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L’une
des spécificités du Prix de Lausanne, si on le
compare
à d’autres compétitions de danse
d’envergure
internationale, est de proposer aux candidats un "coaching"
individualisé de leurs variations, "coaching"
assuré par
des répétiteurs fidèles et
pointilleux, Monique
Loudières et Sergiu Stefanschi pour les variations
classiques,
Laura Cazzaniga et Kevin Haigen pour les variations Neumeier, faisant
office de variations contemporaines pour la deuxième
année consécutive. Le programme de
l’édition
2009 contribuait tout particulièrement à mettre
en avant
cet aspect "coaching". La réduction du nombre de variations
présentées par les candidats à deux -
l’une
classique, l’autre contemporaine – apparue
l’an
dernier dans le règlement du concours (auparavant
étaient
imposées deux variations classiques et une contemporaine)
permet
du reste de développer et d'approfondir davantage ce travail
en
amont effectué auprès des
répétiteurs et
– nouveauté significative de cette
année -
observé par le jury. N’oublions que ce que voit le
public
le samedi lors des sélections et le dimanche lors de la
finale
ne constitue en réalité que la moitié
de la note
attribuée à chaque candidat et que
d’autres
qualités que celles proprement scéniques sont
prises en
compte par le jury durant la semaine. On invoquera ici la
réactivité aux corrections et aux conseils
fournis par
les répétiteurs, la concentration
qu’elle implique
de manière sous-jacente, et plus largement la
capacité de
progression des candidats… On l’a dit et
sûrement
répété, mais le Prix de Lausanne se
donne
d’abord comme mission de déceler le potentiel
artistique
des jeunes danseurs, plutôt que de couronner de petits
phénomènes…
Après deux journées dévolues aux
classes, place au travail des variations…
On l’a suggéré, on le confirme
à
présent, les variations donnent souvent une tout autre image
des
candidats que celle perçue lors de la classe.
C’est
là que se révèlent vraiment la
personnalité
artistique, la musicalité, le style, mais aussi la
faculté à occuper l’espace et les
directions (et
pour l’instant, on ne parle que du studio) et
peut-être
aussi, tout simplement, à danser… Lors du
"coaching"
individuel des variations classiques, qui se déroule sur
deux
jours complets en alternance avec celui des variations contemporaines,
les candidats, filles et garçons, sont regroupés
à
la fois par classe d’âge et en fonction de leur
choix de
variation. Deux séances de répétition
sont en fait
organisées pour chaque groupe de candidats, l’une
en
présence du jury et l’autre sans, auxquelles
s’ajoute la possibilité pour chacun de filer sa
variation
à deux reprises sur la scène du
théâtre.
Cette année, très gros succès de
Coppélia
et des Ombres de La Bayadère - un peu au
détriment des
autres variations - auprès des filles les plus jeunes (15-16
ans), tandis que les garçons de la même tranche
d’âge, il est vrai beaucoup moins nombreux, se
partageaient
équitablement les variations extraites du Lac des cygnes
(solo
du pas de trois), de Giselle (solo du Pas de deux des Paysans) et de La
Fille mal gardée. Il y a quand même eu un
courageux pour
choisir l’Oiseau bleu, introduit cette année dans
le
programme des variations classiques… Chez les
aînés
(17-18 ans), un peu plus de variété
était
perceptible : Raymonda (variation du Rêve), Kitri ou Gamzatti
pour les filles, Corsaire ou Albrecht pour les
garçons…
De ce qu’on a pu voir au fil de ces deux journées
de
préparation, voici donc quelques impressions, à
confirmer
ou à infirmer une fois sur la scène, lors de
l'épreuve des sélections...
