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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26659
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Posté le: Ven Juin 30, 2023 11:36 am Sujet du message: |
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Gimi a eu l'obligeance de m'envoyer un tableau dans une meilleure définition et je l'ai substitué à l'ancien. Merci à lui  |
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Gimi
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 2167
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Adagio
Inscrit le: 21 Fév 2019 Messages: 196
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Posté le: Lun Juil 03, 2023 9:23 am Sujet du message: |
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J'ai assisté à la représentation de vendredi soir.
L'Histoire de Manon n'est définitivement pas mon ballet préféré. Je trouve les scènes d'ensemble particulièrement longues et présentant peu d'intérêt. Peut-être que le corps de ballet du Royal Ballet arrive à lui insuffler une autre énergie, mais à chaque fois que je le vois à Paris, l'ennui pointe son nez...
La musique de Massenet est très sirupeuse, je m'en accommode pendant les pas de deux mais le reste du temps, cela participe à l'impression de lourdeur, accentuée par des décors presque poussiéreux tant ils plombent l'ensemble et ont mal vieilli.
Et pourtant... Quand ce ballet est bien dansé, on assiste à quelques beaux moments.
Héloïse Bourdon campe une Maîtresse de Lescaut très convaincante, avec un vrai potentiel comique, on aimerait la voir davantage dans ce registre. Jérémy Loup Quer s'en est tiré avec les honneurs, même s'il n'est pas évident de passer après François Alu (mon dernier Lescaut, à l'occasion de la série des adieux d'Aurélie Dupont... cela commence à dater). Toutefois l'alchimie entre eux, la fluidité de leur danse, nous font passer de bons moments, surtout pendant le pas de deux "ivre".
Je voulais absolument voir le duo Dorothée Gilbert / Hugo Marchand. Les deux artistes s'étaient découverts sur ce ballet il me semble, et l'alchimie entre eux n'a fait que grandir au fil des ans. Même quand ils ne dansent pas ensemble ils semblent reliés par un fil invisible, rien que leurs œillades désespérées dans l'acte 2 étaient émouvantes. Leur danse est si belle, elle semble comme une évidence tant leur partenariat est fort, instinctif. Je vais voir ce ballet pour deux PDD : celui de la chambre (le premier) et celui du marais. Ils ont livré dans ces minutes une prestation inoubliable, les deux au paroxysme : la joie du premier amour qui vous porte aux nues opposé au désespoir de la perte d'un être cher, et nous ont emportés totalement avec eux.
Dorothée Gilbert passe de l'ingénue (elle ne va pas le rester longtemps) à la jeune femme amoureuse, emmenée par son Des Grieux tout aussi ébloui qu'elle... Puis arrivent les ennuis, et on sent le dilemme, la vénalité, l'opportunisme, l'amour de l'argent "facile" (avec de gros guillemets). Je l'ai trouvée particulièrement envoûtante en séductrice et presque attendrissante dans son dilemme.
Est-ce plus l'histoire de Manon ou l'histoire de Des Grieux ? On peut légitimement se poser la question en voyant le désespoir de Hugo Marchand quand sa chère et tendre lui fait faux bond, puis sa torture quand il la voit passer de bras en bras (son visage seul dans l'acte 2 était bouleversant) et enfin le choix fatal qui les conduit tous les deux à la Nouvelle-Orléans... Disons-le clairement, Hugo Marchand m'a tout autant impressionnée par sa danse que par son jeu d'acteur vendredi soir.
Je n'ai qu'un regret sur cette série, ne pas avoir assisté à une représentation avec MOB et Mathieu Ganio, une distribution apparemment de haut vol, mais décidément je n'aime pas assez ce ballet pour voir deux représentations sur une même série. Je garderai l'éternel regret de ne pas avoir vu la Manon de MOB... mais la joie d'avoir vu celle de Dorothée Gilbert.
Comment nous autres balletomanes allons faire quand ces deux artistes exceptionnelles auront fait leurs adieux, c'est une autre question.
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chien en peluche
Inscrit le: 29 Oct 2011 Messages: 1979
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Gimi
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 2167
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Jonquille
Inscrit le: 22 Avr 2005 Messages: 1882
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Posté le: Lun Juil 03, 2023 7:37 pm Sujet du message: |
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Il me semble que c'était ce qui avait été indiqué au moment de l'annonce de la distribution.
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Gimi
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 2167
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malgven
Inscrit le: 18 Juil 2022 Messages: 27 Localisation: Paris
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Posté le: Mar Juil 04, 2023 3:31 pm Sujet du message: |
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Bonjour ! J'ai eu la chance de voir la distribution Baulac/Heyman/Kirscher/Battistoni le 23 juin, et celle Gilbert/Marchand/Quer/Bourdon le 30 juin.
