Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
|
Posté le: Lun Juil 16, 2018 3:12 pm Sujet du message: Saison de danse 2017-2018 - Bilan |
|
|
Je vous propose, comme chaque année ou presque, de dresser un petit bilan de la saison de danse qui s'achève, à Paris, en Province et à l'étranger.
En ce qui me concerne, j'avoue que je suis bien ennuyé pour trouver des événements vraiment inoubliables sur le plan artistique. L'actualité a malheureusement été dominée par les affaires de harcèlement supposé qui ont terni l'image de certaines compagnies, du New York City Ballet à l'Opéra de Paris, affaires qui n'ont pour le moment donné lieu à aucune poursuite ou condamnation pénale... Mais le mal est fait.
On mentionnera toutefois le départ en retraite de Marie-Agnès Gillot, dont la personnalité a durablement marqué l'Opéra de Paris, et qui laissera assurément un vide, ainsi que le retour au meilleur niveau de Mathias Heymann.
A vos claviers, vous aussi, maintenant! |
|
Revenir en haut |
|
paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3624
|
Posté le: Mar Juil 17, 2018 1:13 am Sujet du message: |
|
|
Ma saison de ballets ayant été constituée à 90% de spectacles du Royal Ballet, j'ose à peine parler de mon bilan, qui est à l'extrême opposé du vôtre, Haydn. La chance d'habiter là où il faut au bon moment, tant le niveau du RB est devenu superlatif sous le mandat de Kevin O'Hare, et tout particulièrement le corps de ballet et les solistes et premiers solistes chargés des divertissements intermédiaires qui parsèment les ballets classiques.
Sur une saison dense en programmation classique, je retiendrai évidemment le nouveau Lac de Scarlett, avec l'Odette/Odile hors norme, sur une autre planète, de Natalia Osipova, une interprétation marquante pour des années.
Ensuite je garderai aussi comme grands souvenirs de la saison la reprise de Sylvia (belle surprise), la Giselle Nunez-Bonelli (+ le corps de ballet), et les Manon stratosphériques des tandems Nunez-Bolle et Osipova-Shklyarov. Et puis il y a eu aussi le Marguerite & Armand de Ferri-Bonelli, mais comme ils m'avaient déjà propulsé sur Mars la saison passée j'ai moins eu l'effet de surprise cette année.
Probablement plus encore qu'au cours des saisons précédentes, Natalia Osipova a fait l'événement quasiment à chacune de ses apparitions, elle est actuellement à son zénith et dépasse de très loin tout ce que les parisiens ont pu connaître d'elle il y a quelques années lors des tournées du Bolchoi. Je ne sais pas ce que l'Histoire retiendra de la phase actuelle de sa carrière, mais il est d'ores et déjà évident qu'au niveau du RB elle est désormais entrée en lettres d'or dans la légende de l'institution, au même titre que Fonteyn avant elle. Rien que pour cela il est important, pour la vie d'un ballettomane, de faire une incursion chaque année au RB, pour pouvoir voir de ses propres yeux une légende vivante.
S'il n'y avait eu son "ratage" en Odette/Odile (tout est relatif bien entendu...), Marianela Nunez a elle aussi réalisé une saison superlative et s'impose comme la "rivale" incontestable d'Osipova pour provoquer émotion et brio à chacune de ses prestations. De fait, on attend désormais avec impatience leur Bayadère commune l'automne prochain...
Hors RB, ma saison aura été marquée par l'Aurore de Cojocaru à l'ENB (du reste la splendide production de Sleeping Beauty de l'ENB restera un excellent souvenir de ma saison, malgré la faiblesse des solistes des diverses variations), et, à Paris, incontestablement le Nijinsky du Ballet National du Canada au TCE : pour la compagnie, et aussi surtout pour l'oeuvre elle-même. Un de mes top de la saison, sans hésiter. (et comme quoi, à Paris aussi, il y avait de quoi se réjouir, il suffisait juste d'aller au TCE au lieu de l'ONP...).
|
|
Revenir en haut |
|
tuano
Inscrit le: 27 Mar 2008 Messages: 1208 Localisation: Paris
|
Posté le: Mar Juil 17, 2018 8:55 am Sujet du message: |
|
|
Mathias Heymann (barbu barbier) dans Don Quichotte (avec ces somptueux décors que je voyais pour la première fois) à l'Opéra Bastille aura été pour moi la sensation de la saison. Je regrette vraiment que l'Opéra national de Paris ne programmera plus de grands ballets de ce genre.
