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Préambule à
un concours
Comme chaque année, le Prix de Lausanne revient se nicher au
coeur de l'hiver, dans son berceau des Alpes suisses. Coupé
du monde et de ses ennuis, le Théâtre de Beaulieu,
situé sur les hauteurs de la ville, se permet alors, durant
six jours, de vibrer au rythme intense d'une compétition
très sélective, réunissant un
concentré de jeunes talents venus d'un peu partout, et
souvent des contrées les plus lointaines. Coeur de l'action
du Prix, l'arrière-scène du
théâtre,
réaménagée pour l'occasion, y
accueille dans une rumeur incessante une foule
hétéroclite de professeurs ou de parents aux
petits soins, entourant des danseurs tendus dans un même
effort. Les deux grands studios contigus sont les lieux où,
parallèlement, se déploie au fil de la semaine
leur ambition commune, celle qui doit les mener jusqu'à la
scène, unique lieu de vérité.
Voilà pour le cadre général du
tableau, brossé à grands traits...
Bien au-delà pourtant du jeu et des enjeux
immédiats propres à tout concours, l'effet
d'"image arrêtée" sur un certain état
mondial de la danse a, année après
année, de quoi maintenir la curiosité de ceux qui
s'intéressent de près à
l'évolution de cet art en même temps
qu'à ses différents visages, lesquels ne se
limitent plus à une école, à une
contrée, à un continent. Et au fond,
malgré les inévitables redites, les artifices
répétés et... une Coppélia
mille fois entendue, c'est toujours avec le même
enthousiasme, et le même désir secret d'assister
à l'éclosion d'une nouvelle étoile,
qu'on retourne voir
Lausanne...
Honneur aux
garçons!
Pour sa 38ème édition, un petit vent de
nouveauté s'empare du Prix, avant même le
début de la compétition. Qui s'en plaindra?...
Des voix bien informées l'avaient officiellement
annoncé il y a quelque temps, mais cette année,
une fois n'est pas coutume, les garçons, traditionnellement
en minorité à Lausanne (on ressort les archives,
et on constate qu'en 2009, il n'y avait que 20 garçons pour
53 filles – pour n'évoquer que
l'édition précédente...), sont un peu
plus nombreux que les filles. Les habituels retraits de
dernière minute, touchant sans discrimination les filles
comme les garçons, n'y feront rien : sur 70 candidats
finalement inscrits (un peu moins que d'ordinaire tout de
même), 36 garçons et 34 filles se retrouvent en
lice, très inégalement répartis selon
les tranches d'âge : chez les 15/16 ans, 19 filles pour
seulement 8 garçons, chez les 17/18 ans en revanche, 28
garçons pour seulement 15 filles. Maturité plus
tardive de ces messieurs?... On ne se livrera pas au jeu hasardeux des
interprétations psychologiques, voire médicales,
on se contentera ici de prendre acte du décompte
définitif. Un décompte réjouissant
à l'heure où l'on s'inquiète un peu
partout de l'avenir de la danse masculine, soumise à la
raréfaction des combattants autant qu'à une
certaine baisse de niveau. Reste à savoir si ce
rééquilibrage des "forces en présence"
trouvera cette année une confirmation dans les prestations
de ces messieurs, venus pour une fois en nombre conséquent
affronter le concours...
Nouveaux
chorégraphes
Au rayon des nouveautés toujours, les variations
contemporaines. Pour succéder à John Neumeier,
dont les variations ont été imposées
aux candidats durant deux éditions successives, le
comité artistique a choisi cette année Cathy
Marston et Christopher Wheeldon, deux jeunes chorégraphes
britanniques, formés à la Royal Ballet School,
qui reste, comme on sait, l'un des partenaires les plus anciens et les
plus prestigieux du Prix, en même temps qu'un pôle
d'attraction irrésistible pour nombre de candidats, parmi
les plus doués... Au passage, précisons que tout
à Lausanne fonctionne par le biais des partenariats, que ce
soit avec les écoles ou avec les compagnies, et ce qui est
vrai pour les bourses d'études ou d'apprentissage
attribuées aux lauréats l'est aussi pour les
chorégraphes invités, pour les professeurs et les
répétiteurs, et enfin pour les membres qui
composent chaque année le jury... Bref, Marston et Wheeldon,
why not?,
même si, une fois de plus, l'épithète
de "contemporaine", accolée à "variation", fait
un peu sourire, paraissant bien impropre, au moins concernant le style
développé par Christopher Wheeldon, lorgnant
clairement vers le "néo-classique", avec, bien entendu, les
guillemets de rigueur... Pour le reste, pourquoi deux, plutôt
qu'un chorégraphe?... On n'aura pas vraiment
réussi à percer le mystère, mais force
est de constater qu'au-delà de leur formation londonienne
initiale et leur notoriété respective, Marston et
Wheeldon n'ont guère de points communs, en termes de
technique requise et de sensibilité
chorégraphique...
Un style très incarné, terrestre, et
même terrien chez Marston, un style volontiers lyrique,
souvent abstrait, et requérant une technique des plus
académique chez Wheeldon... Aucun pourtant n'est
là par hasard, car si les chorégraphies du second
sont aujourd'hui au répertoire des plus grandes compagnies -
européennes, américaines, et même russe
-, on n'oubliera pas que la première a aussi des liens
marqués avec la Suisse, en tant que jeune directrice du
Ballet de Berne.