J'ai lu Manon Lescaut à cette occasion. Le roman est très bien écrit, avec pudeur, humour, élégance et un romantisme à la fois total et contenu, puisqu'il s'agit d'une critique de la passion toute 18e. Je suis d'accord avec ce que dit Léonore Baulac dans la vidéo de présentation de l'Opéra : l'abbé Prévost juge assez peu le goût pour l'argent de l'héroïne, pas plus qu'il ne reproche au Chevalier son amour peu raisonnable.
J'imaginais qu'il fallait montrer par la danse une certaine candeur, sincérité, et en même temps montrer les embûches qu'une société hiérarchisée et hypocrite place sur le chemin des héros pour les empêcher de consacrer leur amour par un mariage honnête. Et montrer aussi que les héros sont aussi responsables de leur destin néfaste, puisqu'ils choisissent le vice à une vie qui serait pauvre mais honnête.
Dans le roman, la déportation en Nouvelle-Orléans est l'occasion pour les héros d'expérimenter cette vie saine et l'occasion de la rédemption de Manon, même si la société s'unit au destin pour condamner définitivement cet amour.
J'ai trouvé que le langage chorégraphique de Mac Millan (portés passionnés, scènes de groupe en pagaille, refus du kitsh, intrusion de décors et costumes vulgaires voire moches) sert bien le propos et ancre l'histoire de Manon dans la réalité.
Fallait-il pour autant scénographier le viol de Manon par un officier (alors que dans le roman lorsqu'elle arrive en Nouvelle Orléans elle y est plutôt bien traitée) ? Bon, c'est choquant mais surmontable après je trouve que l'Opéra devrait prévenir son public car ça peut surprendre des spectateurs fragiles pour de bonnes raisons.
J'ai regretté que ça change l'état d'esprit de la fin. La fin devrait montrer les efforts de Manon pour se racheter et la manière dont le destin la contrecarre. Là, on assiste à un Des Grieux qui se contente de rassembler les morceaux de sa belle ; on sait qu'elle va mourir. Soit. C'est cohérent avec le reste du ballet mais c'est tjs un problème quand on rajoute un personnage à la toute fin d'une histoire. Ca tombe comme un cheveux sur la soupe.
Mais ça ne m'a pas empêché d'aimer le ballet et j'y retournerai volontiers.
Le 23 juin :
Léonore Baulac est une Manon féminine, joueuse, enfantine. Elle m'a fait penser à La Sylphide. Elle est innocente et ne se rend pas compte qu'elle détruit la vie d'un homme. J'ai adoré sa variation de l'acte 2, et à l'acte 3 elle est méconnaissable, toute brisée. Je trouve que MacMillan correspond bien à son type de danseuse, physiquement : un peu "plantureuse", si on peut dire ça comme ça, beau visage, danse énergique.
Heyman est un Des Grieux tout en nuances, intimidé par Manon, plein d'amour, conscient de ses faiblesses, blessé, inquiet, mais pardonnant tout. Il n'est pas à sa place dans ce monde de fieffés coquins et accumule les maladresses. Il est tout à fait ce que j'imaginais être Des Grieux à la lecture du roman.
Antoine Kirscher est un Lescaut vile, violent, peu recommandable, qui se fond dans le décor de cette plèbe.
Bleuenn Battistoni m'a impressionnée. Très à l'aise techniquement, elle a apporté la noirceur, le fatalisme devant ce que sont les hommes, le côté calculateur, qui manquent à la presque trop pure Léonore-Manon. A un certain moment je me suis prise à rêver que ce fut elle, Manon.
Le 30 juin :
Faut-il le redire, le partenariat Gilbert/Marchand fonctionne très bien. Dorothée Gilbert à une aisance et une souplesse des pointes remarquable, ses pas de pointes sont délicieux et quels beaux bras. Elle fait très petite femme parisienne. Au premier acte, elle échange des oeillades avec Des Grieux qui sont inoubliables. Elle s'impose doucement avec beaucoup de naturel et développe son personnage avec aisance. Ensuite, elle est moins nuancée. Elle aime Des Grieux, elle aime l'argent, quel dommage de ne pas pouvoir accorder les deux.
Hugo Marchand est un chevalier amoureux qui devient presque violent lorsqu'il est jaloux. Il aimerait bien que Manon soit entièrement à lui. Enfin pourquoi M. de GM vient-il contrarier son amour ?
JLQ et Héloise Bourdon m'ont fait penser à un couple de la comédia Dell'arte. J'aurais bien vu JLQ en Scapin et Héloïse en servante de Molière. JLQ a un jeu très clair qui aide à comprendre l'histoire et sa maîtresse apporte une joie de vivre intéressante et pas du tout en contradiction avec le reste. Ce sont certes des prostituées, mais elles sont censées trouver ce mode de vie amusant, sinon pourquoi Manon a-t-elle tant de mal à le quitter?