|
|
Revenir en haut |
|
vincentledanseur
Inscrit le: 01 Fév 2018 Messages: 35 Localisation: Paris
|
Posté le: Mar Juil 17, 2018 5:24 pm Sujet du message: |
|
|
Cette année fut haute en couleurs et en émotions. Il est étrange qu'a priori j'en garde un souvenir teinté d'images négatives. Car lorsque je regarde au cas par cas la programmation de l'Opéra de Paris, j'ai éprouvé énormément de plaisir, et j'ai palpité avec les danseurs.
Des émotions exaltées
J'ai eu la chance pour la première fois de ma vie d'assister au défilé de l'Ecole de Danse et du Corps de ballet. Au premier rang de surcroît ! Quelle joie de voir ces petites danseuses frêles et graciles devenir en l'espace d'un instant des femmes puissantes et matures, de voir le panache tendre des petits danseurs se muer en assurance. Le tout sur la musique des Troyens de Berlioz. Un rêve devenu réalité.
Puis vint quelques spectacles plus tard ma première claque de l'année: le sacre du printemps de Pina Bausch. Je fus littéralement soufflé. Quelles émotions à admirer impuissant ces hommes virils et tyranniques, ces femmes oppressées voire terrorisées, Eleonore Abbagnato fragile, résignée, vraie. Entre l'odeur de tourbe, le regard malsain sur cette scène rituelle, la justesse des mouvements d'ensemble, le spectacle est total.
Impossible pour moi de ne pas saluer le trio Ould Braham/Moreau/Alu dans le Daphnis et Chloé de Millepied. La chorégraphie de Millepied ne souffre l'à peu près et j'ai failli passer à côté de cette pièce toute en finesse. Mal executée, la chorégraphie est ennuyeuse. Mais le trio du soir était explosif ! François Alu tout d'abord allume un feu nouveau. Il ne joue pas Bryaxis, il est Bryaxis. Il est puissant, sauvage, il agresse Myriam Ould Braham. Cette dernière est une petite fleur délicate, toujours aussi virtuose, fine et pleine de sensibilité. Enfin Marc Moreau a compris la chorégraphie, ses tempi et sa musicalité. Il apporte sa fougue, sa joie de vivre à la pièce. Le duo Moreau/Ould Braham fonctionne parfaitement et on souhaite en voir plus (Madame Dupont si vous me lisez).
L'année se termine en beauté avec la découverte pour moi du Season's Canon de Crystal Pite. Tantôt insecte, tantôt tempête, tantôt flammes, la sensibilité de la musique de Max Richter transfigure les corps des danseurs. Ceux-ci sont transportés à l'état d'atome. Ils forment un tout et ne sont qu'un. François Alu, Eleonore Guérineau, Alice Renavand, Eve Grinsztajn se détachent parfois, affirment leur singularité, avant de retourner dans le collectif.
Le simple plaisir de la danse classique
Quels éléments font qu'un ballet va chercher en vous les émotions le plus profondes? Pourquoi certaines pièces fonctionnent moins bien que d'autres? Est-ce la musicalité du chorégraphe? Une mauvaise exécution des gestes par les danseurs et danseuses? Ou bien le spectateur qui est moins réceptif? Même si Joyaux, Onéguine ou la Fille mal gardée furent de jolis moments de danse classique, il manquait ce je-ne-sais-quoi, cette étincelle pour allumer le ballet.
Je tiens à saluer le travail de Myriam Ould Braham, de la magnétique Hannah O'Neill et de François Alu dans Joyaux de Balanchine. Je suis malheureusement resté insensible au charme de Sae Eun Park ou de Valentine Colasante.
La pièce Agon est pour moi une œuvre de recherche, de recherche sur la danse classique. Qu'est-il possible de faire avec ce corps de danseur, tout en restant sur le fil classique. C'est une émotion technicienne qui se dégage de cette pièce. Toute mon admiration à Hugo Marchand, Audric Bézard, Arthus Raveau et Myriam Ould Braham.