Répétitions
des variations classiques (filles) – Monique
Loudières
Filles A (15-16 ans)
:
Avouons que cette année on en aura vu défiler,
chez les
plus jeunes, des Swanilda au corsage fleuri ou au petit tablier
pastel... Pour les répétitions toutefois,
l’académique est de rigueur et tout ornement
superfétatoire en est banni pour ne pas gêner ni
perturber
l’évaluation équitable des danseurs et
tout
simplement les corrections. Au rayon des variations donc, seules les
Ombres de La Bayadère auront vraiment réussi
à
faire concurrence à Coppélia… Une
Fête des
fleurs à Genzano oubliée une nouvelle fois, et
des
Vendangeuses de Giselle presque autant…
Plus jeune candidate de la compétition et
première en
tout, on le pressent, la Japonaise Miki Mizutani (1) s’impose
dès la première répétition
par sa
fraîcheur, sa légèreté, son
charme
juvénile et piquant, particulièrement
appropriés
ici, ainsi que par une technique d’une aisance confondante,
même au regard d’autres candidates manifestement
tout aussi
douées. Autre Japonaise et autre Swanilda, Futaba Ishizaki
(3)
impressionne peut-être plus encore. Elle a choisi
d’interpréter la variation dans l'arrangement
chorégraphique de Fernando Bujones qui comporte une
redoutable
série finale de fouettés à
l’italienne.
Très déliée au niveau des bras et du
dos, elle
montre déjà une expressivité
remarquable dans sa
danse et son jeu, généreux et ouvert. Ce qui
frappe ici,
c’est la maturité et
l’autorité
scéniques – au fond, l’aplomb incroyable
- de ces
deux très jeunes candidates japonaises qui semblent
nées
pour briller dans des variations de concours. Les qualités
d’expression, alliées à une
vivacité et
à une joie de danser communicatives, on les retrouve aussi
chez
la Brésilienne Carolina Coelho Pais (6), qui manque
toutefois de
relâchement et de fluidité dans le haut du corps
et doit
encore apprendre à contrôler son
énergie
débordante.
Parmi les très nombreuses Ombres (assez
équitablement
choisies par les candidates, mais avec une petite
préférence pour la 3ème, semble-t-il),
on aura
surtout retenu la prestation de la Japonaise Mizuki Noshiro (8 ), aux
bras et aux développés magnifiques, qui parvient
à
manifester un véritable lyrisme dans la 3ème
variation,
ou encore celle de la Néo-Zélandaise Hannah
O’Neill
(14), félicitée à juste titre par
Monique
Loudières pour sa musicalité dans la
2ème
variation, qualité qui, à coup sûr, la
distingue du
tout venant des candidates. Certains maniérismes –
sourires et bras en excès dans un contexte peu
approprié
- pourraient cependant être aisément
corrigés. La
Coréenne Ko Sewon (11) se fait elle aussi favorablement
remarquer pour son style et sa précision dans la
3ème
variation. La Japonaise Nanako Hayafuji (27) montre quant à
elle
une fluidité appréciable dans la 1ère
variation,
tandis que la Hongroise Ágnes Kelemen (24) offre une
2ème
variation bien enlevée. L’autre candidate
hongroise,
Vanessza Csonka (18 ), issue elle aussi de
l’Académie de
Danse de Budapest, qui avait au passage obtenu une lauréate
l’an dernier en la personne de Lili Felméry,
semble en
revanche plus limitée techniquement, en dépit
d’un
physique très avantageux, et surtout peu à
l’aise
dans un rôle de soubrette tel que celui de Swanilda, exigeant
vélocité et dynamisme.
De manière générale,
au-delà des
problèmes techniques, plus ou moins importants, mais
excusables
s’agissant d’une répétition,
beaucoup de
candidates se voient reprocher, sinon un défaut massif de
musicalité, du moins des erreurs éparses dans ce
domaine.
On pourrait ajouter que ce qui fait que l’on est
séduit
par l’une plutôt que par l’autre, dans ce
cadre
impitoyable où le danseur est en quelque sorte nu et ne peut
tricher, vient de la capacité objective des
interprètes
à marquer les accents dans la variation, à
créer
des nuances, évitant ainsi d’en donner une lecture
plate,
scolaire ou trop linéaire, comme c’est parfois le
cas. Ce
défaut est d’ailleurs certainement plus manifeste
chez les
candidates ayant choisi l’une des variations des Ombres, qui
se
présentent d’emblée comme
désincarnées et semblent ne laisser place
qu’à la virtuosité technique, au
contraire de la
variation de Swanilda, où certaines lacunes superficielles
sont
parfois compensées par l’implication dramatique
des
interprètes, ou tout au moins par des effets habilement
étudiés.
