut pas le cas du programme avec les Short Works, qui a eu beaucoup de mal à se vendre (on peut même parler de flop). Il devient difficile de susciter la curiosité du public pour des spectacles sortant des blockbusters …. (j’ajouterai : surtout aux tarifs du ROH devenus hors sol …).


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paco



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MessagePosté le: Sam Juin 29, 2024 11:30 am    Sujet du message: Répondre en citant

Quelques nouvelles de fin de saison au Royal Ballet :

Pour la dernière représentation de la saison, chaque cygne du corps de ballet s'est vu distribuer un bouquet de roses aux saluts. Joli geste ! Very Happy

Nominations : Joseph Sissens est nommé Principal, une nomintation très attendue tant il se distinguait depuis plusieurs saisons comme une personnalité flamboyante et un virtuose impressionnant. Il fait partie selon moi de la génération "Kevin O'Hare" de solistes superlatifs, à la fois brillants virtuoses et acteurs charismatiques, qui justifient de casser sa tirelire pour aller les voir.

Egalement nommé Principal, Calvin Richardson (que j'avoue moins bien connaître et qui ne m'avait pas vraiment convaincu dans The Dream. Pour moi il est plus un First Soloist, mais félicitations quand même).

Sont promus au rang de First Soloist des danseurs dont j'ai eu l'occasion de chanter les louanges cette saison : Sae Maeda, Annette Buvoli, Mariko Sasaki, Leo Dixon, Joonhyuk Jun, Leticia Dias et Lukas B.Brändsrod. Des promotions ammplement méritées, tous étant tout à fait à la hauteur pour interpréter des rôles principaux en alternance avec les Principals.

A noter par ailleurs que l'élève de la Royal Ballet School Emile Gooding, qui avait fait délirer le public du Palais Garnier au début du mois lors du gala des écoles de ballet d'Europe, vient de décrocher une place dans le corps de ballet du Royal Ballet pour la prochaine saison, en compagnie d'une poignée d'autres élèves.

Rejoint également le corps de ballet Airi Kobayashi, une des lauréates du Prix de Lausanne et élève de Deparc Ballet School au Japon.

La saison de ballet est terminée... mais les Principals ont un agenda bien rempli pour l'été, avec de multiples galas ici et là, entre autres au Japon.

A noter que Reece Clarke remplace Timofei Andrijashenko dans Manon à la Scala le mois prochain, aux côtés de Nicoletta Manni.


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Katharine Kanter



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MessagePosté le: Mar Aoû 20, 2024 11:22 am    Sujet du message: Mort de Rowena Jackson Répondre en citant

Nous regrettons à avoir à communiquer la mort de Rowena Jackson (Mme Philip Chatfield), étoile du Ballet Royal.

Selon Yvonne Cartier, autre néo-zelandaise, sa technique était "strepitosa" - elle sautait, tournait et battait comme un homme. Sa danse était très joyeuse.

Les petits films ci-dessous n'en donnent qu'une très-vague idée. Et ne jamais oublier: scènes minuscules, planchers irréguliers, chaussons de pointe primitifs, etc.

https://www.dailymail.co.uk/tvshowbiz/article-13759175/Legendary-New-Zealand-ballerina-awarded-MBE-services-dance-dies-aged-98.html

https://www.youtube.com/watch?v=_cQ5-GHgnr4

https://www.youtube.com/watch?v=Tl7HsJpA054


Par hasard que j'ai regardé pendant 3 minutes (il y avait une italienne Sofia R.) ce que l'on appelle "gymnastique rhythmique" aux JO 24.

Révoltant de pointe vue de l'intégrité du corps. De surcroît, les gestes sont carrément (XXX family Website). Les adolescentes en très petite tenue qui le pratiquent ne se rendent certainement pas compte, du moins consciemment, de l'obscénité.

C'est précisément la direction qu'a prise la danse dite "classique".

C'est à vous quitter l'envie de danser.


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