Entretien : Natalie Nguyen, une Américaine à Lausanne



Distance oblige, les candidats originaires d'Amérique du Nord sont traditionnellement en minorité à Lausanne. S'ajoutent sans doute à cela d'autres facteurs culturels, notamment la concurrence du fameux Youth America Grand Prix et de ses sélections régionales, susceptibles de monopoliser la concentration des jeunes danseurs américains une partie de l'année. Pour cette édition 2010, quatre candidats originaires des Etats-Unis participent au Prix de Lausanne. Deux filles et deux garçons, parmi lesquels on trouve la deuxième plus jeune candidate, Dominique Larose, 15 ans, et Christopher Evans, 15 ans lui aussi, le plus jeune des candidats chez les garçons.

Petite rencontre, en ce quatrième jour de compétition, avec Natalie Nguyen, une jeune danseuse américaine de 17 ans, née de parents vietnamiens, juste avant son ultime répétition. Où l'on verra que d'une édition à l'autre du Prix, il y a parfois une belle histoire d'amitié...




Qu'est-ce qui a motivé votre participation au Prix de Lausanne?

J'étudie au Maple Conservatory of Dance, à Irvine, en Californie*. Cette école a une excellente réputation sur la côte Ouest des Etats-Unis. Karen Johnson*, une très bonne amie à moi qui en a aussi été élève, a participé au Prix de Lausanne l'an dernier. Elle a d'ailleurs été finaliste. Elle ne m'a dit que du bien du Prix de Lausanne. J'en ai alors parlé à mon professeur, qui m'a répondu : « Pourquoi pas? ». Voilà comment je me suis retrouvée à Lausanne.


Que représente le Prix de Lausanne pour une danseuse américaine comme vous?

J'en avais entendu parler bien sûr, mais je ne connaissais le Prix que par les vidéos. Je regardais les vidéos de Lausanne sur Internet. Le niveau de tous les candidats m'impressionnait. J'avais aussi envie de venir à Lausanne pour l'expérience que ça représente, pour voir aussi d'autres manières de danser.



Comment s'est fait le choix des variations?

C'est à la fois mon idée et celle de mon professeur. Moi je voulais quelque chose avec du caractère. La variation d'Aurore extraite de La Belle au bois dormant m'a plu, parce que le personnage est à la fois jeune et royal. Pour le contemporain, j'ai choisi la variation de Christopher Wheeldon, There Where she Loved, parce qu'elle est très drôle, très amusante. Elle ne se prend pas au sérieux et elle offre une grande part de liberté dans le mouvement.


Comment se prépare-t-on au Prix de Lausanne?

C'est mon professeur, Alicia Head, qui m'a fait répéter chaque semaine. Elle m'a fait travailler les bras, les pieds, elle m'a aussi aidée à construire le personnage. Et Karen m'a aussi donné des conseils...



Comment s'organise financièrement un voyage d'une semaine en Suisse quand on habite la Californie? Est-ce que l'école apporte une aide?

C'est uniquement ma famille qui m'a aidée. Mon père, qui est chimiste, a longtemps vécu à Lausanne, et il parle parfaitement français. Comme ça, tout était simple.


Quels rêves d'écoles ou de compagnies a-t-on en venant à Lausanne?

J'ai l'esprit ouvert. J'apprécie différents styles et j'aimerais danser dans une compagnie qui possède un répertoire contemporain.



Y a-t-il des modèles qui vous inspirent dans la danse?

Je suis d'autant plus heureuse de participer au Prix de Lausanne que c'est Viviana Durante qui en est cette année la répétitrice. J'adore les étoiles du Royal Ballet : Darcey Bussell, Alina [Cojocaru]..., et aussi celles de l'American Ballet Theatre. Au San Francisco Ballet [la principale compagnie de ballet de la côte Ouest], il y a aussi de très bons danseurs et un répertoire que j'aime.


Au fait, que devient votre meilleure amie, Karen Johnson?

On a partagé la même chambre il y a quelques mois au stage d'été de l'Ecole du San Francisco Ballet! A part ça, elle est maintenant à la John Cranko-Schule de Stuttgart.


*   Le Maple Conservatory of Dance, dirigé par Kathy Crade et Charles Maple, a succédé à l'Académie du Ballet Pacifica, très réputée sur la côte Ouest des Etats-Unis, en marge de l'Ecole bien connue du San Francisco Ballet :  http://mapleconservatory.com

*    Voir Dossier Prix de Lausanne 2009 sur Dansomanie