Filles B (17-18 ans)
:
Si les plus jeunes avaient frappé par leur enthousiasme et
sans
doute davantage marqué les esprits lors de la classe du
premier
jour, les plus âgés se
révèlent en revanche
plus convaincants, plus professionnels disons-le, dès lors
qu’on en arrive au travail des variations. Sans avoir vu la
totalité des candidates du groupe des 17-18 ans, ce que
l’on en a perçu – et encore une fois, il
s’agissait d’une répétition,
non d’une
prestation en scène - paraissait sans doute d’un
rendu
plus homogène que ce que pouvait offrir
parallèlement le
groupe des 15-16 ans dans le même contexte. Toutefois,
certaines
se distinguent incontestablement par "autre chose" - cette
qualité que l’on attend et que l'on cherche
toujours et
partout -, qui peut être, au choix et sans exclusive : la
sûreté technique, le brio, l’engagement,
la
personnalité ou bien le style…
Parmi les candidates de ce groupe, on pouvait notamment remarquer deux
Japonaises (oui, encore, mais cette année, les candidats
japonais étaient souvent excellents, alors pourquoi se taire
?…) : Machi Moritaka (43), dont
l’autorité et
l’élégance s’imposent avec
une
indéniable maestria dans la variation de Gamzatti, et Haruka
Soutome (59), qui montre d’excellentes qualités
dans sa
variation de Kitri : légèreté,
musicalité,
occupation large et généreuse de
l’espace. La
Coréenne Yang Chae-Eun (53), déjà
brillante
finaliste en 2008, se révèle pour sa part une
Kitri
à la personnalité flamboyante, après
avoir
incarné, dans un registre opposé, l’une
des trois
Ombres l’an dernier. On mentionnera encore la grâce
raffinée et la personnalité radieuse de la
Brésilienne (exilée à Mannheim)
Rafaelle Queiroz
Rodrigues (68 ) en Gamzatti, ainsi que l’autorité
et la
présence démontrées par
l’Australienne
Jemima Dean (66), élève de la Tanz Akademie de
Zürich, solide et efficace à défaut
d’être vraiment lyrique dans cette même
variation.
Les Raymonda, nombreuses, défilent dans la variation du
Rêve, qui permet d’apprécier les
très belles
qualités lyriques et musicales de certaines candidates. Il
faut
le reconnaître, les Européennes participant au
concours
ont bien du mal à faire le poids face à
l’assurance, la précision musicale et le brio
technique de
toutes ces jeunes filles citées
précédemment.
Cette année, la candidate anglaise – il y a
toujours un
petit contingent de bons éléments issus des
écoles
anglaises à Lausanne -, Lauretta Summerscales (61), de
l’English National Ballet School, était, sans
démériter, bien en-deçà du
niveau de Delia
Mathews et Nancy Osbaldeston, respectivement lauréate et
finaliste en 2007 et 2008. Quant à la candidate de la Royal
Ballet School, c’était… Machi Moritaka,
déjà mentionnée plus haut…
Répétitions
des variations classiques (garçons) – Sergiu
Stefanschi
Garçons A
(15-16 ans) :
L’avantage paradoxal avec ces messieurs, c’est
qu’ils
sont tout de même beaucoup moins nombreux et qu’il
est
ainsi plus aisé de mémoriser chacune de leurs
prestations… Trêve d’ironie,
au-delà du
niveau technique, sans doute moins homogène chez les
garçons que chez les filles – les
différences entre
eux sont immédiatement manifestes -, les
personnalités y
apparaissent souvent moins contenues, plus saillantes,
réservant
davantage de surprises et rendant de fait la compétition
masculine – qui en soi n’existe pas, la
palmarès
étant mixte - particulièrement enthousiasmante.
