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dossier le prix de lausanne 2010
Préambule à un concours


Comme chaque année, le Prix de Lausanne revient se nicher au coeur de l'hiver, dans son berceau des Alpes suisses. Coupé du monde et de ses ennuis, le Théâtre de Beaulieu, situé sur les hauteurs de la ville, se permet alors, durant six jours, de vibrer au rythme intense d'une compétition très sélective, réunissant un concentré de jeunes talents venus d'un peu partout, et souvent des contrées les plus lointaines. Coeur de l'action du Prix, l'arrière-scène du théâtre, réaménagée pour l'occasion, y accueille dans une rumeur incessante une foule hétéroclite de professeurs ou de parents aux petits soins, entourant des danseurs tendus dans un même effort. Les deux grands studios contigus sont les lieux où, parallèlement, se déploie au fil de la semaine leur ambition commune, celle qui doit les mener jusqu'à la scène, unique lieu de vérité. Voilà pour le cadre général du tableau, brossé à grands traits...

Bien au-delà pourtant du jeu et des enjeux immédiats propres à tout concours, l'effet d'"image arrêtée" sur un certain état mondial de la danse a, année après année, de quoi maintenir la curiosité de ceux qui s'intéressent de près à l'évolution de cet art en même temps qu'à ses différents visages, lesquels ne se limitent plus à une école, à une contrée, à un continent. Et au fond, malgré les inévitables redites, les artifices répétés et... une Coppélia mille fois entendue, c'est toujours avec le même enthousiasme, et le même désir secret d'assister à l'éclosion d'une nouvelle étoile, qu'on retourne voir Lausanne...

prix de lausanne 2010


Honneur aux garçons!

Pour sa 38ème édition, un petit vent de nouveauté s'empare du Prix, avant même le début de la compétition. Qui s'en plaindra?... Des voix bien informées l'avaient officiellement annoncé il y a quelque temps, mais cette année, une fois n'est pas coutume, les garçons, traditionnellement en minorité à Lausanne (on ressort les archives, et on constate qu'en 2009, il n'y avait que 20 garçons pour 53 filles – pour n'évoquer que l'édition précédente...), sont un peu plus nombreux que les filles. Les habituels retraits de dernière minute, touchant sans discrimination les filles comme les garçons, n'y feront rien : sur 70 candidats finalement inscrits (un peu moins que d'ordinaire tout de même), 36 garçons et 34 filles se retrouvent en lice, très inégalement répartis selon les tranches d'âge : chez les 15/16 ans, 19 filles pour seulement 8 garçons, chez les 17/18 ans en revanche, 28 garçons pour seulement 15 filles. Maturité plus tardive de ces messieurs?... On ne se livrera pas au jeu hasardeux des interprétations psychologiques, voire médicales, on se contentera ici de prendre acte du décompte définitif. Un décompte réjouissant à l'heure où l'on s'inquiète un peu partout de l'avenir de la danse masculine, soumise à la raréfaction des combattants autant qu'à une certaine baisse de niveau. Reste à savoir si ce rééquilibrage des "forces en présence" trouvera cette année une confirmation dans les prestations de ces messieurs, venus pour une fois en nombre conséquent affronter le concours...


Nouveaux chorégraphes

Au rayon des nouveautés toujours, les variations contemporaines. Pour succéder à John Neumeier, dont les variations ont été imposées aux candidats durant deux éditions successives, le comité artistique a choisi cette année Cathy Marston et Christopher Wheeldon, deux jeunes chorégraphes britanniques, formés à la Royal Ballet School, qui reste, comme on sait, l'un des partenaires les plus anciens et les plus prestigieux du Prix, en même temps qu'un pôle d'attraction irrésistible pour nombre de candidats, parmi les plus doués... Au passage, précisons que tout à Lausanne fonctionne par le biais des partenariats, que ce soit avec les écoles ou avec les compagnies, et ce qui est vrai pour les bourses d'études ou d'apprentissage attribuées aux lauréats l'est aussi pour les chorégraphes invités, pour les professeurs et les répétiteurs, et enfin pour les membres qui composent chaque année le jury... Bref, Marston et Wheeldon, why not?, même si, une fois de plus, l'épithète de "contemporaine", accolée à "variation", fait un peu sourire, paraissant bien impropre, au moins concernant le style développé par Christopher Wheeldon, lorgnant clairement vers le "néo-classique", avec, bien entendu, les guillemets de rigueur... Pour le reste, pourquoi deux, plutôt qu'un chorégraphe?... On n'aura pas vraiment réussi à percer le mystère, mais force est de constater qu'au-delà de leur formation londonienne initiale et leur notoriété respective, Marston et Wheeldon n'ont guère de points communs, en termes de technique requise et de sensibilité chorégraphique... Un style très incarné, terrestre, et même terrien chez Marston, un style volontiers lyrique, souvent abstrait, et requérant une technique des plus académique chez Wheeldon... Aucun pourtant n'est là par hasard, car si les chorégraphies du second sont aujourd'hui au répertoire des plus grandes compagnies - européennes, américaines, et même russe -, on n'oubliera pas que la première a aussi des liens marqués avec la Suisse, en tant que jeune directrice du Ballet de Berne.

