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paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3624
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Posté le: Lun Avr 24, 2006 11:48 pm Sujet du message: |
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Pierre a écrit: |
Il faut 4 Bohème pour payer une soirée de Guerre et Paix ! |
Ca ne me choque pas. Ce qui compte pour moi c'est que l'ensemble d'une saison ne finisse pas dans le rouge. Que le Directeur décide de produire un spectacle de "luxe" financé par des spectacles qui dégagent des marges importantes, pourquoi pas ? Pour Guerre et Paix, ça a permis à 40 000 spectateurs de se régaler (du moins si j'en juge pas les ovations) + les ventes DVD.
Quand il était directeur à La Monnaie (Brussels), Gérard Mortier avait été critiqué de la même façon par la presse pour une Traviata très luxueuse (esthétique alla Visconti, un triomphe pendant 40 représentations reprises incluses), pourtant largement financée par les surplus d'autres productions largement amorties.
Si on exige que tout spectacle dégage immédiatement des marges, on ne se permet plus aucun risque. On ne représente plus d'ouvrages où il y a trop de personnages (= beaucoup beaucoup de costumes), on évite de réunir dans la même soirée Salonen à l'orchestre et Guillem en guest star, on renonce aux créations car susceptibles de ne pas remplir la salle donc déficit potentiel, etc...
Bref, financer un ou deux spectacles coûteux par des productions déjà bien amorties me semble la base d'une gestion d'opéra, je ne vois donc rien de scandaleux aux choix de Mr Gall
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Pierre
Inscrit le: 31 Déc 2003 Messages: 982 Localisation: Paris
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Posté le: Ven Avr 28, 2006 10:50 pm Sujet du message: |
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Cher Paco,
L'équilibre, c'est ce qu'a cherché Gall et certainement Mortier aujourd'hui. Ce qui nous oppose ici n'est pas l'audace d'une programmation, mais un jugement esthétique sur Zambello dont je n'aime aucune des productions.
Bon allez visiter son site http://www.francescazambello.com/
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Erda
Inscrit le: 12 Jan 2004 Messages: 33
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Posté le: Dim Avr 30, 2006 2:12 am Sujet du message: |
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Guerre et Paix coûte cher en raison du très grand nombre de solistes et autres protagonistes. Quelle que soit la mise en scène , il y a dans le livret une scène de bal dans un palais (costumes de soirée) et une scène de bataille ( nombreux uniformes), sur lesquelles on peut difficilement faire l'impasse ...
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26656
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Posté le: Dim Avr 30, 2006 9:03 am Sujet du message: |
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Erda a raison de souligner que c'est en raison essentiellement du grand nombre de solistes (plus de 20 je crois), que Guerre et Paix a été une production très coûteuse ; pour les mêmes motifs, Boris Godounov ou les Maîtres chanteurs figurent aussi rarement à l'affiche.
Sur le principe, je suis d'accord avec Paco. Il n'y a pas a rechercher de "rentablilité" immédiate, et si on ne voulait faire que des choses "rentables", il n'y aurait bientôt plus de productions lyriques ou chorégraphiques de grande envergure. Si on pouvait gagner de l'argent avec un théâtre d'Opéra, ça se saurait... D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si même les Américains les plus libéraux n'ont pas "privatisé" leurs opéras : il n'y a pas un entrepreneur qui en voudrait, faute de rentablilité suffisante. Alors, on se contente - et c'est malheureux aussi - de concéder certains services "annexes" au secteur privé, boutique ou restauration généralement, billetterie, service de presse, voire fabrication des décors et des costumes (avec des conséquences parfois fâcheuses)...
Le problème en France aussi, c'est que les directeurs de théâtres publics sont tributaires d'autorités de tutelle à l'esprit de plus en plus étroit, et animés d'une mentalité de boutiquier justement, exigeant des résultats financiers à court terme, et qui ne possèdent plus de la culture que la vision débilitante instillé par les spécialistes de la "comm'" et du marketing, au détriment de toute politique digne de ce nom.
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Pierre
Inscrit le: 31 Déc 2003 Messages: 982 Localisation: Paris
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Posté le: Dim Avr 30, 2006 10:20 am Sujet du message: |
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Dans le Documentaire DVD sur la Bayadère (TDK), il y a un court extrait de la remise à Noureev sur scène en 1992 par Jack Lang d'une distinction suprême (dans l'ordre des Arts et des Lettres je crois...) devant tout le corps de ballet et devant le public. Epoque bénie des dieux.
La recherche d'une bonne gestion financière n'a qu'un seul but : donner aux directeurs qui se succèdent une grande liberté et du pouvoir. Faire la manche tous les matins pour une institution culturelle ou autre, c'est la soumettre encore plus aux pressions budgétaires et politiques. Le bouquin dont nous avons parlé plus haut montre parfaitement tous ces rouages et le directeur avait semble-t-il réussi à traiter avec l'Etat en partenaires par le biais du contrat.
Le contrat étant en gros : "L'état s'engage sur telle et telle contribution annuelle sur du long terme, ni plus ni moins, et moi le directeur, je m'engage à équilibrer le reste sans venir pleurer tous les matins au ministère du budget. Par contre, je suis le seul maître à bord."
La confiance entre les deux partenaires ayant fait le reste années après année quel que soit la couleur des ministres en place, parce que justement, il y avait respect du contrat initial.
La mécanique "grosse production = déficit" n'est pas si évidente et encore une fois, ce bouquin de MM Agid et Tarondeau montre bien que la rentabilité d'un spectacle dépend plus de sa notoriété, de la longueur de chaque série, du nombre de séries et donc du taux d'amortissement plus que de son coût initial, sauf quand ce coût est plombé dès le départ comme pour Guerre et Paix par une distribution impossible à financer.
Bon, actuellement à Garnier, se joue Platée avec une superbe mise en scène (Pelly), de beaux décors et d'incroyables costumes pour tous ces batraciens qui viennent envahir une salle de spectacle et y font joyeux désordre avec plein de moments dansés sous la houlette de Laura Scozzi.

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