Au regard des répétitions, et des exigences a
priori
d’une compétition, deux garçons
paraissent
objectivement dominer le premier groupe, seulement composé
de
huit danseurs : le Belge Edo Wijnen (38 ) et le Japonais Takeshi Ikeda
(33). Le premier, élève de Jan Nuyts à
l’Ecole Royale de Ballet d’Anvers, frappe
d’emblée par sa rigueur et une présence
qui
s’impose comme une évidence. A la
différence
d’autres jeunes candidats, qui, comme pris de paralysie,
semblent
éprouver certaines difficultés à
"danser" seuls,
on perçoit chez lui une continuité naturelle
entre la
classe et le travail de répétition. Dans la
variation du
Pas de trois du Lac des cygnes, il montre à la fois une
assurance sans failles et une technique précise, brillante
même, des qualités qui ne laissent
guère de doute
quant à la suite des événements.
Sergiu Stefanschi
ne le reprend du reste que sur des détails
d’exécution et le félicite pour son
intelligence
musicale. Le Japonais, dans un style un peu plus vert, manifeste dans
la variation du Pas de deux des Paysans une personnalité
déjà très scénique,
forgée pour les
concours, et un brio qui pourrait se révéler
spectaculaire. Plus subtil à nos yeux néanmoins,
le
Chinois Qi Chen (34), venu de Shanghaï, danseur à
la fois
fin et vigoureux doté d’un beau ballon, se
distingue enfin
par une justesse de mouvement et une danse
élégante, aux
épaulements soignés, et pour tout dire
chargée
d’empathie (ce qui ne fait pas de mal !), qu’on a
pu
apprécier tant lors du cours que dans la variation choisie,
celle de La Fille mal gardée (il s’agit
d’une
version chorégraphique dérivée de
Petipa, sur la
musique de Hertel), qui se prête idéalement
à son
petit gabarit. Mentionnons tout de même
l’étrange
choix fait par Simon Yoshida (36), un candidat franco-japonais
élève du CNSM de Paris, qui a certes eu
l’ambition
louable d’aborder la variation de l’Oiseau bleu,
mais
possède trop peu d’élévation
naturelle et
une batterie encore trop imprécise pour pouvoir y briller
véritablement…
Garçons
B (17-18 ans)
:
Du ballon, de la légèreté, de la
vélocité et une petite batterie
affûtée, ce
sont là des qualités que détient sans
conteste et
haut la main le Français Kevin Poeung (73), de
l’Ecole du
Ballet de Marseille, qui a fort judicieusement choisi la variation de
James pour montrer ses talents. Si un candidat français a
quelque chance de se distinguer cette année à
Lausanne,
c’est sans doute lui. On signalera au passage que les
écoles de danse de Marseille étaient bien
présentes à Lausanne cette année
encore,
après avoir connu un beau succès l’an
dernier avec
Aleix Martinez, à l’époque
élève du
Studio Ballet Colette Armand… Reste à savoir
– mais
c’est le cas de tous les autres candidats -
l’impression ce
que ce petit jeune homme timide laissera une fois confronté
à la scène. Le groupe des
aînés
possède par ailleurs, et en nombre, des
individualités
fortes, et sans doute aussi plus extraverties et scéniques
dans
le cadre si particulier qu’est celui d’une
compétition : on citera au premier chef
l’Arménien
Tigran Mkrtchyan (76), élève d’Oliver
Matz à
Zürich, qui parvient à allier puissance et
élégance dans la variation du Corsaire,
l’Américain Skylar Campbell (77), venu
à Lausanne
par le biais du YAGP, très expressif dans une variation
d’Albrecht où il est toujours un peu difficile de
se
distinguer, ou encore le Japonais Tatsuki Takada (78 ), plein de
panache dans la variation de Basilio. On n’oubliera certes
pas le
talent sans doute le plus prometteur – mais le terme est-il
adéquat deux ans après avoir obtenu une bourse et
remporté entre-temps de nombreux prix dans divers concours
internationaux ? -, le Portugais Telmo Moreira (79), à qui
deux
années passées à
l’Académie Vaganova
de Saint-Pétersbourg ont permis
d’acquérir des
qualités de présentation identifiables au premier
coup
d'oeil. Elégance du geste, autorité,
contrôle du
mouvement et sens du détail sont ainsi perceptibles tant
lors de
la classe que dans cette variation du Corsaire, qui peut, comme chacun
sait, se transformer rapidement en démonstration de cirque
plaisante mais souvent triviale. Plus que chez les autres, on sent
qu’il est loin de donner tout ce qu’il
possède,
préférant sans doute se réserver pour
la
suite…
Filage
des variations classiques sur la scène du
théâtre de Beaulieu
Cette
dernière
rubrique, avant d’évoquer l’ultime
tournant de la
compétition, n’aurait que peu
d’intérêt
si elle ne venait révéler au lecteur une
personnalité que jusque-là –
qu’on nous
pardonne ! - on n’avait pas véritablement
remarquée, et qui mérite pourtant – et
ô
combien ! - de l’être… Chaque
année, on se
fait fort de découvrir le candidat – fille ou
garçon - "différent" – en
réalité, il
s’impose à nous sans qu’on
l’ait
cherché -, celui dont on sait inconsciemment qu’il
ne
remportera jamais le premier prix, qu’il n’aura
jamais les
honneurs suprêmes, mais qu’il touchera notre coeur
autant
que notre raison (car pourquoi réduire la danse à
une
simple émotion sentimentale ou esthétique ?)