Pour ce qui est d'Onéguine, le pas de deux de la lettre était un très beau moment offert par Gilbert et Bézard. En revanche, peut-être fatigués par les deux premiers actes, peut-être moins bons comédiens lorsqu'il s'agit de danser la souffrance des retrouvailles et la rupture, le pas de deux final m'a laissé un sentiment d'inachevé.
Le Boléro de Béjart est un moment unique, magique presque. Quelle difficulté pour les danseurs de passer après une Sylvie Guillem, un Jorge Donn ou un Nicolas Le Riche. Amandine Albisson livre une nouvelle interprétation, quoiqu'un peu académique, et devient un animal magnétique, une idole du désir masculin.
Finir l'année avec la fraîcheur de la Fille Mal Gardée, son caractère bucolique, ses coqs, poules et danse de sabots. Alice Renavand est peut-être trop femme, pas assez jeune fille. François Alu conquiert les foules avec ses sauts, mais il nous a donné à voir de très légères imprécisions à l'atterrissage (qui expliquent l'absence de nomination ce soir là uniquement). Aucune distribution ne me satisfaisait. Elles présentaient toutes un défaut (je n'ai malheureusement pas pu voir Ould Braham et Heymann). J'aurais pourtant préféré un Alu/Ould Braham, un Baulac/Heymann et un Gilbert/Marque... Quoi qu'il en soit, heureusement que nous pouvons nous appuyer sur ces grands classiques, qui présentent plusieurs niveaux de lecture et plusieurs niveaux d'interprétation.
Déceptions
Toutefois les déceptions commencent, et même sur les œuvres les plus classiques. Myriam Ould Braham a été épatante dans le Don Quichotte: fougueuse, impériale, riante, virtuose... Elle a toutes les qualités d'une Kitri. Malheureusement son partenaire du soir n'est pas à la hauteur. Karl Paquette est certes d'un grand soutien dans les pas de deux, il est solide, rassurant, mais il saborde complètement le spectacle dans les variations de Basilio. On souffre même pour lui de se lancer dans une tâche trop ardue et qu'il ne peut accomplir. Les sauts ont des réceptions plus que douteuses, le tempo est ralenti pour qu'il puisse espérer rester debout, la hauteur des jambes n'est pas au rendez-vous...Quel dommage de le voir danser, surtout quand on sait que le rôle a été refusé à François Alu qui n'aurait pas le niveau. La direction est même allée chercher Isaac Hernandez à Londres (et il n'a pas fait des merveilles), car les artistes de l'Opéra de Paris ne seraient pas à la hauteur. Si la direction est capable de tenir de tels propos, alors ne faites pas danser M. Paquette dans un des rôles les plus difficiles pour les hommes alors qu'il n'en a plus les capacités.
La pièce The Art of not looking back de Schechter ressemble quant à elle à du mauvais Jan Fabre. J'ai également pensé en la voyant au spectacle Body Remix de Marie Chouinard, dont les vidéos sont la risée du web depuis de nombreuses années. Il y a là une volonté de choquer, sans véritable originalité. Choquer pour choquer, sans chorégraphier...quel en est le but? Surtout que nous sommes soumis à un flot d'images toutes plus choquantes les unes que les autres, que ce soit dans les films, les publicités ou l'actualité. Cette pièce a toutefois trouvé un certain public, dont je ne fait certes pas partie, mais qui apprécient ce langage corporel.
Toutefois quelques pièces n'étaient pas au niveau chorégraphique du reste de la saison. Lorsque mon esprit sort de l'Opéra alors que nous sommes en pleine représentation, que je commence à faire une liste de courses ou à penser aux tâches ménagères, je crains que le ballet n'ait eu l'effet escompté.
C'est ainsi que je n'épiloguerai pas longtemps sur Grand Miroir de Teshigawara ou The Male Dancer de Pérez. Les quelques verbiages que je pourrais avoir concernent le choix de la musique, les costumes, les références du ballet, c'est dire si la chorégraphie est un élément oublié.
C'est également le cas de la pièce Play d'Ekman. Très jolie mise en scène. C'est à peu près tout ce que l'on pourra en dire. C'est une œuvre de mise en scène, de par la pluie de balles, les costumes loufoques, les décors mouvants. Il y a un sous-emploi total du corps de ballet, et une absence criante de chorégraphie. Les baballes m'ont aidé à faire passer le temps. Je les ai presque regrettées au second acte. Tout cela est bien dommage quand on pense qu'il s'agissait de la création phare de cette saison.