En gros ma soirée coup de coeur était le 23 juin, mais j'ai mieux compris l'histoire et apprécié la danse le 30.
Quant à la musique... Bof 
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26659
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Posté le: Mar Juil 04, 2023 4:40 pm Sujet du message: |
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Merci pour ce compte-rendu très détaillé. J'espère que Mathias Heymann a retrouvé tous ses moyens. Il a vraiment été poursuivi par la malchance ces dernières années entre les blessures et le covid qui a interrompu les spectacles. C'est un peu triste car c'est l'un des danseurs les plus remarquables que l'Opéra ait eu depuis de nombreuses années.
Pour la musique, je me sentirais maintenant moins seul, car j'ai aussi du mal à digérer les sucreries de Massenet... |
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malgven
Inscrit le: 18 Juil 2022 Messages: 27 Localisation: Paris
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chien en peluche
Inscrit le: 29 Oct 2011 Messages: 1979
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Posté le: Mer Juil 05, 2023 3:59 pm Sujet du message: |
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Peter van Dyk avait déjà chorégraphié Manon Lescaut et le Chevalier Des Grieux sur la musique de Mozart quand il avait été dirceteur artistique du Ballet du Grand Théâtre de Genève. La première avait eu lieu le 1er novembre 1979 et six représentations jusqu'au 6 novembre. Puis une autre représentation à Lausanne (au Théâtre Beaulieu) le 13 novembre 1979.
Claire Feranne et Danièle Lesschaeve avaient interpété le rôle de Manon, Martial Bockstaele celui de Des Grieux. Shozo Okada, un anciern danseur japonais, qui avait créé le rôle de Tiberge à Genève, avait remplacé celui-ci pour le rôle titre masculin au moment de la représentation de Lausanne à côté de Claire Feranne.
Peut-être que la musique de Mozart n'est pas la musique baroque, mais du moins plus proche de l'époque où se déroule l'histoire de Prévost. Van Dyk avait utilisé 17 oeuvres de Mozart, toutes instrumentales. Il n'avais pas été inspiré des muisques écrites pour les oeuvres lyriques.
D'autre part, c'est Fromental Halévy qui avait composé la musique pour le ballet d'Aumer en 1830 (La première avait eu lieu le 3 mai.). Elle avait été sa première oeuvre commandée par l'Académie royale de musique.
Cela dit, merci beaucoup, malgven, pour votre compte-rendu détaillé, qui m'est très intéressant, moi, spécialiste des lettres modernes, tout en n'étant ni native ni dix-huitèmiste 
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Gimi
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 2167
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Posté le: Mer Juil 05, 2023 5:17 pm Sujet du message: |
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haydn a écrit: |
Pour la musique, je me sentirais maintenant moins seul, car j'ai aussi du mal à digérer les sucreries de Massenet... |
Jules MASSENET n’est pas vraiment responsable de ce fiasco musical; les sucreries genre bonbons anglais sont le fait de Kenneth MACMILLAN qui s’est interdit d’utiliser les musiques des opéras Manon [AUBER, MASSENET, PUCCINI) et a cherché de la “musique de fond” (ou de bar) parmi les œuvres les moins dansantes d’un compositeur prolixe (seules les Scènes pittoresques semblent à peu près les bienvenues dans ce ratage . . . ).
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keriluamox
Inscrit le: 24 Aoû 2017 Messages: 243
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Posté le: Mer Juil 05, 2023 6:02 pm Sujet du message: |
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Gimi a écrit: |
Jules MASSENET n’est pas vraiment responsable de ce fiasco musical; les sucreries genre bonbons anglais sont le fait de Kenneth MACMILLAN qui s’est interdit d’utiliser les musiques des opéras Manon [AUBER, MASSENET, PUCCINI) et a cherché de la “musique de fond” (ou de bar) parmi les œuvres les moins dansantes d’un compositeur prolixe (seules les Scènes pittoresques semblent à peu près les bienvenues dans ce ratage . . . ). |
Pour ma part, j’écoute en boucle depuis quelques jours « L’extase de la Vierge » : https://youtu.be/RP0ibRX0aSY
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Gimi
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 2167
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Posté le: Ven Juil 07, 2023 2:49 pm Sujet du message: |
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Nouvelle modification de distributions ce 7 juillet :
Audric BEZARD se retire de ses deux dates et est remplacé par Pablo LEGASA en LESCAUT les 8 et 12 juillet 2023.
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Vivelamusiqie
Inscrit le: 14 Juil 2020 Messages: 16
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