comme aucun
autre, tellement plus parfait… Et en cette fin de
journée, à l’heure où les
répétitions s’éternisent
au-delà du
raisonnable et où l’on se décide enfin
à
quitter le théâtre, le voilà qui se
présente
à nous, au détour d’un filage un peu
laborieux…
A vrai
dire, et pour
ce qu’on a pu en voir, la première confrontation
des
candidats avec la scène du théâtre de
Beaulieu, qui
se trouve être en légère pente, se
révèle plutôt
délicate… et l’on
comprend d'emblée que cette "entrée en
scène", au
sens littéral, constitue pour beaucoup une
découverte.
Certains connaissent ainsi toutes les incertitudes d'un
début,
marquent les pas timidement, hésitent à se lancer
dans
les pirouettes ou à monter sur pointes, éprouvent
autrement dit quelques difficultés à trouver
leurs
marques sur cette grande scène dont il faut
maîtriser
l'espace et l'inclinaison et où il s'agira très
vite de
se montrer pleinement artiste... Au milieu de ces essais plus ou moins
fructeux surgit alors l’Américaine Karen Johnson
(22).
Un
instant miraculeux,
inattendu, et presque insolite, un souffle d’air frais,
avouons-le, après des théories de jolies
danseuses
à la mécanique parfaitement
huilée… Au
Maple Conservatory of Dance de Irvine, Californie, où elle
étudie, on se doute un peu que Karen Johnson doit
être la
star de tous les Nutcracker de Noël du comté
d’Orange... Et au fond, qu’elle danse à
Lausanne la
variation de Swanilda importe peu, ce soir, demain, elle pourrait bien
danser n’importe quoi, ce serait elle, et pour
l’éternité,
l’étoile de ce Prix
2009… Deux fois elle essuie joliment son petit tablier, et
deux
fois elle nous donne sa variation, et deux fois sans la moindre
hésitation, sans le moindre faux pas, sans
afféteries
serviles, sans vaines mignardises, dans un sentiment de joie pure,
bondissante, avec une générosité
conquérante, comme si pour elle, et pour nous,
c’était maintenant ou jamais, le Grand Soir !
Karen
Johnson, soliste
de 16 ans au physique ordinaire, n’est peut-être
pas
destinée à devenir la plus
éblouissante danseuse
du monde, mais elle possède, ici et maintenant, une
qualité de mouvement à nulle autre pareille.
Karen
Johnson n’a d’évidence ni le style russe
ni le style
français, mais elle a du style, et du chien, et surtout,
tout
simplement, elle danse, de tout son cœur et de tout son
corps,
avec une propreté, un naturel et une évidence
musicale
qui valent toutes les prouesses du monde… Oui,
c’est la
fin de la journée à Lausanne, et demain,
c’est le
grand jour pour tous les candidats… A ce
moment-là, il
nous prend juste l’envie de murmurer, en soupirant : More
power
to you, Karen Johnson !...
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