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dossier le prix de lausanne 2010
Entretien : Patrick Armand, Maître de Ballet


Patrick Armand a débuté la danse avec sa mère, Colette Armand, et est ensuite admis à l'Ecole de danse du Ballet National de Marseille, alors dirigée par Roland Petit. En 1980, il remporte le Prix de Lausanne et peut ainsi poursuivre ses études à la School of American Ballet, à New York, puis chez Rosella Hightower, à Cannes. Engagé au Ballet de Nancy en 1983, il est l'interprète, avec Rudolf Nouréev, du Chant du compagnon errant de Maurice Béjart. En 1984, Peter Schaufuss le fait venir au London Festival Ballet, devenu depuis l'English National Ballet. Il s'y produira régulièrement jusqu'en 2003. En 1990, il intègre le Boston Ballet, et est également l'invité de compagnies telles l'Australian Ballet, le Mariinsky ou le Bayerisches Staatsballett de Munich. En 2002, il prend la succession de sa mère à la directon du Studio Ballet Colette Armand, à Marseille. En 2006 enfin, il est nommé Maître de ballet à la Scala de Milan, poste qu'il occupe encore actuellement.



prix de lausanne 2010 entretien patrick armand


Patrick Armand
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J'ai moi-même été lauréat du Prix de Lausanne en 1980. La bourse que j'ai obtenue m'a beaucoup aidé et c'est un peu cela qui a vraiment lancé ma carrière. Depuis, je suis revenu plusieurs fois pour me produire lors des spectacles de gala, pour les finales, et notamment à l'occasion des célébrations du vingtième anniversaire du Prix, en 1993. J'ai aussi participé deux fois au jury, en 1998 et en 2009. Comme dit, le Prix de Lausanne a été le déclencheur de ma carrière, et de ce fait je me sens redevable envers les organisateurs. Je suis tout particulièrement attaché à Philippe Braunschweig et à feu son épouse Elvire, qui ont énormément compté pour moi.  

Nous sommes tous bénévoles, et l'ambiance est très familiale. Nous gardons le contact entre nous, et cela permet de nous retrouver entre collègues de tous horizons. Cette année, j'ai revu - pour la première fois depuis vingt ans! - Christine Camillo, qui fut ma partenaire au London Festival Ballet. Je compte aussi retrouver Leanne Benjamin, avec qui je dansais également dans cette troupe. Cela permet de se tenir au courant de tout ce qui se passe dans le monde en matière de danse. Durant le reste de l'année, je suis à Milan, et je ne sais pas forcément ce qui se fait autre part. Et collaborer au Prix de Lausanne me permet de repérer de jeunes artistes que je pourrai ensuite proposer à la direction du ballet de la Scala de Milan. Ce ne sont pas forcément les lauréats, car même parmi ceux qui n'ont pas obtenu de récompense, il y a de vrais talents qui peuvent se révéler.

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Patrick Armand montre la variation de Basilio à Aaron Smith (Australie)

Je reste en relation avec d'anciens candidats comme Aleix Martinez, vainqueur il y a deux ans et qui danse maintenant chez John Neumeier, à Hambourg. L'école de danse de ma mère (établie à Marseille, ndlr), Colette Armand, dont j'ai repris la direction après son décès, a toujours envoyé beaucoup d'élèves au Prix de Lausane ; de ce fait, même à l'époque où j'étais loin, à Boston, je recevais des nouvelles du concours et des candidats.

Pour l'édition 2010 du Prix, je suis simultanément professeur - j'assure les cours - et "coach" pour les garçons, c'est à dire que je leur fais travailler leurs variations classiques. Certes, les candidats viennent d'horizons multiples, mais, contrairement à ce qu'on pourrait penser, les différences de styles et d'écoles, si elles existent évidemment, ne constituent pas vraiment un problème. En fait, il n'y a pas cinquante manières d'exécuter une variation de Giselle. Et après, ce qui compte avant tout, c'est de mettre en valeur les qualités d'interprète des jeunes danseurs. Certains ont naturellement le sens de la scène - c'était le cas d'Aleix Martinez -, et il suffit alors d'"aider" un peu la nature. D'autres sont plus introvertis, et un travail plus important est nécessaire. En tout état de cause, la prouesse technique est, pour moi, inintéressante ; il faut qu'il y ait une émotion qui se dégage. Ce n'est d'ailleurs pas forcément lié à l'âge. J'ai vu des candidats de quinze ans qui possédaient plus de présence que d'autres de dix-huit.



Patrick Armand - Propos recueillis par R. F.




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Patrick Armand montre la variation d'Albrecht à Zhang Yuanyi (Chine)

Entretien réalisé le 27 janvier 2010 - Patrick Armand © 2010, Dansomanie


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