jury 2010 prix de lausanne


Nouvelle équipe

Du côté des professeurs et autres répétiteurs, l'heure est là encore aux changements – dans la continuité s'entend... et un certain sens du "turn-over" familial.... Cynthia Harvey officie pour la deuxième année consécutive en tant que professeur du cours classique réservé aux filles, tandis que Patrick Armand, membre du jury l'an dernier, se retrouve cette année chargé du cours classique des garçons, ainsi que des répétitions des variations masculines, à la place de l'inusable Sergiu Stefanschi. Viviana Durante, l'ancienne étoile italienne du Royal Ballet, remplace de son côté, avec bonheur, Monique Loudières comme répétitrice des variations classiques. Quant au contemporain, changement de répertoire oblige, on refait tout à neuf : pour le cours proprement dit, c'est Didy Veldman, chorégraphe "free-lance" formée à l'Académie Scapino de Rotterdam, qui est convoquée au gouvernail, et pour les répétitions des variations, Cathy Marston en personne et Jackie Bennett, représentante officielle de Christopher Wheeldon à Lausanne, ont répondu à l'appel... Un jury renouvelé lui aussi, cela va de soi, présidé par l'ancien directeur du Ballet Royal du Danemark, Frank Andersen, où l'Argentine côtoie la Chine, et la vieille Europe, dans sa diversité, les grandes écoles américaines...

les candidats arrivent au prix de lausanne


Règles du jeu

Malgré les changements ponctuels, petits ou grands, auxquels on assiste chaque année, un principe demeure intangible d'une édition du Prix à l'autre : les candidats ne sont pas évalués sur la seule performance scénique, engagée à l'occasion des sélections du samedi, puis lors de la phase finale programmée le dimanche. On le sait, plus qu'au produit fini, le Prix s'intéresse à la réactivité des candidats confrontés à un contexte nouveau et à des sollicitations inédites, à leur capacité d'évolution sur un court laps de temps et à leur progression générale au fil de la semaine. Sans pour autant justifier un palmarès ou une sélection avec lesquels on a le droit d'être partiellement en désaccord, il faut peut-être tenir compte de cet aspect pour comprendre parfois la présence de certains candidats en finale, a priori moins spontanément brillants que d'autres, du moins au regard des critères d'une compétition traditionnelle... Le principe est cependant à double tranchant. Si Lausanne nous évite ainsi l'esprit de foire souvent pratiqué ailleurs, avec concours obligatoire de sauts défiant l'entendement et de pirouettes circassiennes, il court aussi le risque, parfaitement "assumé" du reste, de valoriser le seul potentiel, visible au travers du sérieux et de l'évolution du travail évalué en amont, au détriment du pur brio et des qualités spectaculaires, perceptibles ici et maintenant et immédiatement séduisants aux yeux du public...

les candidats arrivent au prix de lausanne


Le système d'évaluation mixte, en vigueur lors des deux dernières éditions, est donc ainsi conservé, à savoir, jusqu'aux sélections incluses, une note globale divisée en quatre parties accordant une importance égale aux deux cours, classique et contemporain, et aux deux variations, classique et contemporaine. Remise des compteurs à zéro lors de la finale, moitié-moitié pour la variation classique et pour la variation contemporaine. Les séances de "coaching", réparties sur la semaine et observées par le jury sans être notées, permettent aussi à celui-ci de voir comment les danseurs réagissent aux corrections et parviennent à mettre en pratique les conseils apportés par les répétiteurs, clé essentiel pour évaluer le "potentiel" de chacun...

Mais, trêve d'informations factuelles, de ces informations que le Prix nous fournit de manière quasi-exhaustive et parfois jusqu'à la saturation, place à la semaine de la compétition et aux candidats, en chair et en os, de l'édition 2010... 



B. Jarrasse © 2010, Dansomanie



Le Jury et l'équipe artistique du Prix de Lausanne 2010


Le jury :

M. Frank Andersen
Ancien Directeur artistique, Ballet Royal du Danemark
Président du jury du Prix de Lausanne 2010

Mme Lola de AVILA
Directrice associée, San Francisco Ballet School, USA

M. Jason BEECHEY
Directeur, Palucca Schule Dresden – Hochschule für Tanz, Allemagne

Mme Christine CAMILLO 
Maître de ballet, Berlin Staatsoper, Allemagne

Mme Shelly POWER
Directrice associée, Houston Ballet Ben Stevensen Academy, USA

Mme Zhao RUHENG
Directrice, Ballet National de Chine

M. Federico BONELLI 
Principal, The Royal Ballet, Londres, Angleterre

M. Ivan LISKA
Directeur, Bayerisches Staatsballett, Allemagne

M. Mauricio WAINROT
Directeur artistique, Ballet Contemporáneo Théâtre San Martin, Buenos Aires, Argentine



Les répétiteurs :

Mme Viviana DURANTE
Principal invitée, Angleterre

M. Patrick ARMAND
Maître de ballet, Teatro alla Scala, Milan, Italie

Mme Jacquelin BARRETT
Professeur freelance international, Angleterre 

Mme Cathy MARSTON
Directrice et chorégraphe, Bern:Ballett, Suisse
 


Les professeurs :

Mme Cynthia HARVEY
Professeur et metteur en scène, Angleterre

M. Patrick ARMAND
Maître de ballet, Teatro alla Scala, Milan, Italie

Mme Didy VELDMAN
Chorégraphe et professeur internationale freelance, Hollande


Pianistes accompagnateurs :

Mme Martine DORE 
Pianiste, Cannes, France

M. Paul PAVEY
Musicien et compositeur, Angleterre


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