Nouvelle
équipe
Du côté des professeurs et autres
répétiteurs, l'heure est là encore aux
changements – dans la continuité s'entend... et un
certain sens du "turn-over" familial.... Cynthia Harvey officie pour la
deuxième année consécutive en tant que
professeur du cours classique réservé aux filles,
tandis que Patrick Armand, membre du jury l'an dernier, se retrouve
cette année chargé du cours classique des
garçons, ainsi que des répétitions des
variations masculines, à la place de l'inusable Sergiu
Stefanschi. Viviana Durante, l'ancienne étoile italienne du
Royal Ballet, remplace de son côté, avec bonheur,
Monique Loudières comme répétitrice
des variations classiques. Quant au contemporain, changement de
répertoire oblige, on refait tout à neuf : pour
le cours proprement dit, c'est Didy Veldman, chorégraphe
"free-lance" formée à l'Académie
Scapino de Rotterdam, qui est convoquée au gouvernail, et
pour les répétitions des variations, Cathy
Marston en personne et Jackie Bennett, représentante
officielle de Christopher Wheeldon à Lausanne, ont
répondu à l'appel... Un jury renouvelé
lui aussi, cela va de soi, présidé par l'ancien
directeur du Ballet Royal du Danemark, Frank Andersen, où
l'Argentine côtoie la Chine, et la vieille Europe, dans sa
diversité, les grandes écoles
américaines...
Règles
du jeu
Malgré les changements ponctuels, petits ou grands, auxquels
on assiste chaque année, un principe demeure intangible
d'une édition du Prix à l'autre : les candidats
ne sont pas évalués sur la seule performance
scénique, engagée à l'occasion des
sélections du samedi, puis lors de la phase finale
programmée le dimanche. On le sait, plus qu'au produit fini,
le Prix s'intéresse à la
réactivité des candidats confrontés
à un contexte nouveau et à des sollicitations
inédites, à leur capacité
d'évolution sur un court laps de temps et à leur
progression générale au fil de la semaine. Sans
pour autant justifier un palmarès ou une
sélection avec lesquels on a le droit d'être
partiellement en désaccord, il faut peut-être
tenir compte de cet aspect pour comprendre parfois la
présence de certains candidats en finale, a priori moins
spontanément brillants que d'autres, du moins au regard des
critères d'une compétition traditionnelle... Le
principe est cependant à double tranchant. Si Lausanne nous
évite ainsi l'esprit de foire souvent pratiqué
ailleurs, avec concours obligatoire de sauts défiant
l'entendement et de pirouettes circassiennes, il court aussi le risque,
parfaitement "assumé" du reste, de valoriser le seul
potentiel, visible au travers du sérieux et de
l'évolution du travail évalué en
amont, au détriment du pur brio et des qualités
spectaculaires, perceptibles ici et maintenant et
immédiatement séduisants aux yeux du public...
Le système d'évaluation mixte, en vigueur lors
des deux dernières éditions, est donc ainsi
conservé, à savoir, jusqu'aux
sélections incluses, une note globale divisée en
quatre parties accordant une importance égale aux deux
cours, classique et contemporain, et aux deux variations, classique et
contemporaine. Remise des compteurs à zéro lors
de la finale, moitié-moitié pour la variation
classique et pour la variation contemporaine. Les séances de
"coaching", réparties sur la semaine et observées
par le jury sans être notées, permettent aussi
à celui-ci de voir comment les danseurs
réagissent aux corrections et parviennent à
mettre en pratique les conseils apportés par les
répétiteurs, clé essentiel pour
évaluer le "potentiel" de chacun...
Mais, trêve d'informations factuelles, de ces informations
que le Prix nous fournit de manière quasi-exhaustive et
parfois jusqu'à la saturation, place à la semaine
de la compétition et aux candidats, en chair et en os, de
l'édition 2010...
B.
Jarrasse © 2010, Dansomanie
Le
Jury et l'équipe artistique du Prix de Lausanne 2010
Le jury :
M. Frank Andersen
Ancien Directeur artistique, Ballet Royal du Danemark
Président du jury du Prix de Lausanne 2010
Mme Lola de
AVILA
Directrice associée, San Francisco Ballet School, USA
M. Jason
BEECHEY
Directeur, Palucca Schule Dresden – Hochschule für
Tanz, Allemagne
Mme Christine
CAMILLO
Maître de ballet, Berlin Staatsoper, Allemagne
Mme Shelly
POWER
Directrice associée, Houston Ballet Ben Stevensen Academy,
USA
Mme Zhao RUHENG
Directrice, Ballet National de Chine
M. Federico
BONELLI
Principal, The Royal Ballet, Londres, Angleterre
M. Ivan LISKA
Directeur, Bayerisches Staatsballett, Allemagne
M. Mauricio WAINROT
Directeur artistique, Ballet Contemporáneo
Théâtre San Martin, Buenos Aires, Argentine
Les
répétiteurs :
Mme Viviana DURANTE
Principal invitée, Angleterre
M. Patrick
ARMAND
Maître de ballet, Teatro alla Scala, Milan, Italie
Mme Jacquelin
BARRETT
Professeur freelance international, Angleterre
Mme Cathy
MARSTON
Directrice et chorégraphe, Bern:Ballett, Suisse
Les professeurs
:
Mme Cynthia HARVEY
Professeur et metteur en scène, Angleterre
M. Patrick ARMAND
Maître de ballet, Teatro alla Scala, Milan, Italie
Mme Didy VELDMAN
Chorégraphe et professeur internationale freelance, Hollande
Pianistes accompagnateurs
:
Mme Martine DORE
Pianiste,
Cannes, France
M. Paul PAVEY
Musicien
et compositeur, Angleterre
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