Ce ballet me semble à l'image de la saison prochaine, à savoir une production "instagramable" très jolie, mais aussi très creuse. Quand sortirons-nous de ce type de production?
De grandes déceptions
Apparemment pas lors de la saison prochaine (j'espère fortement me tromper). L'absence du classique à partir du mois d'avril me semble être le véritable malaise de l'Opéra de Paris. Et traduit une politique incompréhensible pour les amateurs de classique.
Les différentes annonces distribuées tout au long de l'année par la Direction ont réussi à gâcher beaucoup du plaisir transmis par les interprètes de l'Opéra.
L'abandon de la danse classique en tant que telle va de pair avec la nomination de Valentine Colasante (qui ne l'oublions pas dansait en arrière-plan à l'époque où Mathilde Froustey brillait sur le devant de la scène dans Don Quichotte), avec le départ d'Eleonore Guérineau (toujours pas promue), avec le drame du concours de promotion et sa classe des sujets féminins.
A cela s'ajoutent des distributions parfois hasardeuses qui ne mettent pas en valeur les couples de danseur, ou encore la non nomination de François Alu et pire encore sa non distribution sur Don Quichotte.
La Direction de la danse nous dit qu'elle remet la danse classique au cœur, et pourtant s'en éloigne toujours plus. Si ce n'est l'Opéra de Paris, qui pour représenter la danse classique en France.
|
|
Revenir en haut |
|
tuano
Inscrit le: 27 Mar 2008 Messages: 1208 Localisation: Paris
|
Posté le: Ven Juil 20, 2018 9:20 am Sujet du message: |
|
|
En contemporain/non danse, j'ai surtout été marqué par The Great Tamer.
|
|
Revenir en haut |
|
Delly
Inscrit le: 14 Juin 2016 Messages: 603
|
Posté le: Ven Aoû 24, 2018 1:22 am Sujet du message: |
|
|
Je ressors enfin mes programmes de l'année... moins de spectacles que l'an dernier (on se demande pourquoi ) mais, à vrai dire plaisir à chacun d'eux. S'il faut en retenir quelques-un, je dirai donc :
- Onéguine : prime à nouveauté évidemment, mais avec une magnifique distribution, la découverte d'une oeuvre belle, complète, solide, émouvante, et d'une belle production. Avec un CdB et des solistes dans leur élément.
- Le Sacre du Printemps : là encore découverte ou semi-découverte, car tant d'images extraits, évocations... construisent un mythe. La confrontation à la réalité fut à la hauteur des espérances : puissance, émotion, et troupe tellement heureuse de danser cela !!
(nb : j'ai hélas raté le Boléro, et la rencontre avec un autre mythe...)
- Au TCE, le magnifique Nijinsky, et tous ses interprètes marquants.
- Excellente soirée, dans un autre style, avec Singing in the Rain au Grand Palais, du grand spectacle qui en met plein les yeux, mais qui fait honneur à la danse.
- A Bordeaux, pas de soirée exceptionnelle pour moi (puisqu'il n'y en a eu que 2), mais la découverte d'une compagnie excellente et attachante... bilan l'an prochain de ma "Saison 2" qui sera plus complète !!
Pour cette année je choisis donc de retenir du ballet de Bordeaux leur insertion remarquable dans la vie culturelle de la ville au travers d'événements hors les murs ou de la participation en toute simplicité mais sans compromis artistiques ou techniques aux animations locales, qui créé une réelle proximité et un lien avec le public. Ca fait très "petite ville", mais précisément Bordeaux n'est pas une petite ville et ça marche quand même, et c'est un plaisir.
Des "pépites" : le Défilé, Heymann dans DQ et Gilbert dans DQ aussi (et Erwan le Roux en Sancho Pança, tout de même...), Marchand dans Diamants, Sara Renda et Roman Mikhalev dans le pdd de Coppélia (gala d'Etoiles).
|
|
Revenir en haut |
|
Enya
Inscrit le: 26 Aoû 2005 Messages: 1176
|
|
Revenir en haut |
|
|